Une tribune pour les luttes

Manifeste des femmes de la coordination 93

« Sortir de l’ombre pour vivre libres »
Grâce aux luttes

Article mis en ligne le jeudi 22 octobre 2009

En Belgique, on régularise en respectant la vie privée,

En Italie, on régularise les femmes travaillant dans les services d’aides à domicile,

En France, la lutte des grévistes a permis des régularisations massives d’hommes et de femmes, mais aujourd’hui les préfectures examinent au cas par cas. Les réseaux de RESF se battent pied à pied contre les expulsions.

Moins que jamais, les femmes de la coordination 93 de lutte pour les Sans papiers ne sont résignées : elles poursuivent les luttes initiées par les collectifs, des syndicats, et des associations comme droits devants et Femmes Egalité. Elles s’engagent donc avec elles et eux, dans un nouveau mouvement d’ampleur nationale.

Elles exigent

La régularisation immédiate et sans conditions des travailleuses isolées dans l’aide à la personne

Beaucoup de femmes Sans papiers prennent soin de nos personnes âgées, handicapées ou de nos enfants.

Or, le rapport du CERC (Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale) publié le 19 février 2008, met en avant un besoin futur d’environ 1,2 million de personnes en 2040 contre 800.000 actuellement pour les métiers d’aide à la personne.

Le rapport souligne que les emplois de service à domicile, peu rémunérateurs et n’ouvrant pas de perspective de carrière, sont majoritairement occupées par des femmes sans diplôme et reprenant une activité professionnelle après s’être consacrées à l’éducation de leurs enfants. Or, selon le CERC, ce vivier tendra à se raréfier, hypothéquant le recrutement pour l’assistance aux personnes handicapées ou dépendantes….

C’est dans cet esprit que le gouvernement propose activement aux femmes rejoignant leurs époux dans le cadre du regroupement familial de se former dans les emplois d’aides à domicile.

DONC, pour ces raisons il nous semble élémentaire de régulariser toutes les femmes présentes en France et qui travaillent dans l’aide à domicile. _ Ce que vient de faire l’Italie. Elles ont depuis plusieurs mois, voire plusieurs années pour la majorité d’entre d’elles, acquis une compétence. Elles sont bien souvent devenues indispensables aux personnes dont elles s’occupent. Elles aspirent à une professionnalisation «  que les Assises de la professionnalisation des services à la personne » ont le 23 juin dernier plébiscitée en déclinant 14 objectifs portés par un financement de 30 millions d’euros en faveur de la professionnalisation. »

La régularisation de toutes les femmes travailleuses dans l’hôtellerie, la restauration et le ménage ou autres professions…

Ces métiers ont la particularité d’être des travaux difficiles avec des horaires extrêmement flexibles. Certaines travaillent depuis des années sans percevoir de droit à la retraite, à la CAF, à la sécurité sociale... A ce jour, ces métiers ne sont pas considérés officiellement comme étant « en tension » : donc, même si elles obtiennent le sésame du CERFA (engagement de l’employeur à l’employer légalement), elles n’ont aucune certitude aujourd’hui d’être régularisées. Le comble est que certaines travaillent avec un CDI (à leur nom ou sous un autre nom.) Elles rejoignent le cadre de la lutte de l’ensemble des salariés sans papiers.

La reconnaissance de la maladie et du handicap

450 médecins, inspecteur de santé publique viennent de dénoncer les pressions subies pour délivrer moins de carte de séjour pour maladie. Selon le COMEDE (comité médical pour les exilés) depuis 2002, le taux d’accord pour raisons médicales a chuté de 40%. Le syndicat SMISP (syndicat des médecins inspecteurs de santé publique) demande la garantie de la totale indépendance des médecins de santé publique, afin de respecter leur code de déontologie.

Le respect de la vie privée et familiale

Selon plusieurs témoignages, « à la préfecture de Bobigny, certains fonctionnaires n’hésitent plus à déclarer ouvertement qu’ils ne délivrent plus de titre de séjour vie privée et familiale » : et c’est la même réalité dans toutes les préfectures. Il est quasiment systématiquement demandé, en plus, un contrat de travail : c’est une atteinte à l’article 8 de la convention européenne des droits de l’Homme, ratifiée, cependant par la France.

Pendant ce temps, en Belgique, le gouvernement détermine de nouveaux critères de régularisation qui prennent largement en compte les critères familiaux (parents d’enfants scolarisés et d’insertion sociale (liens sociaux tissés, connaissance d’une des langues nationales…)

Le respect du droit d’asile

L’image la plus révoltante du refus du droit d’asile implicite est sans doute celle de la chasse faite aux migrants du littoral de la Manche et de la mer du Nord. Ils sont cependant notoirement reconnus comme venant de pays dits à risque (le mot est faible !!!) : Afghanistan, Erythrée, Iran, Irak…

Par ailleurs, les preuves des dangers et sévices subis dans le pays d’origine sont parfois inaccessibles….d’où rejet de plus en plus expéditif de l’OFPRA. Quelques femmes du groupe sont concernées.

Et enfin, n’oublions pas que beaucoup d’entre elles (célibataires ou divorcées en particulier) fuient l’oppression masculine qu’elles subissent ici ou dans leur pays d’origine , que ce soit dans la sphère privée ou publique. Elles fuient parfois les pratiques d’excision pour leurs filles. Elles méritent respect et encouragement.

Elles sont une quarantaine et ont choisi de se mettre au grand jour en acceptant des interviews audio, en témoignant en public et même en mettant en scène leur parcours de vie.


Elles doivent toutes, globalement, être régularisées.

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