Une tribune pour les luttes

L’effort de recherche de la France au plus bas : 2,02 % du PIB en 2008

Par Henri Audier

Article mis en ligne le mercredi 21 octobre 2009

http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2917

Le 20 octobre 2009

"En 2007, nous serons en tête de l’Europe pour l’effort de recherche" promettait Jacques Chirac en 2002, "Il y aura 1,8 milliard de plus chaque année pour l’enseignement supérieur et la recherche" renchérit Nicolas Sarkozy en 2007. Les chiffres 2008 viennent de tomber.


"La France en seconde division de la science ne serait plus la France"
. Or en deuxième division, nous y sommes, n’en déplaise aux fanfaronnades de Nicolas Sarkozy. Les dernières statistiques de l’OCDE donne comme chiffre provisoire (voir plus loin) pour l’effort de recherche de la France : 2,08 % du PIB en 2007, très loin de l’objectif des 3 % du PIB. Ce chiffre marque une nouvelle chute et confirme une décroissance constante depuis 2002 (2,24 % alors). La France est quatorzième mondialement, a accentué son retard sur les premiers et se situe désormais significativement en dessous le la moyenne OCDE (2,29 %).

Le "Jaune" de la loi de finances 2010, précise les chiffres pour les deux premières années du quinquennat en cours : pour 2007, l’effort de recherche n’est en fait que de 2,04 % du PIB, et descend encore à 2,02 % pour 2008. Ils adorent les classements ? Alors allons-y : nous sommes l’un des quatre pays dont l’effort versus le PIB a significativement reculé depuis 1995 : de 10 %. En termes d’effort de recherche civile (/PIB), nous sommes désormais dix-septième.

"Le budget de la recherche augmente", ont annoncé, chaque année depuis 2002, avec un large écho à chaque fois dans la plupart des médias, J. Chirac, C. Haigneré, F. Fillon, F. d’Aubert, F. Goulard, V. Pécresse et N. Sarkozy. La grande révélation du "jaune" est que l’effort de recherche a non seulement baissé par rapport au PIB, mais aussi en volume (en euros constants) et ce, pratiquement chaque année depuis 2002. Y compris en 2008 (- 0,1%) malgré "le 1,8 milliard supplémentaire" annoncé par Valérie Pécresse, totalement bidouillé, mais bu par la plupart des médias comme un agréable petit lait.

"Le budget de la recherche est déjà l’un des plus élevés du monde" clame Sarkozy, repris sans sourciller par la plupart des médias Certains démontrent même, chiffres provenant de la propagande ministérielle, que l’on a dépassé dans le budget les 1 % du PIB consacrés à la recherche. D’après le "jaune", c’était peut-être vrai en 2003 en incluant la recherche militaire, mais en 2008 les "financements budgétaire de la recherche" civile (incluant environ 10 % d’aide aux entreprises) ne représente que 0,53 % du PIB, la baisse de ce ratio étant de 31 % en cinq ans !

"L’enseignement supérieur et la recherche sont prioritaires pour le gouvernement". Tel "L’Oréal, parce que nous le valons bien" ou "Renault, des voitures à vivre", ce slogan publicitaire gouvernemental est repris chaque année par la plupart des médias. Pourtant, du texte "Avec le Pacte, nous serons plus près de 2 % que de 3 % du PIB en 2010" écrit en 2005 à "Arnaque, mensonge et escroquerie dans la présentation d’un budget très médiocre" récemment, les mises en garde argumentées n’ont pas manqué de notre part. Nonobstant, la plupart des médias ont reproduit, encore pour 2010, les annonces fantaisistes de Valérie Pécresse en coupé-collé. Qu’en sera-t-il pour l’Ile-de-France, quand elle promettra des TER toutes les 5 minutes, des poubelles parfumées au jasmin et "la prolongation du Boulevard Saint Michel jusqu’à la Méditerranée pour que les étudiants puissent aller se baigner tous les matins" ?

La France est sous-développée en industries de pointe, le commerce extérieur s’effondre, les milliards sont dilapidés en paquet-fiscal, en TVA sur la restauration, en Crédit d’impôt, notre système public de recherche est défoncé à grands coups de bélier, la précarité dans la recherche augmente, le nombre de doctorants est prévu en chute de 10 % d’ici dix ans.

Alors on nous fait le coup du "Grand emprunt pour l’Avenir", en le justifiant par l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation. Sans un effort considérable de formation, notamment de docteurs, de mise à niveau des moyens des établissements publics et de recrutement de jeunes, cet emprunt sera un nouveau gaspillage. C’est dès le budget 2010 qu’il faut marquer une volonté de redressement. En l’état, ce budget conduirait à un nouvel affaiblissement de la recherche dans le PIB.

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