"Dictature des marchés", "État-providence"... Quand un slogan se focalise ainsi sur un objet, c’est que le sujet s’éclipse : plus le langage propagandiste le met au service d’une cause, plus il minimise sa part de responsabilité et - ce faisant - le conduit à la servitude.

Mais les hommes ne trouvent-ils pas finalement leur compte dans cette soumission ? S’interrogeant sur les raisons qui les mènent à se soumettre aux tyrans, La Boétie nous invite à appréhender leur assujettissement non pas seulement comme le résultat d’une domination extérieure mais aussi - et même avant tout - comme l’expression d’un consentement plein à ce qui aliène...

Cette inversion de perspective permet de démystifier bien des choses, à commencer nos idéologies, spécialement le capitalisme et le socialisme. Mais sommes-nous prêts à réaliser que "la gauche" et "la droite" ne sont que des utopies juste un peu plus tenaces que d’autres ? Il faudrait pour cela pouvoir déceler dans leur antagonisme un combat d’arrière-garde, les deux camps étant finalement soumis au même impératif de la croissance économique, adoptant la même rhétorique et s’affiliant à une idéologie autrement plus redoutable qu’elles car presque imperceptible : celle de la recherche de l’efficacité maximale en toutes choses.

La pulsion productiviste est mortifère. Il y a urgence à réaliser qu’elle menace notre environnement autant qu’elle altère les relations entre les hommes et offense leur dignité.

La reprise de contrôle (autant de la cité que de soi-même) exige que les représentations que l’on se fait immanquablement du monde soient clairement perçues comme telles.

Le contenu de cet exposé fait directement suite au séminaire d’octobre sur la liberté et annonce aussi celui du 16 décembre ("La technique tue l’éthique. Confidentiellement")