Une tribune pour les luttes

Communiqué de l’ACAT

France-Libye
Les dangers de l’externalisation de l’asile

+ Déclaration des Expulsés Maliens du 3 Mai 2010 de la Libye

Article mis en ligne le dimanche 16 mai 2010

http://www.acatfrance.fr/appel_mois.php?id=45#situation

L’Union européenne se barricade et délocalise le contrôle de ses frontières en confiant à des États tiers la mission de protéger les demandeurs d’asile. La Libye est son nouveau sous-traitant.

L’Union européenne (UE) s’est fixé comme priorité pour 2012 la mise en place d’un régime d’asile européen commun (RAEC) fondé sur une procédure d’asile commune aux États membres et un statut uniforme pour les réfugiés.

Parallèlement, l’UE entend accroître l’imperméabilité de ses frontières en soustraitant à des pays tiers le contrôle des flux migratoires à destination de l’Europe et le traitement des demandes d’asile. C’est ce qu’on appelle la dimension extérieure de l’asile ou externalisation, qui devient une composante-clé de la politique européenne de voisinage.


QUAND L’EUROPE SOUS-TRAITE LA PROTECTION DES RÉFUGIÉS

Ce processus d’externalisation s’est accéléré à partir de 2004, avec la création de l’agence Frontex, bras armé du contrôle à l’extérieur des frontières européennes, qui mène des opérations terrestres et d’interception maritime en Méditerranée. Les formes concrètes prises par l’externalisation varient selon les pays avec lesquels elle est négociée. L’UE les aide à financer des camps de détention pour les migrants et leur apporte des aides financières et techniques pour les contenir à l’extérieur des frontières européennes.

Les conséquences en sont désastreuses. Les migrants se cachent pour échapper à la police locale dont les interventions musclées sont parfois meurtrières. Ils sont incités à emprunter des routes toujours plus dangereuses pour éviter les contrôles. Entre 1988 et 2008, 15 000 personnes seraient mortes au cours de leur exil vers l’Europe.

En Libye, ceux qui sont arrêtés - femmes et enfants compris - sont parqués dans des camps militarisés fermés et sont généralement soustraits à la protection des droits fondamentaux dont ils devraient normalement bénéficier s’ils étaient sur le territoire de l’UE. La loi libyenne ne prévoit aucune limite à la durée de la détention.


LA LIBYE, NOUVELLE TERRE D’ACCUEIL DES DEMANDEURS D’ASILE ?

L’UE négocie actuellement avec la Libye un programme de coopération qui prévoirait notamment l’aménagement de camps de transit où seraient détenus les demandeurs d’asile. Les demandes d’asile seraient examinées sur place par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et non plus sur le sol européen.

Selon le HCR, la situation en Libye est pourtant « effrayante » et le pays « n’est pas en mesure d’établir un espace de protection pour les demandeurs d’asile de bonne foi ». La Libye n’est même pas partie à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés.
De plus, rien n’oblige les États européens à accueillir ceux reconnus réfugiés par le HCR. Ces derniers pourront ainsi demeurer indéfiniment sur le territoire libyen, sans protection réelle.

> Zoom - ASSASSINATS D’EXILÉS SOMALIENS PAR LA POLICE LIBYENNE

Le 10 août 2009, des gardiens de la prison de Ganfuda, dans le désert libyen, ont ouvert le feu sur un groupe d’exilés somaliens et nigérians qui tentaient de s’échapper de la prison par la grille laissée ouverte. 20 Somaliens ont été tués. Près d’une heure après, les gardiens se sont vengés sur les autres migrants détenus en les passant à tabac.
Cet évènement est symptomatique du traitement réservé aux migrants, détenus parfois pendant plusieurs années dans des conditions inhumaines. Ils sont enfermés dans des cellules surpeuplées, humiliés, battus, voire torturés à l’électricité s’ils osent contester leurs conditions de détention.

Ces migrants ont pour seul tort d’avoir fui leur pays et emprunté la longue et dangereuse route de l’exil pour trouver refuge en Europe.

Agir

Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République Française
Palais de l’Élysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Monsieur le Président,

À l’initiative de la France, le Conseil européen « Justice et Affaires Intérieures » (JAI) sur la lutte contre l’immigration irrégulière en Méditerranée, du 25 février 2010, a affirmé la nécessité de coopérer avec la Libye pour délocaliser les contrôles des frontières de l’Union européenne. Cette délocalisation conduit à externaliser l’asile en dehors du territoire européen, dans un pays qui n’est pas signataire de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés.

Par ailleurs, les conditions d’accueil des migrants en Libye sont effrayantes et, selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), ce pays « n’est pas en mesure d’établir un espace de protection pour les demandeurs d’asile de bonne foi ».

Ces informations reçues par l’ACAT-France m’inquiètent tout particulièrement car elles signifient que l’Union européenne renonce progressivement au droit d’asile dans l’espace européen, en violation du principe de non-refoulement des personnes ayant fui des persécutions.

C’est pourquoi, je vous demande instamment :

* de refuser la disparition progressive de l’accueil sur le territoire européen des demandeurs d’asile ;
* de prendre position afin que cette externalisation ne puisse être décidée ou mise en oeuvre qu’avec des États respectueux des normes internationales en matière de protection des droits de l’Homme.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.


Déclaration des Expulsés Maliens du 3 Mai 2010 de la Libye

Nous, les 149 expulsés maliens en provenance de la Libye le 03 mai 2010, soutenu par l’Association Malienne des Expulsions et le Mouvement des Sans Voix, après avoir passé entre un an et dix ans en Libye, et travaillant dans presque tous les secteurs de l’économie libyenne, avons été arrêté comme des vulgaires criminelles dans nos foyers respectifs en Libye, et emprisonnés pendant plusieurs mois dans les différentes geôles libyennes. Nous avons connu pendant notre incarcération la torture, la diète et toutes les sortes de tortures physiques et morales. S’ajoute à nous, des milliers de migrants de toutes les nationalités (Sénégalais, Guinéens, Ivoirien, Tchadien, Camerounais, Nigériens, Egyptiens, Marocains, Algériens,…) qui sont toujours aujourd’hui prisonniers dans les geôles libyennes.

Après avoir été acheminés à Bamako, nous avons été accueillis avec froid et méfiance, car des centaines de policiers, de gendarmes, et de sapeurs pompiers armés de gourdin, de gaz lacrymogène étaient déployés à l’aéroport de Bamako- Senou comme si nous étions des bandits de grand chemin.

Aujourd’hui, nous sommes abandonnés par les pouvoirs politiques et dispersés dans Bamako sans soutien ni assistance après avoir été dépouillé de nos biens (argent, matériel) en Libye.

Nous dénonçons le régime policier libyen qui s’est totalement transformé en gendarme des frontières de l’Europe.

Nous dénonçons également les politiques xénophobes et racistes (Frontex, directive retour, accords de réadmission…) de l’Union Européenne qui sont sources de répression et d’inégalités.

Nous informons l’opinion nationale malienne, africaine et internationale que plus de dix mille migrants sont détenus dans les prisons libyennes, et que si les bonnes volontés n’interviennent pas, ceux-ci vont mourir à petit feu.

Ces prisons dont les noms sont Sabah, Barack, Guessan Benghazirif, Albarkati … sont aujourd’hui les nouveaux camps de « concentration » dans lesquelles ont détient « les migrants » et dans l’indifférence totale de nos gouvernements et ambassades des pays de l’Afrique subsaharienne.

Nous dénonçons le silence et mutisme des autorités maliennes face à ces agissements des violations flagrantes des droits de l’homme.

Nous exigeons :

- L’arrêt immédiat des expulsions partout en Afrique et en Europe ;
- La libération immédiate de tous les migrants prisonniers en Libye et ailleurs ;
- Que nos biens nous soient restitués ;
- Qu’il y est dédommagement.

Fait à Bamako le 13 mai 2010

Pour les 149 expulsés de la Libye
Satigui Sidibé et les autres expulsés.

Soutenu par :

Premiers signataires : Mouvement des Sans Voix Mali, Association Malienne des Expulsés,

Merci d’envoyer ce communiqué avec votre soutien et signature, aux autorités Maliennes et Libyennes.

AMBASSADE DE LIBYE AU MALI

AMBASSADEUR : SEM Ali Mohamed Ramadan Al
MAGOURI
Zone ACI 2000
Tél : +223 222 25 18
Fax : +223 222 34 96

CONSULAT DE LIBYE AU MALI
Bureau Populaire de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste

Ambassadeur : Dr. Salaheddin Ahmed ZAREM
Badala Ouest, face Palais de la culture
Tél : (223) 222 34 96
Fax : (223) 222 66 97

POUR ENVOYER DES FAXS GRATUITEMENT DEPUIS INTERNET :
Essai 30 jours gratuits, pour fax à l’international :
_ http://home.efax.com/s/r/fr/11milli...

Présidence de la République du Mali :
A l’attention de Amadou Toumani Toure :
http://www.koulouba.pr.ml/spip.php?page=contact

Ministère des Maliens de l’Extérieur
et de l’Intégration Africaine
Cité du Niger
Route de l’Hotel Mandé
Tél. +223 221 81 48 - +223 221 81 49
Fax. +223 221 25 05

Badra Alou MACALOU
Ministre ministre chez mmeia.gov.ml

Mamady TRAORE
Secrétaire général mtraore chez mmeia.gov.ml

Amadou SOULALE
Conseiller Technique Chargé des Maliens de l’Extérieur
asoulale chez mmeia.gov.ml

Seydou KEÏTA
Conseiller Technique Chargé des questions Migratoires
_ skeita chez mmeia.gov.ml

Abdramane BOUARE
Chef de Cabinet abouare chez mmeia.gov.ml

maliensdelexterieur chez yahoo.fr

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