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RESF

Mardi 24 février 2009, 4ème père de famille expulsé en 4 jours .

Encore un père expulsé ! Le titre de ministre de la casse des familles est-t-il à prendre ?

Article mis en ligne le mardi 24 février 2009

http://www.educationsansfrontieres.org/spip.php?article18098

Aujourd’hui, Nephtali, 15 mois, rejoint la douloureuse petite troupe des enfants privés de père par l’aveugle volonté du chiffre affichée par le ministre de l’immigration depuis son entrée en fonction.

Son père, Ogima Tsasa Nduka a été arrêté le 22 janvier 2009 à Montceau-les-Mines, placé en rétention dans la prison pour étrangers du Mesnil Amelot, amené une première fois à l’embarquement le 8 février, et expulsé au 32 ème jour de rétention.

Il y a plus de 10 ans, il avait été frappé d’une interdiction du territoire français pour des faits pour lesquels il a payé, et c’est donc le ministère de l’intérieur qui l’expulse. L’Etat le fait payer une deuxième fois, et l’envoie là où sa vie est réellement menacée, en République Démocratique du Congo.

Lors des dernières élections congolaises, une vidéo d’Ogima interviewé par un journaliste a été transmise en RDC. Les conséquences immédiates ont été la dévastation de l’appartement de sa soeur vivant à Kinshasa.
Sa compagne, menacée comme lui, mineure isolée, réfugiée, a été protégée et prise en charge par l’ASE, elle a reçu la nationalité française. _ La vie d’Ogima est en France, ses oncles, ses tantes, sa soeur, y résident. A Montceau-les-Mines, il entraînait les jeunes au foot.

Une heure plus tard, à Roissy, M. CIHAN, kurde de Turquie, résidant à Paris, a réussi à refuser d’embarquer : il est père de trois enfants français, Sami Huseyin (16 ans) et ses deux soeurs, Rym Kadera (12 ans) et la petite Sofia Cezen, 6 ans ½, sa femme est française, et il est lui aussi frappé d’une double peine. Il est va passer en comparution immédiate et risque la prison pour son refus. Et après ?

Les enfants privés ces derniers jours d’un de leurs parents pourront bientôt former une classe entière :

* Beverly (4ans) et Davidson (3 ans), enfants de Pierre LAPOINTE expulsé en Haïti le 20 février

* Elodie, 13 ans, privée de sa mère expulsée le 20 février : Marie-Noelle M’BANI a été expulsée au Cameroun, laissant ici sa fille et son père français.

* Juliana (3 ans) qui pleure son papa, Shixiong LIN (27 ans) expulsé le 20 février en Chine sans sa fille et sa femme.

D’autres enfants vivent dans la terreur du couperet de l’expulsion, ceux dont les parents sont détenus ou retenus

* Maria (3 ans) et Amina (7 mois) dont le père Ammar AMEDJAR est emprisonné à Angers pour avoir refusé d’embarquer pour le Maroc Il risque d’être mis directement dans l’avion à sa sortie de prison, probablement la semaine prochaine.

*Les trois enfants scolarisés à Blois de Mme Ramela HAKOBYAN, mère arménienne arrêtée le 19 février lors d’un contrôle routier et maintenue en rétention sur appel du Procureur de la république, contre la décision du juge de la libérer

Et de nombreux autres.

Le message envoyé par le ministre est sans équivoque : la chasse aux étrangers doit battre des records. Question de crédibilité, peut-être. La politique qu’il a choisi de servir et de faire appliquer quotidiennement lui permet donc de violer les droits reconnus par la Convention internationale des droits de l’enfant.

Les pratiques que cette politique engendre sont honteuses : Modibo SISSOKO, malien depuis 20 ans en France, gréviste de la faim au CRA de Palaiseau, a dû être ceinturé par plusieurs gendarmes pour être expulsé à la deuxième tentative. Argument du laissez-passer obtenu : incitation à la révolte, parce qu’il avait communiqué son nom à la presse.

La politique de M. Besson est malfaisante, au premier titre pour les familles brisées, et plus largement pour l’ensemble du corps social, y compris ceux qui s’y salissent. Il est plus que temps que toutes les composantes de la vie sociale et politique se rassemblent pour y mettre un terme.


OGIMA Tsasa Nduka, mon compagnon et père de notre enfant, est en voie, au 32e jour de sa rétention administrative, d’être expulsé à Kinshasa. Si cette procédure est exécutée, notre famille souffrira durablement de l’absence d’un père et je resterai seule avec notre enfant. De ce fait, je vais me trouver dans l’angoissante situation de devoir assurer, toute seule, l’éducation de notre fils privé de son père à l’âge de 15 mois.

Après mon accouchement en octobre 2007, la France m’a accordé la nationalité française par naturalisation, après m’avoir reconnu le statut de réfugiée en 2006.

Je me souviens de mon arrivée en France à l’âge de 16 ans, accompagnée d’un ami de mon père. J’avais dû fuir le Congo, car mon père, qui travaillait au Ministère des Transports avait été enlevé à Kinshasa et nous ne l’avons jamais revu. Ma mère, elle aussi, a disparu peu de temps après.

Je suis partie en France laissant à Kinshasa mon frère jumeau dont je n’ai depuis aucune nouvelle. Je n’ai plus de famille au Congo.

Heureusement, à mon arrivée, j’ai été prise en charge par l’ASE à Macon où j’ai reçu la protection, le soutien et l’affection de l’équipe du foyer de l’enfance et pour qui j’ai encore beaucoup de reconnaissance.

Actuellement, je vis dans l’angoisse. Celle de perdre à nouveau un proche, ce compagnon qui partage ma vie depuis 4ans et qui m’est cher. Je suis certaine que si à cause de son ITF qui date de 1999, il est expulsé au Congo RDC, son retour ne sera pas pour demain. Depuis que je le connais, il ne cesse de démontrer qu’il veut faire oublier cette erreur de jeunesse en menant une vie qu’il veut exemplaire. Toute la vie d’Ogima est en France, la famille qu’il a construite, mais aussi ses oncles, ses tantes, sa soeur, tous résidant légalement en France ou étant de nationalité française. Ses parents sont décédés depuis de nombreuses années.

C’est pourquoi je vous prie, à titre humanitaire, d’aménager en assignation à résidence son interdiction de territoire afin qu’il puisse rester à nos côtés.

Veuillez, agréer, Madame le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Irène NZUZI DIANZENZA

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