Une tribune pour les luttes

Communiqué RESF du 9 mars 2010

Le fait du prince

Article mis en ligne le mardi 9 mars 2010

Nicolas Sarkozy se déclare prêt à accueillir en France « si elle le souhaite » Najlae Lhimer, la jeune marocaine de 19 ans arrêtée le 18 février et expulsée le lendemain par la gendarmerie française alors qu’elle venait porter plainte contre les violences infligées par son frère. Ce serait une décision personnelle de Monsieur Sarkozy. Il était temps ! Voilà quinze jours que l’affaire est sur la place publique, que des manifestations ont lieu à Orléans où Najlae est scolarisée et à Chateau-Renard où elle «  est accueillie » par toute une communauté depuis des années : plus de 500 manifestants le 6 mars dans cette ville de 2000 habitants !

L’indignation provoquée par cette affaire a finalement conduit M. Sarkozy à se souvenir de sa promesse de campagne de 2007 : la « protection et la possibilité de devenir française » pour « chaque femme martyrisée dans le monde ». Le sort de Najlae, celui de Salima Boulhazar, l’une des jumelles de Clermont-Ferrand expulsée elle aussi de façon inhumaine puis autorisée à revenir disent ce qu’est la politique de M. Sarkozy à l’égard des femmes persécutées : grandes phrases et tremolos dans la voix à la télévision. Persécutions et expulsions sordides dans la réalité.

La décision de M. Sarkozy est, aussi, soit dit en passant, un désaveu cinglant de ses ministres à l’échine bien souple, Besson et Morano, qui, la veille encore, justifiaient l’expulsion.

Elle est aussi et surtout, l’illustration d’une certaine façon de gouverner, au bon plaisir du prince qui, selon ce qu’il estime son intérêt, expulse ou au contraire «  accueille ».

Elle est aussi l’illustration d’une façon hypocrite de gouverner : devant les caméras les grandes et généreuses déclarations et dans les commissariats ou les préfectures les basses œuvres qu’on voudrait invisibles. Huit ans en France, une compagne en situation régulière, malade, et quatre jeunes enfants nés sur le territoire français, trois scolarisés et un en crèche n’empêche pas l’arrestation et la tentative d’expulsion. Pire, Monsieur Guilherme HAUKA-AZANGA, qui a refusé de monter dans l’avion, a été condamné à deux mois de prison. La préfecture du Rhône veut l’expulser à sa sortie brisant délibérément une famille.

Najlae va donc revenir. C’est la victoire de tous ceux et de toutes celles qui se sont mobilisées pour ne pas laisser faire l’insupportable. De tous ceux et de toutes celles qui ont une certaine idée de la société.

C’est en même temps un formidable encouragement pour tous les jeunes que des lois injustes privent de papiers, condamnent à la clandestinité et menacent d’expulsion.

Les exemples de Mohamed Abourar expulsé le 23 janvier et revenu le 27 février, de Salima, expulsée le 4 février et revenue le 7 mars grâce à la mobilisation de leurs enseignants, de leurs camarades, des élus, de leurs villes tout entières, témoignent avec éclat que les habitants de ce pays ne sont pas prêts à laisser se commettre n’importe quoi en leur nom.

Pour la troisième fois en moins d’un mois, un jeune arraché à sa vie va revenir. C’est la victoire de la solidarité sur l’étroitesse de politiciens à la vue basse qui ne savent pas que le monde a bougé et que la population de ce pays est mélangée, métissée, et fière de l’être.

A Château-Renard : Patricia et Xavier Parisot 06 62 99 07 79

A Orléans : François Hauchère 06 72 37 41 00 ; Ségolène Petit 06 74 91 94 11

A Paris : Richard Moyon 06 12 17 63 81

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