Une tribune pour les luttes

Pour une critique de la violence

OUTRAGE & RÉBELLION

Film collectif réalisé par 45 cinéastes nationaux et internationaux. France, 2009, n&b et couleur, 60 min.

Article mis en ligne le lundi 22 février 2010

Paris, samedi 27 février / 16h / CentQuatre/ Salle 200

Pour une critique de la violence

Montreuil. Juillet 2009 : Joachim Gatti subit un coup de tir policier de
flashball et perd un oeil (1). Cette même violence policière extrême a déjà
trouvé à se déployer à plusieurs reprises et cinq autres personnes, vivant dans
des zones de relégations, ont été bafouées dans leur intégrité physique et
psychologique, meurtries de façon identique. Cette violence policière, d’Etat,
n’épargne personne. Personnes sans-papiers, étudiants, bénévoles, travailleurs,
simples citoyens... se voient en effet de jours en jours harcelés, violentés par
la police, placés en garde-à-vue, inculpés pour outrage, accusés de fomenter des
violences sociales, sont sujets à de multiples dépôts de plainte de la part de
différents ministères.

Ces faits extrêmement récurrents s’inscrivent dans une stratégie d’ensemble
dûment réfléchie par le gouvernement actuel. Celle-ci vise à décrédibiliser, à
empêcher, voir à annihiler toutes formes d’oppositions et de revendications
portées par des entités diverses, partis politiques, syndicats, associations ou
collectifs, et partant, toute la société civile. Pour exemples : culpabilisation
des grévistes et restriction du droit de grève par l’adoption de nouvelles lois
 ; rapports émanant des Renseignements Généraux et déclarations de la Ministre de
l’Intérieur Michèle Alliot-Marie, faisant état d’une « possible résurgence du
terrorisme
 » du côté de la mouvance « anarcho-autonome »...

Cette "criminalisation", non seulement des mouvements sociaux, mais aussi des
simples actes citoyens visant à promouvoir des visions de la société et du monde
différentes, permet au pouvoir actuellement en place de créer de nouvelles « 
classes dangereuses », et à mobiliser idéologiquement la société contre celle-ci
 : après les chômeurs et précaires, les jeunes des cités, ou bien encore les
immigrés sans–papiers, voici les
citoyens-qui-contestent-et-qui-revendiquent-leurs-droits, voici les
citoyens-qui-prennent-des-initiatives.

De la politique de la peur.

Elle s’articule dans le même temps avec l’ultra-libéralisation de nos sociétés,
la paupérisation de couches entières et de plus en plus vastes de celles-ci, et
l’enrichissement à outrance d’une minorité de personnes.

Outre le déni de démocratie que représente le refus du principe de
contradiction, cette criminalisation des rapports sociaux ne ferait-elle signe,
d’une part, vers un "nouvel" usage de la violence d’Etat ? Si celle-ci a
longtemps été théorisée comme étant "conservatrice de droit", il nous est permis
de penser qu’elle est à présent destructrice de droit. Ne ferait-elle signe,
d’autre part, vers un nouvel usage de l’"exception" par l’Etat ? Si ce dernier
pouvait en effet depuis longtemps suspendre les libertés en cas de guerre,
l’usage de l’exception et de l’état d’urgence s’applique aujourd’hui à des
catégories de personnes très spécifiques, à des situations de plus en plus
nombreuses : jeunes de banlieues, migrants, personnes sans-papiers, mouvements
contestataires, actes et initiatives citoyennes à rebours de l’ordre établit.

Cette "criminalisation" ne vise-t-elle pas à aveugler les individus afin de
re-configurer une société dans laquelle l’hospitalité, la fraternité, la
liberté, l’égalité, la justice sociale et le refus de tous déterminismes sociaux
ou ethniques ne seraient plus que de vains mots et des idées abstraites ?

Face à cette situation, de multiples initiatives se doivent d’être prises, et
sont déjà engagées afin non seulement d’attester au plus près des réalités de
notre époque, mais aussi de choisir son camp et opposer un front de refus. Parmi
celles-ci, un film collectif, Outrage et Rebellion, qu’ont réalisé 45 cinéastes
nationaux et internationaux.

Huit de ces films, choisis par la Revue Independencia.fr seront présentés au
CentQuatre le samedi 27 février à 16h00.

En présence des cinéastes et de militants, Nathalie Hubert et Independencia.

Un débat sera engagé à l’issue de la projection.

Seront montrés lors de cette projection :

Jean-Marie Straub : "Pour Joachim Gatti" 1’ 30’

Lech Kowalski : "Police Force Ouvrière" 12’ 40’

Gisèle et Luc Meichler : "Jeu et sérieux" 4’ 08’

Sylvain George : "Ils nous tueront tous... " 10’ 43’

Fergus Daly : "Matter & Memory" 5’ 10’

Philippe Garrel : "La séquence Armand Gatti" 10’

Pierre Léon : "À la barbe d’Ivan" 10’

Peter Whitehead : "Un film..." 3’ 19’’

En bonus : Jean-Marie Straub : Europa 2005 - 27 octobre

Date : Samedi 27 Février 2010
Horaire : 16h00
Lieu : 104
Salle 200
Adresse : 104 rue d’Aubervilliers 75019 PARIS
Tarif : 5€, 3€, 0€

(Les recettes servent au paiement des techniciens et à la caisse de soutien)

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