Une tribune pour les luttes

Génération précaire

Exemption d’indemnisation des stagiaires : le retour du SMIC jeunes... mais sans le SMIC !

Le Sénat supprime la rémunération des stages obligatoires pour les étudiants en travail social
"Travailler plus pour gagner rien, voila ce que la France propose à la jeunesse ! "

Article mis en ligne le lundi 3 mai 2010

Génération Précaire est proprement abasourdie par ce vote au Sénat qui enterine l’exemption de gratifier les stagiaires dans le secteur social (http://www.senat.fr/cra/s20100429/s...).
Après la première brèche des orthophonistes, lobby qui avait obtenu de ne pas avoir à rémunérer leurs stagiaires dans le cadre de la HPST (Hopital etc..), on détricote la maigre avancée pour les stagiaires que représente la gratification obligatoire !

Les stagiaires (au nombre de 1,2 million, en progression de 50% entre 2005 et 2008) ne sont pourtant gratifiés que de 417 euros, soit moins que le seuil de pauvreté, ou que l’ex RMI.

C’était déjà trop pour ces médecins libéraux (!) ou ces structures d’accueil du secteur social qui ont du coup coupé le robinet des offres de stages.. et fait chanter leurs étudiants : "’pas de stage, pas de diplôme, alors soutenez-nous pour obtenir l’exemption"...

Et c’est ainsi que le Sénat a voté le 29 avril 2010 le contraire de ce qu’il avait voté en... septembre 2008 ! En effet, à cette date et dans le cadre du projet de loi sur la formation professionnelle tout au long de la vie, le Sénat avait voté l’obligation de gratiifier les stages de plus de deux mois, contre trois auparavant (loi pour l’égalité des chances du 31 mars 2006). C’est 5 ans de travail de Génération-Précaire qui sont foulés aux pieds. Depuis 5 ans, Génération-Précaire avait pourtant réussi à force de mobilisations à convaincre tous les interlocuteurs de la pertinence de ses propositions : rapprocher le non-statut des stages de celui de l’apprentissage. Et en obtenant quelques avancées sur l’encadrement des stagiaires au passage.

Mais pour 29.000 élèves, le Sénat se déjuge en moins 18 mois, et ouvre une nouvelle brèche dans l’autonomie et l’insertion professionnelle de la jeunesse. Contredisant au passage les trois ministres Woerth, Santini et Pécresse qui avaient étendu en juillet 2009 cette gratification à la fonction publique. Et encore avait-il fallu leur tirer l’oreille pour leur faire comprendre que trop de stages non rémunérés nuisaient à l’emploi des jeunes diplômés.. Le silence de Valérie Pécresse en particulier est affligeant quand on sait qu’en 2006 encore elle proposait en tant que députée que tous les stagiaires soient indemnisés à hauteur de 50% du SMIC et ce pour les moraliser (http://www.cadres-plus.net/bdd_fich...)... Il en allait de même des amendements de l’UDF de l’époque...

On savait que Nicolas Sarkozy voulait une "pause" dans les réformes avant de "délégiférer" (http://avocats.fr/space/ludovic.pin...) mais on aurait pensé qu’en période de crise et de déficit, c’était le bouclier fiscal qui était visé... Pourquoi commencer par l’indemnisation des stagiaires ?

Génération-Précaire comprend les difficultés des étudiants en carrière sociale (http://www.generation-precaire.org/...). _ Xavier Bertrand en 2008 avait d’ailleurs obtenu que l’Etat et les cons
eils généraux abondent les associations en difficulté pour payer leurs stagiaires. "Aujourd’hui, on peut trouver 3 milliards d’euros pour soutenir les profits de la restauration mais pas 20 millions d’euros pour les associations du secteur social ? Quel mépris pour les travailleurs sociaux et la jeunesse."

Ce vote du Sénat et cette nouvelle loi ouvrent une brèche vers la non-rémunération des stagiaires. Demain, le secteur automobile, la fonction publique ou les banques sauront réclamer la même chose.

On est à contresens complet des discours sur l’autonomie de la jeunesse (commission Hirsch ou mission du Sénat sur les politiques en faveur des jeunes)...L’hypocrisie atteint son niveau maximum.

"Travailler plus pour gagner rien, voila ce que la France propose à la jeunesse." D’après le Monde, l’Italie voyait un signe de "déclin" dans l’expatriation de ses jeunes diplômés après une lettre ouverte d’un directeur d’université incitant son fils à quitter le pays pour trouver du travail (http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/12/24/l-italie-voit-un-signe-de-declin-dans-l-expatriation-de-ses-jeunes-diplomes_1284583_3214.html).

Dans ce pays, si tout va bien, tu commenceras par gagner un dixième du salaire de n’importe quel porte-serviettes, le centième de ce que gagne une starlette de la télévision. Pars. Prends le chemin de l’étranger, choisis d’aller là où la loyauté, le respect et la reconnaissance du mérite sont encore des valeurs.

Avec un chômage de près de 25% pour les jeunes actifs et un taux de pauvreté supérieur de 50% à la moyenne, ce qu’on propose à la jeunesse c’est bien de mendier sa place dans la société. "La France, tu l’aimes ou tu la quittes" il paraît... Ce vote est une véritable invitation à l’expatriation.


Le Sénat supprime la gratification des stages pour les étudiants en travail social

Le Sénat a adopté, le 29 avril 2010, une proposition de loi de Nicolas About (Union centriste) et Sylvie Desmarescaux (UMP) qui supprime la rémunération des stages obligatoires de fin d’études pour les élèves éducateurs et futurs assistants sociaux. Les stages de fin d’études dans les secteurs sanitaire, social et médico-social peuvent durer parfois une année scolaire.

Selon Sylvie Desmarescaux, la gratification minimum (417 euros par mois), obligatoire depuis 2009 pour les stages de plus de deux mois, et qui a été étendue à la fonction publique l’été dernier, a eu "l’effet contre-productif" de "restreindre l’offre de stages" dans ce secteur. La loi HPST de juillet 2009 a déjà exempté de l’obligation de gratification l’ensemble des étudiants auxiliaires médicaux "face à la pénurie d’offre", a-t-elle remarqué. "Faute de stage, certains des 29.700 étudiants travailleurs sociaux actuellement en formation pourraient ne pas être diplômés à l’issue de leur cursus", a plaidé la secrétaire d’Etat Nadine Morano (Famille).

L’opposition a vivement dénoncé ce texte constitué d’un article unique qui stipule la non-gratification des stages pour les étudiants et élèves travailleurs sociaux. La mesure a été fixée jusqu’au 31 décembre 2012. Le gouvernement devrait ensuite faire un bilan et étudier la possibilité de transférer aux conseils régionaux la prise en charge de ces stages.

"Si des moyens financiers sont dégagés pour les élèves de polytechnique et de la magistrature, pourquoi n’en serait-il pas de même pour la filière médico-sociale ?", a questionné Jean-Pierre Godefroy (PS) dénonçant une "discrimination" envers cette filière.
"On peut revenir sur les stages des jeunes, par contre on sanctuarise le bouclier fiscal, les stock-options", s’est-il indigné.

Le collectif Génération Précaire qui s’est battu pour obtenir que tous les stages donnent droit à une gratification minimum a protesté, dans un communiqué, contre cette "brèche". S’il reconnaît que les étudiants en carrière sociale peinent à trouver des stages, il estime que "la réponse passe par des déblocages de fonds de l’Etat".

Au printemps 2008, les étudiants des secteurs sanitaire, social et médico-social, en butte à des problèmes pour effectuer leur stage de fin d’études, avaient manifesté à plusieurs reprises et interpellé l’Etat pour qu’il aide les associations ou collectivités locales les accueillant en stages à financer leur gratification. La DGAS avait alors assuré que l’Etat et l’assurance maladie prendraient en charge les dépenses correspondantes pour les établissements et services qu’il finance.

La Gazette Santé-Social 30/04/2010

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