Une tribune pour les luttes

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Arrestation de 4 militant(e)s à Paris dimanche 6 juin

lors de la distribution d’un tract concernant la Croix rouge.

Article mis en ligne le mardi 8 juin 2010

Après 24 heures de mobilisation intense (mini-rassemblements, très nombreux coups de téléphone, les militant(e)s arrêté(e)s lors de la distribution de tracts ont été libéré(e)s et remercient du soutien :

"Juste un mot : merci à toutes et tous pour vos nombreuses interventions devant le commissariat et au téléphone (pendant nos auditions on entendait que vous téléphoniez) et désolé(e)s d’avoir occupé tant d’énergie alors que tout le monde est déjà fort occupé. En tout cas ça fait chaud au coeur
(...)
Voici le texte du tract à cause duquel nous nous sommes faits/es arrêter, tract destiné à expliquer en cette période de quête nationale certains aspects du travail de la Croix Rouge concernant les sans-papiers.

Tract distribué :

Quand vous entendez parler de la Croix Rouge, sans doute pensez vous à un organisme de charité qui aiderait les plus démunis partout dans le monde. En réalité la Croix Rouge est surtout une société qui prospère sur le dos de la misère humaine et aide les gouvernements quels qu’ils soient à trier, enfermer, déporter toutes celles et ceux qu’ils ont décrétés indésirables.

En Europe la Croix Rouge participe aux charters organisés par l’agence européenne de contrôle aux frontières Frontex. Ces charters ont permis de déporter 1 622 personnes en 2009 et il est prévu qu’ils en déportent le double en 2010. La Croix Rouge est présente sur ces vols en tant qu’observateur neutre. Grâce à elle les Etats européens peuvent dire qu’ils expulsent dignement et avec humanité. Les remarques éventuelles qui pourraient être faites par leur observateur ne peuvent être rendues publiques.

Ainsi, au Luxembourg, où elle participe aux charters d’expulsion. Dans un communiqué de presse publié en 2007, la Croix Rouge reconnaît que « Malgré l’absence d’une convention cadre officielle, la Croix Rouge a accompagné, depuis le mois d’aout 2007, 6 retours forcés vers Pristina, Sarajevo, Skopje, Lagos, Conakry et Abuja, comprenant des adultes célibataires et des familles avec leurs enfants. La Croix Rouge assume son rôle avec la plus grande discrétion et confidentialité sur les expulsions et les conditions rencontrées. Elle rédige par ailleurs après chaque mission un rapport confidentiel à l’intention des autorités compétentes. »

En France la Croix Rouge participe avec la même discrétion à tous les charters d’expulsion mais il n’y a pas que dans les avions qu’elle est aux côtés des flics. En effet, dans toutes les évacuations de
campements Roms ou de certains gros squatts elle est présente avec les forces de l’ordre. Son sigle est utilisé comme caution humanitaire et ses véhicules transportent les expulsés pour les éloigner des lieux d’où on les a chassés ou pour les emmener au commissariat. La Croix Rouge est également rémunérée pour travailler dans la zone d’attente de Roissy, une prison où sont enfermés hommes, femmes et enfants à qui l’accès au territoire français est refusé. Aucun témoignage ne peut en sortir, cela fait partie du contrat. Si un employé se risquait à déroger à cette règle il serait poursuivi en justice par la Croix rouge elle même, comme Anne de Loisy pour la publication de son livre : « Bienvenue en France  ».

En ltalie, la Croix Rouge assure la gestion de plusieurs centres d’identification et d’expulsion, c’est à dire des prisons où les personnes sans papiers peuvent être enfermées pendant 6 mois en attendant d’être reconnues pour être expulsées.
Elle participe également au fichage ethnique des Roms ordonné par le gouvernement italien en allant dans les campements pour relever les empreintes de leurs habitants,

Au Danemark la Croix Rouge gère 7 des 9 centres de rétention présents sur le territoire.

En Espagne, elle accueille les réfugiés qui débarquent pour leur donner à boire puis les livrer aux flics. Elle collabore aux centres d’internement pour étrangers dont celui ouvert par le gouvernement espagnol en Mauritanie pour enfermer les candidats à
l’immigration directement sur leur lieu de départ et qui, en référence aux conditions de vie infligées aux prisonniers, est surnommé Guantanamito (le petit Guantanamo).

Toutes ces activités, la Croix Rouge les cautionne.
La Croix rouge revendique les exercer dans la plus parfaite neutralité et en toute impartialité. La neutralité et l’impartialité, cela signifie que même si elle constate des «  dysfonctionnements » lors d’une de ces missions d’enfermement ou d’accompagnement d’un charter de déportation, la Croix Rouge n’en fera pas part au public. Au mieux, elle rédigera un rapport aux autorités.
En contre-partie de ses missions d’assistance de la police dans les centres de rétention ou les avions, comme tout collaborateur, la Croix Rouge est rémunérée. En plus de cette rémunération, elle se voit aussi distribuer des dons, la plupart de ses dons étant attribués par les gouvernements et la commission européenne.
Rappelons nous le poids de la neutralité de la Croix Rouge durant la 2ème guerre mondiale.
L’organisme de charité pouvait exercer un droit de visite dans les camps de concentration. On sait aujourd’hui ce qui s’y est passé on peut donc s’interroger sur le rôle et l’utilité réelle de la croix rouge.

Pour un monde sans frontières

Liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous


Témoignage :

Le samedi 5 juin la semaine nationale de quête de la Croix Rouge a commencé. La Croix Rouge, au-delà de son image humanitaire, est aussi une entreprise qui participe à l’enfermement et à l’expulsion des sans-papiers.

Le dimanche 6 juin, avec plusieurs personnes, nous sommes allé/es informer les potentiels donateurs des activité moins connues de l’organisme humanitaire en distribuant des tracts et des affiches et en posant quelques pochoirs.

Quelques un/es d’entre nous s’arrêtent vers Jacques Bonsergent, à deux pas de la boutique de la Croix Rouge de la rue Albert Thomas pour informer les automobilistes qui étaient rackettés par une quêteuse.
Devant le succès que nous rencontrons, ladite quêteuse, furieuse et indignée («  Vous êtes ignobles ! Ignobles ! La croix rouge a envoyé deux containers à Haïti ! »), file prévenir ses collègues qui se trouvaient dans la boutique.
Nous continuons notre chemin et engageons la conversation avec plusieurs passants au bord du canal Saint Martin. C’est alors que deux croisés, un homme et une femme, se précipitent sur nous, brandissant un tract et hurlant qu’on avait dégradé leurs locaux et qu’on les traitait de nazis. Visiblement ils venaient de la boutique de la rue Albert Thomas et nous pourchassaient, hystériques, dans le quartier.
La femme sort alors son portable et commence à nous filmer et nous photographier. Quand nous lui avons demandé d’arrêter, elle est devenue très agressive.

Nous décidons de rompre la « conversation » et de continuer tranquillement le long du canal, diffusant les tracts et discutant avec les promeneurs.
Une voiture de police est alors arrivée et s’est dirigée vers les deux croisés, toujours à nos trousses.
Nous avancions vers la rue du faubourg Saint Martin quand tout à coup une voiture de flics s’arrête à notre hauteur, suivie par une autre de la Croix Rouge et deux véhicules de police. Alors que nous sommes entouré/es par des policiers, un des employés de la Croix Rouge leur crie :« Il y en avait d’autres ! Il y en avait d’autres ! ». Des flics en civil continuent alors leur traque dans le quartier tandis que nous sommes emmené/es au commissariat de la rue de Nancy, escorté/es par la voiture de la Croix Rouge.
Après 3 heures d’attente pendant lesquelles nous avons saisi des bribes de la déposition de la Croix rouge qui tenait absolument à porter plainte, apparemment sans succès, contre d’imaginaires dégradations, nous sommes auditionné/es. Les flics nous laissent miroiter une sortie prochaine parce que «  vraiment c’est pas l’affaire du siècle ».

Nous refusons de répondre à leurs questions, ce qui les énerve « Bah alors vous assumez pas vos actes » ; « Il faut avoir le courage de vos opinions » « Bah maintenant vous allez avoir une amende et avec ça c’est vous qui financerez les centres de rétention »
Alors que tout semble fini, ils décident de nous mettre en garde à vue au prétexte de refus d’empreintes et de photos.
Le lendemain matin, visite surprise : c’est la brigade criminelle ! Ils nous posent toute une série de questions à propos de diverses actions menées contre la Croix Rouge depuis plusieurs mois, des actions allant de l’engluage de serrure au pneu crevé en passant par des bris de vitrines, des collages d’affiches et des tags.
Nous sommes finalement libéré/es en début d’après-midi avec une citation à comparaître au TGI de Paris le 3 septembre pour refus d’empreintes et de signalisation.

Une fois de plus la Croix Rouge s’est illustrée par ses talents d’auxiliaires de police en nous traquant, nous filmant, nous dénonçant et en s’acharnant pour porter plainte contre des dégradations imaginaires.
Nous remercions les nombreuses personnes qui ont manifesté leur solidarité en téléphonant au commissariat et à la Croix Rouge du 10ème arrondissement et qui se sont rassemblées devant le commissariat.

N’hésitons pas à faire connaître les agissements de cet organisme autour de nous et n’oublions pas, pas de fric pour les collabos, pas de fric pour la Croix Rouge !

Les 4.

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