Une tribune pour les luttes

A signer en urgence

Restitution de la dette de l’Indépendance pour la Reconstruction d’Haïti.

Pétition internationale citoyenne à l’occasion de la visite en Haïti du Président de la République française Nicolas Sarkozy.

Article mis en ligne le mercredi 17 février 2010

Etienne Balibar

Professeur émérite, Université de Paris X Nanterre

Etienne Balibar
Humanities Hall 312
University of California, Irvine

Chers amis,

Vous trouverez ci-dessous la pétition Restitution de la dette de l’
Indépendance pour la Reconstruction d’Haïti qui sera adressée au Président
français Nicolas Sarkozy à l’occasion de la visite en Haïti le mercredi 17
février prochain.

En 2003, à la veille de la célébration du Bicentenaire de l’Indépendance d’
Haïti, une demande en ce sens avait été formulée, le Président français d’
alors, M. Jacques Chirac, profitant des dissensions internes, lui avait
opposé une fin de non-recevoir.

Aujourd’hui devant l’urgence de la situation que connait Haïti suite au
séisme du 12 janvier 2010, cette question doit être remise sur le tapis.

D’ici à mercredi, nous avons besoin de réunir un millier de signatures pour
que la pétition soit recevable. Votre signature est fondamentale car elle
peut faire la différence.

Une fois que vous aurez apposé vos noms et prénoms au bas de cette pétition,
nous vous prions de la faire circuler dans vos réseaux à partir de votre
courrier, en nous mettant en copie conforme, à l’adresse e-mail suivant :
haitirenaissance chez gmail.com

Merci pour votre collaboration et cordiales salutations.


Restitution de la dette de l’Indépendance pour la Reconstruction d’Haïti.

Pétition internationale citoyenne à l’occasion de la visite en Haïti
du Président de la République française Nicolas Sarkozy.

Depuis le 12 janvier 2010, suite au terrible séisme qui a ravagé Haïti et
fauché la vie de plus de 200.000 personnes, le malheur d’Haïti est porté au
devant de la scène internationale. Passées l’émotion forte et la compassion
des premiers moments, il faut penser à la reconstruction d’Haïti et surtout
aux moyens financiers à mobiliser en vue de cette reconstruction. Les
premières estimations avancent le chiffre d’une dizaine de milliards de
dollars pour une première relance. Où le pays va-t-il trouver ces fonds ?

Le président français, Nicolas Sarkozy, sera en Haïti le 17 février
prochain. Première visite d’un chef d’État français sur le sol d’Haïti
depuis son indépendance, c’est l’occasion de revenir sur le sujet de la
restitution de la dette de l’indépendance crucial, tant pour Haïti (ancienne
colonie française qui fut son grenier durant tout le 17eme et le 18eme
siècles) et la France que pour l’Humanité tout entière.

De manière systématique, les médias occidentaux se plaisent à rappeler à la
face du monde qu’Haïti, ancienne colonie française et premier État Noir du
monde, est le pays le plus pauvre de l’Hémisphère, sans expliquer les causes
profondes de cette pauvreté.

Haïti est le deuxième pays indépendant d’Amérique après les États-Unis en
1776. Ironie du sort, le premier est aujourd’hui économiquement le plus
puissant de la planète ; le second est le plus pauvre du continent. Cela n’
est pas le résultat d’une fatalité ni d’une malédiction.

Après avoir subi les affres de l’esclavage et du colonialisme de 1492 à
1803, au cours de la première moitié du 19e siècle et jusqu’en 1946, la
jeune nation haïtienne a été contrainte de payer un tribut à la France pour
être reconnue par la communauté internationale esclavagiste et colonialiste
à l’époque.

Ce tribut, fixé d’abord à 150.000.000,00 Francs or, par la suite réduit à 90
millions, a été versé jusqu’au dernier centime par la premier État Noir à la
patrie des Droits de l’Homme. Que cela soit au point de vue économique,
social, voire écologique, les conséquences de cette dette odieuse et
colossale sur le développement du pays ne sont plus à démontrer. Tous les
historiens s’accordent à dire que cette rançon imposée par le fort au faible
a hypothéqué le devenir haïtien. Par la suite, des jeux de l’impérialisme
et du racisme blanc, l’île, jadis, la plus riche et la plus prospère sombra
dans la misère et dans l’incapacité de construire une économie florissante.

Comme l’écrivait déjà en janvier 2004 Louis-Philippe Dalembert, la France n’
est pas sortie grandie de cette dette immorale et inique. Ainsi, aujourd’hui
plus que jamais, alors qu’Haïti est à nouveau à la croisée des chemins de la
reconstruction nationale, la nécessaire question de la Restitution de la
dette de l’indépendance, déjà soulevée en 2003, est à l’ordre des priorités
pour donner à cette République de la Caraïbe un nouveau départ.

Aujourd’hui, plutôt que de miser sur les hypothétiques investissements de
capitaux étrangers ou sur les prêts du FMI ou de la Banque Mondiale et sur
la raison mercantile capables de redynamiser l’économie haïtienne et de
favoriser la reconstruction du pays, il nous semble nécessaire d’exiger de
la France qu’elle rembourse à Haïti la rançon équivalent à 21 milliards
(estimation en USD, 2004) qu’elle a reçue de 1825 à 1946.

Il ne fait aucun doute que la restitution de ces fonds pourrait constituer
un complément substantiel à la politique de reconstruction et de
développement d’Haïti. Avec cet argent, la nation haïtienne pourra ériger
des écoles, des hôpitaux, des logements sociaux respectant des normes
parasismiques, des universités. Des infrastructures de communication, des
routes, des ponts, des barrages, des canaux d’irrigation, des centrales
électriques à énergie renouvelable pourraient être réalisés. On pourrait
enfin envisager sérieusement la relance de l’économie nationale :
recapitalisation de la paysannerie, de l’artisanat, de l’agro-industrie, et
de l’industrie locale pour redynamiser le marché national, la nourriture
deviendrait abondante et l’idéal de sécurité alimentaire serait atteint...

Voila pourquoi nous exigeons la restitution de la rançon payée par Haïti à
la France pour la reconnaissance de son indépendance à partir de 1825. _ Comme
cela a été déjà signalé, cette somme est due par la République de France à
la République d’Haïti. Il s’agit maintenant de discuter des formes de
remboursement.

Dans la grande tradition révolutionnaire des 18e et 19e siècles, la
République française a toujours manifesté une volonté d’être à l’avant-garde
de l’histoire humaine universelle ! Que cela soit l’occasion de la mettre à
l’épreuve de son passé colonial esclavagiste et de sa volonté de rupture
avec cette partie sombre de son Histoire.

En restituant à Haïti ces fonds injustement spoliés, la France peut aider
Haïti à reprendre en main sa destinée et à mettre fin, en toute autonomie et
dans la dignité, à l’insupportable souffrance, et ce sans avoir pour cela à
liquider son histoire, son héritage et sa fierté. Ce ne sera que justice !!!

Signature :

haitirenaissance chez gmail.com


On peut lire aussi sur la dette Mille Bâbords 13123
La dette française envers Haïti
Par Louis-Philippe Dalembert, écrivain haïtien


Et aussi :

Le président de la République française, M. Nicolas Sarkozy,
avant de fouler le sol d’Haïti,
doit avoir rendu justice au général Alexandre Dumas !

par Claude Ribbe

http://www.claude-ribbe.com/index.p...

Le président de la République française s’apprête à se rendre en Haïti, à la suite du cataclysme qui a frappé ce pays, faisant plus de deux cent mille morts. C’est la première fois qu’un chef d’Etat entreprendra une telle visite qui est lourde de sens quand on sait le rôle peu glorieux que la France a joué dans cette île depuis le traité de Ryswick en 1697. La France a martyrisé Haïti pendant quatre siècles. La compassion un peu forcée affichée aujourd’hui ne saurait le faire oublier.


1. La traite, tout d’abord.

Un million d’hommes, de femmes et d’enfants, ont été déportés d’Afrique en Haïti par la France, entre 1697 et 1791, laissant au cours des opérations de traite cinq millions de victimes en Afrique.


2. L’esclavage ensuite.

Ces déportés ont été exploités en Haïti dans des conditions qui furent les plus dures de toute l’histoire de l’esclavage aux Amériques. L’espérance de vie d’un esclave déporté par la France en Haïti n’était que de quelques années. Heureusement, les esclaves se révoltèrent et devinrent citoyens français en 1794. Avant l’abolition, ils faisaient vivre un Français sur huit et assuraient l’équilibre du commerce extérieur de ce pays. Les richesses procurées aux Français par le travail criminellement infligé aux esclaves se chiffrerait en dizaines de milliards d’euros. Ce préjudice n’a jamais été réparé, ni seulement regretté.


3. Les crimes contre l’humanité de 1802-1803.

En 1802 et 1803, la France, bafouant les acquis de la Révolution, a tenté de rétablir l’esclavage en Haïti. Devant l’impossibilité de ce rétablissement, un génocide a été tenté avec des moyens qui rappellent parfois les heures les plus sombres du XXe siècle. La guerre civile et les exactions commises par la France pendant la période 1802-1803 ont causé autant de victimes parmi les Haïtiens que le tremblement de terre de 2010.


4. L’extorsion frauduleuse d’une indemnité aux Haïtiens en 1825.

Sous la menace d’une reconquête, la France a exigé d’Haïti, le pays qui l’avait vaincue, le paiement d’une ignoble indemnité de 150 millions de francs or, ultérieurement réduite à 90 millions. C’était le prix des esclaves perdus. Au lieu de les indemniser pour le mal qu’on leur avait fait, on leur a fait payer, à eux et à leurs descendants, le prix d’une liberté qui n’a jamais appartenu à la France. Au paiement du principal, est venu s’ajouter le paiement de nombreux emprunts consentis par des banques françaises. Malgré l’établissement de la République et la proscription générale de l’esclavage, les Haïtiens ont continué à payer aux Français leur dette jusqu’au beau milieu du XXe siècle. En 2004, le gouvernement haïtien estimait le préjudice à 21 milliards de dollars.

5. L’hébergement du dictateur Duvalier.

La France héberge depuis 1984 le dictateur Jean-Claude Duvalier, alias Baby Doc, accusé de violation des droits de l’homme et de vol de sommes appartenant aux Haïtiens. Le statut dont il bénéficie a été refusé à des centaines de milliers d’Haïtiens, expulsés du territoire français.


6. La participation au coup d’Etat du 29 février 2004.

La France, au mépris de la Constitution haïtienne et des élections régulières qui s’étaient déroulées, a participé, d’une manière aujourd’hui indiscutable, à un coup d’Etat contre le président Jean-Bertrand Aristide, qui était le premier président légitimement élu de l’histoire d’Haïti. Elle a également participé à son enlèvement et à sa séquestration dans un pays qui était notoirement, à l’époque, sous le contrôle de la France, la République centrafricaine. Elle a en outre organisé une campagne de diffamation à son encontre, notamment par le biais du ministère des affaires étrangères.

7. La réglementation particulière imposé aux Haïtiens à l’entrée des départements d’outre-mer français.

Alors que la France se gargarise de grands principes et de "continuité territoriale", le visa d’entrée en France pour un Haïtien n’est valable ni en Guadeloupe, ni en Martinique, ni en Guyane. Un second visa doit être accordé par le préfet de ces départements, qui agit dès lors comme pouvait agir le gouverneur d’une colonie au temps de l’esclavage. Ces mesures résultent de la hantise de la France esclavagiste de voir ses colonies contaminées par le virus de la liberté, dont le germe s’était développé en Haïti.


8. La symbolique vexatoire.

La France a donné à l’aéroport de Cayenne, en Guyane, le nom de Rochambeau, le général qui tenta d’exterminer les Haïtiens en les gazant au soufre et en les livrant à des chiens dressés à dévorer les "nègres".


9. La volonté constante d’empêcher Haïti de se développer.

La politique de la France à l’égard d’Haïti depuis 1802 est de s’en servir comme d’un épouvantail pour les Français d’outre-mer qui songeraient à l’indépendance. De ce fait, la prétendue "coopération" n’a toujours été qu’un mélange de saupoudrages, de mesures factices et d’actions de déstabilisation. On notera que les Français descendants d’esclaves sont systématiquement écartés depuis 1802 de toutes responsabilités liées à la politique française à l’égard d’Haïti.

Même si la France n’est pas le seul pays à avoir martyrisé Haïti et à se comporter avec une telle violence, ces faits constituent un lourd passif et donnent à la visite du président de la République française un caractère éminemment historique et solennel qui n’échappera à aucun observateur, en France, comme à l’étranger.

Il appartient aujourd’hui à la France de changer de cap et de rompre avec quatre siècles d’agissements honteux.

(...)

C’est pourquoi l’association des Amis du général Dumas vous demande aujourd’hui de soutenir publiquement cette démarche symbolique et légitime, non seulement vis-à-vis d’Haïti, mais de tous les Français discriminés, en signant la pétition pour que le général Dumas soit rétabli dans ses prérogatives et en intervenant dans ce sens auprès du président de la République française avant qu’il ne se rende en Haïti le 17 février 2010.

Claude Ribbe est écrivain et président des Amis du général Dumas.

Pour signer la pétition :
http://www.claude-ribbe.com/index.p...

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2010 à 09:38, par Christiane En réponse à : « À bas Sarkozy, à bas Préval »

    http://www.cyberpresse.ca/internati...

    (...)

    Alors que les manifestants n’étaient pas encore au rendez-vous - l’horaire de M. Sarkozy avait manifestement été modifié pour les déjouer -, le président de la République française a reconnu que la France n’avait pas fait que de bonnes choses pour son ancienne colonie.

    « Cette histoire partagée est douloureuse. La France, ici, n’a pas laissé que de bons souvenirs. Je dois le voir en face », a-t-il admis.

    Comme pour lui donner raison, des milliers de manifestants ont convergé vers le Champ-de-Mars quelques minutes à peine après son départ pour dénoncer sa visite.

    Sous un soleil de plomb, dans la forte odeur d’urine et d’excréments de cette place transformée en camp de rescapés depuis plus d’un mois, les manifestants ont scandé des slogans anticoloniaux au son des trompettes et des tambours.

    (...)

    « Nicolas Sarkozy, l’esclavagisme et le colonialisme sont pires que la catastrophe du 12 janvier », pouvait-on lire sur certaines affiches.

    « France, tu nous as fait du tort. Donne-nous notre argent », lisait-on ailleurs.

    « La France doit nous rembourser »

    Les manifestants ont beaucoup fait allusion au fait que, en 1825, la France a exigé qu’Haïti lui verse 150 millions de francs-or (l’équivalent de 21 milliards de dollars américains d’aujourd’hui) pour reconnaître son indépendance.

    La foule a réclamé à grands cris qu’on lui rende cet argent.

    (...)

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