Une tribune pour les luttes

Arrestations d’une centaine d’ iraniens à Paris lors d’une manifestation à la suite de l’exécution de 5 prisonniers politiques le matin même à Téhéran.

+ Iran : le régime assassine a nouveau 5 prisonniers poitiques
+ Lettre de Farzad Kamangar, militant kurde exécuté, à ses élèves
+ Iran Appel de l’Organisation des Femmes du 8 mars
+ Iran : grève générale du 13 mai 2010 et affrontements dans la province kurde

Article mis en ligne le vendredi 14 mai 2010

En réponse aux cinq nouvelles exécutions du régime, les groupes d’opposition politique ont appelé à la grève générale le 13 mai au Kurdistan iranien
où la répression s’abat de nouveau de manière féroce.

Malgré la mise en place non-officielle par le régime d’un pouvoir militaire et d’énormes forces de sécurité pour intimider les gens, de nombreuses villes du Kurdistan se sont mises en grève.

Les rapports qui arrivent indiquent que des ville comme Bukan, Saqez, Kamyaran, Mahabad, Divandara et Piranshahr et de nombreuses parties de Marivan et Sanandaj sont en grève. [1]

On signale des affrontements et des manifs sauvages dans les villes de Baneh, Rabt, Sardasht, Nagdeh, et Oshnaviyeh qui se sont jointes à la grève. Après que les forces de sécurité aient attaqué un homme âgé dans la zone de Shushmi de la ville de Nosavad, il y a eu ces deux dernières heures des affrontements entre la population et les forces de sécurité, affrontements qui se poursuivent. Selon certains rapports, des coups de feu ont été tirés. A Dehgalan, on rapporte que des jeunes et la population sont sortis pour manifester. Les forces de sécurité ont ouvert le feu et les affrontements continuent.

La grève est particulièrement suivie à Sanandaj, ville connue pour son aversion au régime. Encore une fois, la capitale du Kurdistan mérite son surnom de “Sanandaj la rouge” !

- Kamyaran, Bukan, Saqez, Mahabad et les plus grandes parties de Maryvan et Sanandaj sont en grève. Les magasins sont fermés, les enfants ne vont pas à l’école.

- A Kamyaran, les forces militaires sont autour du domicile de Farzad Kamangar le jeune professeur assassiné par le régime le 9 mai 2010 à la prison d’Evine.

Le régime s’en prend aux familles des 5 militants Kurdes iraniens assassinés le 9 mai 2010 dans la prison d’Evine à Téheran et refuse de rendre les corps des prisonniers politiques exécutés.

[1]http://iransolidarity.blogspot.com/...



Communiqué de l’Organisation des Femmes du 8 mars

Le régime de la République Islamique d’Iran à exécuté 5 militants politiques dans le prison d’Evin à Téhéran

Farzad KAMANGAR, enseignant kurde a été exécuté le dimanche 9 mai 2010. Il s’était engagé de donner une éducation révolutionnaire à ses élèves afin qu’ils puissent bâtir, plus tard, une nouvelle société. Farzad a écrit des dizaines de lettres à ses élèves de prison et en a reçu des centaines de ses élèves. Dans ses lettres, il leur enseignait la lutte contre la misère et l’ignorance. Il leur enseignait le sacrifice et la lutte pour la réalisation d’un autre monde, une société sans oppression contre les femmes, la misère, la répression et l’exploitation.

Shirin ALAM-HOLI, cette militante kurde a été exécutée. Elle est devenue l’exemple de résistance pour des milliers de femmes qui ont pris le chemin de la lutte pour l’émancipation et pour finir avec l’ordre établi par le régime de la République Islamique pour lequel la femme est potentiellement « coupable ». Etre femme et kurde à la fois est un « délit » impardonnable sous la République Islamique.

Farzad KAMANGAR, Shirin ALAM-HOLI, Ali HEIDARIAN, Farhad VAKILI et Mehdi ESLAMIAN ont rejoint des milliers d’hommes et femmes qui, depuis 31 ans, ont été exécutés dans les prisons de la République Islamique pour avoir revendiqués la liberté. Ainsi la République Islamique misogyne est la République de la répression du peuple kurde, beloutche, arabe, … Une république d’exploitation et de répression qui réprime les ouvriers et les travailleurs et qui a transformé l’Iran à une grande prison.

Farhad VAKILI et Ali HEIDARIAN étaient aussi des militants kurdes. Comme des milliers militants, ils se battaient pour une nouvelle société révolutionnaire.
Shirin ALAM-HOLI a refusé de participer au show télévisé du régime malgré la promesse pour sa libération si elle y participait. Elle a refusé de décevoir les jeunes qui, depuis l’année dernière, mènent une lutte acharnée pour le renversement du régime de la République Islamique.

Aujourd’hui, nous sommes triste et en colère. Une colère et une tristesse qui nous encouragent davantage pour le renversement du régime de la République Islamique et pour créer une société dans laquelle les rêves des Farzad, Shirin, Farhad, etc., se réaliseront.
Une société dans laquelle les femmes ne sont pas humiliées et les différentes nations ne sont pas oppressés.
Une société avec la séparation de l’état et la religion dans laquelle personne ne sera emprisonné pour avoir lutté contre l’ignorance, aucun étudiant ne soit pas emprisonné et torturé pour avoir défendu la liberté d’expression, et qu’aucun ouvrier n’ait pas puni de coups de fouet et emprisonné pour avoir participé dans les fêtes du 1er mai.
Bref, une société qui mette fin à l’exploitation et l’oppression.

Sans doute, ce régime une fois renversé, les élèvent étudieront dans leurs livres d’histoire la biographie riche de lutte de Farzad et ses lettres feront partie du programme d’éducation dans notre pays.

L’Organisation des femmes du 8 mars (Iran – Afghanistan)

http://iranenlutte.wordpress.com/

femme8mars chez yahoo.fr


Dimanche 9 mai 2010

Suite à la colère engendrée par l’exécution des 5 prisonniers kurdes ce matin à la prison d’Evin à Téhéran, une manifestation spontanée a eu lieu à Paris à 16h00 sur le parvis des Droits de l’Homme à Trocadéro.

Entre 150 et 200 personnes étaient présentes et ont manifesté pacifiquement en brandissant des drapeaux portant le nom de l’IRAN à la place du sceau islamique.

Les manifestants se sont ensuite dirigé vers l’ambassade de la République Islamique de l’Iran à Paris à quelques mètres de là... et aux alentours de 17h00 certains d’entre eux très en colère et indignés par la barbarerie du gouvernement iranien ont inscrit les noms des prisonniers exécutés sur les murs de l’ambassade ainsi que des slogans révolutionnaires ...

Voir vidéos et article :
http://iran.blog.lemonde.fr/2010/05...

Certains manifestants très en colère, et indignés par la barbarie du gouvernement iranien, ont alors inscrit les noms des prisonniers exécutés sur les murs de l’ambassade, puis y ont tagué des slogans révolutionnaires (en français et en persan) :

“LA FRANCE AVEC NOUS”

“SOLIDARITÉ INTERNATIONALE”

“À BAS LA DICTATURE”

“LIBÉREZ LES PRISONNIERS POLITIQUES”

“À BAS KHAMENEI (le Guide suprême iranien)”

“KHAMENEI ASSASSIN, TON RÈGNE TOUCHE À SA FIN”

Les manifestants ont également collé les portraits des cinq Iraniens pendues ce matin, puis s’en sont pris à la plaque ainsi qu’aux caméras de sécurité de la représentation officielle. Les membres de l’ambassade ont eux répliqué avec des insultes puis en nous arrosant avec les tuyaux du jardin de l’ambassade. Quelques instants plus tard, un cordon de CRS mobiles s’est formé autour de nous pour nous contenir. Une heure après, les agents français ont arrêté une centaine d’entre nous puis nous ont placés dans des bus.

Ils nous ont conduits au commissariat de la Goutte d’or, dans le 18ème arrondissement de Paris. Or celui-ci manquant de place, certains, dont moi, ont été amenés au commissariat du 11ème arrondissement (107 boulevard Voltaire). Après nous avoir fouillés, les policiers ont enregistré nos identités, et nous ont conduits dans les sous-sols du bâtiment. Là, nous avons été séparés en deux groupes, ceux qui possédaient leurs papiers, et les autres. Les agents de la paix refusent pour l’instant de recevoir nos plaintes contre les employés de l’ambassade d’Iran pour injures et nous demandent d’éteindre nos portables. Nous sommes 43 Iraniens, le reste doit arriver…”

Tous les manifestants ont été libérés ce soir à 22h30.

Les autorités iraniennes ont pendu ce matin cinq militants kurdes, dont une femme, qu’elles accusent d’avoir mené des attentats contre des bâtiments gouvernementaux ainsi qu’un pipeline de gaz vers la Turquie. Ils ont été accusé de “moharebeh”, c’est à dire d’être des “ennemis de Dieu”, et auraient “confessé avoir dirigé des opérations terroristes durant ces dernières années”, selon l’agence de presse officielle IRNA.

Les victimes se nomment Shirin Alamhouli (une femme), Farzad Kamangar, Ali Heidarian, Farhad Vakili and Mehdi Eslamian. Selon l’agence de presse officielle iranienne ISNA, les quatre premiers étaient membres du groupe Kurde rebel PJAK (le parti de la vie libre du Kurdistan), un groupe nationaliste et séparatiste kurde. Eslamian aurait été lui membre du groupe monarchiste de “l’Assemblée du Royaume d’Iran”. Déjà, en janvier dernier, deux personnes présentées par le gouvernement iranien comme des manifestants et accusées d’appartenir à ce groupe royaliste avaient été pendues. Pourtant, leurs avocats avaient expliqué plus tard que leurs clients avaient été “obligés de formuler des aveux en raison de menaces contre leur famille”.

En novembre dernier, un autre jeune activiste kurde-iranien, Ehsan Fattahian , avait été exécuté pour “activité armée contre la sécurité nationale”.

Pour beaucoup de spécialistes en Iran, ces exécutions avaient eu pour but premier de dissuader les opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad de descendre à nouveau dans la rue, avec un résultat plus que satisfaisant, le 11 février dernier .


http://toulouse.indymedia.org/spip.php?article43823

Iran le régime assassine a nouveau 5 prisonniers politiques

Comme vous le savez la dictature a de nouveau assassiné 5 prisonnier-es politique le 9 mai dans la prison de Evine a Téhéran,c’était pour la plupart des militants politiques de la région du kurdistan iranien au nord du pays

-  Shirine Alam-Houli, 29 ans, prisonnière politique, originaire de Makou, trois ans de prison ; elle a subi durant tout sa détention coups , tortures et des humiliations quotidiennes

- Farzad Kamangar, 35 ans, instituteur depuis douze ans, membre du Foyer corporatif des enseignants du Kurdistan d’ Iran, quatre ans de prison ;

- Ali Heidarian et Farhad Vakili, militants politiques de la ville de Sanandaj dans le Kurdistan d’Iran, quatre ans de prison, accusé d’êtres des « moharebeh » c’est-à-dire des « enemis de dieu » ont tous les deux été pendus à l’aube du 9 mai, accusés de relations avec le groupe Pejak et d’action contre la sécurité du régime des mollahs ;

- Mehdi Eslamian, a lui aussi été pendu, accusé d’avoir aidé financièrement son frère cadet, Mohsen Eslamian, et d’avoir participé à un attentat à la bombe à Chiraz. Mohsen Eslamian avait été pendu à l’âge de 19 ans à Chiraz le 10 avril 2009.

Ces détenus qui avaient dû endurer la torture et des conditions insoutenables d’emprisonnement, avaient tous été soumis à de terribles pressions pour participer à des shows télévisés pour des aveux forcés et des demandes de grâce.

Ces exécutions surviennent alors que les organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International, avaient à plusieurs reprises appelé à bloquer ces exécutions, en particulier celle de Farzad Kamangar.

Voici une lettre de de Farzad Kamangar qui date de son emprisonement en 2008 que ses proches ont rendu publiques après son executions


Lettre de Farzad Kamangar à ses élèves

Le 9 mai, avec quatre autres prisonniers politiques, le camarade Farzad Kamangar était exécuté à la prison Evin de Téhéran, assassiné par les bourreaux de la République Islamique pour avoir lutté pour un monde plus juste. Cette lettre adressée à ses élèves, il l’avait écrite le 28 février 2008 alors qu’il était détenu à la prison Rajai Shahr de Karaj.

Salut les enfants…
Vous me manquez tous. Je passe mes jours et mes nuits ici, chantant des chansons de vie en me rappelant vos doux souvenirs. Chaque jour, je salue le soleil au lieu de vous saluer. Je me lève chaque matin avec vous, mais derrière ces hauts murs. Je rie et dors en pensant à vous. Parfois, je suis complètement submergé par la nostalgie. Je souhaiterais qu’il soit possible de tout oublier, tout comme lors du retour d’une sortie scolaire, nous nous lavions de la poussière de notre fatigue avec l’eau claire de la rivière d’un petit village. Je souhaite que cela soit possible… Je souhaite qu’il soit possible que nos oreilles entendent le “son de l’eau” et que nos corps sentent la caresse des fleurs, comme nous le faisions lors de nos classes au milieu de la magnifique symphonie de la nature.

Je souhaite que nous puissions laisser nos livres de maths avec tous leurs problèmes sous un rocher, parce que quand “le père n’apporte pas de pain sur la table” (1), quelle différence cela fait-il si Pi égale 3,14 ou 100,14 ?

Nous avions laissé de côté les chapitres de science avec tous leurs composés chimiques et physiques. Nous espérions voir une réaction faite de “miracle et d’amour” en disant adieu aux nuages dans le ciel, les regardant dériver avec le vent. Nous attendions un changement qui empêcherait que Koroush, votre camarade de classe, ne finisse, ouvrier luttant pour gagner un morceau de pain, tombant d’un building pour nous quitter à jamais.

Nous attendions un Nowrouz ( le nouvel an iranien ndr) différent qui apporterait une nouvelle paire de chaussure, de beaux habits et une nappe pleine de sucreries et de bonbons pour nous tous.

Je voudrais qu’il soit possible de réviser encore en secret notre alphabet kurde, loin du regard furieux du président de l’école et que nous puissions nous chanter des poèmes et des chansons dans notre langue maternelle, et nous prendre par la main et danser et danser encore. Je souhaite pouvoir une fois encore être le gardien de but des garçons de la première année de l’école élémentaire qui rêvent de devenir Ronaldo pour pouvoir ainsi marquer un but et battre leur instituteur. Quel dommage que notre terre, nos rêves et nos désirs soient recouverts par la poussière bien plus rapidement que ne le serait un simple portrait ! Je souhaite pouvoir être encore un membre permanent de la chaîne de Monsieur le Constructeur de Chaîne (2) avec les filles de la première année de l’école primaire, ces mêmes filles qui, je le sais, écriront un jour en secret dans leur journal “j’aurais voulu ne jamais naître fille”.

Je sais que vous avez grandi et que vous allez être mariées, mais pour moi vous restez les mêmes anges purs qui portent encore les baisers d’Ahura Mazda (3) dans leurs yeux magnifiques. Qui sait, peut-être que si vous n’étiez pas nées dans une telle misère et une telle souffrance, vous pourriez maintenant collecter des signatures pour la Campagne des Femmes. Ou, si vous n’étiez pas nées dans ce coin de “la terre oubliée de Dieu”, vous ne seriez pas forcées de dire adieu, avec les larmes aux yeux, à l’école pour “la blanche dentelle de la féminité” et expérimenter “l’amère histoire du deuxième sexe”.

Filles du pays d’Ahoora, demain, lorsque vous cueillerez des fleurs dans les vallées pour faire des couronnes à vos enfants, parlez-leur de toute la pureté et du bonheur de votre enfance.

Garçons du pays du soleil, je sais que vous ne pouvez plus vous asseoir, chanter et rire avec vos camarades de classe, parce qu’après la tristesse d’être devenus des hommes, vous devez faire face à la douleur de devoir “gagner du pain”. Rappelez-vous de ne pas tourner le dos à vos poèmes, à vos chansons, à vos Leyla et à vos rêves. Apprenez à vos enfants à être des enfants “des poèmes et des pluies” pour leur terre, pour le présent, et pour demain.

Je vous quitte pour le vent et le soleil pour qu’ainsi, dans un futur proche, vous chantiez les leçons de l’amour et de la sincérité à votre terre.

Votre ami d’enfance, camarade de jeu et instituteur, Farzad Kamangar,

28 février 2008

[1] “Le père apporte le pain” est le premier texte des livres de lecture en farsi pour les enfants des écoles élémentaires en Iran.

[2]Amoo Zanjir Baaf (Monsieur Constructeur de Chaîne) est un vieux jeu perse pour enfants.

[3] Ahura Mazda est une ancienne divinité zoroastrienne.


Manifs de solidarité un peu partout en europe, et colére dans les universités en Iran

(...)

La situation reste très tendue un peu partout dans le pays ou la répression frappe de nouveau de maniéré aveugle et brutale le régime est acculé et il sait que de nouvelles démonstrations et manifs sauvage auront lieues dans tout le pays vers le 12 juin qui marquera une année de lutte et de répression barbare contre le peuple iranien

Un nouvel appel a la grève générale vient d’être lancé au nord dans la région du kurdistan iranien des militants syndicalistes ouvrier appellent à la grève générale au Kurdistan le jeudi 13 mai suite aux cinq meurtres de prisonniers politiques commis dimanche par la République Islamique. Le communiqué appelle ainsi “ toute la population kurde, les travailleurs, étudiants, enseignants, élèves, commerçants et employés à cesser le travail jeudi dans les usines, les ateliers, les écoles, les universités, les bureaux et les commerces en signe de protestation contre ce crime brutal et pour commémorer la mémoire de celles et ceux que nous aimions” .

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