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De la stupidité écologique : de Sarkozy à Jean-Marc Ayrault en passant par le boom des ventes de voitures et le Paris-Dakar en Argentine

par Claude-Marie Vadrot

Article mis en ligne le samedi 2 janvier 2010

Mercredi 30 décembre 2009

http://www.politis.fr/La-stupidite-ecologique-de-Sarkozy,9106.html

Oublié le Grenelle de l’environnement déjà si piteux dans ses résultats, oubliées les vertueuses déclarations de Copenhague qui n’engageaient d’ailleurs que ceux qui les écoutaient : pendant deux jours le gouvernement et la plupart des médias ont célébré les ventes records de voitures. Ventes dont l’augmentation tend à prouver que la «  prise de conscience écologique » des Français n’est pas encore vraiment au point. Célébration, donc, de la vente de 2 250 000 bagnoles sans le moindre recul, sans la moindre réflexion, sans l’amorce d’un calcul écologique, social ou économique.

Ce «  record » signifie qu’ont été délibérément sacrifiés un peu plus de 2 millions de voitures qui auraient encore pu rouler. Les pollutions qu’elles émettaient peut-être en raison de leur vétusté auraient été largement inférieures au gaspillage que représente la fabrication des véhicules neufs qui les ont remplacés.

De plus, 80 % de ces véhicules ont été construites à l’étranger. Il a donc fallu gaspiller de l’énergie pour transporter ces voitures en France sans que l’emploi en France n’en soit amélioré.

Ce n’est évidemment pas en stimulant ou en entretenant artificiellement la fabrication des voitures, en France, en Roumanie ou en Slovaquie que les pouvoirs publics résoudront la question du chômage. Illusion pourtant partagée entre la majorité, l’opposition et la plupart des syndicats. Il ne s’agit pas de se réjouir de la perte de milliers d’emplois mais de s’interroger sur l’urgence de transformer les «  emplois voitures » promis à une disparition progressive inéluctable en « emplois transports collectifs ».
Mais encore faudrait-il que les partis politiques et le gouvernement n’entretiennent pas la mythologie de la voiture. Par exemple, s’agissant du gouvernement, en finançant discrètement en partie l’organisation du Paris-Dakar en Argentine qui ne comporte, c’est encourageant, qu’un peu plus de 300 concurrents contre 500 l’année dernière. Une somme évidemment inférieure à ce qu’a coûté le financement étatique de l’encouragement de l’achat de bagnoles : 575 millions d’euros. Je laisse à l’imagination du lecteur tout ce que l’on aurait pu faire avec une telle somme. L’écologie selon Sarkozy ressemble à une escroquerie permanente, entre communication et fausses bonnes idées.

C’est exactement ce qu’a pensé le Conseil Constitutionnel qui a balayé la taxe carbone du président en expliquant qu’elle contrevenait au principe d’égalité devant le loi puisque qu’un peu plus d’un millier de sites industriels, les gros agriculteurs et tout le transport routier avait été gentiment exonéré par les parlementaires de la majorité. Sans oublier le gaz et l’électricité. Le fameux « chèque vert » n’a pas fait illusion puisqu’à ce geste démagogique il aurait suffit d’instaurer des exonérations liées aux revenus les plus modestes, ce qu’avait discrètement fait savoir des membres du Conseil constitutionnel avant de se fâcher.

Après le bide sarkozien de Copenhague, l’image écolo du président est définitivement en berne. Sauf auprès de la France des amateurs de voitures et de gaspillages qui restent persuadés que la taxe carbone ne sert rien, qu’elle n’est qu’un impôt de plus. Comme si il était possible de sauver la planète avec des mots, des discours et des bonnes intentions alors qu’il s’agit bien de réduire nos gaspillages d’énergie, réduction qui ne peut passer que par une incitation financière concernant d’abord les grands pollueurs et appliquée à la production sans droit de la répercuter sur les consommateurs, comme déjà expliqué sur ce site.

Il n’est pas sur, d’ailleurs, que la gauche ait compris cela puisque ses représentants sont finalement surpris d’une décision du Conseil Constitutionnel qu’ils n’avaient pas demandé puisque les députés socialistes n’avaient présenté leur recours que « pour la forme ». Comme quoi la stupidité écologique de la droite est égalée par celle de la gauche. Il est vrai que le chef des parlementaires socialistes n’est autre que Jean-Marc Ayrault, l’homme qui s’obstine à vouloir faire virer des dizaines d’agriculteurs prés de Nantes pour y installer son énorme aéroport.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le décision du Conseil constitutionnel n’a été commenté que par des journalistes politiques décrivant une lutte ancestrale entre son président Jean-Louis Debré, ami de Chirac et Nicolas Sarkozy. Alors qu’évidemment le sujet est avant tout social et écologique.

A tous il faut rappeler le slogan des manifestants de Copenhague : il n’y a pas de planète B !

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