Une tribune pour les luttes

L’indécence « sécuritaire »

par Jean Dornac

Article mis en ligne le dimanche 31 mai 2009

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article10724

Dimanche 31 mai 2009

Je crois que, nous, les citoyens éloignés de tout pouvoir, nous ne sommes jamais assez attentifs quant aux événements qui mettent en danger les bases de ce que devrait être une démocratie. Nous en perdons même le sens des réalités.

Le besoin de sécurité, qu’il soit réel ou imposé par les pouvoirs, ceci par divers moyens de propagandes médiatiques, se fait toujours au détriment de la liberté des peuples et donc entame le sens même de la démocratie.

En France, avec le gouvernement actuel, nous approchons d’un état d’ « orgie » sécuritaire. Chaque fait divers, où qu’il se passe, quel que soit le domaine concerné, est l’occasion d’écrire et d’imposer de nouvelles lois répressives. Pire, il semblerait que le peuple non seulement approuve, mais demande à ce gouvernement de lui poser des chaînes toujours plus nombreuses, toujours plus lourdes.

Dans ce gouvernement, c’est une femme qui tient le ministère de l’Intérieur. J’ai toujours applaudi à la parité, en tous domaines, entre hommes et femmes, le contraire relevant d’une mentalité d’arrière-garde furieusement machiste s’imaginant naturellement supérieure aux femmes. Mais il faut bien reconnaître que des femmes à des postes essentiels, cela donne souvent des catastrophes. Songez à Margaret Thatcher, Condolezza Rice, Golda Meir et quelques autres dont j’ai oublié les noms, toutes mêlées (est-ce un hasard) à des guerres. Cela m’a toujours rempli d’une profonde tristesse tant c’est contre nature que des femmes capables de donner la vie ordonnent de la retrancher chez les autres...

MAM (Michèle Alliot-Marie), puisque c’est ainsi qu’on la désigne communément, fait partie de ce genre de femmes au pouvoir qui aiment l’ordre avant la vie. Je m’empresse de dire qu’il ne s’agit pas d’une vérité établie, mais de mon sentiment personnel. Aimer la vie, ce n’est pas réduire les libertés, tout au contraire. Aimer la vie, ce n’est pas enfermer tout un peuple dans des lois toujours plus répressives et sécuritaires. Non, cette répression, c’est juste faire plaisir à quelques « factions » de la population, souvent les plus puissantes en termes de richesses ou de paraître.

Pourquoi cette charge contre cette dame qui, au moins en apparence, ne m’a fait aucun mal ? Parce qu’écoutant attentivement les informations à la télé ou les lisant assidûment sur Internet, en quelques jours, j’ai vu une avalanche de lois répressives tomber sur nous. Ces projets de lois vont être proposés à un « parlement godillot », donc bientôt, imposés à tout un peuple, le nôtre.

Des « mouchards » dans nos ordinateurs

Le projet qui m’a le plus heurté, c’est cette future autorisation donnée aux services de police (Loi Lospi 2) de venir placer dans nos ordinateurs des « mouchards » et ceci en notre absence. Ces policiers pourront donc s’introduire dans notre domicile, à notre insu, démonter notre ordinateur, y placer un « mouchard », puis repartir « ni vu ni connu », avant de nous espionner tout à loisir durant 4 mois. Lorsque ces services policiers en sauront suffisamment sur nous, toujours en notre absence, ils viendront récupérer leur « mouchard » sans que nous ne nous soyons aperçus de rien.

Comme vous pouvez en juger, c’est un procédé « hautement » démocratique. Au passage, on peut se demander ce qui se passera si jamais vous rentrez chez vous et que vous tombiez nez à nez avec des individus forcément louches puisque vous ne les aurez pas autorisés à s’introduire chez vous. Nouvelles occasions de « bavures » policières en perspective ? Coups de flash-ball, matraque, gaz lacrymogène ou tasers ? Que choisiront-ils pour que vous ne vous souveniez pas de leur visite impromptue ?

Ce qui me donne envie d’hurler, c’est que je n’ai encore entendu personne réagir contre une telle proposition totalement choquante !

Bien entendu, déjà, on nous annonce que ne seront concernés que les individus soupçonnés de « terrorisme », de banditisme « en bande organisée » ou autres faits de cette nature. Oui, mais ! On sait ce que vaut ce genre de promesses ! Souvenez-vous : À l’origine, les prélèvements ADN ne devaient concerner que les auteurs de viols. Or, désormais, tout un chacun peut se retrouver avec un prélèvement ADN obligatoire s’il ne fait pas partie de la majorité « silencieuse-peureuse » et planquée !

Je ne sais pas pour vous qui me lisez, mais en ce qui me concerne, il m’est totalement impossible d’avoir confiance en ce gouvernement ! Oui, impossible !!!

D’un point de vue moral, je ne nie pas qu’il faille trouver des solutions contre le véritable banditisme, contre les violeurs, les véritables terroristes, les gangsters de tous poils. Mais on ne badine pas avec la démocratie ! Or, c’est ce que fait le pouvoir actuel ! Nous étions nombreux à nous en douter, il y a deux ans, à le dire même, mais une majorité, certes, peu importante, de nos concitoyens n’a écouté que les « belles paroles » du candidat Sarkozy et n’ont vu que les « paillettes » des artistes qui entouraient ledit candidat…

Confiscation et vente possible de nos véhicules

Autre « joyeuseté » antidémocratique, la répression contre les automobilistes. Mon premier réflexe, lorsque j’ai entendu parler de ce projet, c’était de me dire que, décidément, l’État a besoin d’argent (mais ça, on le savait) et que le meilleur moyen reste, comme toujours, de piller les citoyens du pays et, autant que possible, les moins à l’aise, financièrement.

Là encore, l’apparence relève de la sécurité des usagers des routes françaises. Et certes, il y a encore trop d’accidents, trop de blessés, parfois à vie, et bien trop de morts. Mais est-ce une raison pour « voler » le véhicule du contrevenant avant de le revendre comme n’importe quel voleur le ferait pour le produit de son larcin ? Pour l’instant, d’après ce que l’on sait, le gouvernement lui-même ne sait pas encore ce qu’il va faire de cet argent malodorant.

Malgré tous les discours qui se veulent rassurants, il reste qu’une telle mesure, à mes yeux, est profondément immorale et nous éloigne un peu plus encore du sens démocratique. Je le dis d’autant plus fortement que je ne suis absolument pas concerné n’ayant plus de voiture depuis deux ans. C’est l’esprit d’une telle mesure qui me choque profondément et me confirme que nous allons vers une société du « tout répressif », mais aussi une société de la « récupération » odieuse des biens des moins riches. Quid du droit de propriété, dès qu’il s’agit de pauvres ou de gens modestes ?...

MAM, à la télévision, disait, ces derniers jours, que son choix pour l’utilisation de ces fonds provenant de ce que j’appelle un « larcin légalisé » irait vers des associations d’aide aux victimes de la route. Fort bien ! Mais comment la prendre au sérieux lorsqu’on sait que l’argent de feu les « vignettes automobiles » censé revenir aux « vieux » ne leur a jamais été versé ; lorsqu’on sait que l’argent provenant du « lundi de Pentecôte travaillé », si cher à Monsieur Raffarin, cet argent qui devait aller aux maisons de retraite, semble, selon ces dernières, avoir bien du mal à leur parvenir !?

Quelle est la véritable insécurité, aujourd’hui ?

Les discours de très nombreux politiciens, Président en tête, avec la complicité des médias, directe ou indirecte, selon les cas, consistent à nous faire croire que nous vivons dans un monde de violence terroriste, que nos vies sont constamment en danger ; il consiste également, à nous faire croire que l’insécurité règne dans les rues des villes et villages du pays, dans les écoles, sur nos routes, partout, quoi. Sont le plus souvent désignés, les islamistes pour le terrorisme, les gamins de banlieues, pauvres de préférence, pour l’insécurité au quotidien.

Mais, ces politiciens, ces gouvernants, ne parlent pas d’une insécurité majeure, l’insécurité sociale dont ils sont responsables en raison de leur idéologie et de nombre de leurs décisions. Grâce à la « crise » financière, produit direct d’une idéologie nauséabonde, le « libéralo-conservatisme » issu de quelques groupes de réflexion américains, groupes appuyés et imposés par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, le monde, nous tous en fait, nous sommes en insécurité continuelle. Quelques « truands » en col blanc, « traders », « boursicoteurs » de tout poil, financiers sans le moindre sens moral, sans la moindre conscience, pillent, depuis des années, les économies nationales, les entreprises et donc, les peuples, jetant des masses de citoyens au chômage ou précipitant des peuples déjà démunis dans la morsure cruelle et fatale de la faim.

Il est évident qu’il faut, d’urgence, changer de politique, remiser aux oubliettes de l’histoire l’idéologie de l’économisme comme idéal, seule raison et seul sens de vie, si nous voulons éviter des drames aux conséquences tragiques et planétaires. L’injustice entretenue par quelques « fous de fric » ne peut déboucher que sur des conflits. Le terrorisme, en fait quelques cas limités dans le monde, est toujours la conséquence d’injustices monstrueuses, de mépris glacial envers quelques peuples, quelques religions. Mais c’est l’extrême pauvreté, entretenue par les pays riches, qui est la véritable bombe qui éclatera dans peu d’années si nous ne réagissons pas très rapidement.

Le drame se noue dans tous les pays, parce que les gouvernants occidentaux, aveuglés par leur idéologie, par leur pouvoir, leur puissance, préfèrent cadenasser leurs peuples sous d’immondes lois sécuritaires, plutôt que de s’en prendre aux responsables économiques et financiers dont la débilité dans l’égoïsme et l’accaparement des biens et ressources ne sont plus à prouver.

En fait, par leurs lois d’enfermement des peuples dans un corset sécuritaire indécent, les gouvernants occidentaux, français y compris, désarment leurs peuples et les livres aux « ogres » de la finance, cette finance insensible aux souffrances atroces de l’immense majorité des humains de notre temps.

Il est urgent de prendre conscience de tout cela ! De le dire ; de le crier sans cesse !

Humeurs de Jean Dornac

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