Une tribune pour les luttes

Arrêt des rafles de sans-papiers, policiers hors de nos quartiers

Encore un procès pour "outrage, violence et rebellion"

Soutien aux 3 sans papiers inculpés au TGI de Bobigny le 23 janvier à13h.

Article mis en ligne le samedi 17 janvier 2009

Communiqué de Montreuil Face aux expulsions

Vendredi 23 Janvier, à partir de 13h
au TGI de Bobigny, M°Bobigny/Pablo Picasso

Le 4 Juin 2008, à Montreuil, trois sans-papiers se faisaient arrêter devant le commissariat après une charge de flic. Comme dans bien des cas, la police a justifié ses arrestations au hasard en les accusant de “violences sur
agent”. Être nombreux à leur procès, c’est montrer qu’il s’agissait juste d’une opération d’intimidation policière, c’est aussi affirmer que nous voulons que cessent les accusations d’outrage, violence et rebellion qui ne se fondent, la plupart du temps, que sur la parole de la police.

Contact : montreuilfaceauxexpulsions chez yahoo.fr


« Les contrôles d’identité ont régulièrement lieu dans les stations de métro,
aussi bien tôt le matin lorsqu’on part travailler, qu’en fin d’après-midi
lorsqu’on revient au foyer. Petit à petit, les contrôles se sont multipliés
autour du foyer et plus récemment, près de la cabine téléphonique où nous allons
téléphoner lorsque nous souhaitons avoir plus d’intimité – il y a le téléphone
au foyer mais nous ne pouvons pas nous isoler des autres habitants. Le 4 juin,
vers 17h, il y a eu deux contrôles, l’un d’eux a été effectué sur une personne
_qui était dans la cabine téléphonique. Ces deux personnes ont été conduites au
commissariat de Montreuil. Nous avons alors décidé d’aller manifester devant le
commissariat afin de faire libérer nos camarades. (...) Alors que nous étions
rassemblés devant, des policiers sont sortis et ont commencé à nous pousser
contre le mur, à nous frapper et à utiliser des gaz lacrymogènes. »

Un habitant du foyer Rochebrune


Quand Montreuil s’embras(s)e
Le 4 juin, avant, pendant et après

Cela faisait plus d’un mois qu’avaient lieu chaque mercredi, à l’initiative
d’habitants de Montreuil se réunissant en Assemblées pour « s’organiser contre
les expulsions », des manifs autour des foyers de travailleurs immigrés dans les
quartiers de Montreuil. Rochebrune, Bara, Centenaire, Grands-Pêchers, ces
moments étaient l’occasion pour des habitants des foyers et des voisins de crier
leur refus des arrestations de sans-papiers qui venaient les toucher à l’entrée
même de chez eux. L’ambiance était joyeuse, mais déterminée, on gueulait des
slogans : “Arrêt des rafles de sans-papiers, policiers hors de nos quartiers”,
on brandissait des panneaux : “Avec ou sans papiers, la rue est notre
territoire”, on tapait sur des casseroles pour se faire entendre de tout le
monde, briser le silence de ces arrestations.


Arrêt des rafles de sans-papiers, policiers hors de nos quartiers

Le mercredi 4 juin, moins d’une heure avant le départ de la manifestation prévue
dans le quartier du foyer Rochebrune, un sans-papier est arrêté à proximité du
foyer. La manifestation se rend devant le commissariat et bloque la rue avec
une banderole « Liberté de circulation ». Très rapidement, plusieurs dizaines de
flics sortent du commissariat, chargent, tapent sur tout ce qui bouge et
arrêtent huit manifestants – dont trois sont sans-papiers. Ils sont placés en
garde-à-vue.
Loin de se disperser, le rassemblement devant le commissariat ne cesse de
grossir pour exiger la libération de tous les arrêtés, les rues alentour sont
bloquées, des feux de poubelles allumés et entretenus pendant des heures. Les
flics chargent à plusieurs reprises et arrêtent un manifestant qui filmait les
attaques policières. Il est placé en garde-à-vue pour violence sur agent et sera
libéré le lendemain matin - jugé le 12 novembre, il écopera de 1000 euros
d’amendes.
Vers 1h du matin, les manifestants « avec-papiers » arrêtés pendant la première
charge pour “violence en réunion” et “attroupement armé” (des casseroles, en
l’occurrence) sont libérés ; seuls les trois sans-papiers sont inculpés dpour
ces soi-disant violences, et pour séjour irrégulier. Ils sont gardés à vue deux
jours, puis libérés en attente de leur procès qui aura lieu le 28 novembre.

Après le 4 juin, les arrestations pour séjour irrégulier dans Montreuil
diminuent sensiblement. Moins d’appels sur le numéro d’urgence, moins de
pression dans les rues selon des habitants des foyers. Le 22 juin l’incendie et
la destruction du CRA de Vincennes sonnent l’accalmie temporaire des
arrestations de sans papiers en Ile-de-France, au moins pendant l’été.
Partiellement reconstruit le centre de rétention de Vincennes est prêt à
reprendre sa fonction carcérale le lundi 10 novembre. Le lendemain, à la suite
d’un rassemblement devant le centre de rétention, une manifestation bloque la
circulation de l’A4 pendant une demi-heure aux cris de "liberté pour les
inculpés de Vincennes", "solidarité avec les sans-papiers", "destruction des
centres de rétention".
À Montreuil, les arrestations ont repris : le 29 octobre, contrôle de flics
aidés des agents de la RATP dans les bus à la mairie ; le 13 novembre, sous la
conduite des gendarmes, contrôles d’identité à la croix de Chavaux.


Avec ou sans papiers, la rue est notre territoire

Après le 4 juin, pourquoi les flics n’ont-ils pas poursuivi en justice les
manifestants en « situation régulière » ? Pour dissuader les sans-papiers qui
protestent directement contre la politique de rafle ? Pour diviser ceux qui
protestent ? A travers l’organisation de manifestations régulières – dans les
quartiers des foyers comme devant le commissariat –, de réunions dans les foyers
de travailleurs immigrés et la mise en place d’un numéro d’urgence, l’ « 
Assemblée contre les expulsions » a créé une visibilité des rafles aux yeux de
plus en plus d’habitants de Montreuil, des liens entre des personnes (avec ou
sans papiers) voulant lutter directement contre les rafles, ainsi qu’ une
tension régulière dans la rue contre les arrestations. Et c’est sans doute non
seulement avec cette tension dans la rue mais aussi avec ces solidarités
quotidiennes que les flics ont voulu en finir ; en frappant dans le tas et en
chargeant juridiquement les seuls sans-papiers.

Le 4 juin, ils ont voulu dissuader les sans-papiers de se réapproprier la rue,
ils ont voulu briser les solidarités.
Nous continuerons à nous opposer aux rafles, à nous rassembler,
à tisser les liens qui permettent d’enrayer la machine à expulser.

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