Une tribune pour les luttes

Cinq lycéens au tribunal pour avoir distribué des tracts sur la voie publique pendant les grèves de novembre.

Mercredi 26 janvier 2011 devant le tribunal de Montpellier

Article mis en ligne le mercredi 26 janvier 2011

Cinq adolescents étaient convoqués mercredi 26 janvier 2011 devant le tribunal de Montpellier pour avoir distribué des tracts sur la voie publique lors des manifestations contre la réforme des retraites en novembre. Un seul a signé le rappel à la loi, les autres refusant de reconnaître avoir commis une infraction.

Leur première convocation, le 15 décembre, avait été reportée en raison d’une grève des avocats dans le cadre d’un mouvement national. Ces quatre lycéens et un étudiant, âgés de 16 et 17 ans, avaient été interpellés le 9 novembre alors qu’ils distribuaient des tracts sur une grande artère montpelliéraine, perturbant ainsi la circulation.

Selon Sophie, élève en 1re ES, la seule fille du groupe, ils avaient passé sept heures au commissariat de police, "dans une cellule, avec interrogatoire, prise d’empreintes, photos de face et de profil avec matricule". "C’est n’importe quoi ! Distribuer des tracts, c’est pas comme si on avait volé un truc. C’est pas justifié, c’est de la répression", a-t-elle déclaré mercredi. Une cinquantaine de personnes étaient venues les soutenir, à l’appel des syndicats CGT, Sud, Solidaires et de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). "C’est tout à fait disproportionné, tout à fait injuste.

Il n’est pas question de laisser passer ça. Ces jeunes n’ont absolument commis aucun dégât sur la voie, ne s’en sont pas pris aux personnes", a souligné le secrétaire départemental de la CGT, Serge Ragazzacci. "Si on est capable de mettre des lycéens au tribunal pour une distribution de tracts, derrière on se sent effectivement concerné en tant qu’organisation de salariés. C’est un très mauvais message donné à la jeunesse", a-t-il estimé.


Soutien au tribunal mercredi 15 à 10 heures, place Pierre Flotte à Montpellier.

http://www.mediapart.fr/club/blog/s...

13 Décembre 2010 Par Sebastien Rome

Voici le témoignage que j’ai reçu sur ma boite mail : « Cinq lycéens, dont ma fille So., passent au tribunal mercredi prochain pour avoir tracté sur la voie publique lors du mouvement anti-retraites. Motif "Entrave à la circulation".

On demande humblement votre présence devant le tribunal mercredi 15 à 10heures, place Pierre Flotte à Montpellier. C’est devant le petit parking en contrebas du Peyrou, avant la petite rue tortueuse étroite qui fait le tour du Peyrou.

Témoignage de So. sur ce qui c’est passé :

« Le mardi 9 novembre. On est partis de Clémenceau pour aller à la Comédie, où les lycées devaient se rejoindre.

Arrivés là-bas, on était une cinquantaine. On nous donne les tracts à distribuer, et nous commençons tout de suite. Là, un fourgon de la police municipale arrive et nous dit d’arrêter de tracter sur la place de la Comédie.

On décide de bouger, car on ne veut pas d’ennuis avec la police. On va donc au Rives du Lez, sur l’avenue Mendez France au feu rouge.

Là, on a ralentit un peu la circulation, mais on tractait. On ne pouvait pas faire autrement. On ne s’est pas mis au milieu en bloquant tout. Quand les voitures avaient les tracts, on les laissait passer.

Tout d’un coup, on entend des sirènes, donc on se met tous sur le trottoir. Les policiers nationaux arrivent en uniforme avec deux camions et une voiture (peut-être même plus, je m’en rappelle pas trop).

Là, certains lycéens entendent les policiers dire "on prend les gros bras". Donc, tout le monde crie "Ils prennent les gros bras. Les gars, courrez".

Ils prennent deux "gros bras" et en mettent un dans un camion, l’autre dans une voiture. Un garçon se précipite et demande "c’est quoi ton nom ?" il se fait embarquer lui aussi dans le camion, une autre qui le suivait crie "T’as le numéro de l’avocat ?". Hop, dans le camion lui aussi. Un lycéen de Jean Monnet arrive après eux et dit au policier qui ont embarqué nos quatre camarades "s’il vous plaît relâchez les, ils ont rien fait" d’une voie calme. le policier sort sa matraque et le tape violemment à la hanche, et lui met un chassé dans les jambes, ce qui l’a fait tomber (il a d’ailleurs un bleu énorme à la hanche). J’étais à 5 centimètres, et je suis restée là, choquée, en le regardant se relever. Tout le monde a applaudit ironiquement la police, et moi j’ai rien fait, bugant en revoyant la scène, mais comme j’étais la plus proche, c’est moi qu’ils ont pris. Tout ce paragraphe c’est déroulé en 30 secondes.

J’étais dans la voiture avec Clément de Jean Monnet (moi je suis de Clémenceau).

Dans le camion il y avait N. de Paul Valéry, R. de Joffre, et L. de Sète (lycée Charles de Gaule). Nous étions tous mineurs.

Dans le camion, les flics les ont traités de "petits pédés" (c’est ce qu’ils m’ont dit... moi j’étais en voiture pas dans le camion).

Apparemment, y’a un flic qui a demandé à un des gars qui se sont fait arrêter avec moi (je sais plus lequel) si il voulait bien signer une décharge comme quoi le flic n’été pas responsable de ce qui s’était passé pendant l’interpellation. Ca va, il est pas débile, il a pas signé.

Arrivé à l’hôtel de ville, on a été fouillés et on nous a interrogé individuellement. N. (l’étudiant de Paul-Va), pendant qu’on attendait pour l’interrogatoire était stressé, sous pression (comme nous tous) et il a sorti à un flic (tout en étant d’un calme étonnant) qui parlait super mal "t’as vu comment tu parles ?"

Le flic a réagi au quart de tour, il a dit :
"Ouais, t’as de la chance que j’ai l’uniforme, sinon si je te croise dans la rue je te nique ta gueule. Je te jure je vais te rechercher, et je vais te défoncer ta petite gueule, parce que quand t’as des reubeux en face de toi, tu fermes direct ta gueule..."
Bref, il a fait un speech de 5 minutes en repétant à chaque fin de phrase "je te nique ta gueule". Je me souviens juste du début, parce que après c’était tellement répétitif que ça m’a saoulé, j’ai même plus écouté sinon j’allais péter un plomb, et c’est exactement ce qu’ils voulaient.

Puis, on est descendus au sous-sol où on nous a pris nos empreintes digitales sans possibilité de refus et où nous avons été pris en photos avec une ardoise à la main qui déclinait notre identité et un numéro et des lettres (comme dans les film).

On a ensuite été mis en cellule, où il faisait très froid, sombre et où il y avait de la pisse par terre. Nous avions très faim (on avait déjeuné vers 6H du matin, et nous n’avions pas mangé depuis). Nous n’avions pas d’objets sur nous. Ils nous avaient pris nos portables et tout nos effets personnels.

Quand les manifestants qui avaient distribué les tracts avec nous sont allés faire un sitting à 13 heures devant l’hôtel de police, la police leur avait déclaré que nous serions relâchés à 14H et sans aucune poursuites.

Mais on est rentrés à midi au commissariat central, et ce n’est qu’à cinq heures qu’ils ont appelé les parents (soi-disant qu’ils avaient oubliés de les prévenir). Or, comme nous n’étions pas majeurs, nous ne pouvions sortir sans les parents. Ce qui fait que le premier est finalement sorti à 18H et le dernier à 19H. Nous sommes donc restés entre 6 et 7H à l’hôtel de police.

Nous sommes pourtant convoqués au tribunal le mercredi 15 décembre à 10H30 pour le motif d’entrave à la circulation. Ils ont mis sur la convocation que nous avons bloqué la voie à l’aide d’objet et que nous nous sommes mis au milieu sans bouger, ce qui est totalement faux.

Certains policier m’ont dit que je risquais 4500 euros d’amende et 2 ans de prison pour mineur, mais ils ont dit des choses différentes à chacun pour nous perdre.

So. »

Teneur du tract distribué sur la voie publique lors de l’arrestation :

Les lycéens toujours mobilisés contre la réforme des retraites !

D’après le gouvernement :

L’espérance de vie augmente donc il faut travailler plus longtemps.

L’âge légal de départ à la retraite dans les autres pays européens est plus élevé, avec par exemple l’Allemagne qui est à 68 ans.

Le déficit budgétaire concernant la retraite est estimé à 40 milliards d’euros.

Or

L’espérance de vie en bonne santé est de 62,4 ans pour un homme et 64,2 ans pour une femme.

La durée de cotisation en France est de 42 ans alors qu’en Allemagne elle est de 35 ans.

Le PIB français est estimé à 2000 Milliards d’euros, la part des richesses accordées aux salariés à diminuée de 200 Milliards d’euros par ans depuis 1982.


Si je mets ce témoignage en ligne , c’est qu’il me rappelle celui là paru dans le Monde du 08 décembre. http://www.lemonde.fr/politique/art...

Peut-on faire des liens entre ces deux évènements ?

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