Une tribune pour les luttes

Un risque totalement sous-estimé

À l’heure de la crise économique, un nouveau réacteur nucléaire est une option absurde, notamment pour l’emploi

L’environnement, la démocratie sacrifiés sur l’autel d’EDF et Areva !

Article mis en ligne le samedi 31 janvier 2009

http://www.greenpeace.org/france/ne...

France — Greenpeace condamne avec la plus grande fermeté la décision de construire d’un deuxième réacteur EPR en France, sur le site de Penly (Seine-Maritime). Greenpeace va employer les moyens les plus adaptés pour contrer une décision aussi absurde sur le plan énergétique que sur le plan économique.
« Cette relance du nucléaire, décidée sans concertation, sans transparence, sans évaluation des besoins, n’a qu’un seul objectif : satisfaire quelques lobbies proches du pouvoir, comme Areva, EDF ou GDF-Suez, déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Ce deuxième EPR signe l’avis de décès du Grenelle de l’environnement : c’est le signe qu’en France, on privilégie la consommation tous azimuts, et non l’efficacité énergétique et les renouvelables. »


Emplois : la « bouffée d’air » très modeste !

EDF fait miroiter 2 000 emplois sur cinq ans à Penly, mais ce sera moins.
Le chantier de Flamanville, ouvert fin 2007, est passé de 200 à 1 200 emplois qui ne sont pas majoritairement des emplois locaux (douze nationalités différentes sont représentées sur le chantier). Un « pic » de 1 800 postes est prévu, mais pour une durée de quelques mois seulement, après laquelle le nombre de travailleurs sur le chantier va décroître. Ensuite, la centrale devrait employer environ 200 permanents.
Par ailleurs, diverses études montrent qu’à investissement égal, les économies d’énergie et les renouvelables créent plus d’emplois jusqu’à 15 fois plus d’emplois que le nucléaire et permettent de produire deux fois plus d’électricité (cf. l’étude « Un courant alternatif pour le Grand-Ouest », réalisée en avril 2006 par les 7 vents du Cotentin). Par ailleurs, en Allemagne, le seul développement des renouvelables a permis de créer 250 000 emplois non délocalisables, un total de 400 000 emplois est attendu d’ici à 2020 (ministère fédéral de l’Énergie). En France, après 50 ans d’investissements massifs, les syndicats estiment que le nucléaire emploie 100 000 personnes au maximum.

3 ou 5 milliards ou plus encore ? Personne ne sait combien coûte un EPR !
Les deux EPR sont actuellement en construction dans le monde. Le prototype finlandais accuse 38 mois de retard et le surcoût avoisine les 5,5 milliards d’euros, contre 3 milliards initialement prévus. Quant au chantier français, il prend le même chemin. Démarré en décembre 2007, il affiche déjà un dépassement budgétaire officiel de 20 %. Et cela risque d’empirer : les retards s’accumulent, impliquant un surcoût d’un million d’euros par jour de retard supplémentaire pour EDF (Les Échos, article du 12 décembre 2008). Personne ne sait donc aujourd’hui combien coûte un EPR, alors qu’on sait qu’un euro investi dans l’efficacité permet d’économiser sept fois plus d’énergie qu’un euro investi dans le nucléaire n’en produit (source : Rocky Mountain Institute).


Vers une augmentation des prix de l’électricité

Cette hémorragie des coûts de construction se traduit par une augmentation du coût du kilowattheure nucléaire, qui est passé, selon EDF, de 0,28 € en 2003 à 0,60 € pour le 2e EPR en France, soit une augmentation de plus 100 % en cinq ans. « Pour les Français, ceci va se traduire par une augmentation du prix de l’électricité, déjà réclamée par EDF, affirme Yannick Rousselet. Une bien mauvaise affaire pour les citoyens inquiets pour leur pouvoir d’achat. La Commission européenne estime d’ailleurs que 20 % de l’énergie consommée en Europe est gaspillée et qu’une politique d’efficacité énergétique permettrait à chaque ménage d’économiser jusqu’à 1 000 € par an. »

La relance du nucléaire : au service des Français ou petits arrangements entre amis ?

Alors que l’économie française connaît de lourdes difficultés, que le pouvoir d’achat fond comme neige au soleil et que le déficit des finances publiques dérape comme jamais, l’État trahit le Grenelle de l’environnement et relance le nucléaire. « À quoi jouent Nicolas Sarkozy en faisant ainsi cadeaux de milliards à quelques lobbies comme il le fait avec cette relance du nucléaire, industrie très onéreuse, faiblement créatrice d’emplois, nuisible à la lutte contre les changements climatiques et qui incite à gaspiller l’électricité ? », s’interroge Yannick Rousselet.


http://www.greenpeace.org/france/news/nouveau-reacteur-epr-le-gren

Nouveau réacteur EPR : le Grenelle, l’environnement, la démocratie sacrifiés sur l’autel d’EDF et Areva !

30 janvier 2009


Déni total de démocratie

Le lancement d’un 2e EPR est le choix du prince : aucune concertation, aucune rationalité économique, aucune évaluation indépendante des coûts, des avantages et des inconvénients des différents modes de production électrique, aucune prise en compte des conséquences sanitaires et économiques des déchets radioactifs...
Suite à la volonté exprimée en juillet dernier par Nicolas Sarkozy de construire un nouveau réacteur, l’État avait entamé une révision de la programmation pluriannuelle des investissements de production électrique (PPI). Cet exercice, piloté par le ministère de l’Écologie et de l’Énergie, vise à planifier les investissements nécessaires pour la production d’électricité, en fonction d’une analyse de la demande à l’horizon 2020.
« Le président de la République n’attend même pas la finalisation de ce processus pour officialiser le 2e EPR, affirme Yannick Rousselet. Il s’agit d’un simulacre de concertation et de réflexion, et seuls les intérêts de l’industrie nucléaire guident la politique énergétique française ! »


La France : le dernier pays où l’on a besoin d’un autre réacteur

Construire un nouveau réacteur EPR est en totale contradiction avec les engagements du Grenelle, qui prévoit une baisse des consommations et des besoins, en totale contradiction non seulement avec le développement de nouveaux réacteurs mais même avec le maintien d’un parc nucléaire aussi important. Augmenter la production d’électricité en France nous enferme dans la logique qui a prévalu jusqu’à présent : pas de maîtrise de l’énergie, les renouvelables relégués au second plan, coûts astronomiques du chauffage électrique, etc.
«  La France est en pleine schizophrénie, déclare Yannick Rousselet. Ce 2e EPR contredit les engagements du Grenelle, c’est-à-dire 23 % de renouvelables et 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020, comme ceux du paquet climat/énergie adopté par l’Union européenne en décembre dernier, sous présidence française ! »


La France impose son nucléaire à l’Europe

Que va-t-on faire de toute cette surproduction d’électricité ? Comment amortir le coût exponentiel de construction de ces EPR, sachant que le prototype finlandais accuse 38 mois de retard et avoisine les 5,5 milliards d’euros, que le chantier de Flamanville prend le même chemin et qu’EDF a déjà estimé le coût du kilowattheure nucléaire d’un 2e EPR à 0,60 €, soit une augmentation de plus 100 % en cinq ans... Une seule solution : augmenter encore les exportations d’électricité, comme le prouve le scénario développé par l’État dans le cadre de la révision de la PPI, qui table sur une augmentation des exportations d’électricité jusqu’à 129 Twh en 2020 (contre 63 aujourd’hui), soit l’équivalent de la production de onze EPR !
« L’électricité construite par les EPR ne répond à aucun besoin énergétique national ! Nicolas Sarkozy est en train de préempter la politique énergétique européenne pour imposer son nucléaire à ses voisins, condamne Yannick Rousselet. La France ne peut pas faire pire ! Parce qu’il implique une surconsommation d’électricité et du gaspillage, le nucléaire entrave la lutte contre les changements climatiques. Il s’oppose aux politiques d’efficacité énergétique et de développement des renouvelables, qui sont les deux seules vraies solutions prônées par les Nations unies, Al Gore ou encore les experts du Giec. L’atome demeure une technologie dangereuse, mal maîtrisée, extrêmement onéreuse. »

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Info Greenpeace : l’EPR va produire des déchets sept fois plus radioactifs que tout autre réacteur

http://www.greenpeace.org/france/news/info-greenpeace-l-epr-va-pro

Au lendemain de l’annonce de la construction prochaine d’un deuxième réacteur nucléaire EPR en France, sur le site de Penly (Seine-Maritime), et alors que se déroule à Mortain (Manche) une manifestation contre le premier EPR de Flamanville et la future ligne très haute tension destinée à le raccorder au réseau électrique, Greenpeace affirme, preuve à l’appui, que ce nouveau réacteur va produire des déchets sept fois plus radioactifs que ceux générés par ses prédécesseurs. Une information relayée en Une du quotidien International Herald Tribune (www.iht.com/articles/2009/01/30/business/nuclear.4-419744.php).

« Alors que le président de la République veut doter la France d’un deuxième EPR, il est bon de rappeler certains chiffres qu’Areva, EDF et lui-même feignent d’"oublier", déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Tous prétendent que l’EPR va produire moins de déchets, mais personne ne précise qu’ils seront sept fois plus radioactifs que ceux générés par les réacteurs classiques. Les combustibles irradiés issus de l’EPR représentent des risques sanitaires et environnementaux considérables. Ils vont également constituer un casse-tête insurmontable et très onéreux pour l’industrie, qui échoue déjà à gérer les déchets nucléaires classiques. »


Un risque totalement sous-estimé

Ces informations concernant la radioactivité des combustibles issus de l’EPR proviennent d’un rapport établi en 2008 par Posiva, une entreprise finlandaise de gestion des déchets radioactifs, ainsi que d’une étude réalisée en 2004 par la Nagra, l’association nationale suisse pour le stockage des déchets nucléaires. *

« Les difficultés et les coûts liés au stockage et au traitement de ces déchets sont totalement sous-estimés par l’industrie, confirme l’expert international John Large. Dans leur stratégie de promotion de l’EPR, Areva et EDF présentent ce réacteur comme sûr et bon marché mais en réalité ces entreprises ignorent complètement les conséquences de l’augmentation des risques liés à ces déchets d’un nouveau type. »

L’impossible gestion des déchets de l’EPR

Le fonctionnement de l’EPR prévoit que le combustible nucléaire reste beaucoup plus longtemps dans le réacteur, ce qui implique une usure (« burn-up ») et donc une radiotoxicité bien plus importante que dans les réacteur actuels. Ni la France, ni la Finlande, qui construisent chacune un EPR, ni aucun des autres pays qui envisagent d’en acquérir un (Royaume-Uni, États-Unis, Inde, etc.) ne disposent d’un site susceptible de gérer des combustibles ainsi irradiés. Même l’usine de La Hague d’Areva, présentée comme la plus performante au monde, ne résoudrait en rien la gestion de ces déchets : leur traitement génèrerait des rejets de radioéléments beaucoup plus élevés qu’à l’heure actuelle. Par ailleurs, il n’existe pour l’instant aucune solution à long terme pour les déchets issus de ce retraitement.
«  Voilà qui va nous coûter beaucoup plus cher que prévu, sur le plan financier mais surtout en matière de risque sanitaires et environnementaux, reprend Yannick Rousselet. Ceci est d’autant plus inacceptable que pour répondre aux enjeux de consommation d’énergie, d’indépendance énergétique ou encore de lutte contre les changements climatiques, il existe des solutions bien moins onéreuses, beaucoup plus efficaces et sans aucun risque : les économies d’énergie et les renouvelables. »


L’EPR coûte déjà beaucoup plus cher que ce qu’on croit

Le prix du prototype finlandais s’élève désormais à 5,5 milliards d’euros (contre 3 milliards initialement prévus) et le chantier affiche 38 mois de retard pour lequel TVO, l’opérateur électrique finlandais qui achète cet EPR, réclame à Areva 2,4 milliards d’euros de dédommagements. Quant au chantier français, il prend le même chemin. Démarré en décembre 2007, il présente un dépassement budgétaire officiel de 20 %, qui risque encore de se creuser : les retards s’accumulent, impliquant un surcoût d’un million d’euros par jour de retard supplémentaire pour EDF (Les Échos, 12/12/2008).

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