Une tribune pour les luttes

Palestine L’heure de la décolonisation a sonné !

Article mis en ligne le samedi 24 janvier 2009

Si , pour
la population de Gaza, l’heure est à l’enterrement des morts, aux
soins des blessés et à la reconstruction du minimum nécessaire à
une vie humaine très sommaire dans ce qui est et reste aujourd’hui
la plus grande prison du monde, le temps est aussi à porter un regard
plus lointain sur l’avenir de la Palestine qui ne soit pas un nouvel
épisode du charabia diplomatique et médiatique : cesser le feu, feuilles
de route...dont l’unique fonction est de laisser se poursuivre la
colonisation de toute la Palestine.

Car
il n’y a pas que les « colonies », ces villages de colons installés
à coups de chars, de bulldozers et de subventions sur les terres palestiniennes,
il y a un processus de colonisation de toute la Palestine.
 

Lancé
en Europe à la fin du 19° siècle, initié en 1917 et poursuivi sans
relâche par l’entité sioniste depuis 1948, il s’agit de la dernière
expression d’un colonialisme qui a vécu ses derniers moments ailleurs
sur la planète dans la seconde moitié du XX° siècle.
 

Il s’agit
bien d’une colonisation : invasion et occupation d’un territoire,
traitement de ses habitants en êtres inférieurs.

Il s’agit
bien d’une colonisation menée par des étrangers dont tous les travaux
contemporains, à commencer par ceux des historiens israéliens, démontrent
qu’ils ne constituent pas un « peuple » mais un groupe humain, dispersé
sur tous les continents mais unifié autour d’une religion propre
et des traditions culturelles qui l’accompagnent.

Il s’agit
bien d’une colonisation car il y a derrière ces colons un colonisateur
d’un type particulier, organisé mondialement à partir de la métropole
impérialiste (les USA) et de ses annexes (France, Grande-Bretagne,
Allemagne, Italie, Espagne).
 

Ce qui
a, depuis plus de 60 ans, obscurci le regard sur ce colonialisme
c’est qu’il n’a pas été le
choix d’un seul Etat national, mais le choix
collectif de l’ONU.

 
Le 29 Novembre 1947 quand les membres de l’Assemblée Générale 
adoptent la résolution 181, ils déchirent d’un seul geste la charte
des Nations Unies, et les idéaux universalistes de 1945 sont abandonnés.
La guerre froide vient de commencer et la création de deux Etats sur
la terre de Palestine est prise sans donner le droit de s’exprimer
à ses habitants, sans respecter leur droit à disposer d’eux-mêmes.

Les Etats-Unis,
qui en ont alors la force matérielle et politique, ont décidé de
prendre en mains les destinées du monde et d’imposer à l’ONU leurs
choix Le vote de l’Assemblée Générale n’est d’ailleurs pas
un vote unanime (33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions, et la plupart
des pays de ce qui n’est pas encore appelé le Tiers-monde votent
contre ou s’abstiennent ) mais ils n’ont pas cessé depuis de les
lui imposer ou de les ignorer quand elle leur résistait (invasion de
l’Irak en 2003)

De ces
deux Etats, prévus par la résolution 181, Etats inégaux puisqu’il
est attribué d’emblée à l’ « Etat juif » 60 % du territoire,
un seul verra le jour, celui des colonisateurs et l’ONU, paralysée
par les vetos US successifs, laissera l’autre à l’état de projet,
d’Etat peau de chagrin, d’Etat mort-né.
 

Ce qui
se joue maintenant est la dernière partie de cette sanglante histoire
coloniale.

Avec le
massacre de Gaza, l’opinion publique mondiale est en train de comprendre
enfin que l’énorme et tragique bévue de l’ONU : appeler à la création
de deux États, laisser un seul de ces deux Etats exister et le laisser
empêcher, par tous moyens (illégalité, force, corruption..), l’autre
de naitre, doit être réparée.

Ce dernier
colonialisme disparaitra parce que s’effondre l’appareil idéologique
qui l’a soutenu dans ces entreprises meurtrières : s’il y a une
grande diversité de langues de cultures, de croyances s’il y a une
diversité de groupes sanguins et de couleurs de cheveux, il n’y a
qu’une seule espèce humaine et tous les êtres humains sont égaux
en droits et lorsque l’ONU vota la résolution 181 annonçant un Etat
juif et un Etat arabe elle enterrait d’un seul geste ses ambitions
universalistes initiales, elle donnait naissance à une forme nouvelle
et ultime de colonialisme qui, depuis cette date, déchire cette région
du monde et ses habitants, et elle a fait de l’Etat colonisateur un
Etat guerrier criminel et spoliateur sans avenir.
 

Or l’histoire
du colonialisme l’a montré : la colonisation meurtrit et opprime le
colonisé et elle pervertit le colonisateur.
 

Pour
que le massacre de Gaza soit la dernière horreur de cette
colonisation
-
elle a, on le sait, été précédée de nombreuses autres
- nous
devons soutenir le peuple palestinien dans sa lutte héroïque pour
aboutir à la création non pas d’un Bantoustan sous perfusion
« humanitaire » mais d’un Etat viable,
unique, assurant l’égalité de tous les droits
à tous ceux qui aujourd’hui habitent
la terre de Palestine comme ceux qui veulent y revenir après en avoir
été chassés et qui sont prêts
à y vivre ensemble, entre égaux.

(24 janvier 2008) 
 

Le 26 novembre
1938, Gandhi écrit 

« Toute ma sympathie
est acquise aux Juifs. J’ai connu certains d’entre eux, d’une manière
très intime, en Afrique du Sud, et certains d’entre eux sont devenus
des amis pour la vie. Grâce à ces amis, j’ai pu mieux connaître la
persécution à laquelle ils ont été soumis depuis la lointaine histoire.
Ils ont été, en quelque sorte, les intouchables de la Chrétienté.
La similarité entre le traitement que les Chrétiens leur ont infligé
et celui que les Hindous infligent aux Intouchables est frappante. Un
jugement de nature religieuse a été invoqué dans les deux cas pour
justifier les traitements inhumains qui ont été infligés aux uns
comme aux autres. A part les amitiés qu’il m’a été donné de nouer
avec certains d’entre eux, ma sympathie pour les Juifs ressortit donc
à des raisons de caractère universel. 

Mais ma sympathie ne
me rend pas sourd aux exigences de la justice. L’appel à un foyer national
pour les Juifs ne me séduit guère. La légitimité en est recherchée
dans la Bible et dans la ténacité dont les Juifs ont depuis tout temps
fait preuve dans la formulation de leur attachement à un retour en
Palestine. Pourquoi ne pourraient-ils pas, comme les autres peuples
sur Terre, faire de cette contrée leur pays où naître et où gagner
sa vie ? La Palestine appartient aux Arabes de la manière dont l’Angleterre
appartient aux Anglais ou la France aux Français. Il serait injuste
et inhumain d’imposer une domination par les Juifs aux Arabes. Ce qui
se passe en Palestine, de nos jours, ne saurait être justifié au nom
d’un quelconque code moral de conduite. Les mandats n’ont pas d’autre
justification que la dernière guerre mondiale (la Première, NdT).
Ce serait à n’en pas douter un crime contre l’humanité de contraindre
ces Arabes, si justement fiers, à ce que la Palestine soit restituée
aux Juifs en tant que leur foyer national, que ce soit partiellement,
ou en totalité. »

En 1947, l’Inde
votera contre la résolution 181.
 

Comité comprendre
et agir contre la guerre, Marseille
 

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