Une tribune pour les luttes

Il faut sauver le soldat Redon !

Par Alain Refalo

Article mis en ligne le mercredi 10 juin 2009

Ainsi donc, l’inspecteur d’académie des Bouches du Rhône, avant de prendre sa retraite et de méditer sur ses hauts faits répressifs, a décidé de se payer la carrière d’un enseignant qui a le tort de dire ce qu’il pense, de faire ce qu’il dit et surtout de contester en pensée et en actes les aberrations d’un système archaïque basé sur l’antique rapport domination-soumission.

Ce faisant, il fait d’une pierre deux coups, probablement avec l’accord du ministre, lui aussi sur le départ : il se débarrasse d’un enseignant désobéisseur gênant et il porte un rude coup au mouvement des enseignants en résistance. Le laisserons-nous faire ?

Il nous faudra un jour demander des comptes à ces potentats « académiques » qui usent et abusent de leur pouvoir tout en étant les exécutants zélés d’une politique honteuse et désastreuse. Leur incompétence sur le noble métier que nous exerçons n’a d’égale que leur soumission permanente au général en chef de la rue de Grenelle dont ils se vengent impunément sur les braves soldats du quotidien qui montent au front tous les jours dans leur classe, armés d’une volonté inébranlable de résister à la fatalité de l’échec et du désespoir.

Nous sommes entrés en résistance, en conscience, par devoir, pour défendre une certaine idée de l’école de la République. Cette résistance inédite dérange. Dès les premiers jours qu’une certaine lettre circulât sur internet, nous avions compris qu’on ne nous ferait aucun cadeau. Malheureusement pour le pouvoir, ils furent nombreux ceux qui osèrent prendre la plume pour dire qu’il refusait de participer au mensonge institutionnalisé des contre réformes.

Erwan Redon fut de ceux-là. Il n’avait pas attendu ce signal pour s’exprimer, agir, désobéir. Malgré les coups, et ils furent nombreux ces dernières années, il a poursuivi fièrement, sans écouter ceux qui lui disaient de temporiser, de se calmer. Il n’est pas de la trempe de ceux que l’on amadoue. Il n’a pas l’esprit au compromis facile. Il ne brade pas ses convictions pour un peu de tranquillité méritée. Il incarne l’esprit subversif, la rébellion contre tous les autoritarismes, les abus, les injustices de son temps. Que l’on partage ou non ses engagements, il mérite notre respect. Il ne mérite certainement pas l’opprobre de l’institution.

J’en appelle à tous les enseignants de France, à tous les syndicats, aux fédérations de parents d’élèves, à tous les citoyens et les élus qui ne peuvent supporter qu’un enseignant soit révoqué pour ses idées et ses pratiques pédagogiques. Rien ne serait plus tragique, dans ce pays où l’on criminalise l’esprit de résistance, que l’un de ses enseignants soit licencié pour avoir incarné l’audace d’une résistance éthique qui porte l’espérance d’un à-venir prometteur. Nous avons un devoir de solidarité et de résistance pour sauver le soldat Redon. Notre mobilisation doit être exemplaire, massive, déterminée. Pour Erwan. Pour l’honneur de l’Education Nationale.

3 juin 2009

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