Une tribune pour les luttes

Un journaliste en garde à vue (malgré la loi)... Zut alors !

par Napakatbra

Article mis en ligne le jeudi 7 janvier 2010

Avec les liens :
http://www.lesmotsontunsens.com/aff...

7 janvier 2010

Certains y ont cru, dur comme fer. La nouvelle loi sur la protection des sources des journalistes devait tout changer. Boum, badaboum, boum-boum... L’encre du Journal Officiel est à peine sèche qu’un journaliste se retrouve en garde à vue. La police cherche à savoir qui lui a fourni les lettres de Jean-Pierre Treiber en cavale.

L’évasion et la cavale de Jean-Pierre Treiber ont fait couler beaucoup d’encre. Pendant deux mois et demi, le fugitif a joué à cache-cache avec le Raid, qui avait pourtant déployé un impressionnant dispositif. Le bougre s’est même permis, du fond de sa pampa, d’envoyer quelques missives à des journalistes. Il y contait ses exploits et - surtout - moquait les déboires de nos (pas franchement héroïques) élites policières... Le parquet avait alors dénoncé des "écrits volontairement provocateurs", ajoutant que le bonhomme "savait pertinemment que ses lettres allaient être publiées". Bigre !


Un journaliste en garde à vue

Après l’arrestation du fauteur de troubles, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a laissé éclater sa colère : "La presse nous a gênés dans cette enquête [...] Je vous le dis : celui qui a donné ou vendu les photos au journaliste et a donc mis en danger l’ensemble de votre travail sera identifié et sanctionné. Je m’y engage devant vous" a-t-il déclaré devant ses troupes.

Chose promise, chose due. Ce matin, Le Point révèle que Stéphane Munka, le journaliste de Paris-Match à l’origine de la publication des lettres de Treiber, est en garde à vue dans les locaux de la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF) à Nanterre. Une perquisition a eu lieu dans la matinée à son domicile. Christophe Gautier, co-auteur des articles, est pour sa part convoqué à 14 heures à la BNRF, pressé d’y présenter certains documents.


22, v’là les journalistes !

La police cherche donc indéniablement à identifier les sources des journalistes. Ironie du sort, cette affaire intervient seulement deux jours après la promulgation de la nouvelle loi, que d’aucuns (y compris des journalistes) s’étaient empressés de présenter comme une avancée sans précédent. Que dit cette loi ? Qu’ "il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi. Cette atteinte ne peut en aucun cas consister en une obligation pour le journaliste de révéler ses sources". C’est propre, c’est net.

"Impératif prépondérant d’intérêt public"

La publication des lettres d’un fugitif représente donc un "impératif prépondérant d’intérêt public", selon le ministère de l’Intérieur. Et tant pis s’il n’y a pas eu de violence. Aucune menace envers quiconque. Dans cette affaire, seule l’image du ministère de l’Intérieur a été écornée. Une question : dans ces conditions, qu’est-ce qui pourrait ne pas représenter un "impératif prépondérant d’intérêt public" ? La publication d’une recette de cuisine, peut-être...

Autant dire que cette loi ne sert à rien et la France se trouve toujours en infraction avec les jurisprudences de la Cour Européenne de Justice, qui rappelle ausi souvent qu’elle le peut que "la protection des sources est la pierre angulaire de la liberté de la presse". Mais c’est un détail... Ça coule de sources !

[Quelqu’un pourrait-il faire passer au gouvernement que le classement RSF de la liberté de la presse n’est pas calculé sur le nombre de gardes à

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