Une tribune pour les luttes

Incendie de Vincennes - Procès du jeudi 12 mars 2009

Six personnes toujours écrouées

Les avocats dénoncent une instruction "totalement" à charge.

Article mis en ligne le dimanche 15 mars 2009

Pétition de soutien aux inculpés de l’incendie du centre de rétention administrative de Vincennes.

Les sans-papiers enfermés à Vincennes se sont révoltés. Les inculpés ont maintenant besoin de notre soutien !

Le centre de rétention administrative de Vincennes était la plus grande prison pour sans-papiers de France. Le 21 juin 2008, un retenu qui avait réclamé en vain ses médicaments y mourrait. Le lendemain 22 juin, les retenus organisèrent dans le centre une marche silencieuse qui fut fortement réprimée. Au cours de la révolte qui s’en suivit la prison est partie en fumée.

Depuis l’incendie l’Etat a multiplié les arrestations de retenus présents ce jour-là, dans le souci évident de faire des exemples et de dissuader quiconque de se révolter. Huit personnes sont à ce jour poursuivies pour « destruction de biens par l’effet d’incendie et violence à agent de la force publique avec une incapacité totale de moins de cinq jours en réunion ».

Sans chercher à savoir s’ils sont « coupables » ou « innocents », nous soutenons ces hommes aujourd’hui incarcérés en attente d’un procès où ils risquent dix ans de prison ferme, parce que nous nous opposons à la recherche de responsables d’une révolte collective. La seule culpabilité réside dans une politique qui fait que des êtres humains sont pourchassés, arrêtés, enfermés, expulsés au prétexte qu’ils ne disposent pas de papiers administratifs que l’Etat nous impose d’avoir. La responsabilité réside dans la politique de contrôle des mouvements migratoires. Chaque année des milliers de personnes meurent en essayant de franchir des frontières.

Quatre mois après l’incendie, le 10 novembre 2008, le centre de Vincennes a rouvert avec un premier bâtiment de soixante places (deux autres suivront). Moins nombreux, les retenus sont plus facilement contrôlables.

Aujourd’hui nous sommes solidaires de tous ceux accusés d’être à l’origine de l’incendie de Vincennes parce que nous sommes solidaires de celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se révoltent contre un monde où des millions de vies sont suspendues à des bouts de papiers.

Nous exigeons l’arrêt des poursuites et la libération immédiate des inculpés de Vincennes.

Caisse de soutien : chèques à l’ordre de CICP – Vincennes

à envoyer au CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris

A signer sur le site de RESF

http://www.educationsansfrontieres.org/?article17544


Exigeons la libération d’Ekma Mouktaré, inculpé de l’incendie du centre de
rétention de Vincennes et de tous les autres !

Ekma Mouktaré est l’un des 8 inculpés de l’incendie du centre de rétention
de Vincennes.

Arrêté à Barbès en juin 2008, il est enfermé au centre de
rétention de Vincennes.
Né en 1991, il a alors 17 ans.
Deux jours après
son arrivée dans le centre, il fait partie des personnes qui ont découvert
le corps inerte de Salem Essouli. Le lendemain, il participe à la marche
silencieuse organisée par les retenus pour lui rendre hommage et pour
protester contre cette mort causée par le défaut de soins.
Après
l’incendie, Ekma est transféré dans un centre de rétention de Lille, il y
passe encore 30 jours. On lui annonce alors qu’il est libre... mais il ne
le restera que quelques minutes car à la sortie du centre, des policiers
l’attendent, lui annoncent cette fois qu’il est inculpé de l’incendie du
centre et le rapatrient sur Paris.
Il est alors interrogé au commissariat
de Louis Blanc puis emprisonné à Fleury Merogis.
Il passe 4 mois sans
aucune nouvelle de l’extérieur, comprenant à peine ce qui lui arrive
d’autant qu’il comprend mal le français et le parle à peine : sa détresse est totale.

Nous parvenons à entrer en contact avec lui en novembre, il
reprend espoir, sa famille est informée de sa situation et lui assure un
hébergement sur la région parisienne. Il a donc toutes les garanties de
représentation exigibles pour un sans papier.

Plusieurs audiences et
confrontations ont eu lieu, mais on continue à lui refuser sa liberté
conditionnelle.
L’Etat veut faire des exemples et pour ce faire s’acharne
contre lui et les 7 autres inculpés de l’incendie du centre de Vincennes.
A travers eux, l’Etat veut donner une leçon à tous les sans papiers qui,
comme les retenus du centre de Vincennes cet été, ou ceux du centre de
Bordeaux et de Toulouse cet automne ou encore de Lampedusa cet hiver,
entendent continuer à se révolter contre le sort que leur réserve la
violence des politiques migratoires européennes.

Jeudi 12 à 14h Ekma Mouktaré passe une fois de plus devant le juge. _ Il
fait appel du refus de remise en liberté. Il a besoin que nous soyons là.

Rendez-vous TGI de Paris, métro Cité, devant la chambre d’instruction,
escalier A, à 14H

Soyons le plus nombreux possible pour protester contre son emprisonnement
et l’acharnement de l’Etat contre lui et tous les autres inculpés.

Liberté pour tous les sans papiers et tous les prisonniers !

Liberté de circulation et d’installation !

Voir Mille Bâbords, article 10506

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Vos commentaires

  • Le 15 mars 2009 à 11:47, par Christiane En réponse à : Incendie de Vincennes : six personnes toujours écrouées

    LE MONDE | 13.03.09

    Neuf mois après l’incendie du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, survenu le 22 juin 2008, six personnes, sur les huit mises en examen pour dégradation, incendie et violence envers des policiers, sont toujours écrouées. Un délai exceptionnel pour une affaire correctionnelle. Jeudi 12 mars, la détention provisoire d’Alli Diallo, 35 ans, a été prolongée. Ekma Mouktaré, 19 ans, lui, a été remis en liberté.

    "Il était temps", se félicite son avocate, Irène Terrel. Incarcéré à Fleury-Mérogis, ce jeune Marocain au casier judiciaire vierge a toujours nié avoir participé à la mise à feu qui avait entraîné l’incendie du centre au lendemain de la mort d’un Tunisien. "Il est dans un état alarmant", déplore son avocate, récemment désignée pour sa défense, qui souligne que son client n’a été entendu qu’une seule fois lors de l’instruction. Le 17 septembre, rapporte Me Terrel, il déclarait au juge : "Je n’ai jamais été en prison, j’ai fait plusieurs tentatives de suicide, j’ai mangé du verre, j’ai avalé des lames de rasoir et lorsque je suis en crise, je m’automutile..." Ali Diallo, placé sous contrôle judiciaire a été écroué un mois après sa mise en examen "alors qu’il respectait son contrôle", selon son avocat, Henri Brown.

    VIDÉO

    Le seul, avant Ekma Mouktaré, à avoir obtenu sa remise en liberté, le 3 mars, est un Tunisien de 35 ans, Slaheddine El-Ouertani. En prison à Fresnes, il a été transféré dans le coma à l’hôpital de la Salpêtrière après avoir été sévèrement battu par un codétenu. Sa demande de remise en liberté a fini par être acceptée malgré l’opposition du parquet de Paris. Selon son avocat, Sébastien Rideau-Valentini, il est à nouveau conscient mais son côté gauche reste paralysé.

    Les avocats de quatre des huit personnes poursuivies - quatre autres sont commis d’office - dénoncent une instruction "totalement" à charge. Le 19 février, les parties ont été convoquées pour visionner les vidéos prises par les caméras de surveillance du CRA au moment de l’incendie. "Deux policiers nous ont présenté des extraits qu’ils avaient eux-mêmes sélectionnés sur 35 heures de vidéo et qu’ils ont commentés, s’insurge Me Terrel. Je n’ai jamais vu ça !"

    Sur ces images "de très mauvaise qualité", racontent les avocats, rien ne permet d’accuser leurs clients. La plupart, comme Ekma Mouktaré et Moïse Diakité, ont toujours reconnu avoir sorti de leur chambre leurs matelas. "Mais à aucun moment, on ne les voit tenir une boîte d’allumettes ou un briquet et mettre le feu aux matelas", affirme Mylène Stambouli, avocate de Moïse Diakité, père de sept enfants nés en France. Pour le parquet, une telle séance n’est "pas courante, mais c’est un acte d’instruction".

    "Le juge se suffit des témoignages des policiers pour établir les responsabilités", s’indigne Me Stambouli. "Les expertises réalisées après l’incendie n’ont révélé la présence d’aucun produit inflammable. Et il semble que les pompiers ont mis du temps à venir, alors que dans un des deux bâtiments du CRA les extincteurs ne marchaient pas", relève-t-elle. Les quatre avocats réclament de visionner les 35 heures de vidéo. La libération d’Ekma Mouktaré, déclare Me Terrel, "doit être les prémices de la remise en liberté de tous".

    Isabelle Mandraud et Laetitia Van Eeckhout

    Article paru dans l’édition du Monde du 14.03.09

    http://www.lemonde.fr/archives/arti...

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