Une tribune pour les luttes

Le débat public sur les nanotechnologies tourne au fiasco

Article mis en ligne le mercredi 6 janvier 2010

4 janvier 2009

Deuxième grand débat public (après celui sur la question de l’enfouissement des déchets nucléaires), la consultation sur les nanotechnologies ne fait plus beaucoup parler d’elle. Et pour cause, les débats subissent quelques accrocs...

L’idée peut paraître excellente ! Enfin le choix d’une technologie pourrait être débattue démocratiquement par des citoyens. Une commission indépendante parcourrait la France pour organiser des débats transparents où des experts pourraient éclairer les citoyens. Ceux-ci pourraient s’exprimer et au final, les comptes rendus objectifs aideraient l’Etat à décider des grandes orientations.


Un débat pour rien

Le seul problème, c’est que, comme le dit la Fondation Sciences Citoyennes :

Le débat arrive à un moment où la France a investi dans le développement des nanotechnologies depuis au moins une décennie.

.

Un petit goût amer qui rappelle le précédent débat public à propos des déchets nucléaires (2,46 millions d’euros engagés pour 3 000 "participants" (en réalité des opposants au nucléaire et... des professionnels du nucléaire pour faire contrepoids !). La décision du "stockage géologique" était déjà prise avant que le débat ait lieu.


Le principal collectif opposé aux nanotechnologies refuse l’invitation

Depuis 7 ans, un collectif anonyme fournit un fonds documentaire et critique d’une qualité exceptionnelle sur les nanotechnologies encore inconnues. Pièces et Main d’Oeuvre (PMO) http://www.nanomonde.org est en effet incontournable sur le dossier nanotechnologies pour avoir alerté, publié et vulgarisé les enjeux des différentes technologies dites convergentes (nanotechnologies, biotechnologies, informatique, cognitique).

Bien entendu, ce collectif a été invité par la commission à participer au débat public. Mais depuis le début, la position de PMO est l’intransigeance.

La seule attitude décente à l’automne prochain sera le boycott intégral des pseudo-débats de la CNDP et la critique publique de la tyrannie technologique

Précisons que PMO dispense une critique globale qui va des nanotechnologies en particulier au système technicien en général (surveillance, contrôle, transhumanisme, démocratie des experts).

Critique sur le fond, ce collectif l’est aussi sur la forme. Selon eux, cette consultation vise à faire participer et rappellent fortyitement la devise des spécialistes de l’opinion : " Faire participer, c’est faire accepter ".

Par ailleurs, PMO a épinglé la neutralité et la transparence de ladite commission en rappelant que le prestataire chargé de la communication et de l’organisation du débat est un certain I&E Consultants. A savoir la même agence qui avait été retenue lors du scandale de 2008 par l’appel d’offre du ministère de l’Enseignement et de la Recherche pour identifier les leaders d’opinion source de crise...

Reconnaissons que choisir une agence spécialisée dans l’expertise d’opinion (Affaires publiques et influence : analyse de contexte, cartographie des acteurs, identification de cercles d’influence, veille parlementaire et gouvernementale, identification, programmes de prévention des crises, affaires judiciaires, lobbying et programmes de mise en relation, stratégie média, publicité d’opinion, etc.) n’est pas très malin quand on vante la démocratie, la transparence et la neutralité...


Une consultation qui tourne au fiasco

Quatre mois de débat pour 17 réunions dans diverses villes de France.

- * A Metz le 15 décembre : environ 60 personnes dont la moitié sont venues "sur invitation"...
- * A Caen le 10 décembre : 80 personnes. On refuse l’accès à une quarantaine de personnes alors que la salle peut dispose de 250 places. un dispositif de sécurité impressionnant (vigiles, gendarmes mobiles,...)
- * A Besançon, 30 personnes. Là encore on interdit l’entrée pour de fausses raisons. 5 personnes quitteront la salle
- * A Grenoble le 1er décembre, la réunion est carrément sabotée ! Après 5 secondes d’intervention, le modérateur est interrompu par des applaudissements ironiques. Le silence ne reviendra pas et tout le monde quittera la salle 40 minutes plus tard...
- * Idem à Lille le 17 Novembre où le débat durera un peu plus longtemps devant 200 personnes. Mais face au brouhaha, les intervenants décident d’interrompre la séance.
- * A Clermon-Ferrand le 10 Novembre 200 personnes (la moitié sur "invitation"...) rebelote. Seuls deux intervenants pourront péniblement s’exprimer.

D’un côté, les tenants du débat public ne comprennent pas ce "refus du débat" et traitent volontiers les perturbateurs d’"enfants gâtés". De l’autre, les indisciplinés s’amusent à montrer les limites de ce pseudo-débat en rappelant fermement que cette consultation est un simulacre de démocratie puisqu’aucune décision ne sera prise suite à la consultation. Les experts sont là pour rassurer et répondre aux questions. Mais ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas les citoyens qui orienteront les décisions relatives au développement des nanotechnolgies.

Liens utiles

* Le site de PMO sur le débat public http://www.nanomonde.org/

* Le site de la commission du débat public http://www.debatpublic-nano.org/

http://www.eco-sapiens.com/actualit...


http://www.nanomonde.org/Alerte-aux-nanotechnologies-tract


Alerte aux nanotechnologies ! (tract)

Jeudi 3 septembre 2009

Si vous n’avez jamais entendu ce mot, vous allez sans doute le découvrir cet automne. Le gouvernement lance une campagne de communication pour nous conditionner aux nanotechnologies, auxquelles il consacre d’énormes budgets. Ces nouvelles technologies vont bouleverser nos vies, notre environnement, notre condition humaine, de façon irréversible. Souhaitons-nous vraiment cette "révolution" décidée sans nous ?


Nanotechnologies : jouer au Lego avec les atomes

On appelle nanotechnologies les technologies qui manipulent la matière (inerte ou vivante) à l’échelle de l’infiniment petit. Grâce à de puissants microscopes on déplace les atomes pour créer des matériaux ou des êtres vivants artificiels, avec des propriétés particulières. On miniaturise les circuits électroniques pour fabriquer des mini-puces et des capteurs très puissants. On marie la matière vivante et les matériaux artificiels pour créer des hybrides.


Nos vies sous surveillance permanente

Les puces RFID (ou étiquettes intelligentes) envahissent à notre insu tous les objets du quotidien : papiers d’identité, cartes de transport, vêtements, marchandises du commerce, implants sous la peau des animaux et des hommes, etc. Les industriels et les Etats en implantent partout. Ces puces minuscules qui stockent de grandes quantités de données personnelles, émettent par radio-fréquence (comme les portables) et sont lisibles à distance. Bientôt, nous serons suivis à la trace via ces mouchards invisibles qui pisteront nos activités, déplacements, relations, achats, etc. Nous devenons transparents, face à des pouvoirs opaques.


Après l’amiante, les nanoparticules

Les nanoparticules sont incorporées à des centaines de produits déjà sur le marché : crèmes solaires, verre auto-nettoyant, tissu anti-tache, pneus, raquettes de tennis, médicaments, frigo, etc. Pourtant, les études toxicologiques signalent la dangerosité de ces particules. Les nanotubes de carbone, très utilisés, attaquent les poumons de la même façon que l’amiante. Les nanoparticules, dispersées dans la nature (usure des objets, ou crème solaire dans l’eau) peuvent intégrer la chaîne alimentaire. Elles sont si fines qu’elles circulent dans le corps à travers les barrières naturelles, la peau, le sang, les poumons, et jusqu’au cerveau. Les tests sur des animaux de laboratoire sont accablants, au point que les compagnies d’assurance préviennent qu’elles ne pourront pas assurer les risques des nanotechnologies – comme pour les OGM et le nucléaire.

Un monde artificiel

Les nanotechnologies prétendent nous faire vivre dans un monde tout numérique, un ordinateur géant dont nous serons les rouages. Chaque objet, chaque être vivant, chaque élément du décor et du paysage est connecté partout et tout le temps à un vaste réseau : la réalité virtuelle remplace le monde, et l’artificiel le vivant. En agriculture, on produit désormais des organismes atomiquement modifiés (nano-aliments). On crée aussi de toutes pièces des bactéries synthétiques en laboratoire. Bientôt des êtres "humains" ?

Des hommes-machines

Que restera-t-il d’humain dans nos relations, notre vie sociale, notre sensibilité, notre rapport au monde, lorsque notre vie entière, de la naissance à la vieillesse, sera confiée à des puces électroniques ? Les nanotechnologies, en permettant l’hybridation du vivant et de l’artificiel, prétendent créer une race d’hommes "supérieurs" à l’aide d’implants électroniques dans le corps et le cerveau : des cyborgs aux capacités augmentées, face aux simples humains dominés et robotisés.


Le nanomonde, c’est maintenant qu’il faut le combattre

Bayer, L’Oréal, Unilever, Nestlé, Arkema, IBM. Les multinationales investissent depuis des années dans les nanotechnologies, un marché évalué à mille milliards de dollars en 2015. Agro-alimentaire, automobile, textile, électronique, cosmétiques, bâtiment, pharmacie, armement, etc : de nombreux secteurs sont concernés. Les gouvernements des grands pays financent ces recherches, dont ils attendent un surcroît de puissance économique et militaire. Nicolas Sarkozy a lancé le plan Nano-Innov pour la France : un investissement de 70 millions d’euros pour 2009, qui s’ajoute au financement public de laboratoires et d’entreprises (CEA, STMicroelectronics, etc). A Grenoble, le premier pôle européen de nanotechnologies, Minatec, a été inauguré sous protection policière en 2006.

Nous n’avons jamais été consultés sur ces choix technologiques, qui doivent, selon les chercheurs et industriels, "révolutionner nos vies". Un bouleversement comparable, du point de vue historique, à l’introduction de l’électricité et de l’informatique ; et du point de vue de la menace, au nucléaire et aux OGM.

C’est après avoir investi dans les nanotechnologies que l’Etat lance, à l’automne 2009, une campagne de communication, avec des réunions publiques dans 20 villes organisées par la Commission nationale du débat public. Pourquoi cette opération ? Pour nous faire accepter les nanotechnologies, et éviter notre refus après celui des OGM. 

Les nanotechnologies ne sont pas seulement une nouvelle science. Elles permettent d’hybrider, pour les rendre plus puissantes, des technologies déjà très puissantes : biotechnologies (manipulations génétiques), informatique (échange de données et calcul), et neurosciences (intervention sur le cerveau). Ces technologies dites convergentes prétendent maîtriser totalement la matière, des atomes aux populations.


A qui profitera ce pouvoir inouï ?

Quelle autonomie, quelle liberté nous restera-t-il quand le brevetage des atomes, après celui des gènes, aura achevé la privatisation du monde ? Quand la numérisation et l’interconnexion de chaque parcelle de la planète - objet, plante, animal, paysage, humain – nous placera sous surveillance électronique permanente ? Quelle dignité nous sera-t-il laissé quand, pucés, tracés, profilés, nous serons à notre tour transformés en objets ? Quelle vie enfin nous restera-t-il dans un monde artificialisé, une techno-nature sous commande, supposée remplacer le milieu saccagé par les précédentes révolutions industrielles ?

Dans les laboratoires se fabrique en ce moment un nouveau monde, le nanomonde. Industriels et ingénieurs jouent aux dés avec notre avenir au nom de la compétition internationale, et tentent de faire passer le tsunami des nanotechnologies pour une solution "écologique" à la menace climatique. Nous ne pouvons pas les laisser faire.

Dénonçons la campagne d’acceptabilité de la Commission nationale du débat public ! Nous avons mis en ligne toutes les informations.
_ Informez-vous, faites circuler dans vos groupes et associations.
Organisez des réunions.

Rendez-vous sur
www.nanomonde.org
le site du débat public sur les nanotechnologies


Qui sommes-nous ?

De Grenoble, la "capitale" française des nanotechnologies, nous voyons émerger ces recherches depuis dix ans. N’appartenant à aucun groupe – politique, syndical, associatif – nous avons créé en 2002 Pièces et Main d’œuvre, un site Internet indépendant, et le premier en Europe à diffuser des enquêtes critiques sur les nanotechnologies. Certaines d’entre elles sont publiées aux éditions L’Echappée. Nous avons participé à nombre d’actions de contestation : conférences-débats, occupations, manifestations, tracts, etc.

Aujourd’hui, alors que l’Etat fait des nanotechnologies une priorité de ses investissements, et tente de rassurer l’opinion à travers une campagne de communication (avec la Commission nationale du débat public), nous vous alertons sur le monde que ces hypertechnologies fabriquent à votre insu.

Pièces et Main d’œuvre
Chez Les Bas-Côtés
59 rue N.Chorier - 38000 Grenoble

www.piecesetmaindoeuvre.com


Voir aussi Mille Bâbords 12275

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