Une tribune pour les luttes

Carla Sarkozy à L’Aquila : généreuse avec l’argent public

Article mis en ligne le lundi 13 juillet 2009

Par Thierry Reboud

http://www.rue89.com/2009/07/13/car...

13/07/2009

A ma très grande surprise (mais peut-être n’ai-je été qu’inattentif), il semblerait bien qu’une information soit passée totalement inaperçue sur Rue89 : lors de sa visite extra-protocolaire à L’Aquila, Carla Sarkozy a annoncé que la France verserait 3,2 millions d’euros pour la restauration du dôme de l’église Santa Maria del Suffragio, soit environ la moitié du montant estimé des travaux. Et là, je coince.

On nous dit et nous répète sur tous les tons et, semble-t-il, non sans raisons que les caisses de la France sont vides : dernièrement, ce sont deux membres éminents de la commission des finances du Sénat, Jean Arthuis et Philippe Marini, qui stigmatisaient l’insoutenable légèreté de la dette publique. Or, d’un seul coup, il semblerait qu’une personne sans le moindre mandat électif ni même exécutif, ait dégotté trois beaux et gras millions d’euros : il y a de quoi s’étonner, tout de même !

J’ai pourtant pris mes précautions avant de fulminer : peut-être s’agissait-il d’un don de Carla Sarkozy elle-même, auquel cas il n’y aurait pas grand chose à lui reprocher. Après tout, elle fait ce qu’elle veut de ses revenus. Mais non, vérification faite, Carla Sarkozy a bel et bien impliqué la France, c’est-à-dire les finances publiques.

Sarkozy nous chante comme il a changé, et pourtant : le mélange des genres qui fait qu’une personne privée dispose de finances publiques, les dépenses de prestige qu’on a du mal à ne pas croire faites pour épater la galerie, même la particulière sollicitude dont fait l’objet l’Eglise catholique (après tout, ce ne sont pas les monuments ravagés qui doivent manquer à L’Aquila ! ). Ce n’est plus bling-bling, certes, c’est nettement plus classieux.

Il semblerait que madame ait enseigné à monsieur les vertus de la culture classique et que le Vatican mérite mieux que des SMS furtifs… mais sur le fond ? Sur le fond, c’est la même chose : la désinvolture avec l’Etat et ses finances, la privatisation de la sphère publique, le fait du prince ou, en l’occurrence, de la princesse.

Et là-dessus, je n’ai pas lu de réaction offusquée sur Rue89. Ni ailleurs.

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