Une tribune pour les luttes

Sciences citoyennes

Soutien à Gilles-Eric Séralini

Professeur à l’Université de Caen, et co-directeur du Pôle pluridisciplinaire « Risques », spécialisé dans l’étude des effets des pesticides et OGM sur la santé
et à ses collègues - Joël Spiroux de Vendômois, Dominique Cellier

Article mis en ligne le mercredi 29 septembre 2010

Nous vous invitons à signer la lettre de soutien au professeur Gilles-Eric Séralini et ses collègues - Joël Spiroux de Vendômois, Dominique Cellier - qui sont depuis quelques semaines la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique, et qui vont jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de leurs travaux de recherche (position académique, financements). Nous vous proposons deux formulaires de signatures - un formulaire réservé aux chercheurs académiques, pour mettre en avant un soutien interne à la communauté scientifique et un formulaire « grand public » pour rendre plus visible l’intérêt et le soutien de l’ensemble de la société civile.

http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1801

Pour le respect de la controverse scientifique et de
l’expertise contradictoire

Soutien à Gilles-Eric Séralini et à ses co-auteurs

La controverse entre chercheurs, organisée au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs
essentiels de la construction des savoirs. Pour être reconnu, un résultat doit avoir résisté à toutes les
tentatives d’invalidation par les collègues.

Plus encore, lorsque des travaux scientifiques ont des conséquences sociales, économiques et politiques
importantes, la possibilité de développer ces postures critiques et de garantir les conditions d’une expertise
pluraliste, devient le garant d’un bon fonctionnement démocratique. Comment prendre les bonnes décisions
lorsque certaines voies de recherche sont systématiquement écartées, avant même d’avoir été sereinement
explorées ?

En matière d’étude de l’effet des plantes génétiquement modifiées sur la santé, ce respect de la controverse
scientifique n’est pourtant pas de mise. La grande majorité des chercheurs qui publient des résultats
suggérant des effets d’OGM jusqu’alors insoupçonnés (effets sur la santé ou sur l’environnement) est la cible
de campagnes de dénigrement provenant de membres influents de la communauté scientifique (
Waltz E. Battlefield, Nature 2009).

La France n’est pas en reste comme en témoigne la situation actuelle de Gilles-Eric Séralini, professeur de
biologie moléculaire à l’Université de Caen et co-directeur du Pôle pluridisciplinaire « Risques », spécialisé
dans l’étude des effets des pesticides et OGM sur la santé.
GE Séralini et ses collègues ont mené des contre-
expertises de données fournies par Monsanto pour justifier de la commercialisation de 3 de ses maïs OGM
(MON 863, MON 810, NK 603). Leurs travaux remettent en question la capacité pour ces données de
démontrer formellement l’innocuité des trois maïs (suivi des rats trop court, puissance de l’analyse statistique
insuffisante). Contrairement aux analyses réalisées par la firme, les travaux de GE Séralini et de ses
collègues ont été soumis au processus d’évaluation critique par les pairs avant d’être publiés en 2007 et en
2009.

Ces résultats interrogeant le bien fondé des autorisations octroyées par la Commission Européenne sur
avis de l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) pour la consommation animale et humaine de
ces trois maïs, il n’est pas étonnant qu’ils aient suscité de vives réactions de Monsanto, de l’EFSA ou encore
de l’Office de contrôle des aliments d’Australie et de Nouvelle Zélande.
Mais depuis quelques semaines, GE
Séralini est la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique
et qui vont jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de ses travaux de recherche
(position académique, financements).

Nous, chercheurs signataires de ce texte, considérons qu’il est de notre responsabilité de maintenir les
conditions d’une controverse scientifique respectueuse et d’une expertise pluraliste sur des questions aussi
sensibles que celle des effets de la culture de plantes génétiquement modifiées.

Nous condamnons la
démarche de nos collègues qui utilisent les armes de la décrédibilisation mensongère plutôt que le terrain de
la démonstration encadrée par les procédures en vigueur au sein de la communauté scientifique, à savoir des
expériences transparentes, indépendantes et reproductibles, soumises à une évaluation par des pairs.


Nous apportons tout notre soutien à GE Séralini et à ses co-auteurs.

Les travaux de GE Séralini et de ses collègues dans leur contexte

La publication « A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on Mammalian Health »
[Spiroux de Vendômois et al., Int. J. Bio. Sci., 2009, 5 : 706-726] dont GE Séralini est l’auteur-correspondant est une contre-expertise de données produites par Monsanto, dont la mise à disposition résulte
en partie d’une injonction judiciaire (le maintien de la confidentialité d’une partie des données a été jugé
illégal par un tribunal allemand).
Ces données ont été obtenues sur des rats nourris pendant 3 mois avec les
trois maïs concernés.
Cette contre-expertise ne prétend pas apporter la preuve de la toxicité chronique des
maïs concernés, comme les auteurs le reconnaissent, d’autant plus qu’elle s’appuie sur des données brutes de
Monsanto dont ils dénoncent justement l’insuffisance.
Elle pointe néanmoins des signaux d’alerte pouvant
laisser craindre le développement d’une pathologie chronique, et réfute ainsi la capacité des données fournies
par Monsanto de démontrer formellement l’innocuité de ces trois maïs : suivi des rats est trop court , plan
d’expérience suivi ne confèrant pas une puissance suffisante à l’étude.


Les attaques dont GE Séralini fait l’objet

Parrainée par des chercheurs bien connus comme Claude Allègre et Axel Kahn, et présidée par Marc
Fellous, professeur de génétique et ancien président de la Commission du Génie Biomoléculaire2,
l’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV), a déclaré dans un communiqué de presse
daté du 14 décembre 2009, que «  les travaux de G.-E. Séralini ont toujours été invalidés par la communauté
scientifique
 ». Ces allégations sont totalement mensongères. Tous ses travaux ont été publiés dans des revues
internationales à comité de lecture et donc évalués par les pairs. Aucun n’a jamais fait l’objet d’une
invalidation.

Suite à la participation de GE Séralini au Magazine de la Santé diffusé le 21 janvier dernier sur France 5,
l’AFBV a adressé deux courriers (datés du 26 et du 28 janvier) aux responsables de la chaîne et de
l’émission d’une part, et au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel d’autre part, dans lesquels GE Séralini est
présenté comme un «  marchand de peurs » et un scientifique non reconnu. Il semble donc que les membres
de l’AFBV, se déclarant tous en faveur des PGM, agissent comme groupe de pression davantage que comme
experts scientifiques.

Enfin, en janvier 2009 et 2010, GE Séralini a réalisé des expertises pour la Cour Suprême de l’Inde et le
gouvernement indien sur les données brutes fournies par la Société Mahyco pour commercialiser une
nouvelle aubergine OGM produisant un insecticide. Sur la base de ces analyses, un moratoire a été décidé.

Depuis, GE Séralini fait l’objet d’attaques diffamatoires répétées, sans que leurs auteurs n’acceptent de se
soumettre au cadre de la controverse scientifique, encadrée notamment par le système des publications
scientifiques.

Contenu du dossier joint
- Article de Spiroux de Vendômois, et al. « A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on
Mammalian Health ». Int. J. Bio. Sci., 2009, 5 : 706-726
- Réponse de Monsanto à cette publication
- Avis du Comité Scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies sur cette publication
- Avis de l’Office de contrôle des aliments d’Australie et de Nouvelle-Zélande (FSANZ) sur cette publication
- Avis de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) sur cette publication
- Communiqué de presse de l’Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV) sur cette
publication
- Réponse des auteurs aux différentes critiques

2
Commission gouvernementale chargée d’évaluer les OGM agricoles, dont GE Séralini a été membre de 1998 à 2007


Appel à mobilisation émanant de Christian Vélot, à faire
proliférer autant que possible dans vos réseaux :

« Bonjour à toutes et tous,

C’est en tant que représentant-e-s d’organisations ou/et élu-e-s
m’ayant apporté votre soutien lors du conflit avec ma hiérarchie en
2008 (suite à mes prises de position publiques sur les OGM agricoles)
que je vous contacte à nouveau aujourd’hui.

Ce soutien — avec les 50 000 signatures recueillies — s’est avéré très
fructueux puisque, comme vous le savez, l’Université, qui m’avait reçu
en délégation suite à la manifestation du 25 juin 2008 sur le campus
d’Orsay et devant le Ministère de la Recherche, avait pris en ma
faveur un certain nombre d’engagements qu’elle a jusqu’à aujourd’hui
respectés. Elle a non seulement fait en sorte, auprès du CNRS et de
l’Institut de recherche auquel j’étais rattaché (IGM), que mes besoins
financiers de fonctionnement soient assurés jusqu’à fin 2009 (fin du
précédent contrat quadriennal), mais également que je puisse
aujourd’hui continuer mes activités de recherche alors que je ne suis
plus rattaché à l’IGM depuis le 1er janvier 2010.

Toutefois, tout n’est malheureusement pas encore résolu puisque l’absence
de rattachement à une structure de recherche labellisée fait que je ne
bénéficie aujourd’hui d’aucune infrastructure technique et administrative
et que je me retrouve à devoir assumer toutes les tâches avec ma collègue,
ce qui nous détourne considérablement de notre véritable activité de
recherche. L’université en a conscience, et fait de notre rattachement à
une nouvel institut une exigence et une priorité. La difficulté est que
les Instituts susceptibles de m’accueillir, c’est-à-dire ayant des centres
d’intérêt correspondant à l’activité de recherche de mon équipe, ne
manifestent pas un grand enthousiasme à l’idée que je les rejoigne, et
c’est actuellement une situation très compliquée tant pour moi que pour
l’Université...

Mais si je reprends contact avec vous aujourd’hui, ce n’est pas pour
moi mais pour mon collègue Gilles-Eric Séralini, Professeur à
l’Université de Caen, et Président du Conseil Scientifique du CRIIGEN
(Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie
Génétique). Comme vous le savez certainement, Gilles-Eric fait l’objet
d’une campagne de dénigrement et de pressions extrêmement violentes,
de la part de Monsanto et de l’EFSA bien sûr mais également d’une
certaine frange de la communauté scientifique, en particulier depuis
la publication fin 2009 (avec Dominique Cellier et Joël Spiroux de
Vendomois), d’une contre-expertise des données fournies par Monsanto
concernant 3 maïs OGM, et la réalisation, pour la Cour Suprême de
l’Inde, d’expertises sur une aubergine GM ayant conduit le
gouvernement indien à mettre en place un moratoire sur la culture de
cet OGM.

La Fondation Sciences Citoyennes (FSC) et le réseau ENSSER (European
Network of Scientists for Social and Environmental Responsability)
dont je suis l’actuel vice-président ont lancé une pétition de soutien
à Gilles-Eric à la fois auprès de la communauté scientifique et du
grand public. Au delà du cas de Gilles-Eric, il s’agit de défendre la
controverse scientifique et l’expertise pluraliste et contradictoire.

Pour signer la pétition, il suffit d’aller sur le site suivant :
http://sciencescitoyennes.org/spip....

Merci de relayer ce lien et cette lettre de soutien le plus largement
possible, y compris au delà de nos frontières (il y a aussi une version
anglaise jointe).

Par ailleurs, et toujours dans ce contexte, Gilles-Eric Séralini a
décidé d’intenter un procès en diffamation contre Marc Fellous
(ex-président de la CGB) et l’AFBV (Association Françaises des
Biotechnologies Végétales) parrainée par Axel kahn, Claude Allègre,...
et dont Fellous est le président (voir “Les attaques dont GES fait
l’objet”
). Ce procès aura lieu le 23
novembre prochain à Paris, et FSC souhaite, à cette occasion,
co-organiser avec toutes les organisations qui en sont d’accord, comme
cela a été le cas pour moi en 2008, une manifestation face au
tribunal. Je suis mandaté par FSC pour coordonner la mise en place de
cette manifestation. Nous disposons donc d’un peu moins de deux mois,
et j’ai besoin dans un premier temps de connaître toutes les
organisations qui souhaitent s’associer à FSC pour organiser et mettre
en place cette manifestation. Merci de bien vouloir me faire part de
votre réponse dans les plus brefs délais. Je reprendrai contact
ensuite avec les représentants des organisations concernées pour
définir une date et un lieu de réunion au cours de laquelle nous
discuterons de tous les aspects matériels et logistiques.

Dans l’attente de votre retour, je vous adresse à toutes et tous mes
très cordiales salutations.

*Christian Vélot christian.velot chez u-psud.fr

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