Cette rencontre sera suivie du pot de l’amitié.

Arrêté à un barrage routier près d’Izmir le 9 juillet 2002 alors qu’il était rentré en Turquie pour assister aux obsèques de son père, Mehmet Desde, turc de nationalité allemande, apprendra par la suite qu’il était fiché comme membre d’un parti kurde bolchevique, jugé terroriste, auquel il a toujours nié avoir appartenu.

« Avant que les interrogatoires ne commencent, j’ai subi quatre jours de torture physique et psychique. Je n’ai même pas eu le droit d’appeler ma famille et mes proches » raconte-t-il.

Il est condamné à 30 mois de prison. Puis viendront les procès inéquitables et les recours en cassation, sans succès. Les seuls éléments retenus contre lui étaient des documents retrouvés chez lui appelant à manifester le 1er mai, des aveux extorqués sous la torture et des témoignages de codétenus également torturés.

Il est pris en charge par Amnesty International dans le cadre de sa campagne « 12 personnes en danger 2008 ».

Le Ministère de la Justice a alors été inondé de courriers venant de tous les pays du monde et les gardiens de la prison ont pensé qu’il était un personnage très important. Grâce aux pressions des ONG et en particulier d’Amnesty International, Mehmet Desde est transféré vers une prison où les conditions de vie sont meilleures. Il a pu envoyer et recevoir du courrier : Il a reçu quelque 6000 lettres et a répondu a plus de 2000 lettres : « Chaque lettre avait pour moi une grande valeur. J’aurais voulu pouvoir répondre à toutes. Votre solidarité me faisait chaud au cœur ! »

Il a été libéré le 6 octobre 2008 et est rentré en Allemagne, où il n’a pas retrouvé son travail et où sa fille avait été expulsée de leur appartement. Aujourd’hui, il vit à Berlin où il est soigné pour les séquelles physiques et psychologiques de son incarcération. Il recherche toujours du travail et il œuvre de toute son énergie contre la torture et la peine de mort en témoignant lors de conférences partout en Europe. Il a également écrit un livre sur ses années de prison.