Une tribune pour les luttes

Collégiens frappés par erreur, MAM condamne... les profs

+ Lettre ouverte en réponse de l’enseignante mise en cause par MAM + Communiqué du SNES.

Article mis en ligne le jeudi 12 mars 2009

10 mars 2009

Les mots ont un sens, par Napakatbra

http://www.lesmotsontunsens.com/col...

Des collégiens et leurs enseignantes, originaires de Cenon en Gironde, portent plainte contre des CRS, les accusant de les avoir frappés... par erreur. "Pas de problème", pour Michèle Alliot-Marie, tout s’est passé comme prévu, reportant en outre la faute sur les accompagnateurs. Si MAM n’existait pas...

Jeudi matin, une classe de troisième du collège Jean-Jaurès à Cenon débarque à Paris. Quelques visites éminemment culturelles sont au programme : l’Assemblée nationale, la tour Eiffel, le musée du Louvre et... une compagnie de CRS. A 19 heures, au moment de monter dans leur train de retour, postés sur les quais de la gare Montparnasse, les joyeux lurons voient défiler un "groupe de manifestants étudiants qui chantaient" raconte une enseignante à Sud-Ouest. Ceux-ci reviennent d’une manifestation qui s’est terminée quelques minutes plus tôt, à l’extérieur de la gare.


Pas de voyage à vide

Malheureusement, une trentaine de CRS leur colle au train, la tête baissée, la matraque au poing. En pleine gare, vers 19h, ils se mettent à charger. Les collégiens se réfugient derrière des poubelles ou des panneaux d’affichage, mais une dizaine en sont quittes pour des coups de matraque et de bouclier. Résultats de la course : une entorse cervicale pour une enseignante et des contusions, peu sévères mais réelles, conclut une femme-médecin militaire présente dans le train qui les ramène à Bordeaux. Les personnes violentées, une dizaine au total, ont porté plainte lundi.


RAS pour les CRS, selon MAM...

Interrogée cet après-midi, Michèle Alliot-Marie s’est déclarée sereine. "Les premiers rapports que j’ai eus jusqu’à présent me montrent qu’il n’y a pas eu au cours de cette manifestation de problème particulier" a-t-elle déclaré. "Avant de dire qu’ils ont été frappés, moi, je voudrais bien savoir ce qu’il en est réellement parce que j’ai entendu certaines déclarations... et j’en ai entendu d’autres dans lesquelles il s’agit de bousculade (...) Je suis moi-même enseignante de formation, quand on a la charge d’un certain nombre de jeunes et notamment de très jeunes, on évite de les mettre dans des lieux où il peut y avoir des manifestations et des mouvements de foule", a-t-elle ajouté. L’histoire ne dit pas si elle parlait de la gare Montparnasse ou de l’Assemblée Nationale... Complément de la ministre de l’Intérieur : "Il y aurait eu contact entre une matraque et un estomac"... vraiment pas de chance !

Autrement dit : "rien à signaler, tout s’est bien passé. J’ai entendu dire que des collégiens avaient été frappés, mais aussi qu’ils avaient simplement été bousculés. Et puis de toutes façons, c’est pas normal d’accompagner des jeunes un jeudi à 19 heures en pleine garde Montparnasse : vraiment trop dangereux ! Moi, de mon temps, on les enfermait à 9h et on les relâchait à 18h... Merci d’avoir visité la capitale et bonjour chez vous".


Enquête de l’IGS

La préfecture de police à Paris a aussi indiqué à l’AFP qu’elle avait saisi lundi matin l’Inspection générale des services (IGS) "pour déterminer les conditions d’interventions des forces de l’ordre". La ministre de l’Intérieur s’est néanmoins abstenue de déclarer que "l’enquête avance vite", comme elle avait pu le faire lors de la tentative d’attentat au Printemps-Haussmann et des sabotages SNCF de l’ultra-super gauche. Un oubli qui sera certainement réparé dans les heures qui viennent... ou pas.


Après les commentaires de MAM sur le matraquage en gare Montparnasse,
voici la réponse de l’enseignante mise en cause.

Madame,

Etant une des deux enseignantes dont vous soulignez l’inconscience
et l’irresponsabilité, je me sens le devoir de vous répondre, et ce,
dans une lettre ouverte.

Laissez moi d’emblée vous dire que la désinvolture et l’inanité des
paroles qui vous sont prêtées(vous avez réellement tenu ces propos
ahurissants ? ), ont provoqué en moi un kaléidoscope de sentiments et
réactions, allant de la consternation au rire moqueur, en passant par
la colère.

En ce qui concerne les agressions commises en Gare Montparnasse, ne
soyez pas rassurée, Madame, elles ont réellement eu lieu, ce jeudi 5
mars en Gare Montparnasse, peu après 19 heures .En témoignent ou en
témoigneront les caméras de surveillance de la gare, les policiers en
civil, tous les voyageurs massés sur la plateforme de la gare, en
attente du départ des trains, tous les voyageurs du train Paris-
Bordeaux qui devait partir à 19h25 et parmi ceux-ci le médecin
militaire qui a examiné, secouru et réconforté, durant le voyage, les jeunes adolescents violentés . Il ne s’est pas agi d’une
"bousculade", comme vous avez la complaisance de l’annoncer ( et de
le croire ?), mais bien d’un matraquage .

Il s’est agi d’une souricière organisée par " les forces de l’ordre",
pour "réceptionner" le groupe d’étudiants chassés des voies qu’ils
occupaient .Toutes les issues de la plate-forme de départ ont été
bloquées, enserrant ainsi les voyageurs. Et ce fut la charge. Une
colonne d’hommes, armés de matraques, casqués, boucliers au bras, a
traversé au pas de charge, d’un bout à l’autre le hall du
départ, bousculant les voyageurs surpris et terrorisés. (La jeune
femme dont la poussette a été cassée et qui a sauvé in-extrémis son
enfant du piétinement a-t-elle porté plainte ?). Cette colonne a chargé
le groupe de collégiens puisque ceux-ci, obstacles bien involontaires
et qui ont tenté de fuir, se trouvaient sur la route de vos forces de
l’ordre vers leur "cible", ...

Mais tout ceci est écrit dans les rapports établis par la gendarmerie
de Tresse, qui devant la gravité des faits, a eu la gentillesse de
se déplacer et venir recueillir nos témoignages, au collège, sur
ordre du Préfet de Bordeaux, dès le lendemain.

Je me souviens avoir confié à l’officier de Gendarmerie qui
recueillait ma déposition, mon étonnement et ma révolte :" Comment
certains de ces représentants de l’ordre ont-ils pu frapper sciemment
des adolescents, après que ceux-ci aient clairement dit être des
collégiens repartant à Bordeaux ? D’où leur vient ce sentiment
d’impunité ? " L’officier m’avait reprise gentiment, en soulignant le
fait de sa présence et celle de ses collègues, ce vendredi 6 mars au
collège. C’était la garantie, selon lui, d’une détermination en
hauts lieux, à diligenter une enquête et rechercher les coupables de
ces agressions .

Aujourd’hui votre terme " bousculade" scelle et renouvelle ce
sentiment d’impunité qui a animé ces hommes et est le garant de leur
brutalité à venir.

Quant au deuxième point de vos propos, nous concernant directement , ma collègue et moi, je vous réponds ce qui va suivre. J’ai pensé ,
en riant que vous aviez dû être, dans votre jeunesse une piètre
enseignante. Ne pas organiser de sortie pédagogique, au prétexte que
votre groupe-classe aurait à fréquenter des lieux aussi dangereux
qu’une gare parisienne, n’est pas une attitude très responsable ni
très flamboyante !

D’autant que la sortie du train par le toit de la Gare Montparnasse
n’a eu lieu qu’une seule fois, ce me semble, et c’était en Octobre
1895, vous n’étiez donc pas encore prof ! De plus, vous conviendrez
avec moi, que lorsqu’on habite en province et que l’on se rend à
L’Assemblée Nationale, il est assez pratique et économique de
prendre un train.Et, à ma connaissance, il n’existe pas encore
d’autre moyen de prendre un train, même au vol, que de se rendre
dans une gare.

Enfin il me faut rajouter que cette gare, que nous avions traversée
le matin à 9 heure 30 ne présentait aucun danger, pas plus qu’à18h45,
même quand les étudiants braillards sont arrivés sur les escalators.
.

Elle ne l’est devenue que quand vos forces de police sont entrées en
action pour diriger ces jeunes gens ...... en direction des
voyageurs, et quand la colonne armée a foncé dans la foule,
transformant ce hall de gare en terrain d’affrontement.

Il me reste à vous confier mon étonnement devant votre attitude
officielle : si peu de compassion pour ces adolescents et ma collègue
brutalisés, aucune condamnation
pour ces moment de terreur que vos hommes ont répandu parmi les
voyageurs !

Il faudra du temps pour cicatriser ces blessures intérieures,
d’autant que vos propos qui ne reconnaissent pas la réalité, pire,
la nie, sont terribles pour nous.

Je tiens à exprimer la colère et le dédain, que je ressens à l’égard
de ceux de vos hommes qui ont brutalisé ma collègue et mes élèves,
envers ceux qui donnent l’ordre inique de traverser un hall de gare
en chargeant, en pleine foule des voyageurs, un groupe d’étudiants.
La colère et le dédain envers ceux et celles qui les couvrent.


Communiqué du SNES
http://www.snes.fr/spip.php?article16807

Collège Jean Jaurès de Cenon (33)

12 mars 2009

Le SNES dénonce les brutalités dont ont été victimes jeudi 5 mars des élèves et deux enseignantes du collège Jean Jaurès de Cenon, pris dans une charge de CRS alors qu’ils attendaient le train à la gare Montparnasse après une visite de l’Assemblée nationale.
Il condamne fermement les propos inadmissibles de la ministre de l’Intérieur : « Je suis moi-même enseignante de formation, quand on a la charge d’un certain nombre de jeunes et notamment de très jeunes, on évite de les mettre dans des lieux où il peut y avoir des manifestations et des mouvements de foule ».

Cette déclaration constitue à la fois une remise en cause de la conscience professionnelle de nos collègues et une vision rétrograde et dangereuse de l’éducation. Par nature les lieux publics (rues, gares, cinémas, théâtres, musées…) sont fréquentés par du public susceptible de former une foule. La ministre de l’intérieur souhaite-t-elle donc interdire toutes les sorties scolaires ? Alors même que celles-ci apportent aux élèves une réelle ouverture culturelle et qu’elles résultent d’un investissement pédagogique important des enseignants.

Le SNES demande donc que le ministre de l’Education nationale condamne de tels propos et apporte sans délai son soutien et celui de l’institution aux enseignants et aux familles qui ont déposé plainte.

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