Une tribune pour les luttes

N’oublions pas !

L’assassinat atroce et probablement raciste d’Ibrahima Sylla le 1er avril 2007 à Marseille n’a toujours pas été élucidé .

Lundi 1er avril 2013, la sixième marche en mémoire d’Ibrahima est partie à 13 h, des grilles du campus de Luminy.

Article mis en ligne le lundi 1er avril 2013


Marseille : ils ont défilé après la mort d’Ibrahima (Voir vidéo)

Marseille / Publié le mardi 02 avril 2013

http://www.laprovence.com/article/a...


Le tueur du jeune Guinéen reste introuvable

Chaque année, dans une démarche entre exorcisme et compassion, proches, amis, étudiants, membres de la communauté guinéenne d’Aix-Marseille et tous ceux qui, intimement, sont animés d’une quête de vérité personnelle, se retrouvent ici, à deux pas du campus de Luminy (Marseille, 9e). Comme pour conjurer le mauvais sort et faire en sorte qu’on n’oublie pas.

(...)


Marseille : la vie brisée de Kadiatou après la mort d’Ibrahima

Kadiatou Sylla participera à la marche organisée en mémoire de son époux.

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Vendredi 29 mars 2013

Au printemps 2007, elle n’avait pas 20 ans la première fois qu’elle a vu la France. Jeune mariée et enceinte de trois mois, elle n’avait pas fait ce long voyage depuis la Guinée pour visiter Marseille.

De la cité phocéenne, elle n’a guère vu plus que le cabinet d’un avocat et la morgue de l’institut médico-légal, où était gardé ce qu’il restait du cadavre supplicié de son jeune époux, Ibrahima Sylla. "Je n’ai pas voulu le voir. Je voulais garder dans ma tête son image intacte", raconte Kadiatou, assise sagement dans l’appartement de son "tuteur", Cheik Doukouré, président de l’association "Programme pour l’aide du développement en Guinée". Depuis la macabre découverte en bordure de route, à deux pas du campus de Luminy, six ans ont passé. Mais ni la douleur, ni le chagrin n’ont disparu. Pis, depuis, Kadiatou a dû fuir la Guinée, son pays d’origine. "Pour protéger ma fille", assure-t-elle la gorge nouée.

À son retour en Guinée, après le meurtre de son jeune mari, Kadiatou affirme avoir été répudiée par sa belle-famille. "Ils disaient que je portais malheur. Ils ont même refusé que je donne le sein à ma fille, raconte-t-elle. Je me suis retrouvée seule. Abandonnée."

Jusqu’ici, c’était Ibrahima qui lui payait ses études. "J’étais au lycée, lorsque l’on s’est rencontrés", précise-t-elle. Elle avait 15 ans. Lui, quelques années de plus. Après leurs fiançailles, Ibrahima s’est envolé pour Marseille afin de poursuivre ses études supérieures en mathématiques appliquées. Le soir, il faisait la plonge dans un restaurant de Borély pour subvenir aux besoins de sa future femme et de sa famille, restées en Guinée. "Il est revenu pour le mariage, puis, il est reparti... poursuit la jeune femme. Je ne l’ai jamais revu."

Elle apprendra sa mort par un simple coup de fil. Un matin d’avril, le 1er, à l’aube. "Je partais en cours. Mon téléphone a sonné. C’était un de ses collègues du restaurant. Il m’a dit : ’Madame Sylla ? On a assassiné votre mari.’" Tout s’enchaîne alors dans un brouillard épais.

Kadiatou, enceinte de trois mois, vient en France avec sa belle-famille pour rapatrier le cadavre de son époux et retourne au pays, désormais livrée à elle-même. "J’ai dû arrêter mes études et faire des photocopies pour vivre et nourrir ma fille. J’attendais les résultats de l’enquête. Je me disais qu’en France, on allait rapidement trouver qui avait tué mon mari." Mais cinq ans plus tard, elle apprend, presque par hasard, que l’enquête est close. Le juge d’instruction a rendu un non-lieu. Aucun élément probant n’est venu livrer la moindre piste plausible aux enquêteurs de la brigade criminelle.

(...)

Non seulement Kadiatou ne saura jamais qui a tué son jeune époux, Ibrahima Sylla, ni pourquoi, mais elle n’aura jamais droit non plus à la moindre indemnisation."Pour être indemnisé du préjudice subi, il faut être français ou en situation régulière sur le territoire, explique un des avocats qui assuraient sa représentation en France, Me Jean-Louis Kéïta. Ibrahima est mort pour rien".

En février 2012, la juge d’instruction, Stéphanie Giraud, concluait cinq années d’investigations infructueuses par une ordonnance de non-lieu. "Les enquêteurs ont été amenés à suivre plusieurs pistes, sans succès", regrettait la magistrate dans son ordonnance. Dans la communauté guinéenne, c’est la consternation. Cette barbarie n’aura ni nom, ni visage.

"Ibrahima, il a été tué deux fois, assène Cheik Doukouré. On lui a levé la vie et après on s’est acharné sur son corps. Je ne connais pas une personne qui n’a pas été touchée par cette histoire".

Une histoire macabre qui débute le 1er avril 2007, sur la route qui mène au campus de Luminy. Un riverain découvre sur le bas-côté le cadavre à moitié calciné d’un homme. L’autopsie révélera toute l’étendue de l’horreur. La victime a été battue à mort. À coups de pierre et de couteau. Trente et un coups de couteau, dont onze dans la tête. Le meurtrier s’est particulièrement acharné sur le visage de sa victime.

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Lundi, la sixième marche en mémoire d’Ibrahima partira à 13 h, des grilles du campus de Luminy.


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Lundi 02 avril 2012

La mort d’Ibrahima Sylla, il y a 5 ans, demeure sans réponse. Marche silencieuse hier.

Photo Patrick Nosetto

Les amis d’Ibrahima, en Master 2 de maths à Luminy, dont beaucoup d’étudiants guinéens de Marseille, mais aussi le Dr Michel Bourgat, adjoint au maire, se sont joints hier au cortège qui est ensuite allé se recueillir sur les lieux du drame.

Et tout à coup, le cortège s’ébranla. À 13 h, le silence a enveloppé hier le campus de Luminy, traversé par les seuls randonneurs aiguillonnés par un apaisant soleil d’avril. "Repose en paix. Que justice soit faite".

Sur la banderole blanche, barrée de rouge et de bleu, Ibrahima Sylla était à la fois présent dans les mots et dans les images. Il l’était aussi dans les coeurs. Sur les tee-shirts de ses proches et amis - une centaine -, on pouvait lire "Paix à son âme". Cette marche silencieuse, cinq ans jour pour jour après son meurtre d’une rare sauvagerie, résonnait comme la nécessité de ne pas oublier. Ibrahima Sylla, cet étudiant guinéen de 28 ans, avait été retrouvé lardé de trente coups de couteau, brûlé et abandonné dans un fossé du campus de Luminy (9e). Ni témoin ni mobile. On a cherché tous azimuts.

Jusqu’à ce que la justice rende le mois dernier un non-lieu. Aveu d’impuissance du juge. "Désespoir de n’avoir pas trouvé la bonne piste", confient les enquêteurs de la brigade criminelle. Marié et futur père, Ibrahima était en Master 2 de mathématiques. Il faisait aussi la "plonge" dans un restaurant de l’Escale Borély. L’autopsie a révélé qu’il avait été tué par deux armes blanches. On a enquêté sur la piste privée, sur celle d’un marginal qui vivait dans les calanques. La thèse du vol ne tint pas longtemps. Restait le crime gratuit ou la mauvaise rencontre nocturne. Impossible de tirer le bon fil.

(...)

Denis TROSSERO


Une ordonnance de non-lieu vient d’être rendue

Comme le redoutaient ses proches, en craignant "qu’Ibrahima rejoigne le cimetière des affaires non résolues", la juge Stéphanie Giraud, a rendu, le mois dernier, une ordonnance de non-lieu, clôturant ainsi, près de cinq ans d’investigations infructueuses.


Voir Mille Bâbords 6254 et 10843

L’enquête, confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Marseille, avait rapidement établi que le jeune homme avait été tué alors qu’il rentrait, à pied, de l’escale Borély, où il faisait la plonge dans un restaurant, afin de subvenir aux besoins de sa famille restée en Guinée. Si le mode opératoire a été rapidement élucidé, en revanche, trois ans après, le mobile reste encore bien mystérieux. Crime raciste ? Mauvaise rencontre ? La famille n’a pas l’impression que tout a été fait pour retrouver le ou les tueurs.

Marche silencieuse demain 1er avril 2010.
Le cortège partira à 12h30, des grilles du campus de Luminy et rejoindra les lieux du drame en hommage à Ibrahima et pour demander la reprise sérieuse de l’enquête.

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