Une tribune pour les luttes

Soutien à un lanceur d’alerte sur les pratiques en matière de risques sanitaires.

Article mis en ligne le mercredi 25 novembre 2009

A un moment où Sanofi est sur la sellette avec le vaccin H1N1, il est bon
d’apporter un éclairage sur ses pratiques en matière de risques
sanitaires.

Cette affaire est aussi importante parce qu’elle pose la question de la
protection des lanceurs d’alerte dans le secteur privé.

MESSAGE DE JACQUES POIRIER

Chers collègues, chers amis,

Peu d’entre vous connaissent mon parcours professionnel, quelque peu
cahotique...
Vétérinaire de formation, j’ai travaillé pendant plus de 22 ans (de 1980 à
2003)
chez RHONE-POULENC RORER (devenu AVENTIS, aujourd’hui SANOFI-AVENTIS). Mon
dernier
poste a été celui de Responsable de la sécurisation du produit-phare de la
société,
l’énoxaparine, une héparine entrant dans la fabrication de médicaments
anti-coagulants. Ce médicament, qui représente un chiffre d’affaires
annuel de près
de 2 milliards d’Euros, est obtenu à partir de tubes digestifs de porc.

En l’espace d’une quinzaine d’années à ces responsabilités, l’occasion m’a
été
donnée d’observer de très nombreuses anomalies concernant les
approvisionnements en
matières premières, notamment au niveau des approvisionnements en
provenance de
Chine, un pays totalement opaque et aux pratiques sanitaires douteuses...

Pour avoir refusé de cautionner certaines pratiques douteuses et d’avoir
alerté le
Haut Management des risques qu’il faisait courir à la société de se livrer
à de
telles opérations, je me suis fait licencier en 2003, à l’âge de 52 ans...

Malheureusement, mes mises en garde étaient loin d’être vaines : en 2008, les
Etats-Unis ainsi que l’Allemagne enregistraient près d’une centaine de
morts et plus
de 800 chocs chez des patients, suite à l’administration intra-veineuse d’une
héparine commercialisée par le laboratoire américain BAXTER. Après rapide
enquête,
il s’est avéré que les lots de fabrication de l’anticoagulant incriminé
provenaient
tous de Chine. Ils contenaient tous une substance frelatée, ajoutée
frauduleusement
pour "booster" les effets de l’hparine : la chondroïtine sulfate...
Quelques jours
plus tard, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
(AFSSAPS)
reconnaissait officiellement que 11 lots commerciaux d’énoxaparine
(SANOFI-AVENTIS)
étaient eux aussi contaminée par la même substance.

Ce sera donc le jeudi 26 novembre prochain que SANOFI-AVENTIS et moi
allons nous
expliquer devant les juges prud’hommaux sur les motifs qui - selon mon ancien
employeur - auraient justifié mon licenciement en février 2003.

L’audience étant publique, la presse et les amis sont invités à venir
nombreux, à
partir de 9.00, dans la salle 1 du Conseil des Prud’hommes sis au 7, rue
Mahias à
Boulogne-Billancourt.

N’hésitez pas à faire circuler cette information, notamment auprès de vos
contacts
journalistes. En effet, à l’issue de l’audience, mon avocat et moi, nous nous
tiendrons à la disposition des journalistes qui souhaiteront recevoir notre
déclaration.

Je reste également à la disposition de tous ceux et toutes celles qui
souhaiteraient
recevoir des informations (non confidentielles) qui les aideraient à
comprendre les
enjeux de cette affaire qui, sur de nombreux points, ressemble au scandale
des
hormones de croissance ou à celui du sang contaminé.

En vous remerciant par avance pour votre soutien,

Bien cordialement.

Jacques POIRIER
(06 62 21 79 39)

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