Une tribune pour les luttes

Communiqué de l’UJFP (Union juive pour la paix du 10 novembre 2009

A propos de l’intervention de François Cluzet, sur Salah Hamouri, et des réactions du BNVCA

Article mis en ligne le jeudi 12 novembre 2009

Mardi 10 novembre 2009

François Cluzet, en mettant sa notoriété de comédien au service d’une
cause juste étouffée politiquement et dans les media français, a agi en
citoyen responsable et en intellectuel digne de ce nom. Il a dénoncé à
la télévision, le scandale de la condamnation et de l’emprisonnement
d’un citoyen franco-palestinien par un tribunal israélien illégal au
regard du droit international puisque siégeant dans les territoires
illégalement occupés. Et surtout il a dénoncé le silence des media, et
l’abandon des politiques français.

Voir la vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xb...

Salah Hamouri, citoyen français, de père palestinien et de mère
française, a été lourdement condamné à 7 ans de prison pour un délit
qu’il n’a pas commis.
Connu comme sympathisant du FPLP (organisation de gauche, progressiste
et laïque) il a été arrêté pour être passé en voiture devant la maison
du rabbin d’extrême-droite Ovadia Yossef, auteur de nombreuses
déclarations sexistes et racistes. Jamais l’accusation n’a pu apporter
d’autres preuves que celle-là !

Conformément à une loi israélienne, Salah Hamouri été obligé, pour
diminuer sa peine, de déclarer qu’il était coupable, alors qu’il est
innocent.

Le Président de la République a déclaré à plusieurs reprises qu’il
irait chercher lui-même tout Français injustement détenu partout dans
le monde. Informé de cette situation , il n’est pas allé chercher Salah
Hamouri ! Il s’est contenté d’intervenir très mollement auprès du
gouvernement israélien et a refusé de recevoir Denise Hamouri, la mère
de Salah.
La mairie de Paris qui affiche régulièrement les photos des Français
pris en otages ou capturés à l’étranger, n’affiche pas le portrait de
Salah Hamouri : citoyen français victime d’un simulacre de justice,
dans un Etat qui viole régulièrement le droit international.

Suite à l’intervention télévisée de François Cluzet, un prétendu Bureau
national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), dirigé par Sammy Gozlan, et lié au CRIF, a saisi
le CSA et la chaîne de télévision. Il a osé traiter Salah Hamouri de « 
terroriste », et, s’inspirant probablement du programme du F- Haine,
qui prévoit ce genre de mesures, demande que Salah Hamouri soit déchu
de sa nationalité française.

L’Union juive française pour la paix :

- Exige que le gouvernement français intervienne fortement et clairement
pour la libération immédiate de Salah Hamouri, et cesse de pratiquer le
«  deux poids deux mesures » caractéristique de sa politique au
Proche-Orient, jusque dans le choix des citoyens français qu’il
soutient.

- Rappelle que la parole de François Cluzet doit être respectée, entendue
et soutenue comme celle d’un juste, dans un contexte ou la calomnie et
la diffamation tentent de dénigrer et de salir tous ceux qui, au nom du
droit international, combattent la politique criminelle de l’Etat
d’Israël à l’égard du peuple palestinien, en assimilant toute action
toute question et toute parole de soutien à un prétendu « antisémitisme
 ».

Poursuivra quant à elle, avec toutes les organisations du mouvement de
solidarité avec le peuple palestinien, son combat pour la justice et la
paix, au Proche-Orient comme ici.

Bureau National de l’UJFP le 10-11-09

*Note sur le rabbin Ovadia Yossef :

En 2001, lors du prêche de Pessah, Ovadia Yossef a déclaré :
« Il faut anéantir les Arabes. Il ne faut pas avoir pitié d’eux, il faut leur tirer dessus avec des super-missiles, les anéantir, ces méchants, ces maudits. »

Ce sont ces propos d’Ovadia et ceux du BNVCA qui incitent certains, hélas, à l’antisémitisme…



Un Franco-Palestinien en prison : Salah Hamouri existe-t-il ?

publié le jeudi 25 décembre 2008

Thierry Reboud

Qui a déjà entendu parler de Salah Hamouri ? Pas grand monde, il faut croire.

Salah Hamouri est le fils d’un Palestinien de Jérusalem-est et d’une Française, c’est-à-dire qu’il est aussi Français que Gilad Shalit, le jeune soldat franco-israélien prisonnier d’un groupe armé de Gaza.

Depuis trois ans et demi, Salah Hamouri est prisonnier d’un autre groupe armé : les Forces de Défense Israéliennes. Après trois ans de détention sans jugement, Salah Hamouri a eu le choix entre reconnaître les faits qui lui étaient reprochés et être condamné à sept ans d’emprisonnement ou ne pas les reconnaître et être condamné à quatorze ans d’emprisonnement.

Bien qu’il ait toujours nié, bien que l’armée israélienne ait été incapable de produire un seul témoin ou le moindre début de preuve, confronté à ce choix (pour autant que c’en soit un), Salah Hamouri a finalement reconnu les faits. Il est donc aujourd’hui considéré comme un terroriste et doit purger le reste de sa peine.

Quels sont au juste les faits qui sont reprochés à Salah Hamouri qui justifient une telle rigueur ? D’être passé devant le domicile du rabbin Ovadia Yossef (figure éminente du parti Shass, extrême-droite religieuse) en voiture accompagné d’amis qui sont (ou seraient) militants du FPLP (Front de Libération Populaire de la Palestine). Le rabbin Ovadia Yossef est célèbre pour ses diatribes anti-arabes et son domicile est donc sous surveillance constante.

Trois mois plus tard, lors d’un contrôle, Salah Hamouri est arrêté. On lui reproche d’être membre du FPLP (ce que lui et le FPLP nient) et d’avoir eu l’intention de commettre un attentat contre le rabbin Yossef. Vous avez bien lu : d’avoir eu l’intention. Depuis, Salah Hamouri fait partie des milliers de prisonniers palestiniens parce qu’il aurait eu une intention.

Et quels sont les faits que reconnaît Salah Hamouri ? D’être passé devant le domicile du rabbin Ovadia Yossef sur la suggestion d’un ami, Moussa Darwish. Lea Tsemel, avocate et militante israélienne des droits humains, raconte :

"Ils ont roulé au ralenti, vu une caméra, fait demi-tour et n’en ont plus parlé après. Les enquêteurs n’ont trouvé aucune arme et aucun élément susceptible de prouver qu’ils étaient décidés à passer à l’acte. Il s’agit d’un acte stupide, une bravade, rien de plus."

Fin des velléités d’assassinat, début du complot selon la justice militaire israélienne.

Ces derniers jours, Israël a décidé, dans le cadre du soutien politique à Mahmoud Abbas, de libérer 227 prisonniers palestiniens. Salah Hamouri n’en faisait pas partie.

Gilad Shalit et sa famille bénéficient de toute la sollicitude de la Présidence de la République et du Quai d’Orsay, ce qui est tout à fait normal. Salah Hamouri et sa famille bénéficient de l’indifférence des mêmes, ce qui me paraît déjà moins normal. Gilad Shalit est citoyen d’honneur de la Ville de Paris. Salah Hamouri n’est citoyen d’honneur de nulle part.

Il ne s’agit pas de s’indigner des soutiens dont bénéficient Gilad Shalit et sa famille. En revanche, on est en droit d’attendre une action plus vigoureuse en faveur de Salah Hamouri.

La justice militaire israélienne ne vaut ni plus ni moins que toutes les justices militaires, c’est-à-dire pas grand chose, particulièrement dans un pays soumis alors à une réelle pression terroriste. Mais enfin, le dossier est particulièrement vide : encore une fois, c’est une intention qui est reprochée à Salah Hamouri.

On a connu la diplomatie française plus enthousiaste, par exemple lorsqu’il s’est agi de secourir les infirmières bulgares et un médecin palestinien, pourtant condamnés par la justice libyenne dans des circonstances étonnamment similaires. Eux aussi avaient reconnu les faits parce qu’ils étaient soumis à ce qu’on peut sans exagération appeler un chantage judiciaire. Ou même lorsqu’il s’est agi d’aller libérer les membres de l’Arche de Zoé, pourtant condamnés pour des faits autrement consistants.

Chacun de nous a des positions, des préférences ou des soutiens divers. Pourtant il ne s’agit pas d’être sioniste ou anti-sioniste, pro-israélien ou pro-palestinien : j’ai la faiblesse de croire que les pro-israéliens seront suffisamment attachés à ce pays qui leur est cher et aux valeurs qu’il prétend promouvoir pour s’associer à tous les défenseurs des droits humains.

http://www.france-palestine.org/article10658.html


Sur Salah Hamouri, voir Mille Bâbords 11829, 10429

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