Une tribune pour les luttes

Communiqué de presse RESF/UCIJ84

Un travailleur sans-papier peut-il se marier et avoir des enfants sans être soupçonné de vouloir en « faire un argument » ?

Abdullah, Hatice et Kübra ne sont pas des « arguments », mais des enfants, sujets de droits !
Nous les prenons sous notre protection.

Article mis en ligne le mercredi 24 mars 2010

Avignon, le 24 mars 2010

M. Kapan, maçon travaillant depuis près de 10 ans en France, père de 3 enfants nés et scolarisés sur Avignon, est enfermé au centre de rétention de Marseille depuis 9 jours, en attente d’expulsion.

Le préfet du Vaucluse a déclaré, expliquant ainsi son refus de régulariser M. Kapan : « Si le temps gagné grâce à des recours ou des appels de décisions prises enchaînés les uns après les autres permet d’avoir des enfants pour en faire un argument je ne suis pas d’accord ». (article paru dans la Provence du 24 mars 2010).

M. le préfet suggère ainsi que M. Kapan aurait fondé une famille pour rester en France !
M. le préfet peut-il également envisager l’hypothèse selon laquelle M. Kapan ait pu, à 25 ans, tomber amoureux et fonder une famille, juste parce qu’il est un homme, comme tous les autres hommes ?

Un travailleur sans-papier peut-il se marier et avoir des enfants sans être soupçonné de vouloir en « faire un argument » ?

Ce soupçon porté sur M. Kapan est terrible. D’autant plus que tous les témoignages recueillis auprès de la famille, des amis et voisins convergent pour nous permettre d’affirmer que M. Kapan est un excellent père de famille. Non, Abdullah, Hatice et Kübra ne sont pas des « arguments », mais des enfants, qui ont des droits !

La Convention Internationale des Droits de l’Enfant demande aux états signataires d’agir en fonction de l’intérêt supérieur des enfants :

«  Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale. »
(Article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant).

L’intérêt supérieur de Abdullah, Hatice et Kübra est bien évidemment de retrouver leur père et de reprendre le cours tranquille de leur vie, auprès de leur famille, amis, enseignants. Cette expulsion constituerait évidemment pour eux un terrible traumatisme. Pour eux mais aussi pour tous ceux qui les entourent, famille, amis, voisins.

En effet, c’est tout un quartier, l’un des plus défavorisé d’Avignon, qui serait traumatisé : les habitants de la Cité Louis Gros ne comprennent pas pourquoi cet honnête homme a été ainsi arrêté, mis en garde à vue, et enfermé comme un criminel. Et comprendraient encore moins qu’il soit expulsé.

Est-ce parce que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant a déjà été bafouée qu’elle doit l’être à nouveau ?

Quelle est cette justice qui ne tient compte que de critères purement administratifs et ignore les situations humaines ?

Quelle est cette société qui s’attaque aux plus démunis ?!

Nous refusons cette logique administrative froide et inhumaine.

Nous demandons à M. le Préfet de revenir sur sa décision, de libérer M. Kapan et de lui accorder, pour raisons humanitaires, une carte de séjour vie privée et familiale, solution qui est bien évidemment la meilleure pour lui, ses enfants, mais aussi pour tous ceux qui les entourent de près comme de loin.

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