Une tribune pour les luttes

Hassi-Messaoud
Halte à la "fatalité" de la terreur à l’encontre des femmes !

"Stop à la barbarie"

Article mis en ligne le mardi 20 avril 2010

Lettre à envoyer par courrier ou par mail à :

Madame Rashida Manjoo, Rapporteure spéciale sur les violences faites aux femmes, OHCHR-UNO,
8-14 Avenue de la Paix, 1211 Geneva 10, Switzerland , mail : vaw chez ohchr.org

Madame,

Je tiens à vous alerter des faits extrêmement graves qui ont lieu actuellement dans la ville de
Hassi-Messaoud, base pétrolière du sud algérien.

Depuis plus de 2 mois, des femmes, venues des 4 coins du pays afin de subvenir aux besoins de
leurs familles travaillant dans les bases pétrolifères, se font agresser régulièrement la nuit. Elles
sont violées, torturées, brulées vives. Leurs maisons sont saccagées et pillées par des hommes
armés de gourdins, de haches, de couteaux, leurs têtes encagoulées ou même, à visages
découverts. La plupart du temps, les femmes ont beau hurler, aucun voisin ne leur vient en aide.
Lorsqu’elles se rendent au commissariat, elles doivent supplier pour que leurs plaintes soient
enregistrées par des policiers méprisants. Ces crimes ne sont jamais poursuivis en justice.

Nous savons aussi que des meurtres ont eu lieu. Il y a une dizaine de jours une femme a été brûlée
vive et se trouve actuellement dans le coma à l’hôpital de Ouargla.

Dans la nuit du dimanche 12 avril, les agressions ont redoublé. Les femmes que nous avons eu au
téléphone parlent d’un imam qui aurait incité les hommes à passer à l’acte.

Ces crimes sont la conséquence directe de la tragédie du 13 juillet 2001 dont il est important de
rappeler les faits : plus d’une centaine de femmes furent violées, torturées et enterrées vivantes
par 400 à 500 hommes. Sur cette foule ayant commis ce pogrom, seuls vingt-neuf hommes ont été
accusés. De ce nombre, 3 hommes seulement ont réellement purgé des peines. Les autres ont été
condamnés par contumace ou encore, innocentés !

Aujourd’hui, dans cette atmosphère où l’impunité fait loi, les femmes sauvagement agressées ne
savent plus vers qui se tourner. Devant la non-assistance des pouvoirs publics, nous vous prions
d’intervenir de toute urgence auprès du gouvernement algérien afin qu’il assure la sécurité et
l’assistance légitimes de toutes ces citoyennes algériennes.

Veuillez agréer, Madame la Rapporteure spéciale, l’expression de nos sentiments les meilleurs

SIGNATURE


Hassi-Messaoud
Halte à la "fatalité" de la terreur à l’encontre des femmes !

La Constitution algérienne consacre la sécurité des citoyennes et des citoyens. L’Algérie a ratifié la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, la Convention contre la torture et autres peines et traitements cruels ou dégradants, la Déclaration sur l’élimination des violences faites aux femmes.

Au nom de ces principes, nous sommes profondément choqués par la nouvelle tragédie vécue par des femmes, venues de différentes régions d’Algérie, travaillant et vivant dans des habitations précaires à Hassi-Messaoud, une des villes les plus sécurisées du pays.

Le martyre qu’elles viennent de subir est la répétition macabre des évènements de 2001. Un sinistre 13 juillet 2001, une horde de 300 hommes armés attaquent une centaine de femmes et leur font subir les pires atrocités – un véritable lynchage – dans le quartier d’el-Haicha à Hassi-Messaoud.

Nous tenons d’abord à exprimer à ces nouvelles victimes notre solidarité, notre indignation et notre émotion face aux actes barbares que des criminels déchaînés commettent sans répit en venant et revenant plusieurs nuits de suite, depuis quelques semaines, sur les lieux de leurs forfaits.

Juillet 2001 ... mars 2010

Même lieu.

Mêmes agressions.

Même type d’agresseurs lâches et cyniques provoquant des actes méticuleusement organisés, donc mûrement prémédités sinon commandités.

Même type de scénario d’horreur où les criminels regroupés et encagoulés terrorisent chacune des victimes parce que isolées et sans défense.

Même type de violences extrêmes où la rapine, les injures et la torture visent à humilier et à réduire à néant les femmes en tant que telles.

Même volonté par la valeur exemplaire de tels actes de terreur de dissuader toutes les femmes d’exercer librement leur droit au travail où que ce soit sur le territoire national et de les punir parce qu’elles vivent seules.

Au-delà du constat horrifié, de la condamnation des criminels et de la compassion pour les victimes, nous tenons aussi à souligner le caractère particulier de ces expéditions punitives qui rappellent étrangement non seulement les évènement de 2001 mais aussi toutes les autres agressions depuis vingt ans dans différentes régions d’Algérie ( Ouargla, Remchi, Bordj, Tebessa…). Elles rappellent étrangement, hélas, les viols collectifs des femmes par les terroristes, ce crime contre l’humanité, tâche noire qui a mis en péril notre avenir et celui de toute la société. Il s’agit donc d’une violence systématisée, construite, structurelle, orchestrée, autant d’éléments de gravité supplémentaire.

En effet, cette répétition et continuité d’actes odieux à l’encontre des femmes qui semblent se perpétuer comme une ‘fatalité’ n’est possible que parce qu’en 2001 le traitement de l’affaire de Hassi-Messaoud s’est réduit à une parodie de justice reléguant cette tragédie au rang de vulgaire fait divers.

Cette répétition et continuité d’actes intolérables n’est possible que par la complicité et le silence non seulement des institutions et des autorités locales mais aussi le laxisme de la société. D’ailleurs, l’absence de réaction citoyenne et de médiatisation de cet évènement est frappante et inquiétante.

Cette répétition et continuité de crimes contre l’humanité n’est possible que par l’impunité dont bénéficient les agresseurs contre les femmes.

Cette répétition et continuité de violation des droits de la personne humaine n’est rendue possible que par l’absence de l’Etat et des institutions censés protéger les citoyennes et les citoyens.

Est-ce que cela signifie qu’aucune femme ne peut se sentir en sécurité dans son propre pays et qu’aucun citoyen n’est protégé par la loi ?

C’est pourquoi, encore une foi, nous dénonçons avec force ces crimes et interpellons les pouvoirs publics pour qu’ils réagissent en urgence en assurant la protection de ces femmes victimes encore sous le coup de la menace quotidienne, et leur prise en charge globale (médicale psychologique, sociale et juridique). Nous sommes déterminés à soutenir toutes ces femmes victimes d’agressions inacceptables.

Signataires :

Réseau Wassila, ADPDF (Association pour la défense et protection des droits des femmes), AEF (Association pour l’émancipation des femmes), APF (Association du planning familial),
ANADDE, ATUSTEP, Amusnaw, AVIFE (Association d’Aide aux Victimes de Violence Femmes et Enfants), CIDDEF (Centre d’Information et de Documentation /Droits des Femmes et des Enfants), Collectif des Femmes du Printemps Noir, Djazairouna, FEC (Femmes en Communication), Femmes PLD, LADDH Ligue Algériennne de Défense des Droits des Hommes), LADH (Ligue Algérienne des Droits des Hommes), RACHDA, SOS Femmes en Détresse, Tharwa Fatma N’Sumer, Fatiha Mamora et Rahmouna (deux femmes victimes des attaques de 2001 à Hassi Messaoud).


Lire aussi le reportage et les témoignages sur ’El Watan, article de Salima Tlemçani

Elles sont attaquées de nuit par des jeunes encagoulés : Chasse aux femmes vivant seules à Hassi Messaoud

Parce que justice n’a pas été rendue aux victimes des violences d’El Haïcha, à Hassi Messaoud, en juillet 2001, des dizaines d’autres femmes vivent, non loin des mêmes lieux, un véritable cauchemar. Depuis quelques semaines, chaque soir elles subissent le pire. Constitués en bandes organisées, des jeunes hommes encagoulés munis de sabres, couteaux haches et bâtons fracassent les portes et investissent leurs maisons. Ni les cris, ni les pleurs des enfants, ni les supplications des vieux ne font reculer les assaillants dans leur sale besogne. Battues, menacées de mort, les victimes sont délestées de leurs bijoux, argent, téléphones portables et de tout objet ou équipement électroménager de valeur.

(...)

http://www.elwatan.com/Elles-sont-a...

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