Une tribune pour les luttes

Laboratoire de l’Égalité ( Une plateforme de rencontre et de mobilisation pour l’égalité professionnelle)

Retraite des femmes :
Réveillons-nous, toutes et tous.

Article mis en ligne le mercredi 15 septembre 2010

Des parlementaires jugent que le texte aggrave les inégalités entre
sexes. Ils ont saisi la Haute Autorité de lutte contre les
discriminations

" Nous
considérons que certaines mesures existantes et/ou figurant dans le
projet de loi de réforme des retraites constituent des discriminations
indirectes envers les femmes "
, écrivent dans une lettre datée du 30 août ces élus du PCF, des Verts et
du Parti de gauche
au nom d’un collectif composé
notamment d’Attac, de la fondation Copernic , de la Fédération
syndicale unitaire (FSU), du NPA et du Collectif national pour les
droits des femmes
.

"Le report à 62 ans de l’âge légal et à 67 ans de
l’âge du taux plein touchera de plein fouet les femmes. Ce sont en
effet elles qui s’arrêtent déjà le plus tard : une femme sur trois
part à plus de 65 ans contre seulement un homme sur vingt.

L’allongement de la durée de cotisation - 41,5
annuités en 2020 - aggravera, lui aussi, les difficultés des femmes,
qui ont déjà du mal à réunir les trimestres nécessaires. : en 2007,
seules 44 % d’entre elles parvenaient à valider une carrière complète
contre 86 % des hommes. Elles devront donc " soit prendre leur
retraite à un âge plus tardif, soit subir une décote plus forte
puisqu’elles seront en moyenne encore plus loin que les hommes de la
durée exigée ".

Le projet de loi sur les retraites
constitue donc une discrimination indirecte, c’est-à-dire une disposition
apparemment neutre qui désavantage en réalité les femmes. " Cette
réforme va concerner, en absolu comme en relatif, beaucoup plus de
femmes que d’hommes et obliger celles-ci à attendre plus longtemps
leur pension, le plus souvent hors emploi, et avec des revenus
précaires ".



Pétition à signer sur

http://laboratoiredelegalite.wordpress.com/petition/

Déjà plus de 6000 signataires !

Le projet de loi sur la réforme des retraites sera débattu devant l’Assemblée nationale en septembre. Le recul de l’âge légal de la retraite a accaparé toutes les attentions et a occulté un point fondamental : au terme de cette réforme, la situation des femmes, déjà bien pire que celle des hommes, sera encore aggravée.
Les pensions qu’elles obtiennent aujourd’hui par leur propre travail sont inférieures de 42% à celles des hommes. Ces pensions s’élèvent en moyenne à 825 € contre 1 425 € pour les hommes : 600 € d’écart ! Un peu moins de la moitié des femmes arrive à valider une carrière complète contre 86% des hommes retraités.
Contrairement à ce qui est annoncé – puisqu’elles travaillent désormais « comme les hommes », elles toucheraient, à l’avenir des pensions « comme les hommes » – les inégalités vont persister : en 2040-2050, leurs retraites resteront inférieures de 30%, selon les projections.

Des inégalités qui ne peuvent se réduire au seul congé maternité
Les inégalités de retraite subies par les femmes sont la conséquence de leurs carrières hachées : taux d’activité plus faible que celui des hommes, chômage plus élevé, concentration dans les métiers peu reconnus socialement et financièrement, salaires inférieurs de 25% en moyenne, interruptions d’activité liées aux enfants et à la prise en charge des personnes âgées, temps partiel (30% des femmes en emploi).
Face à ces multiples sources d’inégalités, le projet de loi sur les retraites propose une mesurette : prendre en compte les indemnités journalières liées au congé maternité dans le calcul des droits à retraite ! Un bonus de 16 semaines sur 40 ans de vie active, quelle générosité !

La réforme entraîne les femmes vers la précarité et la dépendance.
Non seulement les inégalités qui expliquent la différence de situation des hommes et des femmes à la retraite n’ont pas été corrigées mais la réforme va les augmenter considérablement : alors qu’une partie des femmes devait attendre 65 ans pour toucher une retraite à taux plein sans décote, c’est maintenant l’âge de 67 ans qu’elles vont devoir attendre ! Cette mesure va donc frapper de plein fouet toutes les femmes qui, s’étant interrompues pour élever leurs enfants, devront travailler plus longtemps avant d’accéder à la retraite à taux plein. Sans compter toutes celles – et tous ceux – qui verront simplement s’allonger la période pendant laquelle ils n’ont ni travail ni droit de toucher leur pension. Alors qu’elles forment déjà le gros des bataillons des allocataires du minimum vieillesse, gageons que le nombre de femmes pauvres augmentera encore.


Tour de passe-passe sur l’égalité professionnelle

De façon très surprenante, le gouvernement a glissé dans son projet de réforme un article (article 13) qui ne concerne pas du tout les retraites mais l’égalité professionnelle. Alors que les entreprises doivent mener des négociations dans ce domaine, seule une minorité s’y soumet réellement (moins de 10%). En 2006, les responsables politiques ont annoncé que les inégalités salariales n’existeraient plus en 2010 : on en est loin. Quand les progrès ne viennent pas naturellement, les sanctions deviennent malheureusement nécessaires pour stimuler les entreprises indifférentes. Le projet de loi sur les retraites opère un tour de passe-passe : les entreprises qui ne produisent pas de rapport sur la situation des hommes et des femmes en entreprise seront sanctionnées, pas celles qui ne négocient pas. C’est un immense recul ! Par cette petite mesure, le gouvernement pourrait se croire dispensé, à l’avenir, de promouvoir l’égalité professionnelle.

Le Laboratoire de l’Egalité demande donc au gouvernement de :

* Produire une analyse par genre de l’impact de la réforme des retraites actuellement proposée.

* Corriger les inégalités actuelles et améliorer les retraites des femmes :
- augmenter les minima
- améliorer la validation des périodes de temps partiel ou d’interruption
- étendre le principe de la réversion aux conjoint-es pacsé-es

* Supprimer dans l’article 3 du projet de loi le report de 65 à 67 ans pour l’âge d’attribution de la retraite à taux plein.

* Engager une loi sur l’égalité professionnelle précisant enfin les modalités des sanctions prévues par la loi de 2006 pour « supprimer les écarts de rémunération ».

* Réduire les causes structurelles des écarts de salaire entre les femmes et les hommes :
- développer des modes d’accueil des jeunes enfants (créer 500 000 places)
- réformer le congé parental
- lutter contre le temps partiel subi et contre les discriminations

Soyons nombreuses et nombreux, faites passer le lien
http://laboratoiredelegalite.wordpress.com/petition/


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