Une tribune pour les luttes

Le handball, les femmes et l’indifférence des élites françaises

Article mis en ligne le samedi 2 janvier 2010

http://www.inegalites.fr/spip.php?article564

le 19 décembre 2009

L’équipe de France féminine de handball a joué et perdu la finale du mondial dans l’indifférence générale. Il faut dire que ce sport rapporte peu, et que des femmes sont en compétition...

Le point de vue de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

L’équipe de France féminine de handball a joué, et perdu (25-22), la finale du mondial, qui s’est déroulée dimanche 20 décembre en Chine. En soi, l’événement n’a pas grand-chose à voir avec l’activité de l’Observatoire des inégalités. Les compétitrices sont sur un pied d’égalité et ces matchs ne vont pas bousculer l’ordre du monde...

Pourtant, une chose est frappante : contrairement au football ou au rugby masculin, aucun match de l’équipe de France n’a été retransmis sur une chaîne de télévision gratuite et personne n’a trouvé à redire à cette indifférence. Seule la finale a été diffusée... Imaginons l’ampleur de la protestation si un seul des matchs de simple qualification pour la coupe du monde de football masculin n’était pas diffusé gratuitement... Il est arrivé la même mésaventure au basket ou au volley-ball masculins, dont de grands matchs ne sont pas passés à la télévision. Pour le handball, la présence de femmes à l’écran ajoute à l’indifférence générale en réduisant encore la portée de l’événement.

Plusieurs raisons expliquent l’absence d’intérêt des médias. Celle des entreprises privées que sont les chaînes de télévision généralistes comme TF1 ou M6 est logique. Leur objectif est l’audience maximale, afin d’obtenir plus de publicité, qui représente l’essentiel de leurs revenus. Pas de servir l’intérêt général. Les 300 000 licenciés de la Fédération française de handball et les amateurs de ce sport en général sont beaucoup moins nombreux que ceux de football. On peut comprendre que les médias privés ferment leurs portes aux sports "mineurs" et aux femmes qui font moins vibrer l’audimat.

Il revient au service public de diffuser les matchs - au moins pour les sports qui recueillent un minimum de pratiquants - au nom de l’intérêt général. Mais le service public de l’audiovisuel n’a guère de réels objectifs de service public. Il est divisé entre une chaîne élitiste qui s’adresse à une audience très restreinte (Arte), et deux chaînes qui assurent des obligations minimales, tout en essayant comme le privé de maximiser leurs recettes de publicité. France télévision n’a pas jugé bon de diffuser les matchs.

Cette situation en dit long sur l’hypocrisie du service public. On ne cesse de proclamer l’"égalité", la "diversité", la "parité" mais dans les faits, il en est tout autrement. L’absence de médiatisation d’une compétition mondiale féminine n’aura éveillé l’attention de personne... Elle en dit long aussi sur le véritable intérêt que porte notre société - ou au moins ses élites - sur certaines pratiques jugées mineures comme sur les activités féminines.

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