Une tribune pour les luttes

21 octobre 2010

Evénements de Lyon : les médias mentent !
Des violences policières, racistes et inédites intolérables ...

Multiples témoignages d’horizon divers à lire absolument
+ Communiqué de presse de l’union Solidaires Rhône
+ détail de la journée sur Rebellyon
+ " Mais qui c’est les casseurs et casseuses ? Témoignage de la place Bellecour"

Article mis en ligne le dimanche 7 novembre 2010


Le détail de la journée sur Rebellyon
http://rebellyon.info/Suivi-quotidi...

Lire en partant du bas pour avoir le déroulement chronologique.

Suivi quotidien du mouvement sur les retraites : jeudi 21 octobre
http://rebellyon.info/Suivi-quotidien-du-mouvement-sur,7707.html


Photos (Biloud 43)
Lyon-Bellecour, souricière du 21 octobre

http://www.flickr.com/photos/372995...

Témoignages de 5 étudiants avec photos et vidéos.
La Rafle de Bellecour
Lyon, 21 octobre 2010
http://www.musicologie.org/publirem/la_rafle_de_bellecour.html


http://www.hns-info.net/spip.php?article26411

Evénements de Lyon : les médias mentent !

Depuis quel­ques jours, on assiste à une défer­lante de men­son­ges dans les médias, par­ti­cu­liè­re­ment télé­vi­sés. La seule manière que nous ayons de défen­dre un sem­blant de vérité sur les événements lyon­nais, c’est de récol­ter des témoi­gna­ges des per­son­nes qui sont sur place, qui ont pu voir la vio­lence déme­su­rée des forces de l’Ordre face à des jeunes, ces jeunes qu’ils appel­lent «  cas­seurs » dès qu’ils sor­tent comme aujourd’hui encore des par­cours ou des looks auto­ri­sés de petits lycéens de centre-ville.

S’il y a eu un peu de casse (quel­ques vitri­nes et voi­tu­res, peu de choses par rap­port aux bles­su­res cau­sées par des poli­ciers), ce n’est rien par rap­port aux hordes com­plè­te­ment folles qu’ils peu­vent décrire pour faire peur aux gens. Si le but avait été de piller le centre de Lyon, il ne res­te­rait plus un maga­sin debout aujourd’hui ! La pauvre vidéo de sur­veillance sur le pillage d’un seul maga­sin rue Victor Hugo tourne en boucle sur les télés.

Ca ne peut pas durer, ni la répres­sion poli­cière, ni la répres­sion média­ti­que !
Témoignez de ce qu’il se passe, rele­vez les men­son­ges dans la presse, merci !


Communiqué Solidaires

A Lyon depuis ce matin et encore en ce moment (17h.30) des violences policières intolérables

Les violences policières s’abattent encore sur Lyon depuis ce matin dans des proportions
intolérables et disproportionnées.

En début d’après midi un cortège syndical où se trouvaient des syndicalistes de la CGT, de la FSU,
de Solidaires et de la CNT a voulu se joindre à l’appel des lycéens et étudiants sur la place
Bellecour. Les forces de police ont fermé complètement la place bellecour, bloquant sur place plus
de 1000 manifestants.

Malgré toutes les négociation que nous avons pu entamer avec les RG et les chefs de police
présents, il n’a pas été possible d’obtenir l’ouverture de la place pour une évacuation en douceur via
le cortège syndical qui serait alors parti en manifestation. Les Interlocuteurs de la police affirmaient
«  avoir des ordre » et étaient conscients que la situation telle qu’elle était aller dégénérer.

Le cortège syndical gazé à plusieurs reprises a du finalement quitter les lieux. Depuis 13H00 des
manifestants sont donc pris dans une nasse place Bellecour à Lyon dont ils ne peuvent sortir et se
font très régulièrement «  gazer ».

Personne ne peut entre sur la place voir ce qui se passe réellement, mais des blessés évacués sur
brancard ont été vus.

L’union syndicale solidaires rhône exige l’arrêt immédiat du massacre place Bellecour et demande à
ce que les forces de police lèvent le piège tendu aux manifestants.

Lyon le 21 Octobre 2010 à 17H50


http://rebellyon.info/Temoignages-sur-la-prison.html

Témoignages sur la « prison » Bellecour

Compilation des témoignages reçu par rebellyon.info sur la « prison » à ciel ouvert que fut la place Bellecour jeudi 21 octobre pour près de 300 personnes. Pour ajouter votre témoignage, le forum sous l’article est à votre disposition. Lire aussi le suivi de la journée de jeudi.

http://rebellyon.info/Temoignages-sur-la-prison.html#comment24633


Le 28 octobre par -ANOUK -

Bonjour, j’ai 15ans et je fais parti des quelques 500 personnes qui ont étés pris dans une garde à vue générale, pris au piège tel des animaux, place Bellecour ce jeudi 21 octobre 2010.
Nous étions environ 6 jeunes, tous âgés entre 15 et 16 ans. On avait décidé d’aller rejoindre le rendez vous lycéen place Bellecour vers 13h30 pour participer de manière passive à une manifestation. Une fois entrés sur la place (sans encombre) nous avons vu un tas de gens place Antonin Poncet , nous nous sommes approchés sans nous douter que au fur et à mesure que nous avancions, nous nous enfoncions dans se qu’on a appelé par la suite cette « prison à ciel ouvert »...
C’est seulement une fois arrivé place Antonin Poncet que nous nous sommes rendu compte. Là, un groupe de jeunes manifestants faisaient un siting, les mains en l’air, l’un deux avait un drapeaux « PEACE » face à une horde de CRS .
On a essayé de tenter une approche, tout en politesse, vers un CRS. Engager un dialogue. Comprendre pourquoi nous étions là. Mais les seules réponses au quels nous avons eu droit ont été des «  ta gueule » « recul toi sinon on va gazer » « jpeut pas te dire gamine, j’obéis aux ordres ». et quand on demandait pendant combien de temps on allait devoir rester bloqué, on nous a répondu « on attend que la manifestation s’éloigne et on ouvre le barrage » (car oui, on a bien essayé de nous faire croire que nous avions raté le départ de la manifestions, qui était déjà loin)
Bref, nous étions là, avec des centaines d’autre personnes, sans savoir pourquoi et pour combien de temps. Au début, on prenait tout ça à la rigolade. Mais plus les heures passaient, plus la tension montait...on tournait en rond, on avait faim, on avait froid. On en avait marre de se faire menacer par les CRS, de courir dans tout les sens pour échapper aux lacrymogènes aux charges des CRS d’entendre le bruit insupportable de cet hélicoptère etc. Les gens devenaient comme fous. il y avait des rumeurs qui disaient qu’on ne sortirait pas avant 20h00. J’ai vu, j’ai entendu un CRS prendre un mégaphone et dire, face aux 500 personnes « arrêtez vos mouvements de foules sinon on sort le KARSCHER » soudains, les cris, les doigts d’honneurs, les sifflements. évidement, cette phrase était pour provoquer une révolte. Alors ils ont tiré, dans le tas. Et ils l’ont fait, ils ont sorti un jet d’eau si puissant que lorsqu’ils l’ont allumé, le jet a coupé net le sommet d’un arbre. j’ai entendu un garçon crier « mais qu’est ce qu’ils font ? ! » et un policer répondre en souriant « on arrose les plantes ! » Ils s’en sont donné à cœur joie je vous assure.
Nous ne savions plus de qui nous devions avoir peur : de la foule de personnes séquestrées en colère ou des CRS agressifs et de leurs matraques ?
La place fumait, les gens courait. On aurait dit un film de guerre. Et tout ça, au cœur de Lyon, tout ça sous les yeux des personnes habitants place Bellecour qui admirait (avec effrois ou délectation) ce spectacle des plus inédits.
18h30, une nouvelle rumeur circulait : nous allions pouvoir sortir si nous avions nos papiers. Pour tous les autres c’était le poste de police.
Nous avons fais la queue pendant plus d’une demie heure. un CRS nous a dit en nous poussant violemment : « allez, rangez vous ! » je lui ai répondu « ça va, on est pas des moutons » certaines personnes dans la file et mes amis ont ri. le CRS l’a mal pris et nous avons engagé une «  conversation ». le CRS face à l’ado de 15 ans. Qu’est ce que je pouvais dire ? « Fallait pas jeter des pierres et casser des magasins, vous vous seriez pas retrouvé ici » « vous pensez que parce que nous sommes jeunes, nous sommes tous des casseurs ? vous mettez tout le monde dans le sac ? »
«  bah je sais pas, pourquoi vous étiez ici alors ? » « pour la manifestation, résultat on se retrouve bloqué de 13h30 à 19h00 sans savoir pourquoi » « moi je suis là depuis 5h00 du matin gamine » « oui, mais vous vous êtes payé pour faire ça. Nous on a pas demandé à être là, on devrait pas y être, on a rien à voir avec tout les casseurs » « bah si t’es là c’est que tu l’a cherché ! chacun est à sa place, t’es resté bloqué, c’est bien fait pour toi » « OK, bah en attendant, moi dans une demie heure je sors, vous dans trois heure vous êtes encore là »
Contrôle d’identité, photographie, prise d’adresse etc
19h15 nous étions dehors. accueillis à la sortie du barrage par deux étudiantes tombées du ciel qui nous ont donnés du pain et du chocolat. voila, nous étions sorti de l’enfer. _ Dans le bus qui me ramenait chez moi, j’avais la rage au ventre, les larmes aux yeux. je n’arrivait pas à croire que truc aussi énorme ai put se déroulé, là comme ça.
Arrivé chez moi, il n’y avait rien aux infos. je compris que nous avions étés victimes du manipulation géante, soigneusement censurée évidemment. Si j’écris aujourd’hui, c’est parce que je pense qu’un pays comme la France fédérateur de se qu’on appel «  liberté » ne devrait pas appliquer la censure, et ne devrait pas cautionner une telle « prise d’otages public » . Il est impensable et intolérable qu’une chose aussi énorme ai put avoir lieu sous les yeux de tout le monde, sans qu’on en parle. Il faut que ça se sache. Que tout le monde sache se qu’il est arrivé.


Le 25 octobre

Comme pour beaucoup il a été difficile pour moi de m’endormir jeudi soir... Et il m’a paru surréaliste de me lever vendredi matin et de reprendre ma classe (en grève depuis lundi, je souhaitais revoir mes élèves avant les vacances)...

Finalement, je suis vraiment « contente » (si on peut le dire comme ca) d’avoir vu et vécu cela... Parce que sinon, je crois que j’aurais eu du mal à y croire tant ce que l’on a vécu était fou... Tant ce que l’on a vécu est effrayant, paniquant et écoeurant...

Jeudi, tout à commencé pour moi sur vaulx en velin, nous avons défilé avec les lycéen de Doisneaux (sur leur demande)... Nous avons fait un super défilé, très bonne ambiance... Profs, communaux, lycéens... tout se passait dans « la joie ».

La manif s’est terminée vers 12H30 et toujours à la demande des lycéens, nous avons décidé de rejoindre la manif place bellecour, chose qui résulte déjà d’un certain parcours du combattant, vu que la presqu’ile n’est plus du tout desservie. Depuis les débuts de la mobilisation, les lycéens sont très très demandeurs d’adultes pour les encadrer, pour les rassurer....
- Arrivée échelonné entre 13H20 et 14H... Nous nous retrouvons entre profs vaudais (syndiqués ou non). certains qui sont arrivés plus tôt nous expliquent que la place est fermée, que des personnes et surtout des jeunes sont prises au piège sur la place... Qu’ils ne peuvent pas en sortir et qu’on ne peut pas y entrer... Incompréhension.. sur le coup, je n’arrive pas à y croire.. Mais j’ai la gorge qui se serre et une boule qui grossit dans le ventre... (tot le matin, j’ai vu sur BFM l’important dispositif déployé : centaines de crs,gipn, camion anti émeutes...).. On ne voit pas nos lycéens vaudais... ou sont-ils ? on a peur qu’ils soient pris au piège....

Donc, une partie est coincée, séquestrée place bellecour et nous on est désemparé et impuissants place antonin poncet.... Les gamins place bellecour caillassent les crs, les bourreaux qui les séquestrent depuis plusieurs heures pour certains(avec les cailloux d’un tas de gravats qui est là, ÉTONNEMENT depuis le début de la semaine)..En même temps que peuvent-ils faire d’autre ??? RIEN !!! ce qui est plus fou, c’est que ceux qui ont jeté des cailloux, ont du etre mitraillé par l’appareil de l’hélicoptère... Et dans quelques jours ils passeront surement en jugement pour avoir caillassé ceux qui les ont retenus en otage !!
Bien sur, comme ils ont caillassé les crs...bein les crs les ont gazés.... et comme nous les occupants de la place antonin poncet, ont les a hués (et peut etre aussi caillassés).... on s’est fait gazer.... (1ere fois !).. Comme on a du reculer.. les crs ont avancés pour nous éloigner un peu plus de la place bellecour...

Lueur d’espoir dans tout ca, on apperçoit les lycéens de vaulx...ouf ils sont là... et apparemment tous en dehors.... grace à la manif du matin, ils sont arrivés suffisamment tard pour ne pas etre piégés...

On est donc resté sur cette place antonin poncet, on a parlé avec les jeunes lorsqu’on les voyait prendre des cailloux, (on les comprenait, mais jet de cailloux=gazage=.... Les jeunes étaient totalement à l’écoute et respectueux... Et ils étaient en colère.. en colère contre les injustices, en colère parce qu’on se faisait gazer pour rien, en colère parce qu’ils avaient des amis proches ou des membres de leur familles coincés la bas...
Dans tout ca, on s’est fait gazer une deuxième fois....alors on a reculé puis on a ré avancé....

Et là, hallucinant, alors qu’on était tous, aveuglés par les gaz lacrymogène, une voiture (genre 206 ou clio) apparait au niveau d’un arrêt de bus, (le long de la poste)... On ne la remarque meme pas tout de suite trop préoccupés par ce qui se passe sur la place (les jeunes qui se font gazer charger, sans pouvoir fuir ou s’évader de la place bellecour)... Des collègues en retrait nous font remarquer cette caisse... Depuis quand est-elle là (elle est arrivée après nous, c’est sur), comment est elle arrivée ? Pourquoi est elle la ?... Tenter ? Filmer ? Enregistrer ?
Attente impuissants.....Quelques jets de projectiles.... 3eme gazage de la place antonin perrin... gazage si intense et danse, que la, on recule jusqu’au quai quand même !!!! Et là avec mes collègues.... on a regardé des que les gaz étaient dissipés ou était cette voiture.... Disparue !!! elle n’était plus à sa place !! Comment a -t elle pu être enlevée ??? Il fallait forcément un masque à gaz....

Après ce troisième gazage, on était donc sur le quai, et la on a eu beaucoup d’infos disant qu’ils libéraient les gamins de bellecour...que c’était fini...tout le monde partait dans n’importe quel sens : guillotière, cordelier, place guichard... Que faire ?! innocemment j’ai cru les fausses rumeurs ! ils avaient enfin réussi ce qu’ils voulaient, ils nous avaient divisés séparés !!!

PAs un seul des jt n’a raconté cette prise d’otage, pas un seul jt n’a parler de la violence physique et morale, de la violation des droits de l’homme... Par contre ils ont parlé des « casseurs » ces casseurs qui viennent de l’est lyonnais...( AH OUI ??? Bein non messieurs dames ! Les vaudais ne sont pas majoritairement des casseurs et les lycéens de doisneau le prouvent !) France 2 a même parlé du « travail quasi héroïque » des crs qui ont rétablis l’ordre à lyon... (j’ai d’ailleurs écrit un post sur rmc info pour dire à quel point j’étais choquée par le travail et les mensonges des médias, qui a disparu...)

De plus ds ces jt, on voit des gamins (non floutés qui plus est : droit à l’image), qui courent et sautent sur les voitures pour les casser.... AHHHHHH... Alors les médias arrivent à filmer ça.... mais les 800 CRS mobilisés, les tarés du GIPN, .....EUX ... ne peuvent pas les contenir et les stopper ????!!! Mais ou étaient-ils à ce moment la ????
Ahhhh ?!! C’était beaucoup plus médiatique, simplement, de faire une grande garde à vue place bellecour... et c’était tellement mieux pour notre gouvernement de jouer la carte de l’insécurité... des vilains dangereux casseurs (une très petite minorité) et des héros crs...

Au lieu de toucher à nos retraites, ils feraient mieux de faire des économies sur ce genre d’interventions disproportionnées qui vont nous couter trèèèès cher !!

Elo

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Le 25 octobre par Caroline

J’ai 35 ans, je suis syndicaliste, et en grève le 21/10/10, je me suis retrouvée enfermée place Bellecour en compagnie d’une autre militante qui a la quarantaine, une amie de mon âge ainsi qu’un ami étudiant de 23 ans…Pas vraiment le profil décrit dans les médias !
Les témoignages publiés précédemment sur Rebellyon sont assez précis et exhaustifs, j’abonde tout à fait dans leur sens, et je ne vais pas ici reprendre toute la description des faits qui ont eu lieu.
Néanmoins je tiens à dire que j’ai été très choquée par ce que j’ai vécu et vu.
Le filtrage au faciès par les flics, les provocations envers les lycéens maghrébins…Le calme dont ces mêmes lycéens ont fait preuve, ne répondant pas aux provocations policières.
Le GIPN armé jusqu’aux dents, l’hélico, les CRS et gendarmes, les chars anti- émeutes…Un déploiement des forces de l’ordre digne d’une situation de guerre civile !
Et évidemment la stupeur de constater que nous étions emprisonnés à ciel ouvert. Les gaz lacrymogènes tirés des 4 coins de la place alors que nous pouvions y échapper, tout cela n’avait aucun sens. Si ce n’est de mettre la pression afin que les jeunes ripostent, justifiant un matraquage en règle et plusieurs arrestations….Riposte qui n’a pas eu lieu, donnant à voir ce spectacle ridicule et désolant du contrôle d’identité massif et des arrestations de fin de journée, après avoir pris soin de relâcher au compte- goutte et auparavant les plus âgés d’entre nous, dont je faisais partie…
J’ai aussi assisté à une belle opération de communication policière : les flics nous repoussaient des côtés vers le centre de la place, sans résistance des manifestants, lorsqu’un journaliste est arrivé et a commencé à filmer la scène. Devant l’œil de la caméra, un CRS a alors poussé violemment un jeune qui se trouvait en face de lui…Pitoyable.
Une fois n’est pas coutume, j’ai regardé le soir même le JT de TF1 pour voir ce que des millions de téléspectateurs sauraient de cette journée :
J’y ai appris que la police avait « réussi à isoler les casseurs place Bellecour » et avait dû « les évacuer au lance-à- eau ».Tiens- donc, et aucune allusion au fait que nous étions prisonniers des flics, qu’on attendait tous justement d’être évacués !
Je passe sur les images de voitures renversées qui avaient déjà été diffusées le 19/10…Et celles des «  occupants » de la place Bellecour, tous vêtus de survêt- capuche, cela va de soi. Pourtant j’en ai vu des caméras cette après-midi là, mais les journalistes ne m’ont jamais filmée.
Une société qui a tant peur de sa jeunesse est une société malade. Par ailleurs, quel modèle donne aux jeunes une société qui glorifie la réussite individuelle, l’argent et la Rolex à 50 ans ?
Peut-elle vraiment s’étonner que les gosses sans pognon aillent se servir eux –mêmes ?

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Le 25 octobre par Calins

Je tiens à apporter mon témoignage sur ce que j’ai vécu hier, jeudi 21/10/10, à Bellecour.

Je suis arrivée vers Bellecour aux alentours de 13H40 ; là, je ne peux que constater que l’état de siège a été déclaré à Lyon.

J’ai voulu atteindre la place, mais une partie de la rue de la Barre était déjà interdite d’accès par des rangées de CRS ; j’ai atteint la place Antonin Poncet par la rue des Marronniers ; là, à mon grand étonnement, j’ai constaté que la place était cernée de toutes parts par les CRS et même des membres du GIPN, cagoulés et armés … Les miltants seraient-ils devenus des terroristes ? Une partie des « futurs manifestants » était sur la place Bellecour, l’autre sur la place A.Poncet.

Nous étions séparés par des lignes de CRS qui filtraient déjà les allées et retours entre les 2 places ; vers 14H, j’ai enfin pu atteindre la place Bellecour ; il y avait là quelques centaines d’étudiants, de lycéens, de syndicalistes …comme parqués en plein air ; beaucoup d’entre nous ont voulu revenir rejoindre l’autre groupe ; les CRS nous en ont empêché ; je suis allée de l’autre côté de la place, côté rue de la Barre ; là–bas, idem ; aucune possibilité de sortie.

Résignée, je prends donc mon mal en patience ; les autres s’y résignent aussi ; aucun d’entre eux ne tentera d’échapper ou de se faufiler à travers ; je suis stupéfaite du calme ambiant des « parqués » de la place Bellecour.

D’un coup, sans aucune raison apparente, une des lignes de CRS décide d’avancer sur la place en nous repoussant au centre ; de l’autre côté, la même chose.

Nous étions pris comme dans un étau ; l’étau resserré, une pluie innombrable de grenades et autres projectiles de gaz lacrymogène nous tombe dessus ; stupéfiés, asphyxiés, les gens courent un peu dans tous les sens pour tenter d’échapper aux gaz répandus.

Cet épisode s’est répété ; à chaque fois, même surprise, même panique…

Des CRS traversent la place au pas de course ; un hélicoptère nous survole en permanence, des détonnations régulières…

Quand nous avons tenté de nous asseoir le long des bâtiments, à chaque fois, les CRS nous ont délogés ; nous avions l’interdiction de rester assis, impassibles à attendre la suite des évènements.

Pour autant, que pouvions nous faire d’autre ? Si ce n’est compter les p’tits cailloux dilués dans le sable rouge sur la place…

Je suis restée ainsi prisonnière, parquée sur la place pendant 2H environ.

Humiliée, épuisée nerveusement, oppressée totalement par cette démonstration de force ; des centaines de CRS, armés, cagoulés pour certains, qui semblent prendre un malin plaisir à nous ballader d’un coté à l’autre de la place, à nous voir ainsi pris au piège…

Finalement, ils me laisseront sortir… pourquoi moi et pas les autres ? Au compte-gouttes…Au faciès…A l’auto-collant sur nos vêtements…A l’âge …

Et brutalement, le rang de CRS se resserre, plus personne ne peut sortir.

Je laisse derrière moi quelques 150 à 200 manifestant encore prisonniers sur la place.Je rejoins le cortège situé devant la poste ; et là, en quelques secondes, les gaz sont lâchés, les CRS chargent, les gens éparpillés ; avec 4/5 copains syndiqués, nous sommes repoussés matraques pressées dans le dos ; quelqu’un tente de prendre une photo de la scène ; un policier réagit mal et nous asperge, si besoin en était, de sa bombe lacrymo, en pleine figure.

Ce matin encore, mes yeux sont rouges et irrités (je porte des lentilles de contact) ; la peau de mon visage a viré au rouge et me brûle …

Quand j’apprends ce matin ce qu’ils ont encore subi (gazages, canons à eaux, …) j’en ai la nausée.

Solidaires SUD Emploi


Publié le 23 octobre


Jeudi 21 octobre 2010. Témoignage des évenements de la Place Bellecour, Lyon.

J’arrive un peu après 12h sur la Place Bellecour, accompagnée de plusieurs ami(e)s étudiant(e)s. Une
manifestation d’étudiants et de lycéens en partenariat avec la CGT et SUD, est prévue pour 14h.
Place
A. Poncet, située à l’angle de celle de Bellecour. De nombreux jeunes sont présents, en majorité des
lycéens et collégiens. On franchit un cordon de policiers pour entrer sur la place. Ceux-ci sont placés
par plusieurs dizaines à toutes les sorties de cette place publique, une des plus grandes de France. Ils
sont équipés d’armures des pieds à la tête, casque, bouclier, matraque, pistolet... Se trouvent
également un camion du GIPN (groupe d’intervention de la police nationale, qui eux ont un camion
blindé et sont cagoulés) et deux camions à eau anti-émeute. Un hélicoptère survole le lieu à basse
altitude. Une demi-heure plus tard, suite à quelques pierres lancées en directions des policiers et de
leurs véhicules, les flics se mettent en action et lancent les fusées lacrymogène.
Dispersion de la
foule.

Vers 13h30 nous commençons à nous rapprocher de la Poste, d’où part la manifestation. Le cordon
policier est toujours présent et sépare les manifestants qui sont déjà sur la place Bellecour de ceux
qui sont sur la place A. Poncet. Ils refusent de nous laisser passer. Après une demi-heure de
discussion, les syndicats aidant probablement, ils finissent par ouvrir le cordon et laissent passer une
trentaine de personnes avant de le refermer brutalement, lorsque apparemment la population qui
passe ne répond plus aux critères du «  bon manifestant » (la peau claire, pas trop jeune, pas de
survêtement ni capuche). Plus personne n’a le droit de sortir de Bellecour. La tension monte.
Quelques projectiles sont jetés, auxquels les policiers répondent matraques levées par des fusées
lacrymogènes . Pendant plus d’une heure nous essayons, en vain, de rejoindre l’autre partie des
manifestants, qui nous attendent, de l’autre côté. Eux aussi se font gazer. La foule de Bellecour est
dispersée.

A 15h30, finalement, les manifestants « libres » décident de partir en cortège. Nous, on attend. On
est plusieurs centaines sur la Place. Celle-ci est relativement calme. On attend, éparpillés par petits
groupes sur l’ensemble de la place. Les flics disent qu’on pourra ressortir quand la manifestation sera
partie. On attend. L’hélicoptère tourne au-dessus de nous dans un bruit assourdissant. Il y a
quelques mouvements de foule mais la scène reste calme. A vrai dire, on se fait chier. _ Croyant seulement partir en manifestation, je n’ai rien pris avec moi, ni eau, ni nourriture, ni occupation.
J’attend, comme tous les autres. Un peu plus tard nous décidons de nous en en aller avec une amie.
Mais les flics refusent toujours de nous laisser passer. Il doit être aux alentours de 16h30, cela fait
trois heures qu’ils nous retiennent. Je leur dit mon envie de pisser et de manger, mais pas moyen. Je
commence à en avoir sérieusement marre, et prend conscience de la rétention forcée que je subis.
Les flics nous disent que c’est un ordre du préfet, et qu’ils ne savent quand ils auront l’autorisation
de nous laisser sortir. A un ami qui demande s’il serait possible d’amener un ballon de foot de
l’extérieur, histoire de s’occuper, le flic répond qu’il n’a qu’à prendre la vessie bien gonflée de la
jeune fille qui vient de demander à sortir pour aller aux toilette, avant de s’esclaffer avec ses
collègues.

Personne ne comprend la situation. Malgré tout la place s’est vidée un peu. Aidés par des habitants
et des propriétaires de magasins, qui leur ont ouvert les portes et arrière-boutique, certaines
personnes ont pu sortir. J’apprends également que les policiers ont laissé sortir certains amis
étudiants, mais qu’en revanche les jeunes typés maghrébins qui étaient à côté d’eux se sont vus la
sortie refusée. Le délit de faciès est systématique. Sur la place, nous ne nous organisons pas. Chacun
reste dans son coin, on est abasourdis, on attend juste de pouvoir sortir. La moyenne d’âge des
personnes retenues ne dépasse pas 18 ans.
Il est environ 17h, et nous apprenons que nous ne sortirons peut-être pas avant 21h. Les esprits
commencent à paniquer. J’entends des collégiens qui essayent de faire comprendre à leur parents,
au téléphone, qu’ils ne peuvent pas rentrer car ils sont retenus par des policiers. Il fait de plus en plus
froid. Je retourne voir les policiers pour des explications. Un d’entre eux m’explique « qu’on a de la
chance d’être en France car si on était en Espagne on se serait déjà fait fracassé la tête par la garde
civile »
, et que «  lorsqu’il y a des troubles de l’ordre public, la liberté de circuler librement peut être
suspendue
 ». La place, à ce moment et depuis plus d’une heure, est parfaitement calme.

Lorsqu’un
peu plus tard des jeunes commencent à se rassembler en protestant au centre de la place, ces
policiers avec qui nous « discutions » pointent sur nous leurs armes (je ne sais pas si c’est des lances-
fusées ou des flash-ball) et nous somment de reculer. Ce qu’on fait. Des lacrymo sont lancées sur
toute la place : des fusées jetées dans le ciel et qui s’éparpillent, en retombant, sous forme
incandescente. Les gens courent dans tous les sens. On essaie de rester sur le trottoir, le long des
façades, pour se protéger le plus possible. Un jeune homme est à terre. Les autres reviennent pour le
secourir, tandis que les policiers, à 10m les menacent toujours de leurs pistolets. J’entends qu’il est
blessé, et des jeunes, mains en l’air, demandent aux policiers de ne pas charger. Finalement les flics
font reculer tout le monde. Ils cherchent à relever ce jeune homme, qui se débat. Ils l’immobilisent à
trois, au sol, puis le traînent par un bras sur 20m, jusqu’à leur camion, derrière lequel il disparaît.
Devant moi, une jeune fille, environ 15 ans, en pleurs, dans les bras d’une amie à elle. _ Elles vont voir
les policiers, demandent à sortir, elles pleurent, disent ne plus en pouvoir, veulent rentrer chez elles.
Le flic leur dit de dégager. Des détonations continuent de retentir, la fumée recouvre la Place. Il est
dur d’ouvrir les yeux et de respirer. A 30 m à ma droite une jeune fille est étendue sur le sol. Des
gens se regroupent autour pour l’aider. Je ne la vois pas réagir, je ne sais pas ce qu’elle a. Peut-être
une crise d’asthme, peut-être un coup de flash-ball ? (au final je crois qu’aucun tir de flash-ball n’a
été fait). Les gens crient pour qu’on appelle les pompiers. Finalement, au bout de peut-être 10
minutes des policiers repoussent tout le monde et l’entraine plus loin.
L’hélicoptère tourne, encore, au dessus de nos têtes.
Face à notre incompréhension, un flic nous dit : « c’est une innovation policière ».

Je marche. Un rassemblement commence à se faire au milieu de la place. Tout le monde en a marre.
On commence à avoir peur de ne plus pouvoir sortir. Cris de protestations. Quelques pierres sont
jetées. Ils répondent, encore, par de la lacrymo et des détonations extrêmement sonores.
Finalement ils décident de sortir les camions à eau anti-émeute. Ils arrosent. Les gens sont dispersés.
On attend. Ils renvoient encore une ou deux fois de l’eau. On reste dispersé. On erre. Les gens
marchent. J’en ai trop marre. Je commence à craquer. Il n’y a plus de soleil sur la place. Il fait froid. Je
n’ai pas mangé depuis ce matin. On commence à marcher, plus ou moins en groupe.

Vers 18 heures, les flics nous informent qu’on peut sortir dans l’angle nord. Tout le monde s’y rend.
Ils nous répondent par de la lacrymo. On y retourne. Les gens crient, mains en l’air : « on nous a dit
qu’on pouvait sortir par là !
 ». Rebelotte. Fusée lacrymo, dispersion. A la troisième tentative, on nous
laisse approcher. Effectivement, les flics nous laissent enfin sortir. Ils font sortir les gens un par un,
relèvent les noms, prénom, adresses, puis font une fouille au corps (palpation disent-ils), et vident les
sacs. Comme nous sommes plus de 200 personnes, cela prend beaucoup de temps. On se serre,
docilement, pour faire la queue, tête baissée. Alignés, ils rabattent tous les prisonniers à l’extrémité
de la place. Ils nous disent qu’on sortira tous, mais au compte-goutte. On attend. Ceux qui n’ont pas
leurs papier d’identité sont mis de côté. On fini par nous laisser passer. Pendant qu’elle me «  palpe »
elle me dit qu’elle va faire ça vite. Je suis écœurée. Cela fait presque 6h que les policiers ont reçu
l’ordre de ne laisser sortir personne de la place Bellecour. 6 heures qu’environ 200 personnes (et je
pense dire cela au bas mot) sont privées de leurs liberté essentielles : circuler, manger, boire, aller
aux toilettes. 6 heures que l’on est retenu sur une place publique, sonnés, dans l’incompréhension,
avec plus d’une centaine de policiers qui nous encerclent, pointent sur nous leurs armes au moindre
mouvement de foule et les utilisent... et l’hélicoptère qui tourne quasiment en permanence. Le flic
qui contrôle l’identité de mon amie lui dit « au moins, hein, vous avez plus envie de
recommencer !
 ».

C’est dégueulasse...
Les nerfs lachent, un policier s’aperçoit que je suis en pleurs et se charge de nous amener
rapidement derrière le dernier cordon de flics qui nous sépare de l’extérieur. Ils nous fait passer au
milieu d’un groupe d’une trentaines de jeunes, tous typés maghrébins ou africains, qui sont en train
de monter dans un bus. Ils n’ont pas plus de 18 ans. Je demande où ils vont : au poste, pour contrôle
des identités. Il est 18h45. Les flics disent qu’ils les relâcheront dans la soirée. 2 bus vont ainsi partir
en direction du commissariat.
Une fois passé les cordons de CRS je rejoint les manifestants libres, qui après la manifestation sont
venus au plus près de la place Bellecour pour nous soutenir. On nous propose à manger, nous
réconforte. Les manifestants tentent d’empêcher les bus de partir. La B.A.C. intervient, les bus s’en
vont.

Très mal vécu cette situation, oui. Choquée, oui. Pour terminer je vais au premier bar que je trouve
pour aller aux toilettes. Le propriétaire refuse, il me dit qu’il vient déjà de refuser à 10 personnes, et
qu’il ne fera pas d’exception pour moi. Je pisse dans la rue, sous le regard des passants et des
manifestants.
Humiliée, oui.
On m’a retiré le droit de manifester, on m’a retirer le droit de circuler librement. Nous étions
parqués comme des animaux, parfois rabattus d’un côté ou l’autre de la place par des groupes armés
mobiles. Je n’ai insulté personne, ni levé la main sur quiconque. 6 heures de garde à vue collective à
ciel ouvert avec intimidation policière. Durant ces 6 heures, aucune vitrine de la Place n’a été brisée,
aucune dégradation de biens publics. Je peux vous dire que pourtant, au bout de plusieurs heures,
moi-même qui suis pacifiste, je commençais à nourrir une certaine colère. Besoin de protester. Oui.
Car besoin de dire Non à des «  innovations policières » de ce genre. Cette rétention était injustifiée,
anormale. Nous étions sans cesse mis sous pression, et les armes déployées étaient démesurées face
à la population retenue. Je me rendais simplement, comme beaucoup de ceux présents cet après-
midi à Bellecour, à une manifestation, déclarée et autorisée par la préfecture.
Ce soir, je n’arrive pas à dormir.

Lou-Andréa, étudiante à l’Ecole Normale Supérieure, Master Sociologie.

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Publié le 22 octobre

Il est 2h du matin, et je ne peux tou­jours pas dormir, après ce que j’ai vu et entendu aujourd’hui place Bellecour.

Je suis restée blo­quée d’envi­ron 13h30 à 17h30, et je ne suis sortie saine et sauve, et sans contrôle, uni­que­ment parce que je suis une jeune femme blan­che, sans dreads ni pier­cing...
J’ai vu un CRS faire le signe de déca­pi­ta­tion en rica­nant, à l’atten­tion de mon ami. C’était après nous avoir dit qu’on pou­vait sortir du côté de la Saône, en ajou­tant « Merci qui ? ». Mon ami lui avait alors envoyé un baiser avec la main... Et voilà, comme ça, c’est beau : un repré­sen­tant du pou­voir en place faire ce signe de mort en rica­nant !
J’ai vu un type se faire pren­dre et tabas­ser lors d’une charge de CRS alors qu’il ne fai­sait rien, qu’il était juste là, à fuir, à tenter de se pro­té­ger, à être là, comme nous, sauf qu’il était un jeune homme d’ori­gine magh­ré­bine, évidemment.

Au fait, se faire char­ger quand on sait qu’il n’y a aucune issue, c’est une sacrée expé­rience ! On a véri­ta­ble­ment essayé de se pré­pa­rer psy­cho­lo­gi­que­ment à se faire matra­quer. C’est dur (hohoho).

Plus tôt, après une charge, des coups de feu (lacrymo ? fla­sh­ball ?), je me retourne et je vois une fille à terre, incons­ciente, de l’écume aux lèvres, der­rière un kios­que à l’est de la place. Que doit-on faire ? Est-elle sim­ple­ment évanouie ? A-t-elle reçu quel­que chose dans la tête ? A-t-elle une crise quel­conque ? A-t-elle besoin de secours d’urgence ?
Je cours vers un mur de CRS, en hur­lant, hys­té­ri­que, d’appe­ler le SAMU (« IL Y A UNE FILLE A TERRE INCONSCIENTE ET C’EST A CAUSE DE VOUS ! » je hurle de toutes mes forces), JE VOIS ALORS UN CRS SOURIRE !!!

Avec mon ami, on a dis­cuté avec beau­coup de ces «  cas­seurs des cités » : tous étaient froi­de­ment cons­cients de la situa­tion poli­ti­que, et SURTOUT DU RACISME OMNIPRÉSENT. Les blancs eux, s’en sor­ti­ront, PAS EUX, ni aujourd’hui, ni demain, ni dans la vie ! On a dis­cuté avec des jeunes qui cor­res­pon­daient par­fai­te­ment aux cli­chés relayés par les médias : jeunes d’ori­gine afri­caine à fou­lard, bas­kets, capu­che... On a briè­ve­ment dis­cuté de la réforme (“et on ne va pas tra­vailler jusqu’à 70 ans !” me dit un jeune avec un petit sou­rire au lèvres : il le sait, il est sur­tout là pour se battre contre une société raciste et pour­rie, dont la réforme est un élément qui fina­le­ment ne le concerne que de loin), on a appris que cer­tains lycéens se bat­taient également contre la sup­pres­sion des BEP, on a parlé du racisme, de la pro­pa­gande... Tous sem­blaient rési­gnés ; il n’y avait AUCUNE VIOLENCE.

Après l’ultime charge, le piège tendu contre nous vers 17h20, des tirs, on se plaque contre une vitrine avec d’autres jeunes, puis on se réfu­gie, mon ami et moi, pani­qués, dans la pre­mière cour inté­rieure, pour se pro­té­ger des tirs (là encore, pas eu le temps de voir, ou de sentir ce que les repré­sen­tants de l’État fran­çais tiraient). Il y a là, dans l’esca­lier de cet immeu­ble, un jeune d’ori­gine magh­ré­bine, un lycéen tout gentil, un peu enrobé, à la voix douce, bref tout sauf quelqu’un de mena­çant et d’effrayant, qui s’est retrouvé bloqué vers 11h place Bellecour alors qu’il ne fai­sait que passer. Il nous a raconté, sans haus­ser la voix, comme si c’était là quel­que chose de banal, qu’un CRS, en le blo­quant, lui a dit d’un air mépri­sant qu’il l’avait reconnu, lui, un « cas­seur » de ce matin 9h. Le garçon nous a alors dit : « à 9h, je fai­sais une interro ! ». «  Ils m’ont dit que les Blancs pas­saient mais pas les autres ». Je lui ai alors fait répé­ter la chose, ne pou­vant en croire mes oreilles. Oui, oui, le CRS lui a dit ça comme ça. Oui, oui.
_ D’autres jeunes stig­ma­ti­sés depuis leur plus jeune âge par les flics nous ont adressé plus tôt la parole, d’un air rési­gné : « eh pour­quoi vous partez pas vous ? Vous êtes blancs, essayez, ils vous lais­se­ront passer, vous... ». Nous n’avons pas essayé. Trop fiers pour tenter de partir, trop effrayés pour faire face à une charge de CRS. Dans cette cour, trois filles sont ensuite venues non pas se réfu­gier, mais faire pipi. Elles sont ensuite res­sor­ties ; nous n’avons pas osé.

Finalement, pas de contrôle d’iden­tité pour nous : «  coup de chance » : dans la cour où nous nous sommes « réfu­giés » (on atten­dait les flics, prêts à mettre les mains sur la tête), on voit arri­ver des jeunes de droite à mèche ! Surréaliste ! Les che­veux de droite se reconnais­sent de loin ; enfants de bour­geois habi­tant place Bellecour, et leurs copains riches de droite. Une dis­cus­sion suit en bas des esca­liers avec deux d’entre eux, pen­dant que des jeunes pau­vres se font matra­quer sur la place : non, tous les gens qui ont voté Sarko ne sont pas pour ça, nous dit l’un des jeunes à la coupe Sarko fils pré-tonte ; ça....
Mon ami s’énerve, lui dit que si, que si on a voté Sarko, on a voté pour le racisme, pour l’État poli­cier, pour l’ORDRE, pour ça, CA... Les gens savaient, ils savaient pour quoi ils votaient : pour ça !
Le jeune d’ori­gine magh­ré­bine lui se tait, c’est juste un gamin qui veut ren­trer chez lui. _ Ces deux jeunes de droite avaient l’air si sym­pa­thi­ques, si inno­cents, et pour­tant c’est eux aussi la France qui pue.

Au final, c’est « grâce » à un groupe de blancs riches que nous sommes sortis sans contrôle, la rage et la peur au ventre. Un flic à blou­son en cuir et bras­sard entre dans la cour, nous dit de sortir, qu’on peut partir main­te­nant. On ne le croit pas ; je lui dis :«  et tout à l’heure ? Vous nous avez dit qu’on pou­vait partir ! ». Il m’ignore, et va parler aux riches. Le gamin se dirige vers la porte, on le retient en lui disant d’atten­dre pour sortir avec les blancs. Il refuse. On insiste, on le met en garde, mais il a son hon­neur, lui. Il garde la tête haute, et s’en va.
Puis nous sor­tons, nous, effrayés, avec ces gens, un bon Français aux che­veux gris et à lunet­tes, une dame à talons, et des autres Blancs. Nous pas­sons devant les autres jeunes restés sur la place, qui sont main­te­nant contrô­lés par les flics, un à un, vers le pont Bonaparte. Je n’ai pas pu rete­nir mes larmes en criant aux badauds, une fois le bar­rage de flics passé sans encom­bres, sans même un arrêt : « Nous sommes passés parce que nous sommes blancs ! Elle est belle la France, hein ?! »

Plus tard dans les rues tou­ris­ti­ques du 5ème, je vois une télé­vi­sion dans un bou­chon. Je m’avance, une com­mer­çante me dit bon­soir, pen­sant que je suis une cliente. Je ne fais pas atten­tion, je tente d’aper­ce­voir des images de ce que je viens de vivre. La bonne Arbeiter me redit bon­soir, cette fois fer­me­ment, comme si je lui avais manqué de res­pect, comme à une gamine. Je la regarde dans les yeux et lui répond « Bonsoir. ». Je me retourne vers l’écran. J’entends la femme me lancer :« ah, la télé » comme si j’étais une mouche atti­rée par la lumière. Je réponds : «  oui, je veux voir la pro­pa­gande ». « La pro­pa­gande ? » me lance-t-elle, d’un air à la fois moqueur et cho­quée. J’ai alors eu envie, pen­dant une frac­tion de seconde, de lui défon­cer la gueule. Mon fiancé m’a prise et m’a enle­vée de là, et je ne suis même pas arri­vée à pro­non­cer un mot intel­li­gi­ble. Nous sommes partis.

QUE DOIVENT RESSENTIR CES JEUNES CONSTAMMENT STIGMATISÉS SI MOI-MÊME JE PEUX RESSENTIR UNE TELLE HAINE APRÈS UNE APRÈS-MIDI ????!!!! RÉSISTANCE FACE A LA FRANCE QUI PUE !

Lapins

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Bonjour,

Je suis un étudiant en phi­lo­so­phie et je vis à Lyon. Aujourd’hui, jeudi 21 octo­bre, alors que je me diri­geais de l’hôtel de ville en direc­tion de ma faculté, j’ai du emprun­ter la place Bellecour ; à savoir le chemin logi­que et normal.

En arri­vant à l’entrée de la place Bellecour à 14H30, je vis de nom­breux CRS pré­sents tout autours de la place, néan­moins aucun réel bar­rage n’était en place et les forces de l’ordre ne m’ont abso­lu­ment rien dit en me voyant arri­ver et se sont même sépa­rées dou­ce­ment pour me lais­ser passer. Je m’engage donc tran­quille­ment sur la place. Cependant, à l’autre extré­mité, je fais face à une ordre de CRS en posi­tion de blo­cage. Je décide de faire demi-tour, cons­ta­tant que l’ensem­ble des sor­ties de la place sont blo­quées de la même façon. Arrivant par là où j’étais entré sur la place, je cons­tate qu’un bar­rage de CRS vient d’être mis en place. Ceux-ci me refu­sent le pas­sage sous pré­texte des ordres du préfet alors même que quel­ques minu­tes avant ils venaient de me faire péné­trer sur la place.

C’est alors que com­mence un déten­tion avec plu­sieurs cen­tai­nes de per­son­nes sur la place, sans aucune raison.

Pire encore, durant cette déten­tion, je décou­vre que cer­tai­nes per­son­nes sont enfer­mées depuis 13H15, donc les forces de police m’ont laissé ren­trer en sachant par­fai­te­ment qu’il s’agis­sait d’un piège.

Pendant ma déten­tion, sachez que toutes les per­son­nes âgées, ou même non-jeunes pour être précis, ont pu partir sous pré­texte qu’elles «  habi­taient la rue juste à côté ». Un véri­ta­ble fil­trage a opéré pen­dant cette période, afin que nous ne finis­sions qu’entre «  jeunes », favo­ri­sant ainsi l’amal­game entre lycéens révol­tés et cas­seurs. Les forces de police ont été bru­ta­les, insul­tan­tes, face à des per­son­nes pro­fon­dé­ment calmes, cher­chant juste à com­pren­dre ce qu’il se pas­sait. C’est fina­le­ment après 5 heures que je pu sortir par le « Check-Point » mis en place à l’une des sor­ties. Là, sachez que je fus vic­time d’un contrôle d’iden­tité abusif, allant même jusqu’à pren­dre une pho­to­gra­phie de mon visage. Je sortis à 19H30, sans aucune autre expli­ca­tion. Enfin, durant les 5 heures d’enfer­me­ment, seule une ving­taine de per­son­nes ont osé se révolter, résul­tant d’une répres­sion aux gaz lacry­mo­gè­nes et tirs de jets d’eau à haute pres­sion. Qui, enfermé pen­dant 5 heures sans raison, insulté et dégradé par des forces de police, ne devien­drait pas fou ? L’état cher­che à engen­drer une haine chez les jeunes en les enfer­mant volon­tai­re­ment et en les pous­sant à bout. Ainsi, les diri­geants pour­rons, preu­ves à l’appui, dis­cré­di­ter au yeux de son peuple soumis et cré­dule l’enga­ge­ment des jeunes dans cette réforme.

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Je suis écœuré. Difficile de trou­ver les mots. Pas l’habi­tude d’écrire. Mais je res­sens le besoin de témoi­gner tout sim­ple­ment. Je ne par­le­rai que de cette jour­née du Jeudi ici à Lyon Bellecour. 


Ce matin vers 10h45, avant d’aller cher­cher mon enfant à l’école, quel­ques grou­pes d’étudiants regrou­pés, atten­dant pour mani­fes­ter. Aucune agi­ta­tion. Les forces de l’ordre encer­claient, contrô­laient déjà tous les accès. À noter en plus l’ héli­co­ptère(pas encore là à ce moment), les 2 tanks à eau...

_ Je suis revenu vers 13h45, j’ai pu ren­trer sur la place et me poser vers la rue Emile Zola sur un banc comme la plu­part des lycéens. Quelques pas­sants... Et même une « baqueuse » avec bras­sard rouge, casque, bou­clier qui tra­ver­sait en solo d’un bout à l’autre à grands pas... À côté de moi, un groupe d’ado­les­cents. J’entends l’un d’eux dire : « J’ai envie de pisser ! J’en peux plus... ! » Un autre lui répon­dre ; «  T’as essayé là-bas quai de Saône ? » Je regarde plus atten­ti­ve­ment et je vois en effet que chaque ado était refoulé par les crs. Soleil, un gros pétard qu’explose tran­quille­ment...calme plat.

Puis vers 14h00, retenti un méga­phone et cla­meur... Comme beau­coup d’autres, je me lève et pars en direc­tion de la place Antonin Poncet. Arrivé à l’angle, attrou­pe­ment de jeunes, qui comme moi vien­nent voir ce qui se passe. Je vois des dra­peaux : « Libérez nos cama­ra­des ! Libérez nos cama­ra­des ! » Je passe le contrôle...je sens un regard casqué se retour­ner vers moi et... rien.. Jean, blou­son, che­veux gri­son­nant, je passe.. 
La ten­sion monte.. Crs et Bac+ camion­net­tes cons­ti­tuent une cein­ture empê­chant l’inter­syn­di­cal et d’autres venus, côté place Antonin Poncet sou­te­nir et mani­fes­ter avec les lycéens, côté Bellecour... Les points se lèvent, des cris cou­vrent le bour­don­ne­ment de l’héli­co­ptère qui tourne au-dessus de nos têtes inlas­sa­ble­ment... Autour de moi, la ten­sion monte, en moi aussi... Situation blo­quée.

Cette situa­tion est restée blo­quée ainsi pen­dant plus d’un quart d’heure sans aucune hos­ti­lité. Du coup, j’ai pris le temps de regar­der de plus prêt les crs, leur équipement, mais aussi leur regard. J’ai vu des cyborgs.. Aucune dis­cus­sion pos­si­ble. Le rap­port de force (pro­tec­tion, équipements armés) est tel­le­ment dis­pro­por­tionné que je me suis senti agressé, menacé.. Puis, la ten­sion monte encore, encore et ce blo­cage de cette situa­tion absurde, amène quel­ques jets de pierre. Moi phy­si­que­ment, je ne savais pas quoi faire et j’ima­gi­nais qu’une percée pou­vait chan­ger le cours des choses et je la res­sen­tais phy­si­que­ment. Nous étions nom­breux, bien plus nom­breux qu’eux. Et par sur­prise, nous aurions réussi. Mais je me voyais mal crier ; " Allez, on fonce dedans... ! 
Non. Je reste debout. Des pier­res volent, j’attends et la pre­mière salve de lacrymo tombe. Des repré­sen­tants syn­di­caux avec des dra­peaux sem­blent par­le­men­ter. ça siffle, ça hue.. Mégaphone : faut rejoin­dre le cor­tège inter­syn­di­cal der­rière sur quai gaille­ton... Vers où ? Laisser les lycéens enfer­mer ? Partir sans eux ? Et aller où ? (Place Guichard). Un p’tit tour et puis s’en vont. Non. Pas envie. La situa­tion était là. Les dra­peaux flot­tent, côté Bellecour, fumée blan­che, les lycéens dis­pa­rais­sent.. Ah oui, j’ai pas bien com­pris mais y’a le dra­peau peace qu’arrive comme un tro­phée sous les accla­ma­tions.. Il se place en tête et là, j’ai même cru naï­ve­ment qu’on allait enfin ren­trer sur la place dra­peau peace en figure de proue. 
Bon j’abrège.

Tension, ten­sion, pétards, roue de vélo, héli­co­ptère, bal­lets des cyborgs, 2ème salve bien four­nie de lacrymo et là on recule tous jusqu’au quai et pous­ser jusqu’au début de la rue de la Barre. Pas mal de dra­peaux par­tent en direc­tion de Guichard, regrou­pe­ment, à nou­veau face à face police. Il devait être vers 16h. De loin, Bellecour sem­blait déser­ti­que. Je ne sais pas ce qui s’est passé exac­te­ment. J’ai entendu dire qu’il y avait eu gazage, matra­quage, tan­kage à eau... Sur qui ?, Pourquoi ? Il y a un fil­trage. Comment s’est-il opéré ?

Vers 17h00, je bouge de check­point, celui de la ré, je vois qques lycéens errer dans le vide, ensuite rue Émile Zola, là je vois un crs plai­san­ter, s’amuser à meno­ter une demoi­selle nanti en fai­sant mine de la trai­ner sur la place et faire recu­lons parce qu’il y avait un gradé. Je fais l’tour jusqu’au pont Bonaparte et là je vois plus d’une cin­quan­taine de lycéens les uns der­rière les autres. Ils sont fouillés, contrô­lés. Je demande à l’un d’entre eux qui vient de sortir si ils sont pho­to­gra­phiés. Il me dit que lui non, mais d’autres oui : « J’ai posé des ques­tions dit-il : » Qui pho­to­gra­phiez-vous, sur quels cri­tè­res ? On lui répond : « Eux par exem­ple, en sur­vê­te­ment... ! »

Il com­mence à faire nuit. 
Rue Antoine St Exupéry, un car avec des dizai­nes de lycéens prêt à partir... Un dra­peau rouge avec le visage de Che gue­vara : « Révolution- Solution ». 
Je quitte Bellecour. 
Si mon enfant s’était retrouvé enfermé sur cette place... J’aurais été capa­ble d’une agres­si­vité dif­fi­ci­le­ment contrô­la­ble. Mêmes les pier­res n’auraient pas suffi, encore moins les voi­tu­res retour­nées.. Ce qui est cassé par cer­tains est la marque d’une grande force, d’un grand cou­rage. . Consciemment ou incons­ciem­ment, ces gestes arra­chent des mar­chan­di­ses alié­nan­tes dans un décor de rues murées de vitri­nes, va et vient inces­sant de voi­tu­res stres­sées, bruit, air irres­pi­ra­ble. Marchandises parmi les mar­chan­di­ses, où étes-vous parents ? Où êtes-vous vivants ?

[Mot à la modé­ra­tion ; J’ai sorti tout ce qu’y s’est extirpé de ma tête. Jetez ou publiez. Si trop long, faites ce que bon vous sem­blera, mais ne coupez pas pré­ci­pi­tam­ment .]

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Retour sur lʼaction des forces de
lʼOrdre place Bellecour 21/10/10

En ce 21 octobre, nous avons vécu ce que lʼon pourrait appeler une garde à vue à ciel
ouvert Place Bellecour à Lyon.

Tout commence en début dʼaprès-midi, nous savons quʼun rassemblement pacifique est
organisé place Antonin Poncet par lʼUNL et la CGT (dans son petit break blanc). En tant
que citoyens et concernés par lʼamalgame jeune = casseur il nous semble important
dʼaller manifester dans le calme avec les jeunes et les syndicalistes.

Le dispositif policier déployé est impressionnant et dès la rue Victor Hugo on assiste à des
barrages filtrants. Les CRS nous laissent passer sans aucun contrôle à notre grand
étonnement. Nous sommes donc sur la place Bellecour.

Un grand nombre de personnes tentent dʼaccéder à la place Antonin Poncet, nous avons
le cortège en visu. Cependant, le GIPN est présent et lourdement armé. Une ligne de CRS
bloque de tous les côtés lʼaccès à la place dʼoù doit débuter la manifestation. Nous
pensons quʼil sʼagit juste dʼune mesure temporaire.

Nous tentons de regagner la place en passant par la rue de la Barre. Cʼest alors que nous
découvrons deux blindés anti-émeutes armés de canon à eau placés respectivement à
lʼentrée de la rue du Président Édouard Herriot et à la rue Gasparin. Ça commence à
chauffer là où les CRS bloquent lʼaccès à la manifestation : premiers tirs de gaz lacrymo
sur les personnes agglomérées dans la place Antonin Poncet et celles de lʼautre côté de la
ligne de démarcation.

Nous demandons alors aux CRS disposés en ligne rue de la Barre si nous pouvons sortir
de cette place. « On ne veut pas se prendre des cailloux, ni des gaz nous voulons juste
manifester pacifiquement de lʼautre côté de la rue »
. Réponse sèche nous disant que de
toute façon le secteur est bouclé et que les ordres sont clairs. Personne ne sort. On nous
dit alors dʼaller nous mettre au fond de la place (côté Saône) pour éviter les gaz et que
« peut-être » là bas nous pourrions sortir.

La situation est inédite, nous faisons le tour de la place, toutes les rues adjacentes sont
bloquées, à chaque barrage où nous demandons de sortir on nous répond toujours que
cʼest impossible. Et pourtant nous voyons des personnes qui arrivent à passer sans
problème les barrages de CRS. Les personnes de plus de 25-30 ans sortent sans
problème de cette place. Il est clair que le mot dʼordre est de laisser entrer les « jeunes »
dans la place et de ne pas les laisser sortir pour une durée indéterminée. Nos inquiétudes
sont confirmées par un CRS qui nous dit que de toute façon « vous les jeunes vous ne
sortirez pas avant 20h et même 21h si cela est nécessaire
 ».

Cela fait déjà 1h30 que nous attendons. Pas de mouvement, on croirait que le temps sʼest
arrêté. Il semble que le commandement central soit muet, les CRS au milieu de la place
en petit groupe sont plus que détendus, enlèvent leurs casques, fument et parlent même
avec les jeunes. Lʼhélicoptère de la gendarmerie ne cesse de tourner au-dessus de nous,
équipé dʼune caméra il passe et repasse au dessus des jeunes. Le climat est presque
détendu. Mais il ne le restera pas longtemps : des groupes de CRS font des rondes,
passent et traversent la place Bellecour pour « réveiller » les jeunes, peut-être trop
calmes ? Deux policiers de la BAC tournent sur une moto depuis une bonne demi-heure
dans la place.

Nous attendons, encore, toujours. Cʼest au bout de 3 heures que le harcèlement policier
commence à porter ses fruits. Les jeunes au début très dispersés et calmes commencent
à se rassembler et demandent à sortir.

Les jeunes sont pris dans un mouvement de foule, la police toujours en bloquant les
sorties de la place, tire des grenades lacrymogènes sur le groupe nouvellement formé.
Des jeunes après sʼêtre fait gazer se font matraquer. Il est impossible de sortir.
Les forces de lʼordre délivrent alors un message hallucinant depuis les fourgons blindés
anti-émeutes : « Attention. Si vous ne vous dispersez par maintenant, nous allons devoir
faire usage de la force ».
Mais comment vont se disperser les jeunes alors que tout est
bloqué ?

Au même moment, nous étions bloqués à un barrage en tentant de sortir pour la « Xéme »
fois. Les forces de lʼordre donnent lʼassaut et balance la sauce sur des jeunes non armés,
totalement encerclés et sans aucune protection : Canon à eau, gaz lacrymo sous toutes
ses formes, matraquages, fumigènes, bangs, ...

Après cet assaut insensé il nous est ordonné de nous présenter à une sortie (enfin
ouverte !) direction quai de Saône. Lʼhumiliation continue : Contrôle dʼidentité avec des
agents recensant toutes les infos sur chaque personne présente, fouilles corporelles et
photographies. De plus la presse est là pour filmer la prise du jour. Tutoiement et petites
blagues racistes de rigueur. On fait passer tous les « beurres » chez le photographe des
RG. Ceux qui nʼont pas de pièce dʼidentité seront systématiquement mis en garde à vue et
« stockés » dans les cars que nous voyons au loin sur le pont Bonaparte.

Voici comment lʼÉtat français traite sa jeunesse et ne résout en rien les problèmes
dʼinsécurité. Il faut noter que seulement FR3 Rhône-Alpes et TLM ont fait état de ce quʼil
sʼétait passé (à demi-mot cependant). FR2, chaîne de service public, à quand même
réussi à dire que la place Bellecour était prise « toute lʼaprès-midi par des casseurs ».

Jʼhallucine, les casseurs il nʼy en avait que très peu, le reste est resté bloqué sous lʼoeil
des caméras qui ont pu tourner des images et contribuer à la désinformation
gouvernementale.

Ce sont des méthodes dignes dʼun régime fasciste :
- Atteinte au droit de manifester pacifiquement
- Humiliation
- Violence gratuite
- Atteinte au droit fondamental dʼaller et venir

Un seul mot me vient à lʼesprit : RÉSISTANCE.

— -

Appel à témoignage

Nous appe­lons toutes les per­son­nes pré­sen­tes à Bellecour, ce jeudi 21 octo­bre et vou­lant témoi­gner de ce qu’il s’est passé à nous contac­ter rapi­de­ment. Il est néces­saire d’infor­mer la popu­la­tion sur cet évènement, les médias ne fai­sant que relayer la pro­pa­gande gou­ver­ne­men­tale. Le comité de lutte sou­hai­tant orga­ni­ser une confé­rence de presse, nous avons besoin de vos témoi­gna­ges.

Pour nous contac­ter : comi­te­de­lutte at gmail.com


http://rebellyon.info/Mais-qui-c-est-les-casseurs-et.html

Mais qui c’est les casseurs et casseuses ? Témoignage de la place Bellecour

Publié le 19 octobre

12h : j’arrive au métro hôtel de ville, afin de rejoin­dre la grosse manif à Saxe depuis les pentes où j’habite. Je suis un chouilla en retard, mais vu la taille des manifs en ce moment ... Je vais m’enga­ger dans l’esca­lier de la bouche de métro quand mon regard tombe nez à nez avec le rideau de fer : métro fermé. Hein ?
Stupeur : la grève des TCL aurait été fina­le­ment plus effi­cace que prévue ? Je lève la tête, à la recher­che de vélo’v, et tombe alors, suc­ces­si­ve­ment, sur : la vision de plu­sieurs camions de pom­piers, un peu plus loin, et sur le départ. à côté d’eux, en me rap­pro­chant pour trou­ver mon vélo’v, j’aper­çois des bris de verre, ce qui me fait regar­der alen­tours. Les bris de verre pro­vien­nent de pans de verre d’abri­bus, pro­ba­ble­ment brisés lors d’affron­te­ments. d’ailleurs, à l’inter­sec­tion des rues, juste là, je vois jus­te­ment un tas de pou­bel­les consu­mées, par terre. Ca sent le roussi. levant la tête, au milieu des piéton.ne.s qui vaquent à leurs occu­pa­tions l’air de rien, j’aper­çois mes pre­miers robo­cops, en petits grou­pes. Boucliers, armu­res, et ... fla­sh­balls dégai­nés, sait-on jamais ...

Je prends mon vélo’v et remonte la rue de la ré en direc­tion de Bellecour : tout le long, c’est le même pay­sage, d’état de siège, pour quoi ? Pour quel­ques jeunes mineur.e.s d’âge cou­pa­bles d’avoir voulu mani­fes­ter pour défen­dre leurs retrai­tes ?
Bon sang, mais qui rend les mani­fes­ta­tions dan­ge­reu­ses pour « les lycéen.ne.s » ? Les éventuel.le.s crétin.e.s qui cas­se­raient tou.te.s seul.e.s des vitres d’abri­bus juste pour le fun ? Dans la rue, moi, là, je ne vois que des fan­tas­sins en armure avec leurs armes dégai­nées ... y’a juste à les orien­ter pour tirer. Ca me donne pas trop envie de traî­ner.
D’ailleurs, ça doit bien être un peu le but : effrayer le pékin qui vient mani­fes­ter, en lui insi­nuant « regar­dez à cause de ces vilain.e.s CASSEURS.EUSES, ça a tout dégé­néré » ...

Arrivée niveau Place des Jacobins, je com­mence à voir un nuage de brume.
Je com­mence aussi à enten­dre des brui­ta­ges qui ne res­sem­blent pas uni­que­ment à des slo­gans de manifs.
Alors je chope des gens qui vien­nent de bel­le­cour en ayant des tron­ches de mani­fes­tant.e.s (dra­peaux ou auto­col­lants divers avec eux.elles). Et je demande : « ça se passe com­ment Place Bellecour ? Je cher­che à rejoin­dre la manif ».
Réponse : « très mal. Franchement, vous devriez éviter d’aller Place Bellecour ».
Du coup, je bifur­que vers la guillo­tière, je rejoins là la manif.

En dis­cu­tant un peu avec des per­son­nes dans la manif, j’apprends que « ce matin, des CASSEURS.EUSES ont cassé des vitri­nes autour de Bellecour ».
J’ai pas vu les vitri­nes. Juste quel­ques vitres d’abri­bus, des pou­bel­les cra­mées, et ... les gros pots de plan­tes qu’il y a sur une petite place entre Terreaux et Jacobins, pas mal cha­hu­tés, cer­tains ren­ver­sés et même une plante com­plè­te­ment dépo­tée sur l’asphalte de la rue.
Là, moi, comme j’ai été lycéenne avant d’être sala­riée, j’ai pensé : « et merde, y’a même eu des pour­sui­tes et des esqui­ves au milieu de ces putains de pots de plan­tes ».

En conclu­sion de ce petit voyage à Sarkoland et son état de siège, je vou­drais faire remar­quer :
- que en 1968, il y avait car­ré­ment des bar­ri­ca­des et des jets de pavés sur les CRS (voire de cock­tails), ainsi que des voi­tu­res uti­li­sées en plein centre ville comme maté­riau à bar­ri­ca­des. A l’époque, ça ne cho­quait pas, cette vio­lence là en réponse à la vio­lence des CRS (d’ailleurs, à cette époque, c’étaient des « CRS-SS »).
Le pire qu’on ait retenu, comme voca­bu­laire, sur les auteurs des jets de pavés, c’était « la chien­lit ».
- en 1994, on a com­mencé à enten­dre parler de ces « cas­seurs.euses », lors du mou­ve­ment anti-SMIC jeunes.

Comme par hasard, leur pro­to­type sem­blait être d’avoir un faciès de jeune issu de ces cités de péri­phé­rie, celles-là même qu’un gusse qui com­mande aujourd’hui à tous les flics de France dit vou­loir «  net­toyer au kar­cher ». Nous, lycéen.ne.s du centre ville, on y a un peu cru, mais en même temps, on a aussi été un cer­tain nombre à refu­ser cette divi­sion.
Puis on s’est rendu compte qu’il suf­fi­sait, au cours de ce mou­ve­ment, de dix lycéen.ne.s autour de la statue à Bellecour, en début d’après midi, pour que 100 flics char­gent à grands coups de lacrymo et que bizar­re­ment, en fin d’après midi, il y ait plein de verre cassé autour de la place.

Des jeunes bles­sés aussi.

Et puis la frousse pour chacun.e de se trou­ver pris.e là dedans demain, d’être arrêté.e juste pour avoir tenté de défen­dre le SMIC, juste pour être cou­pa­ble d’avoir défendu son avenir ... ou bien l’exal­ta­tion de chacun.e de tenir tête aux canons à eau, en venant pour la pre­mière fois au sit­ting quo­ti­dien qui se dérou­lait Place Bellecour, au milieu de la fumée, des robo­cops et du reste.

Il y avait tout ça, mais à l’époque, les CASSEURS(EUSES) ne se per­met­taient pas de tirer à tirs tendus.
Donc à l’époque, les bles­su­res (et il y en a eu, cer­tain.e.s les por­tent à vie), c’était aux genoux, aux jambes, etc. Parce que la consi­gne des baqueux à l’époque, c’était de nous faire tomber en nous frap­pant les jambes, pour nous cueillir ensuite. Par exem­ple, une ancienne copine a un genou foi­reux depuis un tour place Bellecour à la mau­vaise heure. Ca, elle va le garder toute sa vie.
Mais c’est pas à la tête.
Pas à l’oeil.
Ca aussi, les lycéen.ne.s qui ont morflé, phy­si­que­ment, pour avoir osé sortir en cor­tège devant leur bahut, ils.elles vont le garder à vie, l’oeil en moins.
C’est dégueu­lasse, de perdre un oeil parce que les flics tirent sur des mani­fes­tant.e.s comme si c’étaient des lapins.

Bon sang, mais c’est qui, ici, les CASSEURS.EUSES ?
Alors que même parmi les mani­fes­tant.e.s et gré­vis­tes, on parle des « cas­seurs.euses de vitri­nes » comme cas­seurs.euses, je vou­drais sou­li­gner com­ment on se scan­da­lise encore à deux vites­ses.
Je vais pas faire l’éloge du bris d’abri­bus (j’ai pas vu de vitri­nes bri­sées), mais entre une vitre brisée quelle qu’elle soit, et un oeil démoli, ben je suis déso­lée, y’a pas photo.
Pour moi, les CASSEURS.EUSES, c’est ces gusses surar­més que j’ai croi­sés ce matin dans la rue, et qui m’ont noué l’esto­mac parce que moi, les armes dégai­nées, ça me fiches les jetons, je sais pas pour­quoi, je me sens en danger dans ces cas-là ...


http://rebellyon.info/Compte-rendu-des-comparutions,7714.html

Compte-rendu des comparutions immédiates du mouvement en cours (20 octobre)

Ce mercredi 20 octobre, 4 majeurs passent en comparution immédiate dans le cadre des manifestations lycéennes et syndicales des derniers jours. La séance s’ouvre alors que, dehors, les personnes venues en soutien se font virer manu militari par les CRS.

Au tout debut de l’audience, la proc demande à ce que soit dif­fusé un petit film de 7 minu­tes d’extraits de vidéo­sur­veillance : scènes d’émeutes et de pilla­ges. Le but de la manoeu­vre étant de poser une ambiance pour que les inculpés soient plus lour­de­ment condam­nés. Heureusement, le juge refuse.

Pour avoir sim­ple­ment ali­menté un feu de pou­bel­les avec un 20 minu­tes, Samia, 18 ans se retrouve devant le tri­bu­nal, avec comme chef d’inculpa­tion « dégra­da­tion de biens publics ». La proc demande un an de prison, dont 6 fermes. Un feu de pou­bel­les sur un piquet de grève, quoi de plus banal ? Mais le CPE du lycée Pierre et Marie Curie et la prof d’EPS l’enfon­cent à coups de let­tres dégueu­las­ses : ils décri­vent une meneuse, réfrac­taire à toute forme d’auto­rité, qui s’est déjà faite exclure. Le pro­vi­seur demande 1000 euros de pré­ju­dice pour le lycée. L’avocat commis d’office est encore une fois à l’ouest : il ne lui conseille pas de refu­ser la com­pa­ru­tion immé­diate, et devant les réqui­si­tions hal­lu­ci­nan­tes de la proc, il se défend peu et mal.
Verdict : un mois ferme (sans mandat de dépôt, Samia a donc pu res­sor­tir libre), et 5 mois de prison avec sursis. (...)



Comparutions immédiates du lundi 25/10/2010 TGI de Lyon

B. 22 ans, accusé de jets de pier­res sur les forces de l’ordre et de trou­ble à l’ordre public. Le jeune a été inter­pellé par la BAC, pré­ci­sé­ment par « l’équipage Iroquois » aux alen­tours de 16h place Bellecour le 21 octo­bre 2010. La police dit alors avoir inter­pellé B. grâce à une iden­ti­fi­ca­tion ves­ti­men­taire appa­rem­ment extrê­me­ment visi­ble (« cheich noir et blanc, sweet Puma, bas de survet beige et basket trois bandes » !). Le jeune nie les accu­sa­tions et se défend d’avoir lancer des pier­res, il s’est rendu sur la place par curio­sité, afin de voir ce qu’il s’y pas­sait. L’avo­cate dénonce le fait que la tenue ves­ti­men­taire de l’accusé ne per­mette par une iden­ti­fi­ca­tion solide et ne peut en aucun cas cons­ti­tuer une preuve valide, en effet beau­coup de mani­fes­tants étaient vêtus de la même façon et dans le mou­ve­ment on a du mal à ima­gi­ner que la police ait pu pro­cé­der à une iden­ti­fi­ca­tion aussi minu­tieuse ! La Procureur requiert alors 6 mois d’empri­son­ne­ment fermes avec mandat de dépôt. Il écope de 3 mois d’empri­son­ne­ment fermes avec mandat de dépôt.

A. 20 ans, accusé de jets de pier­res, d’avoir marché sur une voi­ture, d’avoir uti­lisé à plu­sieurs repri­ses une bar­riè­res le 19 octo­bre 2010 sur la Presqu’île. Les chefs d’inculpa­tion sont de deux ordres : vio­len­ces sur auto­rité publi­que et dégra­da­tions. Le jeune a été inter­pellé à son domi­cile, trois jours après les faits, après avoir été dénoncé par une connais­sance également inter­pellé qui aurait dénoncé plu­sieurs per­son­nes. A. a reconnu une partie des accu­sa­tions mais pas toutes. Son casier vierge et le fait qu’il passe aux aveux lui permet d’obte­nir une atti­tude rela­ti­ve­ment modéré de la part du pro­cu­reur. La proc requiert une peine de 4 mois fermes sans mandat de dépôt avec pos­si­bi­lité d’amé­na­ge­ment de peine et de non ins­crip­tion sur le casier judi­ciaire. Il écope de 6 mois de prison avec sursis et de deux ans de mise à l’épreuve avec obli­ga­tion de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle.

S. 21 ans, accusé de vio­len­ces sur les forces de l’ordre le 21 octo­bre 2010, il est inter­pellé place Bellecour et décide de deman­der un délai et de refu­ser la com­pa­ru­tion immé­diate. S. a un casier judi­ciaire très chargé. L’avocat dénonce la dérive des com­pa­ru­tions immé­dia­tes et réclame une enquête appro­fon­die car S. n’est accusé que par un seul fonc­tion­naire de police. La pro­cu­reur, sans se passer de remar­ques racis­tes (« tu vas fuir aux Comores ? »), demande le main­tien en déten­tion. S. est donc main­tenu en prison pré­ven­tive jusqu’à son procès fin novem­bre.

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2010 à 16:55, par Christiane En réponse à : Saint-Nazaire COMMUNIQUÉ CONTRE LA RÉPRESSION ET LA VIOLENCE D’ÉTAT POLICIÈRE

    mardi 19 octobre 2010

    Depuis plusieurs semaines, à Saint-Nazaire, les manifestations pacifiques contre un projet de loi injuste sur les retraites connaissent des issues marquées par la violence. Cette situation est particulièrement préoccupante. Elle relève d’une conception provocatrice du maintien de l’ordre qui alimente des expressions en retour venant de manifestants. Tout ceci sert les logiques les plus répressives.

    Les arrestations et interpellations concernent principalement des salariés en lutte et désormais de plus en plus de jeunes, souvent mineurs, témoignant leur exaspération. Nous tenons ici à dénoncer la manière dont le maintien de l’ordre semble être conçu à Saint-Nazaire. Il est d’autant plus inquiétant qu’on peut vérifier dans l’histoire du département que cette ville ouvrière a souvent été un laboratoire de répression urbaine.

    Les jeunes sont désormais entrés dans un mouvement de protestation dont nous savons tous qu’il présente des aspects délicats à gérer. Le gouvernement et ses représentations préfectorales locales ne l’ont jamais ignoré. Ces derniers mois, suite à l’utilisation d’armes pouvant avoir un caractère létal (flash-balls, tirs de grenades…) des manifestants ont été victimes d’infirmités définitives. Nous craignons de nouveau la résurgence de ces situations qui incombent aussi à un certain de type de forces de l’ordre dont nous estimons qu’elles sont moins au service de la République que du pouvoir qui les utilise.

    Exhiber des pistolets à la ceinture, des armes et lance-grenades ne font que témoigner de dispositions à l’affrontement qui loin d’impressionner déclenchent plutôt de l’hostilité.

    Le droit à manifester est un droit constitutionnel. La loi reconnaît spécifiquement aux lycéens mineurs le droit de réunion. C’est le gouvernement qui aujourd’hui met les jeunes dans la rue. Ils ne sont en rien instrumentés. Les lycéens et étudiants, les jeunes, quels que soient leurs statuts, ont parfaitement compris en quoi consiste cette réforme régressive. Ils ont compris les « efforts de pédagogie » déployés par le gouvernement, voulant leur faire croire qu’elle est faite pour eux et leur avenir.

    Le jeu de la violence, à laquelle notre police semble préparée, ne peut que servir la répression et les expressions les plus dangereuses pour la démocratie. Tablant sur des clivages dans la population pour la détourner des manifestants, l’intervention répétée et violente des forces de police aboutit à banaliser ladite répression et les provocations qui la servent. Les jeunes sont désormais dans la rue. Ils ont besoin d’une sécurité et d’attitudes adaptées à leur mouvement. La confusion entre un monôme, même turbulent, et une émeute n’est pas à faire et les infiltrations de la BAC, les films systématiques de la police nationale ne font qu’ajouter à la pression.

    Nous demandons la libération de tous les manifestants incarcérés et l’arrêt des poursuites contre tous. Le premier acte de violence dans ce pays provient de la manière dont il est gouverné et la réforme des retraites en est l’emblème et la « mère » de toutes les régressions et répressions.

    Didier Hude, Secrétaire départemental de la FSU-44

    communiqué de presse et lettre envoyée au préfet et au Rectorat le 18 octobre 2010

  • Le 22 octobre 2010 à 23:02, par Christiane En réponse à : Policiers casseurs ? Une vidéo fait débat sur le net

    http://www.arretsurimages.net/conte...
    Une vidéo de l’agence Reuters prise dans une manifestation parisienne, qui circule sur le Net, pose de nombreuses question sur l’attitude des policiers en civil dans les manifestations. Si aucune preuve n’accuse ces policiers de "casser" eux-mêmes, leur complaisance devant les casseurs attise le débat.

  • Le 24 octobre 2010 à 17:57, par Denise En réponse à : Evénements de Lyon : les médias mentent !
    Des violences policières et racistes intolérables ...

    Voir aussi sur
    www.musicologie.org/publirem/la_raf...
    Retour sur l’action des forces de l’ordre place Bellecour 21/10/10 avec le témoignage de 5 étudiants + photos et vidéos.

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