Une tribune pour les luttes

Compte rendu de l’Assemblée Générale du 14 novembre 2009

Ordre du jour
- 1. État des luttes et soutien
- 2. Modification des statuts pour un CA collégial
- 3. Mille Bâbords, 1000 Gauches, quelles limites ?

1. État des luttes et soutien

Présentation générale par Lucienne
État des luttes. La période est dans l’accélération de destruction des acquis, la remise en cause des libertés, la casse sociale.
On voit émerger des luttes dures en même temps que des révoltes issues du désespoir ou de la résistance.
Mais on peut aussi aller vers une période de replis, à cause de luttes non prises en compte, de répression, de sentiments d’impuissance (face à des appareils, syndicats, qui ne coordonnent pas).
Donc une période de grands mouvements, mais avec des risques de défaites, et d’un sentiment d’impuissance plus répandu.
Soutien. Mille Bâbords est un support et un lieu de communication (local et site). Son travail antérieur est à maintenir. Comment se rendre plus efficace (liaison et coordination) ? On voit apparaître quelques structures qui tiennent le même rôle d’accueil et de communication et c’est une bonne chose. Comment coordonner ?
Ici à Mille Bâbords, proximité des luttes des désobéisseurs, des précaires, des sans-papiers (RESF)… Importance du soutien de MB, mais en même temps les luttes ont besoin d’être relayées par du monde, et nous n’avons pas toujours contact avec les autres luttes.

Présentation par Messaouda : L’Assemblée contre la précarisation
L’Assemblée se réunit les lundis à 18 heures à Mille Bâbords : groupe de précaires qui travaillent contre pôle emploi, contre les radiations abusives. en direction de la caf également
Le soutien est au coup par coup, la situation est globalement de pire en pire. Et cela crée un effet boule de neige sur d’autres fronts (par exemple organisation d’une « soupe impopulaire » le 28 novembre au cours Julien, en souvenir de la mort d’un SDF il y a un an – « impopulaire » aux commerçants du cours Julien qui aimeraient la disparition des précaires, SDF… du quartier) ; soutien aux personnes les plus isolées.

Présentation par Ariel : Le Collectif unitaire contre le chômage et la précarité
Le Collectif (qui s’arrêtera après le 5 décembre, jour de la marche des précaires) est issu des États généraux et son objectif est de former des marches dans toutes les régions. Ces comités ne structurent pas tous les chômeurs, mais la naissance du collectif vient du mouvement des chômeurs. La manif des précaires aura lieu le 5 décembre devant le Medef, place Général de Gaulle.
Ariel souligne le rôle de soutien de MB. À Mille Bâbords se réunissent : l’Assemblée contre la précarisation, AC (3 permanences et 1 réunion de CA), le Collectif (une réunion hebdomadaire, sur des soutiens de toute action, en particulier dans les quartiers nord).

Présentation par Jean-Marc : AC ! Marseille : Agir tous ensemble contre le chômage et la précarité
AC est dans le collectif unitaire. Actuellement demande collective de dégrèvement des impôts locaux, plus dépôts des dossiers. Il y a un début de besoin d’unité avec le comité chômeur CGT.
En 2008, environ 80 personnes dans cette action, en 2009 une cinquantaine…
Globalement, il y a une démobilisation générale, même au niveau le plus bas, même au niveau des problèmes individuels. Pas d’émergence de révolte collective. Résignation générale (il y a 10 ans, beaucoup plus de monde aux manifs chômeurs), chacun se retrouve tout seul avec un sentiment d’impuissance.
Cela peut revenir, il tombe trop de choses en même temps, on a le sentiment que rien n’aboutit.
Sur les lieux (pôles emploi…) les chômeurs sont avec nous, il y a aussi des salariés de pôle emploi sympathisants.
Pour les revendications d’AC : problèmes de radiation devant le Tribunal, il y a eu jurisprudence pour des radiations illégales. Mais pôle emploi s’en fout, il attend le Tribunal, il a tout son temps – cela prend des années et pendant ce temps ils ne payent pas –, c’est une guerre d’usure.

Présentation par Christiane : Réseau Éducations sans Frontières
À RESF, c’est également une guerre d’usure. Petites victoires au coup par coup avec beaucoup d’efforts. Les lois avancent : toujours plus de sans papiers à expulser théoriquement.
Au niveau national, 5 200 travailleurs sans papiers en grève.
au niveau régional, action judiciaire = 500 travailleurs agricoles saisonniers qui ont été régularisés.
Les sans papiers résistent, du moins à Paris.
À Marseille, une centaine de militants actifs en permanence (pas toujours les mêmes, cela tourne). Cela marche, de plus en plus d’implantations partout (écoles, comités de soutien). Il y a un capital de sympathie important (argent, signatures de soutien…).
On est dans un arbitraire complet : pourquoi certaines libérations et pas d’autres ?
Actions : dans l’aéroport, aux tribunaux, au CRA, aux rassemblements.
Le fonctionnement du réseau est intéressant.
Les aspects négatifs : aujourd’hui les organisations (celles qui ont des moyens) ne soutiennent plus. Pour rappel, à l’origine RESF s’est constitué avec l’appui des organisations.
Il y a moins de familles inquiétées à Marseille (boulot sur les écoles, réactions vives) – le pavillon famille du CRA n’est pas habité – mais du coup les expulsions des familles touchent celles hors Marseille.
Les médias sont plus ou moins réceptifs, mais il y a des avancées. Par contre à l’aéroport, on a l’impression que les gens en ont marre, même s’ils réagissent toujours. On sent que le personnel naviguant et la paf ont mauvaise conscience.
L’UCIJ (Unies contre une immigration jetable) – comprenant un nombre conséquent d’organisations constitutives – posait les problèmes en termes globaux. Depuis deux ans, l’UCIJ n’existe plus. À Paris il y avait alors 752 orgas, aujourd’hui 52 ou 53.
Dans le même temps le gouvernement lance des opérations charters par famille (Géorgiens). Il faut faire scandale, même après coup.

Présentation par Erwan : les mouvements dans l’Éducation
L’année dernière lutte des « désobéissants ». Aujourd’hui la résistance pédagogique remplace la désobéissance. Moins de revendications actives.
La pression est identique (cf. radiations pôle emploi qui s’en fout) : le Tribunal Administratif use, c’est long, ça fait peur et ça démoralise. C’est identique à l’éducation nationale : dans les commissions disciplinaires, il est dit « oui c’est illégal, mais vous irez le raconter au juge ». Même procédure sur d’autres cas, au niveau national, sur quelques personnes ciblées, on passe outre le droit. Ils jouent la carte de la peur et de l’isolement. Cela fait reculer les individus qui n’osent plus continuer l’opposition et cela se retourne contre les personnes ciblées à qui on renvoie « vous étiez dans des actions individuelles, vous cherchiez l’isolement ».
Le groupe existe, mais le réflexe à ces attaques a été un recul. Aussi, il n’y a pas de soutien fort des organismes d’« assurance » (ce ne sont plus des organismes de « lutte ») : responsabilité syndicale des individus dirigeants dans les syndicats. Mais il y a aussi de la solidarité de la part des personnels à l’intérieur de l’académie : du coup, au niveau de la direction par exemple, certains dossiers ne sont plus gérés par un(e) gestionnaire mais directement par la direction).
Même posture (sauf pour l’aide personnalisée, ils ont lâché, donc il y a des moyens de s’organiser).
Cette année le mouvement pose un problème de fond et de forme : collectif anti-hiérarchie ? « Hiérarchie » n’est pas repris, alors que c’est un élément fondamental du système.

On remarque les mêmes effets dans toutes les luttes : impuissance, démission. On voit également aujourd’hui une forte utilisation de l’appareil juridique. Est-ce un signe de recul ?
On fait appel de plus en plus à la justice pour faire respecter le peu de petits restes de lois.
Mais c’est important aussi quand c’est lié à la mobilisation (cf. par ex. les travailleurs saisonniers), cela permet aussi de faire ressortir les disfonctionnements.

Intervention de Djam Deblouze :
- Dans le cadre de « Marseille, capitale européenne culture 2013 » – cf. le thème de la dernière fête de MB – Djam propose un off (contre les subventions). Il y a beaucoup de musiciens engagés mais qui sont prêts à se renier pour remplir des dossiers pour les subventions. Les artistes marseillais peuvent proposer autre chose.
MB peut être un support-outil : créer une liste d’échanges mail entre les artistes, etc.
- Préparation d’une Journée sans immigrés (1er mars 2010 - comme aux USA en 2006 où les immigrés avaient arrêté le travail et la consommation). Réunion un mardi sur deux.

Intervention de Francis : association Contre-Faits (nouvelle asso adhérente et domiciliée à MB)
L’association regroupe des militants photographes engagés.
Elle Travaille sur le mouvement des luttes et diffuse sur site et dans les journaux.

2. Modification des statuts pour un CA collégial

Présentation par Chantal. Nous proposons la modification des statuts dans le sens d’une plus grande proximité avec la réalité.
Nous ne touchons pas aux titres I à III
Modification titres IV - Administration et fonctionnement - et V - Assemblées générales
pour rendre plus lisible une direction collégiale.
La loi 1901 ne rend pas obligatoire un CA, un président, un trésorier, un secrétaire (contrairement à ce que la préfecture des BdR exige). Nous voulons répondre également à un mouvement (de résistance ?) d’un grand nombre d’associations.
Nous présentons les modifications des statuts aujourd’hui et la validation sera à l’ordre du jour de la prochaine AG (en mars 2010) – après avoir envoyé les statuts avec leur modification aux adhérents. Le détail des propositions de modification est à lire ci-dessous.
Modifications Article 15 : Conseil d’administration ; Article 16 : « Plan de travail du conseil d’administration » devient « Fonctionnement du conseil d’administration » ; suppression des 15 postes de responsabilité.
Modifications article 17 et article 18 ; Article 19 : « Conseil scientifique » supprimé.

À reprendre et discuter dans un deuxième temps : articles 20 et 21.

Points divers

Claude propose que le ménage soit fait à tour de rôle par les associations utilisatrices du local. Il est important, pour que cela soit efficace, que les tours de ménage soient décidés et datés – et donc écrits.

3. Mille Bâbords, 1000 Gauches, quelles limites ?

La question est régulièrement débattue dans l’équipe de coordination de MB, c’est pourquoi elle est aujourd’hui à l’ordre du jour. Un exemple d’un point du débat est celui de l’adhésion des partis (aujourd’hui Parti de Gauche et NPA). Quels sont donc les critères de l’adhésion des organisations à MB ? De quelle(s) gauche(s) s’agit-il ?

Discussion générale
MB accepte les adhésions au cas par cas, selon sa connaissance de l’organisation.
Il est déjà arrivé qu’une adhésion ne soit pas prise en compte (par exemple dans le cas d’une organisation considérée par certains comme une secte).
Il y a dans les partis des militants très actifs, par exemple dans RESF, important qu’ils soient adhérents à MB.
Il ne faudrait pas non plus, pour ne pas heurter ces militants, accepter leurs organisations pour cette raison.
Il faut qu’il n’y ait pas de contradictions bien sûr dans le fonctionnement et l’objet de l’organisation et la charte de MB.
Il n’y a pas de raison de ne pas accepter les partis qui vont dans le sens du mouvement social et de la remise en cause du capitalisme.
Les partis ont une organisation hiérarchique qui va à l’encontre de ce que vers quoi tend Mille Bâbords (exemple dans la modification des statuts pour un CA collégial). Il ne devrait pas y avoir de partis adhérents dans l’association.
Si des partis sont adhérents, il faut que leur organisation apparaisse sur le site dans la rubrique « les associations adhérentes » : on ne doit pas avoir deux postures, une officielle et une cachée (à ce propos il manque quelques assos adhérentes dans la liste, outre les partis, qui n’ont pas encore donné de présentation et d’objet qui permettent leur apparition sur le site).

L’heure de fin de l’AG étant passée et la discussion n’étant pas terminée, il est décidé vu son intérêt de la reprendre prochainement (réunion du jeudi ?).

Modifications des statuts proposées
Retour en haut de la page