Une tribune pour les luttes

"Je préfère me suicider ici que de me faire tuer là-bas"

Jeud 10 décembre 2010, Saadia, "sans-papier", s’est jetée par la fenêtre du 2ème étage pour échapper à la police.
Elle est à l’hôpital, signez pour sa régularisation.

Article mis en ligne le dimanche 12 décembre 2010

L’état de la chambre après le passage de la police


Pétition pour Saadia

Monsieur le préfet,

Une nouvelle fois vous avez tenté de faire interpeller une jeune personne qui se trouvait en situation irrégulière par votre refus de renouveler son titre de séjour. Vous saviez pourtant que Saadia avait été victime de violences conjugales et travaillait en CDI.

Lors de l’intervention des forces de police sur son lieu de travail, Saadia s’est jetée du 2ème étage et est actuellement hospitalisée. Elle nous a déclaré :

"Je préfère me suicider ici que de me faire tuer là-bas".

Nous dénonçons cette politique acharnée de chasse aux sans-papiers qui conduit régulièrement à des drames.

Nous vous demandons de procéder sans délai à la régularisation de Saadia.

http://www.educationsansfrontieres.org/article32974.html


RESF 19

J’ai passé quelques heures avec Sadia dans le WE. On a beaucoup parlé, elle m’a raconté son parcours... terrible. En pièce jointe j’ai rédigé une petite biographie pour que chacun sache. Elle m’a autorisée à diffuser ces infos…

Au fait on a parlé aussi de projets comme : aller au cinéma. Sadia n’y est jamais allée. Même si, depuis qu’elle est à Brive, sa famille lui a proposé ; ell avait peur d’y aller (à quoi ça ressemble un cinéma ???, elle n’a jamais osé demander)…

Elle a peur, tout l’épouvante

Carole

Sadia, petite biographie

L’enfance et la jeunesse : Sadia est née le 31 juillet 1980, à Meknès au Maroc. Quarante jours après sa naissance, son père se tue dans un accident de voiture. Il laisse une mère et ses trois enfants ; le bébé et deux garçons âgés de 8 et 10 ans. La maman désespérée et démunie élève ses enfants avec rudesse. Très vite l’ainé des garçons prend la responsabilité de la famille. Mais il est lui-même un écorché vif, brutal et alcoolique. A l’âge de 10 ans, Sadia est témoin du suicide de son autre frère qui a 18 ans. Ce dernier se jette … du 3e étage. La petite fille a entendu le cri de son frère se défénestrant et l’a découvert 3 étages plus bas, agonisant. Sadia a vécu ainsi une enfance entre tragédie et brutalité. Ses seuls moments de répits, sont ceux qu’elle vit à l’école. Elle y a quelques camarades, mais qu’elle ne peut voir que pendant les cours puisqu’on exige d’elle qu’elle rentre aussitôt après. Elle reste donc très isolée toute cette période.

L’espoir : A l’âge de 20 ans, elle est promise à son cousin, fils de la sœur de sa mère. Elle le connaît depuis sa tendre enfance. Sa tante et son cousin vivent en France. C’est plutôt une bonne nouvelle pour elle, l’espoir d’une nouvelle vie. Mais tous les ans, son fiancé recule la date du mariage. A chacune de ses visites au Maroc, c’est une déception jusqu’au jour où sur la pression de la famille, le jeune homme accepte. Sadia, a 27 ans, elle est enfin heureuse. Elle rêve de construire une famille, de découvrir le monde, de rencontres…

La désillusion : Très vite, elle déchante. Son mari habite Lyon, mais ne la conduit pas dans le foyer du ménage. Il l’a « pose » chez sa mère à Saint Etienne. Sadia vit donc avec sa belle-famille toute la semaine et voit son mari le WE. Chaque semaine elle lui demande des explications qu’elle n’obtiendra jamais. Chaque dimanche elle l’implore de l’emmener avec lui.
Un WE, il explose. Il l’a menace de prendre ses papiers, tente de lui arracher violement son sac. Alors qu’elle est à terre, il lui assène de nombreux coups au visage…
Brive : Elle réussit à s’enfuir et se retrouve à Brive où vit une partie de la famille de son père. Elle a vu un médecin qui a constaté et déclaré la violence dont elle a été victime. Elle séjourne quelque temps dans les logements de Solidarelle. Puis elle trouve du travail dans un Kebab. A l’essai pendant quelques jours, elle fait l’affaire et le patron l’embauche en CDI. Elle est déclarée, elle trouve un appartement, paie ses cotisations, impôts, loyer…

Vers juin 2009, Sadia a reçu une OQTF. Mais elle ne peut rentrer au Maroc. Elle y est menacée par la famille de sa mère, par son frère ainé. C’est « dans un cercueil que je retournerai au Maroc ». Premier semestre 2010, la Ligue des Droits de l’Homme, et RESF alertés par des membres des services sociaux s’inquiètent de sa situation et entreprennent des démarches. Le préfet est avisé et semble touché par l’histoire de la jeune femme. On parle de la loi 2005, du fait qu’elle soit intégrée, qu’elle travaille en CDI… Le dossier de Sadia est en bonne voie, et justement, des élus et membres de RESF ont rendez-vous mardi 14 décembre 2010 à la préfecture pour avancer dans ce sens.

La « chute » : Mais, 5 jours plus tôt, jeudi 9 décembre 2010, des policiers entrent brusquement dans le restaurant où travaille Sadia. Ils demandent aussitôt où elle se trouve. Ils viennent la chercher. Sadia, terrorisée s’enfuit dans les étages. Ils la poursuivent. Elle ouvre une fenêtre, ils ouvrent la porte, elle saute… on est au troisième étage…


Communiqué de RESF 19

A Brive, Saadia s’est jetée par la fenêtre pour échapper à la police.

Hier soir Jeudi 10 décembre 2010, à 18h, le préfet de la Corrèze a tenté d’arrêter une jeune marocaine à
Brive. Elle s’est jetée par la fenêtre du 2ème étage. Actuellement elle est
à l’hôpital. Cette jeune fille entrée régulièrement en France, divorcée
pour violences conjugales, recueillie plusieurs semaines à Solidarelles
(accueil spécialisé de l’hôpital de Brive). Depuis le printemps, elle
travaille en CDI et la préfecture refuse de lui renouveler un nouveau
titre de séjour. En octobre, nous avons rencontré le préfet qui, faisant
lui-même référence à la circulaire Sarkozy de 2002 sur la régularisation des
femmes immigrées victimes de violence conjugale après leur arrivée en
France, s’est déclaré prêt à revoir sa position en faveur de Saadia.

Sa réponse est parvenue hier soir sous la forme dramatique d’une
intervention de police.

Rassemblement à la préfecture aujourd’hui
vendredi 10 décembre à 14h

Le rassemblement sera suivi d’un point presse.

Erwin Bliesenick, président section LDH de Tulle


Saadia, mensonges du préfet

Sans préjuger des allégations mensongères sur la situation de Saadia, voici des photos qui illustrent la manière dont s’est effectuée l’opération de police et la défenestration de Saadia

Le préfet savait pertinemment que Saadia travaillait et était hébergée dans ce restaurant. Elle était en CDI et son employeur en règle. Nous avions discuté de sa situation lors d’une entrevue avec présences de conseillers généraux.

Les photos montrent la chambre de Saadia après le passage des policiers

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