Une tribune pour les luttes

Appel de personnalités pour la liberté d’expression
+ Lettre au juge de Serge Grossvak.
+ Communiqué du Collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens

Procès pour boycott le 14 octobre de la sénatrice verte Alima Boumédienne et d’Omar Slaouti tête de liste NPA
Compte-rendu de la journée / Les plaignants ont été déboutés.

Article mis en ligne le jeudi 14 octobre 2010

Les parties civiles et le ministère public qui attaquaient la sénatrice Alima Boumediene-Thiery (Verts) et Omar Slaouti (NPA) pour leur participation à une action de boycott des produits israéliens dans le magasin Carrefour de Montigny ont été déboutées ce jeudi 14 octobre 2010 par le tribunal de Pontoise.

Après que Me Antoine Comte, avocat de la défense eut fait valoir les nombreuses irrégularités commises par les plaignants dans cette affaire, les juges n’ont même pas estimé nécessaire d’entendre développer les autres arguments sur le fond.

Courageux, mais pas téméraires, ni le colon israélien Sammy Ghozlan, ni son acolyte du CRIF William Goldnadel (également israélien), ne se sont montrés au procès. Ils sont restés chez eux.

En revanche, les militants se sont massivement déplacés pour soutenir Alima et Omar et pour réaffirmer leur détermination à poursuivre et amplifier la campagne de boycott, désinvestissement et de sanctions (BDS) contre Israël. Ils sont venus par centaines malgré les grèves des transports. Ils sont venus de différents coins de France et même de Belgique. Nous sommes, pour beaucoup, allés en cortège de la gare Pontoise jusqu’au tribunal, où les prises de paroles et les slogans ont scandé la totalité de l’après-midi, jusqu’à l’annonce de cette victoire peu avant 18 H.

Un immense merci à tous ceux qui, depuis des mois, se mobilisent pour le droit et la justice. Le combat n’est pas terminé. Le jugement en appel de Sakina Arnaud à Bordeaux sera rendu le 22 octobre prochain, et le procahin procès BDS sera celui de nos camarades de Mulhouse le 29 novembre.

Mais une manche importante vient d’être gagnée : ne boudons pas notre plaisir !


Nous avons un proces pour boycott le 14 octobre, où la sénatrice verte Alima Boumédienne et Omar Slaouti tête de liste NPA sont appelés à comparaitre. La pétition suivante, que nous voulons très large, est destinée à être jointe aux témoignages (dont le mien). Serge Grossvak
(Voir Mille Bâbords 13449)

L’appel est disponible pour signature :
http://www.ipetitions.com/petition/boycottlibertedexpression/


Appel de personnalités pour la liberté d’expression

Par des opérations non-violentes et symboliques, des élu-e-s et militant-e-s, dont une parlementaire, ont souhaité attirer l’attention de l’opinion publique sur le refus de l’Etat d’Israël de se conformer aux principes inscrits dans les traités européens et dans les accords d’associations qu’ils ont signé, à savoir le respect des Droits Humains et celui de la traçabilité des produits à l’exportation.

Par la même occasion, ils dénoncent l’impunité dont bénéficient les autorités israéliennes, impunité qui cautionne ces violations répétées du droit international et l’injustice que subit au quotidien le peuple palestinien du fait de l’occupation coloniale.

Pour avoir osé user de leur liberté d’expression dans le respect des principes républicains, ces élu-e-s et militant-e-s sont aujourd’hui poursuivi-e-s devant la justice pour provocation à la discrimination raciale, voire pour antisémitisme. Il s’agit d’un chantage fondé sur un amalgame inacceptable !

La critique de la politique du gouvernement israélien relève du débat d’idées et s’exerce dans le respect des grands principes fondamentaux de notre droit, dont celui de la liberté d’expression.

En aucun cas, les actions menées par ces élu-e-s et militant-e-s ne peuvent être considérées comme des actes, paroles ou propos « discriminatoires à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, à raison de son origine ou de son appartenance ou non appartenance à une nation ».

Nous dénonçons cet amalgame qui voudrait nous faire taire devant cette injustice qui heurte nos valeurs universelles.

Premiers signataires :

Stéphane Hessel, Ambassadeur honoraire

Monique Cerisier ben Guiga, sénatrice (PS)

Adrien Gouteyron, sénateur (UMP)

Yael Lerer, collaboratrice parlementaire de Haneen Zoabi - députée israelienne

Patricia Adam, députée (PS)

Jean Claude Amara, président de Droits Devant

Jean-Baptiste Ayrault président du DAL

Olivier Besancenot, porte parole du NPA

Jean-Paul Besset, député européen (Europe Ecologie)

Marie Blandin, sénatrice (Les Verts)

Patrick Braouezec, député (PCF)

Mohieddine Cherbib, président de la Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR)

Monique Crinon (Sociologue, philosophe)

Violette Daguerre, Présidente ACHR

Véronique De Keyser, députée européenne (Vice présidente du Parlement européen) Guy Delcourt, Député-Maire de Lens (PS)

Jean Desessard, sénateur de Paris (Les Verts)

Bernard Dreano

Isabelle Durant, députée européenne, Vice-Présidente du Parlement européen

EMISCO

Mireille Fanon-Mendès France

Sonia Fayman, sociologue

Hélène Flautre, députée européenne (Europe Ecologie)

Jacques Gaillot

Ali Gedikoglu, Président de Cojep International

Maxime Gremetz député de la Somme (PCF)

Yannick Jadot, députée européenne (Europe Ecologie)

Serge Janquin, député du Pas de Calais (PS)

Alain Joxe sociologue, directeur d’études à l’EHESS, président du CIRPES

JPL Monde

Nicole Kiil-Nielsen, députée européenne (Europe Ecologie)

Patrick Le Hyaric, député européen (Front de Gauche)

Zohra Mahi, avocate

Jean-Pierre Michel, sénateur (PS)

Jacques Muller, sénateur (Les Verts)

Jean Christophe Poulet, maire de Bessancourt

Catherine Samary, Maître de conférence (Université Paris Dauphine)

Union Juive Française pour la Paix (UJFP)

Marie-Christine Vergiat, députée européenne (Front de gauche


Monsieur le Juge
Pontoise

Groslay, le 4 octobre 2010

Lettre Recommandée

Lettre publique

Monsieur le juge,

Vous allez recevoir et avoir à juger deux de mes amis, Alima Boumédiene et Omar Slaouti. Ils sont devenus mes amis dans un engagement commun, dans une émotion partagée devant une terrible injustice, devant les horreurs de la guerre : ensemble nous agissons pour une paix juste, pour que le peuple palestinien cesse d’être opprimé, spolié.

Vous avez à les juger pour une action de boycott dans un hypermarché de Montigny. Alors il faut que je vous dise. Cette action, nous l’avons décidée ensemble. Oh, à plus que trois ! Bien plus que trois ! Parce que nous l’avons longuement préparée dans des réunions à Sarcelles, Argenteuil, Cergy. Nous nous étions réunis une première fois avec le ventre noué devant ce drame qui se déroulait à Gaza, après beaucoup d’autres drames. Nous avons décidé que nous ne pouvions pas nous taire, laisser faire. Cela aurait été lâche. Alors, ensemble, nous avons progressivement élaboré notre action. Nous avons minutieusement préparé notre intervention pour qu’avance une résistance à l’État d’Israël. Qu’il cesse d’enfreindre les lois internationales, qu’il cesse de conquérir de nouveaux territoires, qu’il cesse de se concevoir dans un racisme d’un autre temps.

Ensemble, nous avons décidé de lancer notre opération de boycott, que nous appelions « Mandela » entre nous. Nous avions retiré des rayons tous les produits israéliens (hormis cacher, respectant les croyances) en visant les importations illégales des colonies occupées. Ces produits ont été remis au gérant, pour qu’il applique la loi.

Pour mener cette action, nous nous donnons rendez-vous par petits groupes de différentes villes et quartiers, et nous convergeons. De multiples âges, de multiples origines, de multiples localités, de multiples convictions, mais un idéal commun : la paix, la justice, la diversité humaine, un égal respect de tous.

Je tiens pour un honneur que d’avoir participé, co organisé cette action (que nous avons reconduite récemment, pacifiquement). Un honneur parce que je suis juif, parce que l’histoire des oppressions qu’ont subit nos ancêtres jusqu’au point culminant des camps nazis, ne nous donne pas le droit, encore moins qu’à tout autre, de nier un peuple, de l’opprimer, de l’enfermer dans des ghettos, de le bombarder pour lui imposer de nouveaux abandons de territoires. Ce que mes parents m’ont enseigné, ce que les résistants juifs portaient comme convictions, était emprunt de solidarité et de respect de toute humanité.

Oui, assurément, je devrais être aux côtés de mes deux amis dans ce box « d’accusés » qui sera pour l’occasion l’espace de dignité et de solidarité. Je n’y suis pas, alors que j’ai pris la parole. Les porteurs de la plainte ont omis mon nom, m’ont oublié. Est-ce par choix des consonances des noms de mes amis ? Est-ce pour donner à croire que cette guerre de conquête relève d’un camp religieux contre un autre ? Je veux être là pour montrer à tous que nous sommes le camp de la diversité, de la solidarité, du respect partagé, et qu’ensemble nous affrontons la sauvagerie.

Ces fous de guerre et de conquête veulent faire peur et usent des tribunaux pour nous faire abdiquer, pour nous faire taire, pour nous soumettre. C’est au nom de l’antisémitisme qu’ils s’attaquent à nous qui luttons contre tous les racismes. C’est en trichant sur le sens de l’antisémitisme qu’ils veulent nous menacer pour nous interdire notre engagement à faire renoncer l’État d’Israël à son choix guerrier. A l’injustice terrible que subit le peuple palestinien s’adjoint aujourd’hui une volonté d’atteinte aux libertés. Mais ces fascisants ne peuvent représenter la culture juive. Ces chemises brunes qui veulent nous impressionner et nous bâillonner ne revêtent les oripeaux des déportés que pour mieux les trahir ! Nos survivants n’avaient qu’un rêve, qu’un appel. Leur plus « jamais ça » était un souffle partagé entre toutes les victimes de la barbarie, pour que nul, jamais, ne revivent l’inhumain. L’idée et l’idéal de l’ONU en est émergée. C’est également cet idéal qui est foulé au pied, pour revenir à la barbarie du plus fort.

Je ne veux pas vous manquer de respect, bien au contraire je crois à la nécessité de la Justice, mais je dois vous dire que je ne renoncerai pas. Si l’expression des tribunaux devait porter l’écho de cette menace contre notre action pacifique, politique, alors je serai bientôt devant vous. Peut être devrais je connaître à mon tour l’enfermement comme mon père l’a vécu sous l’occupation, mais je résisterai comme lui a résisté. Cette révolte contre cette injustice répétée sans fin, contre ce dédain des lois du monde, est si forte, si décidée, si partagée, que je suis nombreux, que je suis multiple et qu’il va falloir multiplier les tribunaux et les prisons.

Ce n’est pas vraiment à vous que je dis cette détermination, mais à ceux qui intentent déjà 80 procès et qui n’ont pas fini. Ces enragés nous méprisent tant qu’ils ne mesurent pas comme leur ignominie fait monter en nous de détermination.

Monsieur le Juge, je n’ai pas coutume de m’adresser ainsi à la justice. J’espère trouver auprès de vous l’écoute sensible à ma conviction d’homme épris de justice.
_ Je vous prie d’agréer mon parfait respect.

Serge Grossvak


Communiqué du Collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens

Que fait la justice française ?
C’est la colonisation israélienne qu’il faut inculper, pas ceux qui militent pour le respect des Droits de l’Homme !

Rassemblement jeudi 14 octobre 2010 à 12h00 devant le tribunal de Pontoise

Conformément à son appel de septembre 2009, le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens rappelle qu’il « soutient la demande de la société civile et politique palestinienne pour que des sanctions soient appliquées à Israël, dans le cadre de l’initiative non-violente Boycott, Désinvestissement, Sanctions, jusqu’à ce qu’il respecte le droit international et les principes universels des droits de l’Homme. »

Alors que la coalition gouvernementale israélienne refuse impunément de cesser la colonisation en Cisjordanie notamment à Jérusalem-Est, et de mettre un terme au siège de la Bande de Gaza, ce sont les militants mobilisés pour le respect du droit international qui sont attaqués. Le gouvernement français, dont la politique actuelle est loin d’être irréprochable en matière de respect des droits humains, prône la sévérité à l’encontre de ceux qui participent à la campagne pacifique et non-violente BDS. Dans ce contexte, encouragés de surcroît par le soutien du CRIF et de l’ambassade d’Israël, les inconditionnels de la colonisation, en particulier Sammy Ghozlan, le président du BNVCA (bureau national de vigilance contre l’antisémitisme), multiplient les procès et vont jusqu’à menacer de poursuivre l’Ambassadeur Stéphane Hessel, résistant contre l’occupation nazie, rescapé du camp de Buchenwald, et co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.

Nos organisations, investies dans cette campagne contre l’impunité d’Israël, dénoncent ces pressions intolérables. Elle affirment leur solidarité et leur soutien aux défenseurs du droit et de la paix qui subissent l’infamie des accusations de « provocation à la discrimination ».

De nombreux procès s’annoncent. Le prochain est celui d’Alima Boumediene-Thiery (Sénatrice, les Verts) et Omar Slaouti (tête de liste NPA aux dernières élections régionales), le 14 octobre 2010 à Pontoise. La justice française est mise à rude épreuve. Elle a l’occasion d’affirmer son indépendance et son rôle de garante du droit et des libertés fondamentales.

Nous saluons et soutenons toutes les initiatives unitaires visant à préserver le droit d’exprimer notre solidarité avec le peuple palestinien, de condamner les violations des droits de l’Homme commises par l’Etat d’Israël, et d’oeuvrer activement pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

Nous appelons au rassemblement initié par le Collectif solidarité Palestine 95, samedi 14 octobre 2010 à 12h, devant le tribunal correctionnel de Pontoise, Cité Judiciaire, 3 rue Victor Hugo, Pontoise.

Premiers signataires :
Agir contre le Colonialisme Aujourd’hui
Alliance For Freedom And Dignity (AFD),
Association des travailleurs maghrébins de France ( ATMF)
Association des Tunisiens en France (ATF)
Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR)
Association pour les jumelages entre les camps de réfugies palestiniens et les villes françaises (A.J.P.F.)
Association républicaine des anciens Combattants (ARAC)
Association pour la Taxation des Transactions et pour l’Action Citoyenne (ATTAC)
Campagne Civile de Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP)
Cedetim
CICUP
CJPP5
Collectif Faty Koumba
Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Paix
Collectif des musulmans de France (CMF)
Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO)
CPPI Saint-Denis (Collectif Paix Palestine Israël)
Droit-Solidarité
Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux Rives (FTCR)
Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE)
Fédération Syndicale Unitaire (FSU)
Gauche Unitaire
Génération Palestine
GUPS - Union Générale des Etudiants de Palestine
La Courneuve-Palestine
Les Alternatifs
Les Femmes en Noir
Les Verts
LIPFL (section française de la Women International League for Peace and Liberty)
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
Mouvement de la Paix
Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
Organisation de Femmes Egalité
Parti Communiste Français (PCF)
Parti communiste des ouvriers de France (PCOF)
Parti de Gauche (PG)
Participation et spiritualité musulmanes (PSM)
Respaix conscience musulmane
Solidarité Palestine 18°
Une Autre Voix Juive (UAVJ)
Union des Travailleurs Immigres Tunisiens (UTIT)
Union Juive Française Pour la Paix (UJFP)
Union syndicale Solidaires

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