Une tribune pour les luttes

Marche Mondiale des Femmes

Appel pour la liberté et l’égalité des sexes en Iran

Article mis en ligne le lundi 8 février 2010

Pour mettre fin aux violences et à la répression, pour obtenir la liberté de tout-es les prisonnier-es
politiques en Iran, nous appelons les féministes et les défenseurs des droits des femmes de tous
les pays à organiser, tout au long du mois de mars qui célébrera le 100e anniversaire de la journée
internationale des droits des femmes, des actions de solidarité et de protestation qui revendiquent
la liberté et l’égalité des sexes en Iran

En Iran, le mouvement des femmes est, depuis ces trente dernières années, à l’avant-garde de la
lutte pour la démocratie. Comme les discriminations sexistes sont en lien étroit avec d’autres
discriminations : sociales, politiques, religieuses et ethniques, la résistance pacifique des femmes,
leur lutte contre les violences et les discriminations impactent de manière conséquente le
développement des mouvements démocratiques au sein de la société iranienne.
Depuis de
nombreuses années, avec l’organisation de différentes campagnes et leurs revendications pour
l’égalité, les femmes iraniennes marchent sur le chemin de la liberté. Dans ce processus, elles
subissent la répression : insultes, violences, arrestations et emprisonnements. Nombreuses sont
celles aujourd’hui emprisonnées.

Huit mois se sont écoulés depuis la dernière élection présidentielle en Iran et les contestations
populaires qui en ont découlé. Pendant ce temps, dans un contexte de répression permanente, le
mouvement pour les droits citoyens s’est développé, avec la présence massive et accrue de jour en
jour d’hommes et de femmes. Les mouvements de la société civile, tels que le mouvement des
femmes, le mouvement étudiant, le mouvement ethnique et ouvrier ont fait le lit de cette révolte
populaire.

A mesure que le mouvement pour la démocratie s’étend, la répression étatique se renforce. La
répression contre les militant-es civiques et politiques iranien-nes s’amplifie au moyen de violences
psychologiques, physiques et sexuelles, d’arrestations, d’insultes, de lourdes sanctions
d’emprisonnement et d’exécution. Aujourd’hui, des dizaines de militant-es féministes, d’acteurs
d’autres mouvements de la société civile et d’acteurs politiques ont été arrêté-s ou emprisonné/eset lourdement condamné-es. Chaque jour, la liste noire des victimes de la répression s’allonge de
nouveaux noms. Parallèlement aux arrestations toujours plus nombreuses de féministes et d’autres
femmes actives dans le mouvement populaire, de nouvelles lois encourageant les discriminations
sexistes sont en train d’être votées.

Au moment du 30e anniversaire de la Convention internationale pour l’élimination des discriminations
envers les femmes (CEDAW) que l’Iran n’a pas signée, nous vivons, dans ce même pays, le 30e
anniversaire de l’affirmation des discriminations sexistes prônées par la Charia. Au seuil de Pékin +
15, en mars 2010, l’Iran n’a accompli aucun de ses engagements internationaux pour l’élimination des
discriminations envers les femmes.

Dans ce contexte très sensible, le développement de la solidarité internationale envers les
féministes, les femmes et les hommes qui défendent la liberté et l’égalité nécessite aussi un
soutien massif envers le mouvement pour la démocratie en Iran. Les mouvements de la société civile
pour la citoyenneté sont en dialogue avec les Iranien/nes et les peuples du monde entier depuis des
années. En présence d’une censure totale, ils sont devenus leurs propres médias pour appeler les
défenseurs de la liberté et de l’égalité à les soutenir et à être solidaires.

Pour mettre fin aux violences et à la répression en Iran, nous, féministes iraniennes, demandons à
toutes les féministes d’être solidaire du mouvement des femmes en Iran et le mouvement populaire
pour la citoyenneté démocratique.

Proposition d’action : Nous appelons les féministes du monde entier à consacrer à la revendication
« Changement pour l’égalité et la liberté » une place importante dans leurs actions au cours de ce
centenaire de la journée internationale pour les droits des femmes et de la 3e marche mondiale des
femmes pour la paix, contre les violences et la pauvreté.


Manifeste de la libération des femmes en Iran

L’existence même du régime islamique d’Iran est incompatible avec la liberté des femmes. La République Islamique d’Iran est un État misogyne, l’architecte de l’apartheid entre les sexes et le responsable de trois décennies des plus odieuses formes d’abus, de discriminations et de violences contre les femmes en Iran. Une société ne peut pas être libre si les femmes ne sont pas libres. Sans le renversement du régime islamique misogyne, les femmes n’obtiendront pas leurs droits en Iran. La République Islamique doit s’en aller ! Tel est le message de Neda Agha Soltan, le symbole de la révolution en cours en Iran ; tel est le décret des courageuses femmes qui, en premières lignes des protestations populaires, ont affronté l’ensemble de l’État islamique ces sept derniers mois.

Il y a 30 ans en Iran, le 8 mars 1979, nous, femmes amoureuses de la liberté et hommes épris de liberté, nous nous sommes levé[e]s face aux réactionnaires qui venaient de prendre le pouvoir, et avons crié « non au voile obligatoire ! ». Aujourd’hui, avec derrière nous l’expérience douloureuse et sanglante de trois décennies d’apartheid entre les sexes, d’esclavage de genre et de répression continuelle des femmes, nous déclarons encore plus clairement et encore plus fort, avec la jeune et progressiste génération d’aujourd’hui, que la République Islamique doit être renversée en tant qu’État misogyne et en tant que régime d’apartheid sexiste. Nous disons que les dirigeants de la République Islamique doivent être arrêtés et jugés pour leurs crimes systématiques contre des millions de femmes, ces crimes contre l’humanité. Voilà le décret de la révolution en Iran. Avec le renversement de la République Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans les pays soumis à l’Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs islamistes, des adorateurs de l’honneur et des traditions chauvinistes-mâles islamiques.

Aujourd’hui, le soutien à la révolution en cours en Iran peut et doit devenir un vaste mouvement international. Le 8 mars est la journée internationale des femmes, qui cette année porte la marque de la solidarité avec les femmes et le peuple en Iran dans la lutte pour renverser le régime islamique. Nous appelons les militantes et organisations des droits des femmes à affirmer leur solidarité avec le mouvement des femmes en Iran, et à se souvenir de Neda en tant que symbole du mouvement révolutionnaire contre la République Islamique. Cette année le 8 mars est la journée de solidarité avec le mouvement du peuple d’Iran pour la liberté !

Nous publions ce Manifeste de la Libération des Femmes en Iran, et appelons toutes les militantes des droits des femmes et les forces laïques et progressistes à soutenir ce manifeste et à se joindre à la solidarité avec le peuple d’Iran dans la lutte pour le renversement du régime islamique d’apartheid sexiste :

1-Jugement des dirigeants et responsables de la République Islamique pour crimes contre l’humanité, y compris pour les trente années des plus vils abus, de discriminations et de violences contre les femmes en Iran.

2- Abolition de toutes les lois islamiques misogynes discriminatoires contre les femmes, égalité complète entre les femmes et les hommes dans tous les aspects économiques, politiques, culturels, sociaux et familiaux.

3- Séparation complète de la religion de l’État, du système éducatif et de toutes les lois.

4- Abolition de la ségrégation entre les sexes et de l’apartheid sexiste.

5-Interdiction du Sighe [« location de femmes » islamique] et de la polygamie ; droit inconditionnel à la séparation [divorce] pour les femmes et les hommes, abolition de toutes les lois qui soumettent les droits civils des femmes [comme le droit de voyager, aux relations sociales, à la participation aux activités sociales, etc.] à la permission du mari, du père ou d’un autre homme de la famille ; égalité complète entre les femmes et les hommes pour les droits et devoirs dans la garde et le soin des enfants après la séparation.

6- Abolition du voile obligatoire [hidjab] ; interdiction du hidjab pour les enfants ; liberté totale d’habillement.

7- Abolition de toutes les lois barbares comme la lapidation, la peine de mort, la rétribution [Qesas] et des autres punitions islamiques.

8-Liberté inconditionnelle d’expression, de protestation, de grève, d’assemblée, d’organisation et de formation de partis.

9- Libération immédiate de toutes et tous les prisonnier[e]s politiques et de conscience.

10-Liberté de religion et d’athéisme et liberté de critiquer la religion.

22 janvier 2010

Pour signer ce manifeste, envoyez un e-mail à

manifestzanan(at)gmail(point)com ou à
iransolidaritynow(at)gmail(point)com

ou appelez le 0049-1775692413 ou le 0044-7719166731.


Human Rights Watch Paris

Le 28 janvier 2010, Mohammad Reza Ali-Zamani et Arash Rahmanipour, deux manifestants opposant au régime, ont été exécutés en Iran. Arrêtés pendant la vague de répression qui a fait suite aux manifestations massives contre la réélection du président Ahmadinejad en juin 2009, ces « ennemis de Dieu » étaient accusés de faire partie d’un groupe armé d’opposition et d’avoir tenté de renverser le régime islamique en place.

Ces derniers mois, Human Rights Watch a condamné à plusieurs reprises la situation actuelle en Iran et la répression dont sont victimes ceux qui ont participé aux manifestations de l’opposition suite à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin 2009.

Dans un communiqué du 9 janvier 2010, nous avons attiré l’attention de la communauté internationale sur le nombre de manifestants détenus sur la base d’accusations de collaboration présumée avec des groupes armés ou d’opposition politique. Human Rights Watch dénonce les graves atteintes à la liberté d’expression perpétrées par le régime iranien.

Le 13 janvier 2010, Human Rights Watch a accusé le procureur iranien Saïd Mortazavi d’avoir organisé la répression des manifestations pacifiques après les élections. Plusieurs dizaines d’opposants avaient alors été tués. Mortazavi est également soupçonné d’avoir une forte responsabilité dans les cas de décès en détention à la prison de Kahrizak.

A ce jour, plus de deux cent manifestants et opposants sont emprisonnés en Iran pour avoir exprimé pacifiquement leurs idées politiques. Neuf d’entre eux encourent la peine de mort.

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