Une tribune pour les luttes

Total Dunkerque, la rage au ventre !

Article mis en ligne le lundi 1er mars 2010

http://kinoks.org/article.php3?id_article=398

Dimanche 28 février 2010, par JLG

Je ne comprends pas la CGT. Sur Total, les salariés partent en grève en solidarité avec ceux des Flandres mais aussi par rapport aux risques qui pèsent sur eux. Ils sont à deux doigts de bloquer le fonctionnement de la France (quel rapport de force ! on en a tous rêvé...), à deux doigts de gagner pour tous, et puis d’un coup ils reprennent le boulot et laissent tomber leurs camarades de Dunkerque.
Décision incompréhensible d’autant plus qu’en cas de victoire cela devenait un modèle, un "c’est possible de gagner".

Alors pourquoi sont-ils retournés au boulot alors qu’au mieux ils ont gagné un sursis de cinq ans, comme s’ils passaient en CDD ? Alors pourquoi ils les ont lâchés, oui, pourquoi ils nous ont tous lâchés ?

L’article de l’Humanité du 25 février, dont le propos est repris en partie par les médias dominants, donne le ton :

"Forts des acquis de la négociation de mardi, les salariés ont suspendu la grève, hormis à Dunkerque, où elle pourrait se poursuivre jusqu’à la réunion d’un CCE, le 8 mars.

Au lendemain d’une négociation marathon qui avait débouché, selon la CGT, sur des « avancées significatives », conduisant le syndicat à appeler à suspendre le mouvement de grève engagé il y a une semaine, les salariés de 5 des 6 raffineries Total ont voté, hier, en assemblée générale, la reprise du travail. Sur le site de Dunkerque, en revanche, ils ont décidé la poursuite de la grève, entamée le 12 janvier..."

La CGT a appelé à la reprise en disant à peu près la même chose, laissant sous entendre "que c’est gagné". Mais c’est quoi ces "avancées significatives" ? Significatives de quoi ? La seule promesse de Total est seulement de ne pas fermer les autres sites avant cinq ans.

A l’opposé de la position de la CGT, dans un communiqué de presse, le Syndicat SUD-CHIMIE, Raffineries TOTAL de Normandie et Flandres du 24 février 2010 a déclaré :

Les Sections Syndicales SUD de l’Etablissement de Normandie et de la Raffinerie des Flandres se déclarent fermement opposées au protocole de "sortie de conflit" proposé par la direction de TOTAL, et ceci pour les raisons suivantes :
- 1) Ce protocole fait l’impasse totale sur les raisons fondamentales de ce conflit, à savoir le soutien et la solidarité envers les salariés de la Raffinerie des Flandres menacée de fermeture. La revendication principale était le maintien des grands arrêts programmés pour le mois prochain, suivis par un redémarrage de l’activité de raffinage sur ce site en attendant une réflexion plus approfondie sur des projets de reconversion industrielle.
- 2) Si la pérennité des 5 autres raffineries est évoquée par la Direction de TOTAL, il n’y a par contre aucun engagement au niveau du volume d’activités et du nombre d’emplois maintenus.
- 3) Les projets de "tables rondes" sont certes intéressants, mais :
· ne comportent pas d’obligation de résultat d’aucune sorte
· ne prennent absolument pas en compte la revendication initiale qui était la garantie du maintien de l’activité de la Raffinerie des Flandres

La grève des travailleurs des raffineries Total et Exxon Valdez allait causer une pénurie générale d’essence. Pas de voitures, pas de bus, pas de marchandises livrées dans les magasins ou sur les marchés, l’économie entière aurait été paralysée. Total et le gouvernement auraient donc été obligés de céder entièrement aux revendications des grévistes. Cette victoire des ouvriers de Total aurait été la victoire de tous, elle aurait prouvé que la lutte et la solidarité permettent de gagner contre un patronat inflexible et Sarkozy. Elle aurait été une victoire politique et sociale majeure contre le sarkozisme qui nous aurait redonné le moral et l’envie de nous battre !

La reprise

« Nous avons appris que les autres sites reprenaient alors nous avons préféré faire le même choix car nous avons toujours dit : on démarre ensemble et on reprend ensemble », a commenté le secrétaire CGT du comité central d’entreprise (CCE), Christian Votte, sur le site de Gonfreville.

A Feyzin, certains salariés ont aussi fait part de leur amertume. « On s’arrête sur des promesses faites par des menteurs », s’est inquiété l’un d’entre eux pendant l’assemblée générale.

Apparemment suite à l’appel de la CGT pour la reprise, les votes dans l’ensemble des entreprises du groupe Total n’ont pas été organisés très clairement. Bref ce que je comprends c’est que quelle que soit la manière il ne fallait surtout pas bloquer le territoire, et par là-même montrer que c’était possible. Pourquoi ?


Tambouille électorale ?

Cette manière de faire de la CGT et du PC me rappelle la période de "l’union de la gauche" PC-PS... Pour ne pas déranger les élections et une possible victoire de la gôche, fallait pas bouger. Avec cette idée que c’était dans l’urne que tout allait se passer. Il fallait que tout rentre dans l’ordre électoral. Des fois que la base en demanderait trop.
Parce qu’après les élections, tout irait pour le mieux. Tout s’arrangerait : finie l’exploitation, fini le libéralisme, fini le capitalisme. Cette gôche au pouvoir... et bien on a vu ce que cela a donné.

Mais ça c’est du passé et "l’union de la gauche" PC-PS, apparemment aujourd’hui, c’est pas dans l’air du temps. Bien oui, si j’ai bien compris le PC est dans le Front de gauche.

Alors est-ce que le PC a peur d’être débordé par "la base" ? Ou bien, agit-il en pensant aux élections présidentielles avec un possible retour dans le giron du PS ? Dans ce cas cette histoire de Front de Gauche ne serait-il qu’un marche pied pour plus tard monnayer une participation à un futur gouvernement ? Un gouvernement qui continuerait à mettre en place de fait le libéralisme avec un vernis social. Tout cela dans un second temps aux présidentielles qui vont arriver très vite après les régionales.

Ah oui j’oubliais, au même moment le groupe Total affiche des bénéfices de plus de 8 milliards d’euros en 2009, et 50 milliards sur 5 ans.

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Vos commentaires

  • Le 2 mars 2010 à 09:44, par claire En réponse à : Total Dunkerque, la rage au ventre !

    Comment la CGT compte-t-elle désormais mobiliser les travailleurs contre la réforme des retraites ? la destruction de la Fonction Publique ? Nous avons compris , une fois de plus , que la direction de cette confédération n’était pas du côté des travailleurs .

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