Une tribune pour les luttes

11 novembre

14-18 “Le camp des nègres” oublié

212 000 Africains français ont servi pendant la première guerre mondiale, 163 000 ont combattu en France, 30 000 y sont morts.

Article mis en ligne le mercredi 11 novembre 2009

Mercredi 11 Novembre 2009
EVOCATION. De 1916 à 1918, le camp du Courneau a accueilli les tirailleurs sénégalais
Devoir de mémoire envers la force noire

«  C’est bon de rappeler qu’on n’a pas demandé leur carte d’identité à ces soldats quand on les a enrôlés
de force
 », a insisté Alain Rousset, accompagné de Naïma Charaï, conseillère régionale PS. «  En défendant
la France, ces troupes africaines ont défendu son identité. Leurs parents se sont battus et, aujourd’hui,
leurs descendants éprouvent des difficultés à obtenir des visas pour venir en France. Il y a une
obligation de parler aussi de ça
 », n’a pas hésité à commenter le consul du Sénégal à Bordeaux, Momar
Thiam. »

Avec les documents et les vidéos sur :
http://ceciestunexercice.wordpress....

10 11 2008

Dès octobre 1914, l’Etat Major des Armées décide d’accroître le recrutement des troupes africaines. En France métropolitaine, deux sites, celui de Fréjus – Saint Raphaël et celui du Courneau en Gironde permettront l’accueil, l’entraînement et la réorganisation des bataillons tirailleurs sénégalais. Retour sur le camp dans le bassin d’Arcachon qui a accueilli 16 000 tirailleurs sénégalais d’avril 1916 à juillet 1917.

940 Sénégalais morts dans le camp

La faute à qui ?

16 000 tirailleurs Sénégalais sont passés par le camp de Courneau durant la Grande Guerre. 940 y sont morts. Un taux de mortalité très élevé. Si les historiens ont polémiqué sur le sacrifice des tirailleurs sénégalais au front, personne n’a pensé à ceux qui sont morts dans les camps, à l’arrière du conflit. Des morts moins glorieuses mais tout aussi tragiques. Ils sont morts de maladies car les conditions d’habitation et d’hygiène n’étaient pas adaptées à leur physiologie et à leur mode de vie. Si les historiens locaux ont une lecture neutre des faits recueillis, Salif Koala, historien burkinabé, spécialiste de la question coloniale en fait une analyse accusatrice. Il pointe du doigt l’irresponsabilité de l’Etat français.


Leur quotidien au camp

Jean-Pierre Caule, Jean-Michel Mormone et Patrick Boyer, historiens du Bassin d’Arcachon ont reconstitué les conditions de leur vie grâce à l’étude des courriers, des listes, des cartes postales de l’époque…

Cf.vidéo sur le site.

Si les tirailleurs sénégalais pensaient risquer leur vie au front à cause des balles, c’est d’abord à cause du climat et des mauvaises conditions d’habitation et d’hygiène dans leur camp d’accueil qu’ils risquaient leur vie.

De simples baraquements en bois

Les bâtiments, destinés à loger la troupe sont des baraques, longues de 30 mètres et larges de 6, peuvent recevoir 60 hommes, parfois plus soit 180 m2 pour 60 hommes. De construction légère, ossature de bois recouverte de toile goudronnée, elles manquent d’étanchéité à l’usage et laissent passer l’eau de pluie. Le sol de ces baraques est fait de terre battue. Le chauffage est assuré par des poêles bois-charbon, l’éclairage par des lampes à carbure et pétrole : les bougies sont interdites. Il n’y a de l’électricité que pour l’hôpital fournie par un groupe électrogène.

Politique d’hygiène insuffisante

Chaque unité fait nettoyer dès le réveil l’intérieur des édicules de son secteur. Le service d’assainissement du camp fait répandre des produits antiseptiques à l’intérieur et à l’extérieur des édicules…” Malgré une prise de conscience tardive de l’Etat major de l’Armée à la Direction des Troupes Coloniales, le taux de mortalité élevé n’est pas enrayé. On recense 940 décès de juin 1916 à juillet 1917. Beaucoup meurent d’affections pulmonaires. _ Le personnel médical accueille près de 16.000 combattants en décembre 1916. Et le 72e bataillon de tirailleurs sénégalais, le seul à rester sur le site après le départ général, en paye le prix fort. 170 de ses soldats sont déc
édés. (Voir l’encadré a sur le site ).

Morts à l’arrière

Dès juin 1916, le nombre de décès est suffisamment important pour que l’on décide par arrêté préfectoral du 19.07.1916, de créer un emplacement pour recevoir la sépulture des soldats sénégalais décédés au camp. Cet emplacement est situé sur la section F N°116 du plan cadastral de la commune de La Teste au lieu dit « Natus de haut » à 1 km du camp.

Salif Koala, historien spécialiste de la question coloniale est allé se recueillir en octobre 2008 devant la stèle érigée en 1950. Il a étudié les archives du camp de Courneau. Il donne son sentiment sur la vraie raison de ce gâchis.
(Voir vidéo sur le site )

Pas sur le même pied d’égalité que les militaires français… Dans ce cas, les tirailleurs de ce camp ont payé le prix fort des restes de la colonisation (Voir l’ encadré b). Depuis deux ans, on entend beaucoup parler de la cause des tirailleurs de la Seconde guerre mondiale. L’opinion publique leur est acquise grâce au film “Indigènes”. Du coup, l’Etat français fait un effort avec la hausse des pensions. Pour les descendants des tirailleurs de la Grande guerre, c’est plus compliqué. S’ils voulaient apporter la preuve de leur parenté avec des poilus du camp de Courneau, originaires des quatre coins de l’Afrique de l’Ouest, sans papier d’identité au début du siècle… ce serait comme remonter au front.

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