Une tribune pour les luttes

Grève des chômeurs :

Occupation en cours d’une plate-forme 39 49 de Pôle emploi (Noisy)

+ Lettre ouverte des chômeurs grévistes aux conseillers de Pôle Emploi

Article mis en ligne le mercredi 12 mai 2010

Depuis 11h50, la plate-forme 39 49 de Pôle emploi, 480 Clos de la Courtine à Noisy-le-Grand est occupée par la grève des chômeurs.

Les occupants ont commencés à débattre avec les salariés embauché en CDD pour faire fonctionner la machine kafkaïenne du Pôle. Ici au nombre de 120, ils sont principalement chargés du traitement de masse (les inscriptions et non l’ouverture de droits, qui ne concerne que la moitié des chômeurs).

Nous interpellons actuellement la direction régionale de Pôle emploi afin d’obtenir des réponses à quelques questions essentielles (voir plus bas)


- Flicage des usagers et du personnel avec le suivi mensuel obligatoire
- Harcèlement du chômeur avec l’offre raisonnable d’emploi
- Gestion comptable des êtres pour atteindre des objectifs, mais lesquels ?
- Paillasson pour des boites d’intérim gourmandes
- Collaboration à la nauséabonde chasse aux sans-papiers

Cette logique insupportable s’affiche clairement dès l’entrée à Pôle emploi.
Notre premier contact ne se faisant plus qu’avec un téléphone et une machine vocale à qui l’on parle, et que l’on finit par confondre avec les conseillers humains, tant l’écoute et la compréhension semblent absentes de cette plateforme.

Nous voulons être conseillés et non baladés !

Nous voulons un véritable accompagnement adapté à chacun et non un accès standardisé !

Nous refusons la substitution d’un véritable accueil physique par un ersatz coûteux, peu pratique et discriminatoire.

Nous refusons d’être des victimes !

Nous agissons ici comme dans une vingtaine de villes de France, où des actions similaires sont menées depuis le début de la grève le 3 mai (voir http://www.cip-idf.org/).

Nous appelons les chômeurs, intermittents et précaires à rejoindre les initiatives et collectifs existants dans l’action ce lundi 17 mai et à créer partout où c’est possible de nouveaux collectifs pour renforcer la grève des chômeurs

Le suivi mensuel imposé avec convocation sous peine de radiation va être supprimé fin mai, nous voulons que cette mesure soit immédiatement appliquée, que l’information sur les droits devienne une priorité de Pôle emploi, un accompagnement librement choisi à un rythme déterminé par les usagers et selon la disponibilité des conseillers

Nous voulons également :

1. Savoir quel est le nombre de radiations, et quels sont leurs motifs, sur l’Ïle de France ?

2. Être informé du nombre de chômeurs franciliens dirigés vers la sous-traitance et du nom des entreprises de coaching qui les suivent.

3. L’obtention de panneaux d’affichages aux associations et collectifs de chômeurs, intermittents et précaires.

4. La liberté d’information et de parole dans les Pôle Emploi (arrêt des expulsions par la direction ou la police.) La possibilité de tenir des permanences ouvertes dans les Pôles emplois pour les collectifs qui le souhaitent quand bon leur semble.

5. L’organisation d’une « journée blanche » dans Pôle emploi sous dix jours pour rencontrer les agents collectivement, sans la présence de leurs directions, sans perte de salaires pour les conseillers.

6. Arrêt des sanctions et radiations, aussi bien humaines qu’informatisées et l’abrogation de l’Offre Raisonnable d’emploi, pour la liberté de choix de son emploi

7. La suppression des lampes bleues (contrôlant l’authenticité des papiers) servant à traquer les personnes sans papiers

8. Le Demantèlement du DUDE (logiciel de caractérologie) utilisé par Pôle emploi et les boîtes de coaching

9. La suppression du 39 49 et la mise en place d’un nouveau numéro gratuit vers un conseiller local

10. Inconditionnalité du RSA, à partir de 16 ans, RSA socle au SMIC/jour, pas de RSA "chapeau" au dessous du SMIC, augmentation générale des bas salaires, rétablissement et extension des droits connexes (allocations logement, CMU, transports gratuits...)

11. Mise à disposition par le gouvernement et Pôle Emploi d’une information fiable, claire et indépendante sur les droits des allocataires, les politiques de l’emploi, les lois et décrets en vigueur et en projet

12. L’arrêt de la sous-traitance et de l’externalisation des services du Pôle Emploi à des opérateurs privés

Des chômeurs, intermittents et précaires en grève.


Lettre ouverte des chômeurs grévistes aux conseillers de Pôle Emploi

Vous n’êtes pas sans savoir que, depuis lundi 3 mai, plusieurs dizaines de précaires ont commencé une « grève des chômeurs » à Rennes, mouvement relayé dans un certain nombre de villes telles que Paris, Montreuil, Brest, Caen, Nantes, Tours… La plupart des agences de Rennes, jusqu’aux directions, ont vu un certain nombre d’entre nous « envahir » leurs locaux.

Vous le savez également : nous n’agissons pas contre vous. En 2008 et 2009, nous sommes venus à trois reprises marquer notre soutien à vos journées de grève contre la manière dont s’est opérée la fusion, et faire nôtres toutes vos revendications. Jamais nous n’avons manifesté vis-à-vis des conseillers la moindre agressivité, même si la morgue de vos directions peut difficilement susciter, vous en conviendrez, autre chose que de l’hostilité.

Pourtant, nous devons constater que notre présence suscite chez certains d’entre vous de la gêne, de la tension, quand ce n’est pas de l’exaspération. Que nous accompagnions des chômeurs souvent découragés, injustement privés de leur droits aux allocations du fait des dysfonctionnements quotidiens d’une institution inadaptée à tous points de vue à la situation (moyens, offres d’emploi et prestations proposées…), cela fait grincer les dents à plus d’un, et pas seulement à la direction.

Nous croyons que pour quelques uns d’entre vous, un chômeur n’est rien d’autre qu’un chercheur d’emploi, quelqu’un dont toutes les pensées, s’il est normalement constitué, doivent être mobilisées à cette unique fin, faute de quoi il peut être dit responsable, et coupable de sa situation. Manifester son mécontentement du fonctionnement des institutions, c’est déjà se dérober à un tel devoir. Pire, accompagner d’autres chômeurs, c’est s’endurcir dans le mal, et risquer d’en contaminer d’autres. Ces accompagnements ont le tort de rendre visible l’ampleur de la violence institutionnelle, la disproportion des forces entre un précaire isolé et l’appareil d’Etat néolibéral que l’on vous demande d’incarner. En fait, ils mettent à mal le difficile exercice, à la base de votre fonction, de mettre en conformité votre conscience personnelle et professionnelle et l’adhésion qu’exige de vous l’institution, adhésion dont nous voulons bien croire qu’elle est toute relative.

Cette adhésion « malgré tout » explique à nos yeux l’incessant report, malgré nos propositions en ce sens, du moment où il s’agira de résister ouvertement, c’est-à-dire de commence à lutter à nos côtés.

Opposer, comme certains d’entre vous l’ont fait à Rennes Saint Louis, votre professionnalisme d’accompagnateurs des demandeurs d’emploi à l’accompagnement collectif, à l’organisation collective des chômeurs et précaires, c’est nous dénier toute capacité d’être sujets et pas seulement objets des discours et des statistiques institutionnelles, objets des « politiques de l’emploi » dont nous sommes encore et toujours les cobayes plein de bonne volonté. Nous ne voulons pas être les « clients » de Pôle Emploi : un « client » a pour vocation d’être tondu.

Pour nous, un chômeur, un salarié, est d’abord un sujet politique. Et s’il faut toujours biaiser, manœuvrer, être pragmatique parce qu’« il faut bien manger », nous ne confondons pas ce « faire avec » les « dures lois de l’économie et de la conjoncture » avec l’exigence politique, celle de l’égalité, selon laquelle un chômeur, un salarié, un directeur de Pôle Emploi, un employeur doivent être amenés à discuter publiquement, d’égal à égal, des griefs qu’ils éprouvent les uns envers les autres.

S’il faut assurément un grand courage pour faire votre métier dans les circonstances actuelles, un tel courage est effectivement tout ce que votre direction, depuis l’agence locale jusqu’à Charpy et Sarkozy, vous demandent de faire preuve, indépendamment des différences d’interprétation très importantes quant à la manière de l’exercer. Quand le bateau coule, on n’y regarde pas de si près. D’entrer en relation avec nous, d’accepter la discussion, de vous poser très sincèrement la question des gestes de solidarité qui pourraient ouvrir les possibilités de liaison et de lutte commune, voilà qui serait faire preuve d’un courage qu’à coup sûr vos (nos) dirigeants ne sauraient encourager. Gageons qu’un tel acte serait plus concret et conséquent que l’attente des improbables « lendemains qui chantent ( ?) » de la reprise économique.

Vive la grève des chômeurs et précaires !
Vive la grève des agents de Pôle Emploi !
Pour un service public de l’emploi coopératif et égalitaire !

Le Collectif du 3 Mai -

http://collectifdu3mai.blog-libre.net

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