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Boues rouges : en France aussi le risque de pollution existe

Par Sophie Chapelle

Article mis en ligne le lundi 11 octobre 2010

A lire sur :
http://www.bastamag.net/article1222.html

11 octobre 2010

Alors que la pollution aux boues rouges affole la Hongrie, des inquiétudes s’expriment sur une usine similaire en France : l’usine d’aluminium de Gardanne, du groupe Rio Tinto, rejette plus de 200.000 tonnes de boues rouges… dans la Méditerranée.

Alors que la Hongrie fait actuellement face à sa pire catastrophe écologique, les responsables de l’usine de Gardanne (Bouches du Rhône), seule en France à produire de l’alumine, se veulent rassurants. Dans un entretien avec l’AFP, ils assurent que les résidus stockés ne sont « plus toxiques » et se trouvent « sous forme solide », à la différence de la situation hongroise. En 2010, l’usine a extrait environ 450.000 tonnes d’alumine à partir de la bauxite, un minerai naturel principalement importé de Guinée. L’usine, qui appartient au groupe anglosaxon Rio Tinto - Alcan (qui a racheté Péchiney) fabrique des briques pour hauts-fourneaux, des céramiques ou des verres spéciaux notamment pour les écrans plats.

Cette production a pourtant un coût écologique majeur par « les déforestations » et « les pollutions importantes » générées, rappelle dans un communiqué Les Amis de la Terre France. « Chaque tonne d’aluminium entraîne le rejet de 4 tonnes de boues rouges néfastes tant par leur quantité que par leur pH (potentiel hydrogène, ndlr) basique », précise l’association écologiste.


Boues rouges déversées dans la Méditerranée

Seuls 20 % des déchets, contrôlés deux fois par an, sont actuellement entreposés dans un terrain de 30 hectares à deux kilomètres de l’usine de Gardanne. Le reste est dilué avant d’être déversé en mer au large de Cassis via un conduit de 47 km de long qui débouche à 7 km des côtes, par 320 mètres de profondeur. « Le volume des rejets déversés en 2008 a atteint 237.000 tonnes. Le déversement de boues rouges dans la mer au large de Cassis pourrait remettre en cause la création du parc naturel des Calanques », explique Les Amis de la Terre. Ces boues doivent leur couleur à la présence d’oxydes de fer. Ce déversement dure depuis quarante ans et devrait prendre fin en 2015 selon les termes d’un engagement pris par le groupe Pechiney, longtemps propriétaire du site. Pour le moment, les poussières et les rejets dans la baie de Cassis inquiètent la population locale et les associations environnementales.

Plus d’un million de mètres cubes de boue rouge extrêmement toxique se sont déversés lundi 4 octobre polluant sept localités hongroises, à 160 km de Budapest, après la rupture d’un réservoir dans une usine d’aluminium [1]. Le bilan de la catastrophe fait état de sept morts, un disparu et au moins 150 blessés. Les autorités assurent que «  le Danube est hors de danger » après avoir relevé des taux alcalins (qui mesurent la présence de sodium, de lithium ou de potassium...) proches de la normale. Mais les organisations écologistes estiment que la menace sur l’écosystème demeure. Une crainte renforcée par la menace d’une nouvelle coulée de boue samedi matin, suite à un nouvel affaiblissement de la digue d’un réservoir de l’usine.

La société MAL (Magyar Aluminium), propriétaire de l’usine hongroise, dément toute responsabilité dans l’accident. Elle est cependant soupçonnée d’avoir entreposé trop de boue rouge dans le réservoir, ce qui, combiné à de fortes pluies et à un mauvais entretien, aurait fait céder une digue. La Hongrie a annoncé une inspection rapide de tous les bassins de boue rouge du pays et un prochain durcissement des normes de sécurité. « Mettre en place des règles de sécurité strictes ne suffit plus car on voit les limites de leur efficacité. Il faut maintenant revoir nos modes de production et de consommation pour réduire drastiquement la pression sur les ressources naturelles et sur les écosystèmes », commente Anne Bringault, directrice des Amis de la Terre.

Sophie Chapelle

Notes

[1] L’association hongroise Csalán a lancé un appel à financement pour des équipements de protection à destination des habitants directement touchés. Plus d’informations sur le site des Amis de la Terre ou sur le site de Csalán.

En savoir plus

Appel urgent en solidarité avec les habitants des communes hongroises frappées par la pollution :

- Le site des Amis de la Terre
- le site de l’association hongroise Csalán.

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