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Actu-chômage

Le gouvernement veut la peau du Smic

Article mis en ligne le lundi 30 novembre 2009

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Lundi 30 novembre 2009

Pour dénigrer le Smic, lui refuser tout coup de pouce et encenser des palliatifs qui exonèrent les entreprises en pesant sur la collectivité, le gouvernement a trouvé une combine : s’appuyer sur des rapport d’« experts » qui abondent dans son sens.

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Ainsi, en été 2008, le rapport Cahuc, Cette et Zylbenberg, commandé par Matignon, concluait que le Smic n’est pas « un moyen efficace pour réduire la pauvreté et les inégalités » (!!!) et suggérait de « s’appuyer sur des mesures fiscales et des prestations sociales ciblées plutôt que sur un salaire minimum élevé et uniforme »...

D’abord, nos 2,6 millions de Smicards apprécieront le caractère « élevé » des 1.331 € bruts mensuels que leur octroient leurs employeurs pour un boulot à plein-temps (on vous épargne le train de vie somptuaire de ceux qui subissent le temps partiel…). Ensuite, MM. Cahuc, Cette et Zylbenberg semblent ignorer qu’en matière de fiscalité, le gouvernement s’emploie à supprimer les niches qui soulagent les plus modestes. Enfin, vous l’avez compris, ce rapport fut non seulement l’occasion d’asseoir le bien-fondé du RSA en tant que substitut à un salaire minimum désormais jugé obsolète et, de ce fait, menacé de "réforme", mais surtout de faire admettre la nécessité de transférer une part grandissante du coût du travail des entreprises… vers la collectivité.


On prend les mêmes, et on recommence !

Alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler, d’ici une quinzaine de jours, sa décision concernant le taux de revalorisation annuel du Smic, un nouveau rapport remis au ministre du Travail Xavier Darcos vient conforter cette idéologie. Elaboré par le « groupe d’experts sur le SMIC » désigné début mai dans le cadre de la réforme du salaire minimum inscrite dans la loi sur les revenus du travail de décembre 2008, il « recommande[nt] à l’unanimité que la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel de croissance devant prendre effet au 1er janvier 2010, corresponde à la stricte application des mécanismes légaux ». En clair : zéro coup de pouce ! Dans un « contexte conjoncturel encore fragile, (...) il ne faudrait pas compromettre la santé économique et financière des entreprises », figurez-vous.

Et parmi les cinq économistes qui ont pondu cette merveille, on retrouve Gilbert Cette, directeur des études économiques de la Banque de France. Ses acolytes, dont on peut douter de l’indépendance, étant Paul Champsaur, président de l’Autorité de la statistique publique, Martine Durand, directrice adjointe de l’emploi à l’OCDE, Francis Kramarz, directeur du Crest, et Etienne Wasmer, professeur à Sciences Po.

Le Smic, bouc émissaire

Il est évident que, pour lutter contre la pauvreté et l’endettement des ménages, pour éviter à ces millions de gens de devenir des "assistés" à stigmatiser en période pré-électorale, il suffirait d’augmenter leurs salaires ! D’ailleurs, de nombreux économistes - dont Paul Jorion et Frédéric Lordon, pour ne citer qu’eux - ont pourtant démontré que la "modération salariale" instaurée depuis vingt ans est en partie responsable de la crise. Depuis vingt ans, les travailleurs sont sommés de sacrifier leurs émoluments à la bonne marche de l’économie : avant la crise, il fallait contenir l’inflation ; au cœur de la crise, y’a plus de pognon.

Droits dans leurs bottes, ces éminents "experts" à la solde de l’UMP et du Medef plaident pour une « gestion prudente du Smic articulée à une politique de maîtrise des coûts salariaux », jumelée à « une politique appropriée de soutien au revenu du travail des familles pauvres ». En effet, clament-ils, « les politiques de soutien au revenu du travail [prime pour l’emploi, RSA…] ont contribué de façon très significative à la progression du pouvoir d’achat des salariés rémunérés au Smic au cours des dix dernières années ». Pour eux, « les dernières études de l’OCDE démontrent que les prestations liées au travail sont nettement plus efficaces que le salaire minimum pour lutter contre la pauvreté, car mieux ciblées sur les ménages pauvres ».

L’imposture est énorme : alors que les salaires sont désespérement bas et ne permettent plus de vivre, pas question d’y remédier, bien au contraire ! Puisqu’une revalorisation du Smic serait préjudiciable à la compétitivité des entreprises, seul un « assistanat » tous azimuts est envisageable afin de compenser sa faiblesse, le plus gros du gâteau étant destiné… au patronat. « Les allégements de cotisations sociales ont fait la preuve de leur efficacité et doivent par conséquent être maintenus », osent affirmer ces économistes. Pourtant, ces exonérations au nom de l’emploi sont un puits sans fond : elles ont coûté cette année 32,6 milliards d’euros à l’Etat et à la Sécurité sociale ; même la Cour des Comptes conteste leur efficacité !


Ce qui est bon pour une poignée ne l’est pas pour la masse

Pour les employeurs, les cadeaux fiscaux continuent de pleuvoir : fin de la taxe professionnelle, baisse de la TVA des restaurateurs... Pour nos 15% de Smicards (englobés dans l’ensemble des travailleurs qui gagnent moins de 1.510 € par mois, c’est-à-dire 50% du salariat français), pas question de revaloriser quoi que ce soit : l’indécence salariale reste de mise, avec à la clé une augmentation… des impôts.

Il n’y a qu’au gouvernement que les augmentations de salaires sont encouragées ! Alors que le chômage explose et tire toujours plus les rémunérations vers le bas, dans les cabinets ministériels, les personnels ont vu les leurs augmenter de 56,8% et leurs effectifs de 11% entre 2008 et 2009.

Le gouvernement ne connaît pas la crise et les Smicards, eux, n’ont qu’à aller se brosser. L’indécence illimitée est bien la marque de fabrique du sarkozysme.

SH


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Les revalorisations de salaire en temps de crise, c’est possible

Vendredi, 27 Novembre 2009

La preuve avec le nouveau patron d’EDF dont la rémunération, par rapport à celle de son prédécesseur, équivaut à une hausse de 45%.

Le gouvernement ne connaît pas la crise : il a désigné Henri Proglio, ex Pdg de Veolia, pour succéder à Pierre Gadonneix. Et assume son choix.


Quoi de plus naturel ?
Pour mener à bien cette nouvelle mission, Henri Proglio a demandé que son niveau de rémunération soit proche de celle qu’il recevait dans ses fonctions précédentes. Alors que Pierre Gadonneix n’a perçu que 1,1 million d’€ en 2008, Henri Proglio, lui, émargeait à 1,6 million chez Veolia : il serait donc impensable de lui infliger un déclassement salarial et une perte de pouvoir d’achat de 500.000 € à l’année.

Si la Commision des rémunérations d’EDF accepte ses conditions, cela équivaudra à une augmention de salaire de 45% pour ce poste. D’ailleurs c’est comme si c’était fait, puisque le ministre de l’Industrie Christian Estrosi et le Premier ministre François Fillon, qui estiment l’exigence d’Henri Proglio tout à fait justifiée, le soutiennent fermement.

Une fois de plus, le fossé se creuse entre les Français et ceux qui les dirigent. Dans la vraie vie, quand vous perdez votre emploi, vous devez faire l’effort d’accepter un salaire inférieur : c’est même stipulé dans la loi sur « les droits et les devoirs des demandeurs d’emploi », au chapitre de l’offre dite « raisonnable ». Si vous êtes précaire, votre protection sociale est réduite. Si vous cumulez plusieurs emplois, c’est parce qu’un seul ne vous permet pas de vivre. Si vous êtes à plein temps, vous subissez le sous-effectif et devez jongler avec les moyens qu’on vous donne. A cause de la crise, vous devrez vous passer d’une augmentation de salaire. Si vous avez 40 ans, vous êtes déjà trop vieux. Si vous n’avez pas le profil, on ne vous recrute pas.

Mais à l’Elysée et au gouvernement, il en va autrement : on tient compte de la précarité inhérente à la fonction d’élu, le cumul des mandats est courant, on ne lésine pas sur les moyens et on embauche en offrant de bons salaires, on ne discrimine pas les seniors (bien au contraire), et on donne même une chance à ceux qui n’y connaissent rien en les nommant à des postes de prestige. Bref, l’exact contraire de ce que vit la majorité de nos concitoyens.

Que voulez-vous : ce qui est admis pour certains ne l’est, visiblement, pas pour tout le monde.

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