Une tribune pour les luttes

Fondation Copernic

Travailler tue en toute impunité : pour combien de temps encore ?

Déjà plus de 3500 signatures

Article mis en ligne le vendredi 19 juin 2009

http://www.fondation-copernic.org/

Le constat est sans appel : le travail rend malade et tue tous secteurs et
toutes catégories professionnelles confondues. Le nombre officiel des
maladies professionnelles reconnues a explosé : 13 658 en 1996, 52979 en
2005. Le nombre d’accidents du travail graves et mortels reste très élevé
 : 537 décès en 2006, soit 13% de plus en un an.

Ces chiffres officiels
sont – on le sait – grandement sous-estimés en raison notamment d’une
importante sous-déclaration. Les suicides directement liés au travail sont
estimés à 400 par an, pour la plupart non reconnus comme accidents du
travail. Plusieurs millions de salariés sont exposés, sans aucune
protection, à des produits connus pour être cancérogènes, mutagènes ou
toxiques pour la reproduction, contribuant ainsi grandement aux inégalités
sociales face au cancer : un ouvrier a dix fois plus de risque de mourir
du cancer avant 65 ans qu’un cadre supérieur.

Cette situation ne tombe pas du ciel : elle est le résultat de politiques
d’entreprises, tant privées que publiques, pour lesquelles les coûts
sociaux doivent être toujours plus compressés. Ces politiques ont
privilégié et généralisé la sous-traitance, et intensifié le travail comme
jamais depuis de nombreuses décennies. Et l’inspection du travail comme la
médecine du travail n’ont toujours pas les moyens d’assurer leurs
missions.

La lutte opiniâtre des victimes, de leurs associations et syndicats a
permis des avancées, mais la course au profit sans entrave sème toujours
la maladie et la mort.

Alors que le simple voleur de sac à main est condamné à 6 mois de prison
ferme devant le moindre tribunal correctionnel en comparution immédiate,
l’employeur coupable d’homicide dit involontaire à l’égard de son salarié,
après des années d’instruction, est condamné - quand il est déclaré
coupable - à quelques mois de prison avec sursis.

La mise en danger délibéré d’autrui par des choix de politique économique
bénéficie dans ce pays d’une incroyable mansuétude. Les employeurs ne sont
pas considérés comme de véritables délinquants. Trop souvent les
procédures relatives à des accidents mortels du travail sont classées sans
suite. Trop souvent les condamnations – lorsqu’elles interviennent - ne
touchent que les employeurs en bout de chaîne de sous-traitance et sont
symboliques. Les grands donneurs d’ordre y compris l’Etat, dont la
responsabilité dans l’organisation du travail est pourtant essentielle, ne
sont qu’exceptionnellement concernés et les indemnisations largement
insuffisantes.

L’amiante est emblématique de ce que nous dénonçons : alors que le risque
est connu depuis des décennies, que des milliers de personnes ont perdu
leur vie et vont la perdre dans les prochaines années du fait de l’incurie
manifeste des entreprises concernées, voire de leurs choix délibérés,
Justice n’est toujours pas faite.

L’inégalité des armes entre le salarié et son employeur est patente et
scandaleusement disproportionnée : l’égalité devant la loi est devenue une
pure fiction.

Cette injustice se nourrit du silence collectif.

Les soussigné-e-s entendent dénoncer ici et maintenant cette situation
inadmissible et intolérable.

Ils et elles exigent que la délinquance patronale soit enfin sanctionnée :
la loi pénale doit être pleinement appliquée aux employeurs.

Ils et elles exigent que des moyens humains et financiers soient dégagés
pour que la justice puisse réellement faire son travail.

Aucune amélioration de la santé et de la sécurité au travail n’est
possible tant que la justice fonctionne à deux vitesses.

Aucune avancée n’est possible tant que les donneurs d’ordre pourront
s’abriter derrière les règles du droit commercial pour s’exonérer de leurs
responsabilités.

Tous et toutes ensemble nous disons : ça suffit ! Et nous agirons pour que
cela cesse.


Signer la pétition
-

http://www.fondation-copernic.org/petition/index.php?petition=3

Voir les signataires

http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article218


A lire aussi :
le blog extrêmement utile : http://voila-le-travail.fr/.

On entend sans cesse les chefs d’entreprises, les banquiers, les économistes d’entreprises, les experts autorisés. Et sont rarement publiées, les paroles ordinaires des personnes ordinaires. Celles de nous tous ! Les entretiens réalisés par Elsa Fayner montrent le travail « dans tous ses états », en laissant s’exprimer ceux qui l’accomplissent.

Chaque semaine, un nouveau témoignage, un nouvel éclairage sur ce qu’est travailler. Souvent pour rien. Souvent dans des conditions insupportables.

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