Une tribune pour les luttes

QUE FAIT LA POLICE ? – numéro 44 - novembre 2010

Editorial de Maurice Rajsfus : Quand le passé nous prend à la gorge

Article mis en ligne le dimanche 31 octobre 2010

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Editorial : Quand le passé nous prend à la gorge

Trop occupés à pourchasser les Roms, et à détruire leurs pauvres campements, nos policiers et gendarmes ont oublié, qu’en d’autres temps, leurs anciens se livraient tranquillement à la chasse aux Juifs, ne négligeant jamais de rafler des femmes en couche, des enfants et des vieillards grabataires. Ils ne faisaient alors qu’obéir aux ordres, expliqueront-ils, après la Libération. Certes, la situation n’était pas la même, et il faut prendre garde à la tentation de faire le moindre amalgame. Il n’en reste pas moins que les missions les plus nauséabondes sont toujours exécutées, avec l’obéissance à la consigne de rigueur, par des forces de l’ordre qui se revendiquent des valeurs républicaine. Sans oublier que la consigne est améliorée dans le mauvais sens. Acteur des actions répressives, le policier ou le gendarme mobile se veut sourd, muet et aveugle face à la détresse de ceux qu’il est chargé de marginaliser, au mieux, d’éliminer, au pire.

Depuis le discours ultra sécuritaire prononcé à Grenoble par le chef de l’Etat, le 30 juillet 2010, la chasse est ouverte contre d’autres parias. Dans le même temps, plusieurs milliers d’entre eux ont été expulsés du sacro-saint territoire national, et de nombreux autres sont en passe de l’être. Les finances de ce pays sont en berne mais le Trésor public est toujours en mesure d’être ponctionné pour débarrasser la France de ces intrus qui ont eu le mauvais goût de venir chercher refuge au pays de la liberté, jadis patrie des Droits de l’homme. Bientôt, ceux-là seront peut-être rejoints, dans la vindicte officielle, par ceux qui, par erreur sans doute, avaient eu l’insigne honneur de se voir décerner le titre de citoyen français, malgré leur origine étrangère. Il est vrai que, pour mériter une telle sanction, il faudrait tuer un policier ou un gendarme. Question : combien d’étrangers naturalisés, depuis moins de dix ans, ont bien pu se laisser aller à un tel acte ? Si le chiffre était significatif, nos autorités n’auraient pas hésité à nous le communiquer !

Bien sûr, ce serait insulter nos policiers et nos gendarmes, que de leur prêter des intentions xénophobes ou même racistes. Ces fonctionnaires d’autorité ne doivent pas avoir d’état d’âme et n’ont pas à réfléchir sur le contenu peu humanitaire de leurs interventions. D’autant plus que leur activisme, à l’occasion dévoyé, n’est jamais considéré à la hauteur des dégâts occasionnés, et parfois même récompensés. Faut-il rappeler ce 14 octobre 1944, moins de deux mois après la Libération de Paris, lorsque le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République française retrouvée, décernait la fourragère rouge -légion d’honneur collective- à ces mêmes policiers parisiens qui, avant de participer à la prise de la préfecture de police, s’étaient livrés durant quatre ans à la chasse aux Juifs et aux résistants ? Alors, bien évidemment, nos policiers et gendarmes mobiles ne peuvent être comparés à ceux aux ordres de l’occupant nazi, de l’été 1940 à l’été 1944. Tout simplement, trop d’entre eux commencent à leur ressembler …

Maurice Rajsfus

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