Une tribune pour les luttes

Expulsions de sans-papiers vers le Nigéria le 3 février et le 10 mars, coorganisées par la France via Frontex .

Témoignages sur les conditions d’expulsion par charters dans le cadre du dispositif européen FRONTEX

"Partout où se portait mon regard, il n’y avait que punition gratuite".

Article mis en ligne le jeudi 22 avril 2010

Un autre témoignage en anglais sur un vol groupé organisé par Frontex pour déporter des Nigérians (vol du 10 mars conjoint entre les pays bas, la Norvège, la France, l’Espagne et le Danemark)

Récit d’une expulsion dans un charter Frontex le
10 mars 2010, vol Paris-Lagos (Nigeria) avec escale à Madrid (Espagne), organisé par la France, coordonné par Frontex.

Ont été embarqués dans un très vieil avion de la compagnie EgyptAir :

- 8 Nigérians de Norvège,
- 5 Nigérians du Danemark,
- 8 à 10 Nigérians de France,
- 1 Nigérian des Pays-Bas ;

- En Espagne : 20 autres Nigérians.
Parmi lesquels, 10 à 15 femmes et 2 à 3 enfants d’un âge de 8-9 ans.

Chaque expulsé-e était « personnellement escorté-e » par 3 policiers du pays qui les expulse, et du personnel médical des Pays-Bas et de France.

Tou-te-s les expulsé-e-s étaient menotté-e-s mains et pieds ( avec une sangle qui attache les menottes des mains à celles des pieds) et entravé-e-s par un “bodycuff” (fixation de la taille et des mains). Ils ont juste été détaché-e-s avant d’arriver à Lagos.

Il y a eu du retard à Madrid, causé par la résistance des quelques 20 expulsé-e-s à l’embarquement.

Durant le vol, aucun repas chaud ne leur a été servi, juste du pain et du fromage, ce qui n’a pas du tout suffi. Pas de télévision, ni de radio sur ce vol.

Ils ont été “relâché-e-s” dans la partie réservée aux cargos de l’aéroport de Lagos.

Ce compte-rendu est celui de Ricky, qui fait partie des survivants très traumatisés de l’incendie qui avait eu lieu au centre de détention de Schipol (Amsterdam, PB) en 2005, où 11 migrants sans papiers sont morts. Il a été mis à l’isolation au centre de détention le jour précédant son expulsion. Lors de son transfert à l’aéroport de Schipol, les policiers lui ont mis des menottes aux mains et l’ont entravé avec un « bodycuff » à la taille. A l’aéroport, ils lui ont aussi attaché les pieds et ensuite expulsé dans un avion privé pour Paris, avec une escorte de trois policiers et un médecin. Le voyage entre Amsterdam et Lagos a au total duré presque 24 heures. A Lagos, on l’a sorti de l’avion sans lui remettre de certificat médical ni lui donner de médicaments comme cela avait été promis à son avocat par le « Service néerlandais des Rapatriements et des Départs ( ?!) » [Department of Repatriation and Departure]. Il a reçu 50 euros pour payer les transports et survivre les premiers jours. Certain-e-s expulsé-e-s n’ont pas reçu d’argent du tout. Un mois a passé depuis cette expulsion et Ricky a toujours mal à ses chevilles enflées à cause des menottes et du traitement agressif qu’il lui a été infligé. Il n’a pas d’argent pour payer les médicaments dont il a besoin.

Deportation by Frontex charter - a report

10th of March 2010, Paris - Lagos (Nigeria) with a stopover in
Madrid/Spain - organized by France, coordinated by Frontex.

In a very old plane from EgyptAir were loaded :
- From Norway : 8 Nigerians
- From Denmark : 5 Nigerians
- From France : 8 to 10 Nigerians
- From the Netherlands : 1 Nigerian
- In Spain : another 20 Nigerians

of whom 10 or 15 women and 2 or 3 children from the age of 8 or 9 years.
- From all the countries per deportee 3 own ’escorts’ and from the
Netherlands and France medical personnel.

All deportees were handcuffed, cuffs attached to the waist with a
bodycuff, and feetcuffed, these attached with a strap to handcuffs. They
were decuffed only just before arriving in Lagos.

There was a delay in Madrid due to resistance of some of the 20 deportees
when entering the plane.

On the plane they did not recieve hot food, only bread and cheese, which
was not enough. There was no television or radio during the flight.

They were ’released’, dumped at the cargo part of the airport in Lagos.

This report was made by Ricky, one of the severely traumatized survivors
of the fire at the Schiphol detention centre in 2005 when 11 undocumented
migrants died. He was put in isolation in the detention centre one day
before the deportation. When transported to Schiphol Airport, his hands
were cuffed and attached to the waist with a bodycuff. At the airport he
was also feetcuffed and then deported to Paris by private plane from
Eastern Airways with 3 escort policemen and 1 doctor. His total journey
Amsterdam-Lagos lasted nearly 24 hours. In Lagos he was put out of the
plane without any medication or medical passport as promised to his lawyer
by the dutch Department of Repatriation and Departure. He had recieved 50
euro for transport and first survival. Some deportees had recieved no
money at all. One month after the deportation Ricky is still suffering
from swollen ankles due to the cuffs and the rough treatment. He has no
money for medical treatment.

info chez allincluded.nl
http://www.allincluded.nl
Plantage Doklaan 12
1018 CM Amsterdam
tel 020-3795236


Témoignage en anglais (lire ci-dessous) d’une personne déportée par un charter par Frontex le 3 février 2010

Voilà l’histoire de PBBB. Il est resté en contact avec des amis en Grande Bretagne et a accepté d’écrire son témoignage sur ce que ça veut dire d’être dans un charter Frontex.

LES GENS PORTES COMME DES CADAVRES

J’ai eu le choc de ma vie lors que nous avons commencé notre voyage [du centre de rétention] de Tinsley House à l’aéroport. Nous sommes restés dans le bus de 11 heures à 18 heures sans pouvoir en sortir. Dans le bus, on n’a pas pu bouger ni se lever pendant 7 heures, car chaque détenu était escorté par deux agents de sécurité. Les agents de sécurité prenaient une pause toutes les 30 minutes et étaient remplacés par d’autres agents, alors que nous, nous restions assis serrés comme des sardines en boîte. Mes jambes ont gonflé et semblaient lourdes comme jamais. Plus les heures avançaient, plus chaque heure était une heure de lutte pour nous. Je me sentais de plus en plus faible, comme si mon sang s’arrêtait de circuler. Nous n’étions pas du tout préparés à ce qui allait arriver sur le vol charter. Partout où se portait mon regard, il n’y avait que punition gratuite.

Il y avait beaucoup de femmes tristes et beaucoup d’enfants dans leurs poussettes. Les enfants pleuraient avec véhémence en voyant comment leurs parents étaient traités. Il y avait sur ce vol beaucoup de femmes avec des bébés nouveaux-nés, et beaucoup de mineurs séparés de leurs parents portaient la tristesse sur leurs visages.

On est parti d’un autre aéroport, pas de Gatwick. On a bien atterri à Dublin. Là beaucoup d’autres sont montés dans notre vol charter. Les détenus de Dublin étaient amenés à l’aéroport dans des fourgons pénitentiaires et avaient les mains entravées par des menottes. Beaucoup ont été battus abondamment avant d’être embarqués. Déjà même en Grande-Bretagne un mineur avait été battu quand il avait commencé à crier son message « j’ai quitté le Nigeria quand j’avais 3 ans, je n’ai plus aucune famille au Nigéria ». L’agent de sécurité à ses côtés lui disait que ça ne servait à rien de crier et qu’il fallait se calmer. Tout d’un coup les cris sont partis de la foule quand ils ont trouvé que ça suffisait de le taper comme ça. Ça criait très fort quand les médecins sont venus s’occuper du garçon qui avait été battu.

On est parti de Dublin pour l’Espagne, et c’est là en Espagne que ça a été le plus affreux quand tout le monde, hommes comme femmes on été entravés par des menottes aux pieds et aux mains. Les deux agents de sécurité à mes côtés ont réalisé que mes jambes étaient brûlantes. Celui à ma gauche m’a demandé si j’avais des problèmes avec mes jambes et je leur ai dit que j’avais des veines mortes dans les deux jambes. Immédiatement ils ont appelé l’équipe médicale. Ces derniers ont dit que je n’étais pas supposé être dans un vol d’expulsion. L’agent de sécurité a demandé à nouveau qu’est-ce qui pouvait être fait immédiatement. Les médecins ont répondu qu’il fallait m’autoriser à marcher ou à trouver un endroit pour mettre les jambes en hauteur. Depuis je peux à peine porter mes jambes. Ça a été une cause de souffrance et d’exaspération. Dès que je repense à la façon dont nous étions traités sur ce charter, un spectre vient vider mon cœur. On ne m’a jamais donné mon rapport médical même après l’avoir demandé mille fois. Tous les hôpitaux que j’ai visité demandaient ce rapport mais je ne l’avais pas. Je souffre toujours au moment où je vous parle.

On était effrayés dans cet avion, j’étais effrayé par le grand nombre de gens qui ne voulaient par revenir dans leur pays.
Mon expérience, ce sont des paniques qui m’envahissaient quand je voyais comment les agents de sécurité battaient toute personne qui essayaient de contrecarrer leurs plans.
Déjà à l’aéroport, beaucoup de gens avaient été maltraités, et en Espagne les détenus étaient insultés, et la police les agressait verbalement et les battait. Lorsque je suis revenu des toilettes, j’ai vu beaucoup de ces détenus qui nous avaient rejoints en Espagne et avaient des menottes. J’ai essayé de demander à la police pourquoi ils étaient comme ça, et alors ces policiers ont commencé à me frapper lorsque les policiers anglais les ont arrêté à cause de mon état. Il y avait beaucoup d’enfant envahis de pleurs incontrôlés à cause de ces violences et de ces cris dans l’avion. L’ensemble de ces attitudes inattendues m’a rappelé mes dernières expériences de torture. Parmi les passagers venus de Grande-Bretagne, beaucoup criaient pour dire qu’ils devaient d’abord passer devant le tribunal, d’autres pour dire qu’ils avaient femme et enfants ici en Grande Bretagne. Beaucoup se demandaient ce qui allait arriver avec leurs biens laissés derrière.

A ma grande surprise nous n’avons pas atterri dans un aéroport nigérien normal, l’avion a atterri sur un terrain appelé NACO AIRPORT (aéroport cargos) et avant qu’on sorte tous nos bagages ont été posé là sans aucune sécurité, beaucoup manquaient.


A true story of a charter flight by PBBB

PEOPLE WERE DRAG LIKE A DEAD PERSON.

I had the shock of my life when we started our journey from Tinsely House to Airport. We were in the bus from 11am to 6pm without coming out from the bus. When we were in the bus, we could not move to the right or stand for that 7 hours because every detainees was escort with two security men. All the sit was too tide but those securities keep on having brake every 30 mins by exchanging themselves with other free securities, why we detainees were sitting like fish in the box. My legs were big and heavy like never before. Every hour was a struggle hour for us, as hour went when by. I was getting weak and weaker when my could not circulate any more. When happen to us on charter flight that we weren’t
prepared for. Everywhere I looked, there was punishment without crime.

There were many sad women and many of children in their baby carriages. Children were crying bitterly because of how there are parents were treated. Many women with newborn baby, and many under ages were on this charter flight without their parents, sadness on their faces. We took off from other airport but not Gatwick airport. We landed in Dublin succefully. There, many joined our charter flight. The detainees in Dublin were brought into Airport with the prison vans and also with handcuffs on there hands. Many have been beating seriously before brought into the plane. Even in uk, one of under age was beating bitterly when the boy shouted his massage across to then by saying ; I left Nigeria at age of 3yrs old and I did not have any relative in Nigeria anymore. Next security to him said ; there’s no need to shout so calm down. Suddenly, the shout went up from the crowd when
the beating was too much. I heard a shout ; it was a loud crying, after the
beating medical staff attended to the boy.

We took off from Dublin to Spain, there in Spain was the most worst part of it, where both female and male were round up with handcuffs on both legs and hands. The two securities beside me realize that my both legs were piping hot. The security man on my left hand asked me if I have problem with my legs and I told them that I had dead veins on both legs. Immediately, the security called the attention of medical staff. The medical staff said ; actually is not suppose to be on this charter flight back to his country. The security man asked again that what could we do now. Medical staff reply ; that I should be allowed to being working around or find a place for me to level my legs. Up till date, I could barely carry my legs. This has caused suffering and upset for me. Every time I remember how we detainees were treated on that
charter flight, a haunting emptiness descends over my heart. My medical report was not giving to me, even when I asked them time
without numbers before days to our charter flight. All hospitals that I had attended wanted to see my medical records, which I did not have. Right now I live with pains.We were frightened on the plane, I was frightened by large of number of people whom does not willing to go back to their counties. My experienced on that flight gave me panic attacks when some securities started beating whoever tries to un-struck their plans. Even, from the airport many people were abused and also at Spain many detainees were insulted, roughly words were spoke on detainees by there polices and also beating. When I was coming from toilet I saw many detainees, I mean those detainees that joined us in Spain with handcuffs. Tried to ask those police the reason why all these detainees were like this, those polices were trying to beating me when
UK police stopped them because of my condition. There are many uncontrolled crying among the children because of the beating and
shouting on the plane. All these unexpected attitude reminds me my last torture experienced. From UK many were shouting that they have court pending and others were saying they have wives and children here in UK. While many were saying what about my properties. To my surprised we did not land at any of normal Nigerian airport, the plane landed on one open field called NACO AIRPORT (Cargo Airport) and before we came out of the plane all our luggage’s has been putting on this open field without any security, while many people’s luggage has been missing.

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Vos commentaires

  • Le 15 avril 2010 à 11:34, par Christiane En réponse à : Hauts-de-seine : un sans-papier hospitalisé après une interpellation

    Un sans-papier a été hospitalisé après son interpellation et celle de cinq autres sans-papiers dimanche 11 avril 2010 à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), devant le squat dont ils avaient été expulsés jeudi matin.

    Ces six personnes, dont quatre seraient des Ivoiriens et deux des Maliens, ont été placées dans les centres de rétention administrative (CRA) de Plaisir (Yvelines), de Vincennes (Val-de-Marne) et du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et une procédure d’expulsion a été engagée.

    Namory Doso, délégué des sans-logis de Gennevilliers, a dénoncé un "acharnement" des policiers lors de l’interpellation. "Il a été brutalisé par des policiers qui lui ont donné des coups de pied et des coups de genou. Ils se sont acharnés sur lui. J’étais à côté de lui , j’ai tout vu".

    Une cinquantaine de personnes avaient été expulsées jeudi matin d’un squat situé avenue Marcel Paul, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Elles avaient alors installé des tentes devant le bâtiment qui ont été évacuées dimanche matin par la police.

    Lors de cette opération, huit personnes ont été interpellées pour "actes de rébellion", dont les six sans-papiers actuellement retenus. Les deux autres ont été relâchés.

  • Le 22 avril 2010 à 09:58, par Christiane En réponse à : Le Nigeria n’accepte plus le retour forcé de ses requérants

    16 avril 2010

    " Après la mort d’un demandeur d’asile en voie d’expulsion le mois dernier à Kloten, le Nigeria a décidé de n’accueillir ses ressortissants que s’ils sont volontaires au retour.

    Presque aucun pays n’agit de la sorte, note le "Tages-Anzeiger", qui révèle l’information sur son site. Le Nigeria estime en effet que la sécurité de ses ressortissants n’est plus garantie lors de leur renvoi au pays, une fois leur demande d’asile rejetée. Lagos a récemment pris des mesures urgentes, qui rendent presque caducs les accords de renvois signés avec Berne en 2003. _ Depuis peu, les requérants nigérians déboutés doivent s’engager par écrit qu’ils sont volontaires au retour pour que leur pays les accepte.

    Difficile de dire quelles conséquences aura ce geste du Nigeria. Pour l’heure, l’Office fédéral des migrations (ODM) a suspendu les vols de rapatriement vers Lagos. Les expulsions ne reprendront que lorsque la cause du décès du Nigérian mort le 17 mars sera connue. Une enquête est en cours.

    http://www.lematin.ch/actu/suisse/n...


    le demandeur d’asile âgé de 29 ans est décédé à l’aéroport de Zurich alors qu’il allait être renvoyé dans son pays par un vol spécial. En grève de la faim depuis trois jours, il a succombé à un malaise peu après avoir été ligoté de force.

  • Le 7 décembre 2011 à 10:55 En réponse à : Le Nigeria n’accepte plus le retour forcé de ses requérants

    Article très intéressant, merci pour ces informations.
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  • Le 8 mars 2012 à 15:46 En réponse à : Le Nigeria n’accepte plus le retour forcé de ses requérants

    C’est révoltant, ça me débecte profondément, et le monde trouve ça normal.

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