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Observatoire des inégalités

Les inégalités de salaires hommes-femmes : du temps de travail aux discriminations

Les hommes gagnent 37 % de plus que les femmes.

Article mis en ligne le mardi 26 janvier 2010

Lire avec les graphiques et tableaux sur l’Observatoire des inégalités
http://www.inegalites.fr/spip.php?article972&id_mot=104

Les femmes gagnent 27 % de moins que les hommes. L’écart est de 19 % pour des temps complets et 10 % à poste et expérience équivalents.

le 6 janvier 2009


1- L’écart total : les femmes touchent 27 % de moins

Tous temps de travail confondus, les salaires des femmes équivalent en moyenne à 73 % de celui des hommes, selon les données 2006 publiées par le ministère du travail (Les écarts de salaire entre les hommes et les femmes en 2006 : des disparités persistantes). Les femmes touchent donc 27 % de moins que les hommes ou, vu autrement, les hommes touchent 37 % de plus (100 divisé par 73, voir notre encadré méthodologique).

2- L’écart pour des temps complets : les femmes touchent 19 % de moins

Le premier facteur explicatif des inégalités de salaires provient des différences de temps de travail. Les femmes sont cinq fois plus souvent en temps partiel que les hommes : leur revenu tous temps de travail confondu est logiquement inférieur à celui des hommes. De plus, le temps de travail des hommes est aussi accru par les heures supplémentaires qu’ils effectuent plus souvent que les femmes. Pourtant, en comparant des salariés à temps complet, les femmes perçoivent encore 19 % de moins (ce qui revient à dire que les hommes touchent 23 % de plus).

3- L’écart à poste et expérience équivalents : les femmes touchent 10 % de moins

Si l’on tient compte des différences de poste (cadre, employé, ouvrier), d’expérience, de qualification (niveau de diplôme) et de secteur d’activité (éducation ou finance) environ 10 % de l’écart demeure inexpliqué.

Cette différence de traitement se rapproche d’une mesure de discrimination pure pratiquée par les employeurs à l’encontre des femmes. Cependant, d’autres facteurs non mesurés ici peuvent entrer en jeu et expliquer partiellement ce phénomène, à l’instar de la situation familiale, du domaine du diplôme possédé ou des interruptions de carrière. La discrimination pure est sans doute de l’ordre de 6 ou 7 %.

Mais la discrimination se loge aussi en amont : temps partiel subi, maintien dans des postes peu qualifiés ou moins rémunérateurs.

Comment présenter l’écart de salaires hommes-femmes : la vision des hommes et celle des femmes.

Le plus souvent, l’écart de salaires hommes-femmes est présenté du point de vue masculin. On rapporte cet écart au niveau de salaire "étalon", celui des hommes. Pour notre calcul, cela donne 100 moins 73 = 27. Divisé par 100 = 27 %. On mesure combien les femmes touchent de moins que les hommes.
Rien n’empêche d’adopter un point de vue féminin, et rapporter cet écart non pas aux salaires des hommes mais à ceux des femmes. On obtient toujours 100 moins 73 = 27, que l’on divise par 73... pour obtenir 37 %. Cet écart mesure combien les hommes gagnent de plus que les femmes.
Aucune des deux méthodes n’est plus "juste" ou meilleure. Mais il est frappant de constater que celle qui aboutit au chiffre le plus faible s’est imposée dans tous les documents et dans le débat public.

4- Les écarts dépendent aussi de la catégorie sociale

L’inégalité des salaires entre hommes et femmes est la plus forte chez les cadres (30,8 %) et donc parmi les salaires les plus élevés. A l’inverse, l’écart le plus faible se trouve parmi les employés (5,7 %), une catégorie massivement féminisée.

5-Le rattrapage interrompu

En 1950, les femmes employées à temps complet* percevaient en moyenne les deux tiers des salaires masculins, en 2003, elles ont dépassé les 80 %. Le processus s’est effectué essentiellement en une vingtaine d’années (de 1972 à 1993), et il est bloqué depuis le milieu des années 90 (la série connaît une rupture méthodologique en 1994).

Deux grandes raisons expliquent le rattrapage. Les discriminations purement liées au sexe (difficiles à mesurer) ont diminué : la généralisation du travail salarié des femmes banalise leur emploi, au moins dans certains secteurs (droit, médecine et communication par exemple). Surtout, la scolarisation des filles a nettement élevé le niveau de qualification des femmes sur le marché du travail.

L’ampleur de l’écart reste considérable : faudra-t-il encore attendre 50 ans pour atteindre une réelle parité ? Les femmes demeurent à l’écart des postes de responsabilité les mieux rémunérés, souvent employées pour les qualités qu’on leur reconnaît comme " naturelles " (les relations sociales, la communication, etc.).

* On ne dispose pas d’éléments historiques pour les salaires tous temps de travail confondus.

Voir aussi :
http://www.inegalites.fr/spip.php?rubrique114&id_groupe=15

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