Une tribune pour les luttes

“La Grande Désillusion”, de Joseph Stiglitz

par Michelle Portig

Article mis en ligne le jeudi 10 décembre 2009

La Grande Désillusion, de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie ! (Édition Fayard. Publié en 2002)

Joseph Stiglitz : « En 1993 , j’ai quitté l’université, l’enseignement et la recherche pour le Council of Economic Advisers (CEA). Auprès du Président Bill Clinton, j’étais un des conseillers en matière économique des institutions du pouvoir exécutif américain. Cette aventure’’ dans le monde des décideurs allait durer sept années en comptant celles passées à La Banque Mondiale comme vice-président et économiste en chef. »

Les 322 pages de l’ouvrage La Grande désillusion sera le recueil de ce que l’auteur a vu, vécu et jugé de très près !
Cette carte postale nous met dans le bain de La Banque Mondiale et du FMI :
« Ce qui a retenu mon regard dès mon entrée dans les vastes locaux splendides et modernes de la Banque mondiale 19e rue à Washington, c’est sa devise : notre rêve : “un monde sans pauvreté”. Dans une sorte d’atrium de treize étages se dresse une statue : un jeune garçon conduisant un vieillard aveugle. Elle commémore l’éradication de l’onchocercose : avant que la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé et d’autres institutions n’aient uni leurs forces pour la combattre...
« De l’autre coté de la rue, un autre monument splendide élevé à la richesse publique : le siège du Fonds Monétaire International. A l’intérieur , l’atrium de marbre, qu’agrémente une flore luxuriante, rappelle aux ministres des finances en visite qu’ils sont au centre de la fortune et du pouvoir.
L’une et l’autre de ces institutions envoient des équipes d’économistes en missions dans les pays en développement... Dès leur descente d’avion, ils s’immergent dans les chiffres du ministère des finances et de la banque centrale et pour le reste, résident confortablement dans les hôtels cinq étoiles de la capitale ... »

Joseph Stiglitz compare :
« La guerre technologique moderne est conçue pour supprimer tout contact physique : des bombes sont jetées de 15000 mètres d’altitude pour que le pilote ne “ressente” pas ce qu’il fait. La gestion de l’économie, c’est pareil ! Du haut d’un hôtel de luxe on impose sans merci des politiques que l’on penserait à deux fois si on connaissait les êtres humains dont on va ravager la vie . »...
« Le choc contre la mondialisation doit sa force à la prise de conscience de deux phénomènes : les ravages qu’ont opérés dans ces pays des politiques inspirées par l’idéologie, mais aussi les injustices du système commercial mondial !
On prétend aider les pays en développement alors qu’on les force à ouvrir leurs marchés aux produits des pays industriels avancés, qui eux-mêmes continuent à protéger leurs propres marchés. Ces politiques sont de nature à rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres ... »
« ... Il y a de multiples exemples d’injustice, dont on discute de plus en plus dans le monde en développement, mais qui ont rarement percé sous forme imprimée dans le monde développé ... exemple parmi d’autres : la Bolivie avait coopéré avec les États-Unis pour éliminer la culture de la coca, base de cocaïne même si elle apportait à ses paysans, qui sont pauvres, un revenu plus élevé que toute culture de substitution. Néanmoins, les États-Unis ont répondu en maintenant la fermeture de leur marché aux denrées qui ont remplacé la coca comme le sucre... Les pays en développement sont particulièrement furieux de cette politique du ’’ deux poids, deux mesures ’’ ! »

L’ouvrage se termine par
« Il faut que les pays en développement prennent eux mêmes leur bien-être en charge. Ils peuvent mettre en place des réglementations fortes pour se protéger des spéculateurs du dehors ou de l’inconduite de leurs propres milieux d’affaires. ..
Il faut des politiques de croissance durable, équitables et démocratiques...
Développer, ce n’est pas aider une poignée d’individus à s’enrichir, ni créer une poignée d’industries absurdement protégées qui ne profitent qu’aux élites du pays . »
« Le monde développé a sa place à tenir dans la réforme des institutions internationales qui gouvernent la mondialisation. Nous les avons créées, nous devons travailler à la réparer, si nous voulons répondre aux inquiétudes légitimes des mécontents de la mondialisation, la mettre au service des milliards de personnes pour lesquelles elle a échoué et lui donner un visage humain, élevons la voix, parlons haut ! Nous ne pouvons pas , nous ne devons pas rester passifs ! »

Il y a beaucoup à puiser dans cet ouvrage et il me vient en mémoire la pensée d’ Alfred Naquet, un de nos hommes politiques et philosophe (1834-1916) :

« Supposons qu’on enferme le pied d’un enfant dans une bottine inflexible et qu’on ne change pas cette bottine à mesure que le pied grossit, il y aura là un obstacle matériel à la croissance de l’organe, et il arrivera nécessairement que la bottine sera brisée par le pied ou que le pied sera brisé par la bottine . Dans le premier cas il y aura délivrance, mais délivrance accompagnée de douleur ; dans le second cas il y aura atrophie du pied, destruction partielle de l’individu.
Supposons au contraire que le pied demeure libre ou qu’on se borne à le chausser de souliers flexibles et renouvelés souvent, il se développera sans souffrance, et la santé ne sera pas troublée.
Telle est l’image de la Société  ! »

moralité : Encourageons les industries de la chaussure...
Tous ensemble Marchons ! Donnons nous la mains en Citoyens du Monde autour de notre petite et si belle Planète bleue dont je viens de voir ce soir l’image d’un coeur dans le film Home de Yann Artus Bertrand qui nous rappelle à ce passage la pensée de Théodore Mono « on a tout essayé sauf l’Amour ! »

Michelle Portig

Ce livre est disponible dans la bibliothèque de prêt de Mille Bâbords

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