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Chômeurs de la fonction publique : pire que Pôle Emploi, l’Etat !

Article mis en ligne le mercredi 1er décembre 2010

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avec vidéo

Mardi, 30 Novembre 2010

Des chômeurs sans ressources pendant des mois. La faute à Pôle Emploi ? Non : à l’Etat. Ce sont des agents contractuels qui, à la fin de leur CDD, attendent deux, trois, voire même six mois avant d’être indemnisés par l’administration. Des dizaines de milliers de personnes sont concernées.

Juliette vit à Bourges. Elle a travaillé comme chargée de mission à l’Agence régionale de santé pendant dix mois, jusqu’à fin septembre. A la fin de ses multiples contrats à durée déterminée, elle veut s’inscrire à Pôle Emploi. Mais on lui répond que c’est son ancien employeur, l’Etat, qui doit la payer directement. Depuis deux mois Juliette multiplie les courriers, mails et coups de téléphone. Sans succès. "C’est très difficile à vivre psychologiquement. Je ne dors plus. Je suis interdite bancaire, fichée à la banque de France. Je ne peux plus me servir de mon chéquier ou de ma carte bleue, sortir faire des courses."

Juliette n’est pas indemnisée par Pôle Emploi parce que son employeur était public. Historiquement, l’Etat ne verse pas de cotisations-chômage pour ses fonctionnaires. Ils ont la sécurité de l’emploi. Cependant, il y a de plus en plus de non-titulaires, la plupart sont des contrats à durée déterminée, très précaires. Donc, quand leur contrat arrive à échéance, l’Etat doit leur payer directement leurs indemnités chômage.

Mais cela peut prendre des mois, d’où la colère de Juliette. "L’Etat traite ses chômeurs comme des malpropres. On est des laissés pour compte. On peut crever, l’Etat s’en moque. Deux mois sans salaire aujourd’hui, je ne sais pas qui peut se le permettre." Juliette vient d’apprendre qu’elle devrait enfin percevoir une avance de la DDASS du Cher la semaine prochaine. Mais elle est toujours loin du compte et va quand même saisir le tribunal administratif.

Mais il n’y a pas que l’Etat qui met du temps à indemniser ses chômeurs. Les collectivités locales et les hôpitaux multiplient également les CDD. Marylin était secrétaire médicale à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Elle attend ses indemnités, qui doivent lui être versées par l’assistance publique depuis quatre mois. "On demande quand on sera payé. On nous répond on ne sait pas, c’est très long, ça peut durer des mois. Mais 4, 5, 6 mois, c’est vraiment trop long ! Et on finit par nous dire : débrouillez-vous ! Heureusement que j’ai obtenu le RSA, sinon je ne sais pas comment je ferais depuis 4 mois."

Marylin vit donc avec sa fille avec 489 euros par mois en attendant ses allocations-chômage. A la fin de son contrat, aucune indemnité de précarité pour l’aider à tenir, le droit de la fonction publique ne le prévoit pas. Et elle connait des dizaines de personnes dans son cas.

Combien sont-ils, ces chômeurs qui attendent des mois avant d’être indemnisés par l’Etat ? Sans doute des dizaines de milliers par an. Il y a 870.000 non-titulaires dans la fonction publique. Pour l’écrasante majorité, ce sont des contrats à durée déterminée. Or l’Etat reconnait lui-même que, sur un an, la moitié des CDD employés par l’administration ne sont plus présents fin décembre. La fonction publique est devenue une énorme machine à fabriquer de la précarité.

Comme le constate Anne-Marie Perret, secrétaire fédérale de FO fonctionnaires, "les gens attendent de plus en plus longtemps avant d’obtenir gain de cause. Alors que ce sont des droits qu’ils ont acquis et qu’on doit leur verser. Le gestionnaire public est habitué à gérer des fonctionnaires, mais les contractuels il sait pas faire, d’où des abus."
Nicolas Monquaut, ancien secrétaire général de la CGT-Culture, réagit aux témoignages recueillis par Cécile Aspe. D’après lui, c’est "la croix et la bannière pour avoir des chiffres stables", mais le phénomène est important. Plus largement, Nicolas Monquaut estime que la précarité dans la fonction publique est "socialement insupportable " :

Alors, la situation peut-elle s’améliorer dans l’avenir ? Le gouvernement a initié une concertation avec les syndicats sur le thème des non-titulaires dans la fonction publique. Un projet de loi est prévu au printemps.

(Source : France Info)

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