Une tribune pour les luttes

Israël doit révéler la nature des armes utilisées à Gaza

L’armée israélienne a utilisé des fléchettes contre des civils de la bande de Gaza

Article mis en ligne le vendredi 30 janvier 2009

http://amnesty.org/fr/gaza-crisis

26 janvier 2009

Les autorités israéliennes sont vivement encouragées à révéler la nature des armes et des munitions utilisées par leurs forces armées au cours de l’opération militaire menée à Gaza, qui a débuté le 27 décembre et s’est poursuivie durant trois semaines.

Amnesty International a réclamé ces informations afin que les équipes médicales soient mieux à même de soigner les victimes du conflit, qui s’est achevé par un cessez-le-feu décrété par Israël le 18 janvier.

Israël ayant initialement refusé de révéler, puis de confirmer, que ses soldats avaient utilisé du phosphore blanc, les médecins n’ont pas pu prodiguer les soins appropriés aux personnes souffrant de brûlures provoquées par cette substance.

« Nous savons maintenant que des munitions au phosphore blanc ont été utilisées dans des zones urbaines civiles, même si les autorités israéliennes l’ont d’abord nié, a déclaré Donatella Rovera, qui dirige l’équipe d’enquête d’Amnesty International à Gaza. Nous disposons désormais de preuves irréfutables de l’emploi de cette substance, mais les médecins qui ont soigné les premiers blessés ignoraient ce qui avait causé leurs brûlures. »

Près de 1 300 Palestiniens ont été tués au cours de l’offensive. Parmi ces victimes, on compte plus de 400 enfants et plus de 100 femmes. Plus de 5 300 Palestiniens ont été blessés, et beaucoup resteront handicapés à vie.

« Les responsables israéliens ont affirmé à maintes reprises que leur opération militaire visait le Hamas et non la population de Gaza. Rien ne peut justifier le fait qu’ils continuent de dissimuler des informations sans lesquelles on ne peut soigner efficacement les personnes blessées lors de cette offensive. L’attitude peu coopérative d’Israël entraîne des morts et des souffrances inutiles, a ajouté Donatella Rovera.

« Les autorités israéliennes doivent faire en sorte que les blessés bénéficient sans délai de soins appropriés et, pour s’acquitter de cette obligation, elles doivent fournir des informations complètes sur les armes et les munitions utilisées à Gaza, ainsi que tout autre renseignement susceptible d’aider les équipes médicales. »

D’autres victimes du conflit souffrent de blessures que les médecins ont des difficultés à soigner car ils ne sont pas certains de la nature des munitions qui en sont à l’origine. Certaines victimes des raids aériens israéliens ont eu des membres calcinés ou sectionnés. On ignore quelles armes ont pu provoquer de telles blessures.

« Il ne faut pas que d’autres personnes meurent parce que les médecins ne savent ni ce qui a causé leurs blessures ni quelles complications peuvent survenir, a indiqué Donatella Rovera. Les médecins doivent être pleinement informés afin de pouvoir sauver des vies. »

Les particules de phosphore blanc incrustées dans les chairs peuvent continuer à brûler, provoquant ainsi d’intenses douleurs à mesure que les brûlures s’étendent en largeur et en profondeur. Elles peuvent occasionner des dommages irréparables aux organes internes. Cette substance peut aussi contaminer d’autres parties du corps du patient, voire les professionnels qui soignent ses blessures.

L’état des personnes brûlées au phosphore blanc peut se détériorer rapidement. Même celles qui sont atteintes sur une surface relativement réduite – 10 à 15 % du corps – et devraient normalement survivre peuvent voir leur état s’aggraver, puis mourir.

« Nous avons observé des brûlures différentes de toutes celles que nous avions soignées auparavant, a expliqué à Amnesty International un médecin de l’hôpital Al Shifa (à Gaza), spécialiste du traitement des brûlés. Au bout de quelques heures, ces brûlures devenaient plus larges et plus profondes, elles dégageaient une odeur répugnante et de la fumée s’en échappait. »

Ce n’est que grâce à l’arrivée de plusieurs médecins étrangers dans la bande de Gaza, quelques jours après que les médecins locaux ont constaté les premiers cas de brûlures au phosphore blanc, que ces derniers ont appris la cause de ces lésions et la manière de les traiter.

Le 10 janvier à 20 heures, Samia Salman Al Manaya, une jeune fille de seize ans, était endormie chez elle dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de la ville de Gaza, quand un obus au phosphore s’est abattu sur le premier étage de la maison.

Dix jours plus tard, dans son lit d’hôpital, elle a indiqué aux représentants d’Amnesty International que ses brûlures au visage et aux jambes étaient encore extrêmement douloureuses. « C’est une douleur aiguë. J’ai l’impression que mon corps brûle de l’intérieur. C’est insoutenable. Malgré tous les médicaments qu’ils me donnent, la douleur est encore très forte. »


27 janvier 2009

Outre le phosphore blanc, l’armée israélienne a utilisé diverses autres armes dans des zones civiles très peuplées de la bande de Gaza au cours du conflit de trois semaines ayant débuté le 27 décembre.

Ces fléchettes sont des projectiles métalliques de 4 cm de long, dotés d’une pointe acérée à l’avant et de quatre ailettes à l’arrière. Entre 5 000 et 8 000 fléchettes sont agencées dans des obus de 120 mm, généralement tirés depuis des tanks. Les obus explosent en l’air, et la dispersion – de forme conique – des fléchettes se fait sur une surface d’environ 300 mètres de large et 100 mètres de long.

Armes anti-personnel conçues pour pénétrer une végétation dense, ces fléchettes ne devraient jamais être utilisées dans des zones civiles construites. Depuis plusieurs années, l’armée israélienne y a régulièrement recours dans la bande de Gaza. Dans la plupart des cas, leur utilisation se solde par des morts ou des mutilations.

L’équipe d’Amnesty International effectuant une mission d’établissement des faits dans la bande de Gaza a entendu parler pour la première fois il y a une douzaine de jours de l’utilisation de ces fléchettes dans le cadre de ce récent conflit. Le père de l’une des victimes a montré à l’équipe une fléchette retirée du corps de son fils.

Dans l’un de ses derniers billets publiés sur Livewire blog, le blog d’Amnesty International, l’équipe a expliqué s’être rendue lundi 26 janvier dans des villes et villages de la bande de Gaza et avoir relevé de nouvelles preuves concrètes attestant l’utilisation de fléchettes.

À Izbat Beit Hanoun, au sud-ouest de la ville de Beit Hanoun, plusieurs obus contenant des fléchettes ont été tirés sur la route principale, tuant deux personnes et en blessant plusieurs autres dans la matinée du 5 janvier.

Wafa Nabil Abu Jarad, une jeune femme de vingt-et-un ans, enceinte et mère de deux enfants, était au nombre des tués. Son époux et sa belle-mère ont expliqué à l’équipe qu’ils venaient de prendre le petit-déjeuner et buvaient le thé au soleil à l’extérieur de leur maison.

Wafa Nabil Abu Jarad et son mari étaient debout près d’un des coins de la maison lorsqu’ils ont entendu un bruit, suivi de cris. Au moment même où ils se sont retournés pour rentrer chez eux, Wafa et plusieurs autres membres de la famille ont été atteints par des fléchettes. Wafa a été tuée sur le coup.

Le même jour, à l’autre bout de la rue, Islam Jaber Abd al Dayem, seize ans, a reçu une fléchette dans le cou. Il a été transporté à l’unité de soins intensifs de l’hôpital mais est mort trois jours plus tard. Mizar, son frère, a été blessé lors de la même attaque et a encore une fléchette enfoncée dans le dos.

Dans le village d’al Mughraqa, le matin du 7 janvier, un obus s’est abattu sur la pièce où Atta Hassan Aref Azzam était assis avec deux de ses enfants, Mohammed, treize ans, et Hassan, deux ans et demi. Tous trois ont été tués. Les six autres membres de la famille se trouvant alors dans la maison ont fui afin de se réfugier dans l’école la plus proche. L’équipe a examiné le mur taché de sang à côté duquel les deux enfants et leur père ont été tués. Il était criblé de fléchettes.

http://www.amnesty.org/fr/news-and-...

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