Une tribune pour les luttes

Déclaration commune

Pas de bébé à la consigne !

Pour améliorer et développer les modes d’ accueil et la scolarisation des jeunes enfants
+ UFAL / "Pas de bébé à la consigne » : Une riposte commune " par Lucette Guibert

Article mis en ligne le vendredi 24 juillet 2009

Pour signer cette pétition

http://www.pasdebebesalaconsigne.com/

Nous affirmons qu’une politique publique ambitieuse pour la petite enfance constitue un investissement pour l’avenir. Elle doit permettre à toutes les familles qui le souhaitent d’accéder pour leur enfant à un mode d’accueil de qualité ou à l’école maternelle sans barrière financière. Elle est la première condition pour assurer le droit au travail des femmes.

A l’inverse, les mesures et projets gouvernementaux concernant les modes d’’accueil et l’école maternelle convergent, en dépit des annonces ministérielles, vers une dégradation des dispositifs existants, au détriment des attentes des familles et des besoins fondamentaux des enfants.

Il s’agit notamment :

* du projet de diminuer la proportion des professionnels les plus qualifiés (éducateurs de jeunes enfants, puéricultrices et auxiliaires de puériculture) dans les établissements et services d’accueil des jeunes enfants (crèches, multi-accueils…) ;

* de l’extension des capacités maximales d’accueil des assistantes maternelles de trois à quatre enfants et de la création de regroupements d’assistantes maternelles pouvant accueillir jusqu’à 16 enfants sans aucune règle collective de fonctionnement ;

* de la création expérimentale de 8000 places de jardins d’éveil d’ici 2012 pour les enfants de deux à trois ans, prévoyant un taux d’encadrement d’un adulte pour 8 à 12 enfants au lieu d’un pour 8 enfants du même âge actuellement pratiqué dans les crèches ;

* de la perte de 68 000 places depuis 2000 pour cette tranche d’âge en école maternelle du fait des suppressions massives de postes d’enseignants, qui pourrait augurer d’une attaque plus globale contre l’école maternelle, malgré les propos du ministre de l’Education nationale...

Il en résulte :

* une atteinte inadmissible à la qualité d’accueil des enfants. En effet, selon de nombreuses études réalisées en France et à l’étranger, celle-ci serait liée à un ensemble de critères prenant en compte les niveaux de qualifications professionnelles, les taux d’encadrement, la taille restreinte des groupes d’enfants ainsi que des temps de réflexion sur les pratiques, qui favorisent une prise en compte de l’enfant et de sa famille dans une relation individualisée ;

* une croissance annoncée des capacités d’accueil, sans garantie d’une augmentation correspondante du personnel qualifié auprès des enfants ;

* une pénalisation financière supplémentaire pour les familles concernées, si le taux de scolarisation des 2-3 ans régresse.

* la pérennisation d’une situation où plus de la moitié des familles demeurent privées de tout véritable choix, ce qui conduit de nombreuses femmes à adopter une solution contrainte de retrait du marché du travail.

Cette dégradation des conditions d’accueil ou de scolarisation des jeunes enfants est inacceptable mais elle n’est pas inéluctable. L’exigence de qualité pour l’accueil des jeunes enfants est légitime et indispensable pour promouvoir leur développement et leur bien-être et répondre aux attentes de leurs familles, sur l’ensemble des territoires.

C’est pourquoi, nous nous mobilisons pour la reconnaissance de la spécificité des besoins d’enfants de moins de 3 ans lors de leur accueil en dehors du milieu familial et en collectivité, conformément aux connaissances scientifiques et pratiques acquises depuis 30 ans : à savoir la nécessité d’assurer au sein du groupe d’enfants un accompagnement en mesure de soutenir le développement singulier de chaque enfant.

Nous demandons en conséquence :

* le respect d’un taux d’encadrement d’au moins un adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas puis d’un pour 8 enfants qui marchent en établissement d’accueil (sachant que ces taux sont de un pour 3 à un pour 5 avant trois ans dans plusieurs pays européens). En maternelle, nous demandons la présence d’un enseignant et d’un ATSEM à temps plein pour 15 enfants ;

* le maintien et l’amélioration des taux actuels de professionnels qualifiés, par l’accroissement des places dans les écoles de formation (auxiliaires de puériculture, puéricultrices, éducatrices de jeunes enfants…) et par l’accroissement des postes d’enseignants et d’ATSEM, formés à l’éducation et à l’accompagnement de tout jeunes enfants ;

* l’arrêt des politiques publiques en défaveur des modes d’accueil collectifs et la promotion d’un plan de formation et de recrutement de professionnels qualifiés de la petite enfance ;

* l’arrêt des suppressions de postes dans l’éducation nationale et le rétablissement des postes supprimés (40 000 en trois ans). L’école maternelle ne doit pas servir de variable d’ajustement et doit au contraire être dotée des moyens nécessaires pour que chaque famille qui le souhaite puisse scolariser son enfant entre deux et trois ans dans des conditions adaptées à cet âge d’entrée à l’école maternelle ;

* le renforcement et le développement des structures et des dispositifs, publics ou à but non lucratif, pour l’accès aux modes d’accueil et à l’école maternelle des jeunes enfants, en privilégiant la continuité de l’accueil (0-3 ans en établissement d’accueil, 2-6 ans en maternelle) ;

* l’abandon des regroupements d’assistantes maternelles qui constitue le sommet de la déréglementation avec l’absence de tout encadrement et le maintien des contrats de gré à gré avec les parents employeurs ;

* l’abaissement du reste à charge financier pour les familles, leur permettant réellement d’accéder au mode d’accueil de leur choix, pour aller progressivement vers la gratuité des modes d’accueil.

Associations et syndicats, représentant les familles, les professionnels de la petite enfance et de l’Education nationale, nous nous engageons conjointement et appelons tous les citoyens à nous rejoindre et se mobiliser pour atteindre ensemble ces objectifs.

Premiers Signataires :

ANAP (Association Nationale des Auxiliaires de Puériculture), ANAPSYpe (Association Nationale des Psychologues Petite enfance), ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices diplômées d’Etat et des Etudiantes), CADRESPE (Collectif d’Association de Directeurs et Responsables d’Etablissement et Services Petite Enfance), CEMEA (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active), CEPAME (Comité d’Entente des Ecoles Préparant Aux Métiers de l’Enfance – Association regroupant des écoles d’auxiliaires de Puériculture et de Puéricultrices), la CGT, CGT Petite Enfance des Services Publics Parisiens, CGT Crèches PMI 93, CGT Educ’Action, CGT Fédération des Services Publics, Collectif Petite Enfance 06, FERC CGT, FNEJE (Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants), Passerelles EJE, R.I.R.E (Réseau Informel de Réflexion sur l’Education), SNMPMI (Syndicat National des Médecins de PMI), SUD Santé Sociaux, SNU CLIAS FSU, SUPAP FSU, Union Syndicale Solidaires, UNSA, UNSA Education, UNSA petite enfance ville de Paris, UNSA Territoriaux, SE UNSA.


Pas de bébé à la consigne » : Une riposte commune

Par Lucette Guibert

Mardi 21 juillet 2009

L’UFAL fait partie de ce collectif. La déclaration commune adoptée le 17 juillet marque notre engagement commun. « Nous affirmons qu’une politique publique ambitieuse pour la petite enfance constitue un investissement pour l’avenir. Elle doit permettre à toutes les familles qui le souhaitent d’accéder pour leur enfant à un mode d’accueil de qualité ou à l’école maternelle sans barrière financière. Elle est la première condition pour assurer le droit au travail des femmes…. ».

Les membres de ce collectif ont une analyse convergente sur la nécessité de considérer d’abord l’intérêt de l’enfant et de dépasser les clivages institutionnels et classiques pour faire front aux propositions concernant la scolarisation des jeunes enfants (rapport Papon-Martin) et le développement de l’offre d’accueil de la petite enfance (rapport Tabarot).

L’angle d’attaque des propositions soutenues par les néolibéraux, à partir des 2 rapports est de cibler les 2 à 3 ans, pas encore élèves, presque plus bébés et avec des besoins différents en fonction de leur développement pour une même tranche d’âge.

Les buts présentés paraissent louables : respecter les rythmes des plus jeunes enfants et préparer le droit opposable de garde des bébés et touts petits enfants. Mais à partir d’un constat de dégradation et de carence, les propositions faites sont toujours de moindre qualité (abaissement des taux d’encadrement), de moindre coût pour la collectivité (efficientes selon le terme consacré), toujours payantes pour les parents, et ne répondant pas à leur choix idéal, mais un choix par défaut.

La mise en place des jardins d’éveil serait ainsi une « solution innovante », ainsi que le recours à des assistantes maternelles.
Mais ces propositions ont d’autres buts :

* délaïciser et privatiser progressivement l’école maternelle laïque et non obligatoire en commençant par les plus jeunes.

* privatiser les modes de « garde » ; que ce soit le recours à des assistantes maternelles ou à des jardins d’éveil, on est bien loin du service public d’accueil des bébés !

* préparer le plus tôt possible le recours à des structures privées : l’accueil des bébés de 2 ans pouvant se poursuivre quand ils auront 3 ans et plus par l’intégration à la maternelle au sein de ces même structures privées. Les « clients » seront ainsi recrutés précocement.

* Entreprendre progressivement la disparition de l’école maternelle publique et gratuite (désengagement de l’éducation nationale) pour les 3 à 5 ans. Rappelons que l’école maternelle, à partir de 3 ans possible à partir de 2 ans, n’existe pas dans tous les pays européens, et que l’école maternelle n’est pas obligatoire.

Le raccourcissement annoncé du congé parental va aggraver encore la situation de pénurie des structures d’accueil et faciliter la mise en place de ces solutions privées.

Tout en affichant une prétention de vouloir éviter des trappes à chômage avec un congé trop long de 3 ans, le congé parental en ces temps de chômage peut devenir une alternative pour les nouveaux parents qui sont malmenés dans leur emploi. De plus, tout le discours moralisateur et culpabilisant est en place pour inciter les mamans (et les pères aussi au nom de l’égalité) à prendre ce congé. Et après cette année de congé parental ?

Les familles payeront une première fois parce que ces jardins d’éveil bénéficieront de l’argent collectif (financement par l’impôt et par la branche famille de la sécurité sociale), une deuxième fois pour le service. Le flou entretenu sur la contribution des communes fait craindre un transfert de coût sans contrepartie.

Lier le combat laïque et le combat social est évident pour cette action. La privatisation va profiter à des structures privées et à l’enseignement confessionnel.

C’en est fini de l’égalité républicaine dans ce domaine là aussi car il y a « perspectives de fortes inégalités territoriales si cela devait reposer sur les collectivités territoriales ou des initiatives aléatoires de partenariat » (extrait de la contribution des membres du groupe socialiste et rattachés et des membres du groupe communiste républicain et citoyen dans le rapport Papon-Martin).

Idéologiquement ces deux rapports sont odieux et de mauvaise foi.
L’école maternelle est accusée de ne pas remplir son devoir de passer de la socialisation à la scolarisation. Pire « scolariser trop tôt c’est renforcer le ghetto » dans le rapport Papon-Martin.

Extrait du rapport Tabarot : « D’après la littérature, il est souhaitable, pour un bon développement, qu’un nourrisson reçoive des soins personnels à plein temps pendant au moins les 6 à 12 premiers mois de sa vie. L’emploi maternel pourrait avoir des effets négatifs sur le développement cognitif de l’enfant, notamment lorsque l’enfant n’a pas atteint l’âge de deux ou trois ans. C’est à partir de cet âge que la fréquentation de structures d’accueil professionnelles de bonne qualité et le contact avec les pairs stimule le développement. »

Et pour les plus grands « Confier un enfant à la garde pendant de longues heures au cours des deux voire quatre ou cinq premières années de sa vie est susceptible d’aggraver les problèmes de comportement (agressivité, désobéissance). Ces effets sont cependant considérablement atténués par les relations avec la famille, la sensibilité maternelle ou la présence paternelle », toujours dans le rapport Tabarot.

La globalisation des combats doit être à la mesure de la globalisation de l’attaque.

http://www.ufal.info/media_flash/2,...

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2009 à 22:17, par UFAL Midi En réponse à : Marseille : Pas de bébé à la consigne !

    "Pas de Bébé à la Consigne" signé par l’UFAL (Union des Familles Laïques), dans les Bouches-du-Rhône :
    UFAL 13 - 140, rue Breteuil 13006 Marseille, tél. 06 19 58 40 84, midi chez ufal.fr, www.ufal.fr
    - LAÏQUE & SOCIAL
    - Droits des Femmes, Laïcité
    - L’Accueil de la petite enfance conditionne le droit des femmes au travail
    - BASTA l’ordre moral

  • Le 22 juillet 2009 à 22:57 En réponse à : Pas de bébé à la consigne !

    bravo !!
    A relayer et diffuser.Je travaille en crèche et je soutiens à fond cette initiative.Comme pour le "fichage"trop précoce ;seules nos voix de citoyens les arrêterons

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